LA BATAILLE DE LA MARNE VUE PAR LE GENERAL PALAT
CHAPITRE IX
CHAPITRE IX
LE 6 SEPTEMBRE AU CENTRE
La 5e armée. - Le 18e corps. - Le 3e corps vers Escardes.- Le 1er corps vers Esternay. - Le 10e corps. - La 9e armée. - La 42e division. - Le 9e corps. - Le 9e corps et la 9e division de cavalerie.
I
La 5e armée avait ordre d'attaquer, la droite en avant, à partir de 6 heures, en direction générale de Montmirail. Le corps Conneau agirait en liai5on avec le 18e corps, tout en reliant l'armée aux forces britanniques, dont la cavalerie devait être à 8 heures à Jouy-le-Châtel (nord-ouest de Provins) .
Au cours de la journée du 6, le général d'Espérey donnait un nouvel ordre (13 h. 30) plus précis, qu'il n'est pas sans intérêt de reproduire :
" I. Depuis ce matin la 5e armée a progressé vers le nord, refoulant l'ennemi devant elle.
" II. Afin que la coopération des armées voisines puisse se faire efficacement sentir, la 5e armée ne dépassera pas ce soir la ligne Couperdrix (2 km. sud d'Augers), Montceaux-les-Provins, Courgivaux, Esternay, Le Clos-le-Roi, Charleville (liaison avec la 42e division) . Sur ce front tous les corps d'armée et le groupe des divisions de réserve se retrancheront de façon à résister coûte que coûte contre toute attaque ennemie.
" III. En vue d'atteindre ce front :
a) Le 18e corps d'armée, masquant Cerneux, attaquera Montceaux-les-Provins; à cette attaque coopérera l'artillerie du groupe des D. R.
b) Le 3e C. A. appuiera d'abord l'attaque du 18e C. A. sur Montceaux-les-Provins et enlèvera ensuite Courgivaux. c) Le 1er C. A. enlèvera Esternay.
d) Le 10e C. A. appuiera l'attaque du 1er C. A. sur Esternay, en portant à La Noue un détachement de toutes armes. Il se reliera étroitement à la 42e D.I.
e) Le corps de cavalerie conserve sa mission : agir constamment en liaison intime avec le 18e C. A. et coopérer effectivement au combat de ce corps. Liaison avec la cavalerie anglaise.
" IV. Les cantonnements ne seront pris qu'à la nuit tombante et lorsque des dispositions de sûreté complète auront été prises...
" V. Ravitaillement en vivres et en munitions toute cette nuit, de façon à reprendre l'offensive demain matin dès que l'ordre en sera donné.
" VI. L'ordre formel du général commandant l'armée est d'être prêt a résister avec la dernière énergie à la contre-attaque allemande, qui peut se produire, comme le cas en a été fréquent, vers la fin de la journée (D'après Hanotaux, X, p. 94.). "
On a vu dans cet ordre " un modèle de clarté et de prudence ". Nous n'en disconvenons pas, surtout pour ce qui concerne la prudence. Mais cette prudence était-elle à sa place dans une opération offensive ? L'ensemble de l'ordre ne donne-t-il pas l'impression de l'hésitation, de la timidité ? Pourquoi limiter étroitement nos progrès ? N'est-ce pas trahir un manque de confiance dans le suc" III. En vue d'atteindre ce front :
a) Le 18e corps d'armée, masquant Cerneux, attaquera Montceaux-les-Provins; à cette attaque coopérera l'artillerie du groupe des D. R.
b) Le 3e C. A. appuiera d'abord l'attaque du 18e C. A. sur Montceaux-les-Provins et enlèvera ensuite Courgivaux. c) Le 1er C. A. enlèvera Esternay.
d) Le 10e C. A. appuiera l'attaque du 1er C. A. sur Esternay, en portant à La Noue un détachement de toutes armes. Il se reliera étroitement à la 42e D.I.
e) Le corps de cavalerie conserve sa mission : agir constamment en liaison intime avec le 18e C. A. et coopérer effectivement au combat de ce corps. Liaison avec la cavalerie anglaise.
" IV. Les cantonnements ne seront pris qu'à la nuit tombante et lorsque des dispositions de sûreté complète auront été prises...
" V. Ravitaillement en vivres et en munitions toute cette nuit, de façon à reprendre l'offensive demain matin dès que l'ordre en sera donné.
" VI. L'ordre formel du général commandant l'armée est d'être prêt a résister avec la dernière énergie à la contre-attaque allemande, qui peut se produire, comme le cas en a été fréquent, vers la fin de la journée (D'après Hanotaux, X, p. 94.). "
On a vu dans cet ordre " un modèle de clarté et de prudence ". Nous n'en disconvenons pas, surtout pour ce qui concerne la prudence. Mais cette prudence était-elle à sa place dans une opération offensive ? L'ensemble de l'ordre ne donne-t-il pas l'impression de l'hésitation, de la timidité ? Pourquoi limiter étroitement nos progrès ? N'est-ce pas trahir un manque de confiance dans le succès ? Quoi qu'il en soit, l'action de la 5e armée se déroulait comme il suit. Au corps Conneau, la 8e division (Dont le général Baratier prenait le commandement. La brigade légère de la 2e division, venant de Lorraine, y remplaçait la 14e brigade de dragons restée près de Belfort) était rassemblée pour 6 heures au nord de la forêt de Jouy, vers Etang-des-Parts; la 10e vers Savigny (au nord de Provins), en liaison avec le 18e corps; la 4e vers Limars (ouest de Mortery), disponible.
Au cours de la journée, la 8e division demeurait au nord de la forêt de Jouy, et un bataillon du 45e, transporté en autobus, s'y installait derrière elle. Son artillerie avait même l'occasion d'imposer silence à une batterie allemande qui canonnait de la cavalerie britannique. La division cantonnait ensuite vers Saint-Hilliers, au sud de la forêt (Commandant Bréant, p. 64).
A 15 h. 45, le général Conneau prescrivait à la 4e division de se porter à l'appui de la 10e, sa gauche aux bois de Quincy, pour lui permettre de résister à une attaque ennemie (infanterie et artillerie) qui se produisait sur l'axe Courtacon, Champcenest, Courchamp, droit sur Provins. Un bataillon du 45e, jusqu'alors en réserve à Chenoise, était mis à la disposition du général Abonneau, qui prendrait en outre sous ses ordres la 10e division (Cet ordre à la 4e division paraît avoir été provoqué par le 18e corps (15 h. 30) réclamant l'intervention du corps Conneau (Hanotaux, TX, p. 228).).
La 4e division allait à Courchamp (17 h. 30) et entrait en liaison avec le bataillon du 45e qui tenait Villars, ainsi que les fermes de La Tuilerie et de Quincy, au nord-est. D'ailleurs l'ennemi avant arrêté son offensive, l'intervention de la 4e division n'était pas nécessaire. A la nuit, la 10e tenait, avec le bataillon du 45e qui lui était adjoint, la lisière des bois de la Fontaine Yot au Chêne Guillemeau. Ses batteries avaient suffi pour arrêter les progrès de l'ennemi, dont l'infanterie occupait Champcenest et le bois des Marets.
Dans la soirée les trois divisions regagnaient leurs cantonnements de la veille. D'après le bulletin de renseignements de la 5e armée, l'ennemi ne semblait avoir devant nous que des arrière-gardes très fortes en artillerie. Déjà elles reculaient sous la pression du 18e corps, dont la gauche avait atteint Orvilliers, tandis que l'infanterie britannique était à la Chapelle-Iger et, la cavalerie en mouvement vers Dagny (Notes inédites d'un témoin. Le général Conneau croyait devoir reporter son quartier général à Longueville (sud-ouest de Provins)).
Il n'est pas sans intérêt de noter que l'ordre primitif donné au corps de cavalerie Richthofen l'invitait à couper la ligne ferrée de Paris à Lyon entre Melun et Moret, ainsi qu'entre Moret et Montereau: Il y avait à parcourir de 40 à 50 kilomètres. On jugea suffisant d'y jeter cinq patrouilles dont trois furent capturées par nos cavaliers. Les doux autres n'atteignirent pas leur objectif, semble-t-il. C'est seulement à hauteur de Champcenest que I'ordre d'arrêt général parvint au corps Richthofen. Au lieu de continuer son offensive vers la Seine, il allait couvrir la retraite vers la Marne (Hanotaux, IX, p. 216.).
Le 18e corps (de Maud'huy) commençait le 6 une offensive méthodique dans l'axe Sancy, Meilleray, Montolivet, de manière à déborder Montmirail vers l'ouest. Il avait en première ligne deux divisions, les 35e et 36e. La 38e suivait en réserve. On estimait qu'il rencontrerait devant lui une fraction du IVe corps et le IIIe, peut-être des éléments du IXe. A sa droite, le IIIe corps tenait Sancy et Montceaux-les-Provins.
Aux 35e et 36e divisions, la matinée était consacrée à renforcer l'organisation défensive, sous la protection d'avant-gardes précédées de reconnaissances. Vers midi seulement ces avant-gardes étaient renforcées et l'artillerie lourde entrait en action. Puis survenait l'ordre de se porter en avant sur la ligne Couperdrix (sud-ouest d'Augers), Montceaux-les-Provins, la gauche du 3e corps marchant sur Courgivaux. La cavalerie du corps d'armée était lancée vers Courtacon. L'attaque sur Montceaux de la 35e division, général Marjoulet (69e brigade), bien préparée par l'artillerie de la 53e division de réserve réussissait. Les Allemands, qui comptaient sur un repos pour le dimanche 6 septembre, étaient, tout à fait surpris et abandonnaient le village en pleine, débandade. Des éléments du 18e corps y pénétraient vers 21 heures en même temps que d'autres, du 3e corps, venant de l'est.
De son côté la 70e brigade occupait sans grande difficulté Couperdrix et Brantilly (sud de Sancy). La 71e brigade (36e division, Jouannic) formait échelon en arrière et à gauche, entre Voulton et Rupéreux, non sans se couvrir vers Champcenest où l'on prévoyait une offensive allemande. La 38e division (Schwartz) s'arrêtait dans la région de Voulton.
L'ensemble de ce mouvement ne s'opérait pas sans hésitation. Les troupes creusaient des tranchées il semblait que l'on ne crût pas encore au sérieux de l'offensive.
Le groupe Valabrègue avait reçu l'ordre de s'installer sur la ligne Brasseaux, Villiers-Saint-Georges, Château de Flaix, derrière le 18e corps, de s'y organiser et d'y tenir " jusqu'au dernier homme ". Son artillerie entrait en action dès 7 heures. Quant à l'infanterie, elle ne se mettait en mouvement que dans l'après-midi. Vers 15 heures, le feu de l'artillerie ennemie se ralentissait et le groupe s'avançait légèrement. Dans la soirée, certains de ses éléments avancés bivouaquaient à l'entrée sud de Montceaux.
A la droite du 18e, le 3e corps avait une double mission : conjuguer son action avec celle de ce dernier en direction de Montmirail; suivre la ligne ferrée remontant vers Neuvy pour seconder le 1er corps dans l'attaque d'Esternay. A gauche la 6e division (Pétain) marchait en liaison avec le 18e corps; à droite la 5e division (Mangin) au contact du 1er corps; la 37e (Comby) suivait en réserve d'armée, après avoir été rassemblée entre Ecury et Villegruis.
Le soir du 5, le 3e corps tenait le front Bouchy-le-Repos, Le Haut-Gré, le Haut-Charmoy (sud de Saint-Bon). Ordre était donné à la cavalerie de se rassembler le 6 (6 heures) à Bouchy-le-Repos, pour chercher à ouvrir les routes vers le Grand-Morin (Le 6e Chasseurs d'Afrique, moins un escadron, formait brigade provisoire avec le régiment du 3e corps.). La 6e division attaquerait sur Montceaux et par Villouette (est de Saint-Bon), Champlong et la lisière du bois de Meaux. La 5e division, partant de Chomme, se porterait sur le Haut-d'Escardes, Aulnay et la bifurcation de Neuvy.
Dès 6 heures un combat d'artillerie très violent s'engageait, les batteries de la 6e division combinant leurs feux avec ceux du 18e corps et ensuite avec ceux du groupe Valabrègue. A 6h.30 les éléments avancés débouchaient du Haut-Charmoyl et du Haut-Gré. Mais l'ennemi réagissait. On apercevait une forte colonne, appartenant sans doute au IXe corps, et marchant de Courgivaux sur le bois au nord de Villouette. Elle était arrêtée par des feux convergents. La gauche de la 6e division participait ensuite comme nous l'avons vu, à l'attaque de Montceaux.
Quant à la 5e division (Mangin), dans la matinée elle tenait la lisière du bois au sud du Haut-d'Escardes et se préparait à marcher sur Escardes; à sa droite, le 1er corps avait des éléments avancés dans le Haut-d'Escardes et le Pont-à-Sec. A 9 h. 30, on constatait qu'Escardes était inoccupé et la 5e division s'y portait. Un combat violent ne tardait pas à s'engager entre Courgivaux et Esternay. La 9e brigade occupait Escardes et continuait sur Courgivaux. Trois de ses bataillons en atteignaient les lisières, quand une violente contre-attaque les en rejetait (16 heures). Toutefois, la compagnie du génie divisionnaire, venue pour organiser le village, se maintenait énergiquement dans le cimetière.
Le général Mangin, qui suivait l'action du clocher d'Escardes, en descendait quatre à quatre, déclenchait le tir de ses mitrailleuses, repoussait l'assaillant en désordre et chargeait lui-même, comme un sous-lieutenant en tête de ses fantassins. Un bataillon du 129e délogeait l'ennemi de Courgivaux. A 17 h.30, nouvelle attaque allemande. La 9e brigade reculait derechef, mais le général Manain se portait encore " sur la ligne des tirailleurs et, impassible, la pipe à la bouche ", maintenait ses troupiers par son exemple. Finalement l'ennemi était définitivement rejeté et la 5e division bivouaquait entre Escardes et Gourgivaux que nous gardions (Le général Mangin, Lecture pour tous du 15 août 1918; Hanotaux, IX, p. 240.) .
Cependant la 11e brigade (division Pétain) était entrée dans Montceaux, mais l'ennemi l'y bombardait violemment et l'en délogeait. Une nouvelle attaque nous en rendait encore maîtres, bien que le général Pétain eût engagé seulement trois bataillons sur douze : exemple d'économie des forces malheureusement trop rare. La 6e division bivouaquait sensiblement en arrière, entre Champfleury, Saint-Bon et Villouette, " par mesure de sûreté ", dit-on (Carnet d'un témoin cité par Hanotaux, IX, p. 240-241. La 37e division cantonnait autour de Bouchy-le-Repos, sans avoir été engagée (Notes inédites d'un témoin).). Notons que, d'après un autre témoin, au 3e corps on ne s'exagérait nullement la portée des avantages obtenus le 6 septembre : " En somme, plutôt un succès, mais qu'il faudra reprendre le lendemain ". On s'était emparé de Montceaux et de Courgivaux : c'était un bon début, mais on n'avait pas atteint la rivière (le Grand-Morin). " On reprendra la marche... le lendemain mais avec la plus grande prudence, car l'ennemi, maintenant est sur ses gardes " (Cité par Hanotaux, ibid.). Il ne semble pas exagéré de dire que ce n'était nullement l'état d'âme de troupes lancées à une attaque décisive. Heureusement, les dispositions morales de l'ennemi n'étaient pas meilleures. L'offensive des alliés l'avait visiblement surpris. La IIe armée, en retard d'une étape sur la Ire, entrait en ligne successivement, à mesure que la Ire se dérobait vers le nord. Il ne pouvait résulter de ce double mouvement que du décousu. Enfin nos adversaires subissaient les conséquences de leurs marches forcées, des pertes subies depuis l'entrée en Belgique, du désappointement provoqué par les premiers mouvements rétrogrades, alors qu'ils comptaient entrer rapidement dans Paris et clore la campagne par un " coup de tonnerre " .
C'est dans la nuit du 5 au 6 que le général Deligny arrêtait ses dispositions pour l'offensive du 1er corps (23 heures). Il attaquerait dans la direction générale des Essarts-le-Vicomte, Esternay, Champguyon, Montmirail, se reliant à droite au 10e corps, qui marcherait sur Moeurs, Soigny, Vauchamps, et à sa gauche au 3e corps allant sur Courgivaux, Tréfols, Marchais-en-Brie.
A 6 heures, le corps d'armée serait rassemblé, le gros de la 1re division (Gallet) vers La Pimbaudière; la 2e division (Duplessis) au nord et au sud de la Forestière, le reste du corps d'armée au nord de Nesle-la-Reposte. Ce rassemblement serait couvert par les avant-postes, qui auraient à résister avec la dernière énergie si l'ennemi attaquait avant 6 heures.
Le 1er corps allait se mouvoir dans une contrée faiblement accidentée, où des bois de hêtres alternent avec de grands espaces déjà moissonnés.
A 7h. 30, tandis que la division Mangin marchait sur Escardes, la division Gallet partait de La Forestière et se portait directement au nord en direction d'Esternay. Au sud de La Pimbaudière et du bois de Près-du-But, elle prenait sa formation de combat, la 2e brigade (général Christian Sauret) à droite, la 1re brigade (colonel de Fonélare) ,à gauche, l'artillerie divisionnaire appuyant le mouvement.
L'action s'engageait entre Châtillon-sur-Morin et Escardes; la brigade Sauret atteignait Châtillon, où elle se heurtait à la vive résistance d'un régiment allemand.
A gauche l'avant-garde de la brigade Fonclare réussissait à déboucher du bois du Près-du-But et tenait les lisières nord. La réserve (un régiment de la brigade Fonclare) restait tout d'abord au sud du bois avec l'artillerie de corps. L'artillerie de la 1re division prenait position à l'est de Seu et ouvrait un feu très violent, qui devait durer tout le jour. Elle exécutait des tirs sur zone à grande distance et obtenait des résultats manifestes.
Le général commandant l'artillerie et deux groupes de l'artillerie de corps étaient mis à la disposition du général Gallet, qui rendait son feu encore plus intense. L'ennemi, retranché à courte distance dans des boqueteaux et des fossés, empêchait cependant tout progrès. Vers le milieu du jour, la situation était la suivante : A droite le 84e faisait des " prodiges de valeur " dans un combat de rues dans Châtillon; au centre et à gauche, la brigade Fonclare avait creusé quelques éléments de tranchées, d'où elle entretenait un feu très vif. Des deux côtés l'artillerie était très active et celle de l'ennemi envoyait par rafales, jusque sur les réserves, les projectiles de ses obusiers. La situation demeurait stationnaire pendant plusieurs heures. Pour reprendre son mouvement en avant, la division Gallet attendait " l'événement " c'est-à-dire le débouché du général Duplessis sur La Noue et Esternay qu'il devait attaquer par l'est, prenant à revers, les défenseurs attardés sur le front Escardes, Châtillon. Ce résultat n'était pas encore atteint dans la soirée, comme nous le verrons. Cependant, à la gauche de la division Gallet, la division Mangin avait monté sur Courgivaux une attaque qui se déclenchait vers 15 heures. Mais ce village n'était pas encore atteint que l'ennemi opérait une vigoureuse contre-attaque qui refoulait, en désordre les bataillons du 3e corps jusqu'à leur point de départ. De ce fait, la gauche de la division Gallet était mise en péril ( 16 heures) . Promptement, la situation devenait critique : une réserve d'un bataillon avait été à grande peine conservée à i'intérieur du bois du Près-du-But et l'infanterie ennemie apparaissait à moins de 900 mètres du groupe d'artillerie de corps, en position à l'ouest du bois. Déjà le personnel était atteint par des balles de fusil. Le commandant Castain fit immédiatement prendre sous le feu de ses trois batteries les colonnes assaillantes. Celles-ci tourbillonnèrent sur place et furent clouées au sol, subissant des pertes effroyables. La contre-attaque fut définitivement enrayée.
A dater de cet épisode, la lutte décrut en activité jusqu'à la nuit. Finalement les avant-postes de la division Gallet s'établissaient sur les positions conquises, par Pont-à-Sec et Châtillon, le Q. G. à la Pimbaudière. On y amenait un major et son adjudant, pris à Châtillon, et dont le bataillon avait été " détruit " (Note inédites de témoins.).
A droite, la division Duplessis était partie de la forêt de la Traconne pour s'engager dans celle d la Loge-à-Gond, on direction de la Noue. Dès 8 h. 15, le 110e tenait Bricot-la-Ville. Mais la résistance de l'ennemi devenait énergique sur le plateau au sud d'Esternay, où le IXe corps tenait la cote 200, Retourneloup, le château d'Esternay, avec un poste avancé à Châtillon. L'artillerie du VIIe corps (IIe armée) survenait en temps opportun pour dégager le IVe qui, néanmoins, allait se retirer le matin du 7 vers Montmirail, en se conformant au mouvement d'ensemble de la Ire armée.
La division Duplessis était très lente à déboucher des bois de la Loge-à-Gond, où elle trouvait une forte résistance. Vers 18 heures elle n'avait pas dépassé Les Essarts-les-Sézanne, Lachy.
A l'est du 1er corps, le 10e stationnait; le soir du 5 , dans la région de Sézanne, la 19e division (Bailly) à gauche, vers Moeurs, Launat, Vindey, se reliant au 1er corps par la forêt de Traconne; la 20e division à droite dans la zone Verdey, Château de Frécul, Sézanne, avec un régiment à Lachy. La 5Ie division (Boutegourd) formait deuxième ligne derrière la gauche, au Plessis, à Saudoy, Barbonne.
Le 10e corps avait devant lui des éléments des IXe et VIIe corps, auxquels se joignit ensuite le Xe corps de réserve. L'entrée en ligne de ces troupes n'eut lieu que successivement, ce qui permit les premiers progrès des 2e et 19e divisions. Cette dernière se portait en direction générale de Montmirail, par un brouillard intense qui ne tardait pas à se lever subitement. La 38e brigade était en tête, le 70e suivant la route de Sézanne à Montmirail et le 41e à sa gauche, vers la forêt du Gault. " Personne n'a de carte; le commandant Bernard, lui-même n'a qu'un vague petit schéma pour se guider. " Le 2e bataillon du 41e s'engageait vers la ferme du Guébarré et le hameau du Chatelot, arrêtant un faible mouvement offensif de l'ennemi.
Vers 10 heures, la canonnade retentissait violemment à l'ouest, vers Esternay que le 1er corps attaquait avec le concours de deux groupes du 50e (10e corps) . En même temps le canon se faisait entendre à l'est. Le 70e gagnait du terrain au nord du Clos-le-Roi, refoulant une fraction du IXe corps; puis, se jugeant trop en pointe, se repliait vers la forêt de Gault (Docteur Veaux, p.115.) .
A droite, la 20e division se portait en avant à 6 heures la 39e brigade à la gauche, la 40e à la droite, l'artillerie entre Les Essarts et Lachy. Vers 10 h. 20, l'infanterie atteignait la ligne Charleville, Clos-le-Roi, face au nord-ouest. Mais, à l'est, une violente contre-attaque enlevait Charleville à la 42e division (9e armée) . En même temps l'offensive du 1er corps était enrayée vers l'ouest, ce qui amenait le 10e à suspendre son offensive. Puis, vers 13 heures, l'ennemi se renforçait sur son front et dessinait une nouvelle contre-attaque, celle-ci venant de Montmirail. La 20e division n'en détachait pas moins un bataillon du 47e en soutien de la division Grossetti, qui parvenait à garder La Villeneuve-lez-Charleville. A l'ouest, la 37e brigade (19e division) aidait le 1er corps à prendre Châtillon. Mais le VIIe corps arrivant de l'est et le Xe de réserve, venant de l'ouest, entraient en action contre le 10e corps
refoulant la 38e brigade. Elle évacuait le Clos-le-Roi et s'installait au sud de la forêt du Gault, sur la ligne cote 262, ferme du Guébarré, cote 200. A droite, la 20e division esquissait également un recul, qu'enrayait une contre-attaque du 47e. Vers 15 h. 30, l'ennemi revenait à la charge, pour être bientôt arrêté par le 136e. En fin de journée, la situation était à peu près rétablie. La 20e division se retranchait sur ses positions et la nuit se passait sans incident.
Un certain ébranlement s'était déjà produit dans les rangs ennemis, à la suite de la surprise provoquée par une attaque imprévue (A la Recoude, Carnet du lieutenant Kutscher, cité par Hanotaux, IX, p. 256.) . Leurs pertes étaient nombreuses. Quant aux Bretons du 10e corps, ils avaient joyeusement accueilli l'annonce de notre offensive : " Les hommes sont fous de joie à la pensée de poursuivre un adversaire jusqu'alors invisible et néfaste. Les traînards d'hier eux-mêmes ne sentent plus leurs dos écorchés, ni leurs pieds enflés, tous ont hâte d'attaquer les Boches
devant lesquels, sans combat, " par ordre supérieur " , ils ont dû reculer si longtemps sans comprendre. Enfin l'affreuse retraite a pris fin... ". Le régiment de ce témoin. (19e division) s'est d'abord arrêté à 600 ou 700 mètres de Guébarré pour attaquer cette ferme le lendemain. Une voix inconnue se serait écriée : " Mais, nom de D.. ! puisque les Boches sont là tout prés, qu'est-ce qu'on attend pour y aller ? " D'autres, nombreuses, auraient fait chorus et le régiment entier se serait lancé à l'assaut, les compagnies et les sections pêle-mêle. C'est ainsi que la ferme aurait été enlevée.
Dans la soirée, à la suite du recul de la 20e division, un certain fléchissement se manifestait à la 19e (38e brigade) , vers 17 heures. Pour y parer, la 37e brigade accentuait son offensive à la gauche, sans faire de progrès sensibles.
II
Comme nous l'avons dit, l'armée Foch devait, le 6 septembre, appuyer au nord-ouest l'offensive de la 5e armée vers Montmirail et tenir le reste de son propre front, en attendant que les progrès réalisés à l'ouest et à l'est lui permissent de passer elle-même à l'attaque. La 42 division avait ordre d'attaquer en direction de Vauchamps, Janvillers, à la droite du 10e corps (5e armée).
Dans la matinée, le 162e était au nord de Soizy, dans le bois des Grandes-Garennes, à cheval sur la route nationale; le 151e, deux bataillons au nord de La Villeneuve-lez-Charleville, le troisième en réserve se reliant au 10e corps; le 94e, les 8e et 19e bataillons de Chasseurs vers Chapton, en arrière; la cavalerie, 10e chasseurs, à Allemant, sur la droite; les cinq groupes de 75 au nord et à l'ouest de La Villeneuve.
Entre 6 et 8 heures, une pointe d'automitrailleuses allemandes provoquait, dit-on, un recul général; le 151e abandonnait La Villeneuve, le 162e Soizy, et les trois groupes du colonel Boichut restaient un instant en l'air, puis allaient se mettre en batterie au nord du Bout-de-la-Ville et vers le bois de Saint-Gond. Le 151e réoccupait La Villeneuve, sans pouvoir déboucher du cimetière. Dans le courant, de la journée, le 162e était aux prises avec le Xe corps au sud de Soizy; le 94e et l'un des bataillons de chasseurs continuaient de tenir le bois de la Branle. Le combat se prolongeait ainsi, sans que la 42e division perdît ou gagnât du terrain. A la fin du jour, l'intervention de la 40e brigade (colonel de Cadoudal, 10e corps) vers Charleville; aidait le général Grossetti à enrayer l'attaque. Ses bataillons tenaient une ligne concave jalonnée par La Villeneuve-lez-Charleville, Chapton, Montgivoux et la ferme de Montalard Le quartier général était même resté à Chapton.
A sa droite, le 9e corps avait reçu du général Dubois l'ordre suivant (21 heures, 5 septembre) : la division marocaine tiendrait fortement Congy après l'avoir enlevé, s'il était nécessaire, par une attaque de nuit. Son artillerie serait prête à battre les directions de Beaunay, d'Etoges et de Champaubert. La 17e division défendrait la position de Toulon-la-Montagne, avec un détachement au nord d'Aulnizeux. Son artillerie surveillant vers Etrechy, Mont-Aimé. Ces avant-gardes, solidement retranchées, auraient à couvrir notre mouvement ultérieur au nord des marais.
Une brigade marocaine et l'artillerie de corps resteraient disponibles dans la région de Reuves, après avoir organisé les débouchés sud des marais, d'Oyes inclus à Broussy-le-Petit exclu. De même une brigade de la 17e division serait vers Broussy-le-Grand, en réserve du corps d'armée.
La 52e division de réserve (provisoirement rattachée au 9e corps, comme la 60e division l'était au 11e. Un bataillon était détaché à Connantre, à la garde du Q. G., un autre à Fère-Champenoise, en flanc-garde.) organiserait et occuperait le front Broussy-le-Petit, Broussy-le-Grand, Bannes, son artillerie restant disponible au sud-ouest du Mont-Août. Le bataillon qui occupait Morains y attendrait d'être relevé par le 11e corps et se reporterait alors sur Bannes.
Enfin, le 7e hussards reconnaîtrait dès l'aube les routes conduisant de la Marne sur Montmort, Etoges, Vertus.
Le général Dubois prévoyait le cas où, comme il arriva, ses avant-gardes n'auraient pu occuper pendant la nuit les positions au nord des marais : elles en tiendraient alors " à tout prix " les débouchés sud, mais en conservant des réserves : la division marocaine, une brigade et deux groupes de corps au sud-ouest de Broussy-le-Petit; la 17e division, une brigade au sud-est de Bannes; l'artillerie de la 52e en surveillance vers le Mont-Août, avec un soutien.
A minuit, le général Humbert donnait au général Blondlat l'ordre d'enlever coûte que coûte Congy. L'avant-garde marocaine se mettait en mouvement à 3 heures et trouvait Coizard inoccupé. Le bataillon Sautel dépassait ce village, y laissant une fraction pour l'organiser et continuait sur Courjeonnet, Villevenard, qu'il occupait également. Mais bientôt se déclenchait une formidable contre-attaque, appuyée par un feu violent d'artillerie. Le bataillon était contraint de se replier.
Arrivé sur les entrefaites à Coizard, le régiment de zouaves Lévêque essayait d'en déboucher sous la protection des deux groupes Martin et Schneider, parvenus à franchir les marais au prix de difficultés inouïes et mis en batterie au nord du village. Malgré tout les zouaves étaient arrêtés par des tranchées, que les Allemands venaient de creuser entre Courjeonnet et Congy.
A 9 h.15, on apprenait que la brigade Eon (17e division), n'ayant pu être couverte sur sa gauche en temps voulu, avait dû abandonner Toulon-la-Montagne. Dès lors le général Blondlat renonçait à continuer vers Congy et s'établissait sur le front Courjeonnet, Joches, Coizard, malheureusement commandé par les hauteurs au nord et au nord-ouest. Il fallait bientôt se replier au sud des marais.
Cependant le gros de la division marocaine était autour de Reuves, le régiment Cros au nord et à l'ouest, le régiment Fellert au sud, ainsi que l'artillerie. On mettait ce village en état de défense.
Pendant la nuit du 5 au 6, le détachement Eon s'était solidement retranché sur le front Toulon, Ancien Moulin de Vert, Vert-la-Gravelle et dans les bois à l'ouest avec un bataillon. Il tentait même d'enlever le château de la Gravelle, après une préparation par deux batteries tirant du nord d'Aulnizeux. Mais cette attaque échouait devant une résistance énergique, soutenue par une formidable artillerie.
A 7 heures, les éléments dirigés vers Congy pour établir la liaison avec l'avant-garde marocaine se heurtaient à des forces importantes marchant de ce village sur Toulon. En effet, le 135e était bientôt attaqué de toutes parts et sa situation tendait à être critique. A 9 h. 30, l'attaque devenait plus violente. Une artillerie de sept à huit fois supérieure à celle du colonel Eon, établie entre Beaunay et Loizy, couvrait d'obus Toulon et Vert. Le 2e bataillon du 135e, obligé d'abandonner Toulon, entraînait dans son recul le 3e, resté à Vert. A 10 heures, tout le régiment était au sud des marais, où il se reformait derrière le gros de la 17e division, entre Broussy-le-Grand et Mont-Août. La 52e division avait alors une brigade (Claudon) au Mont-Août, en train d'organiser ce mamelon et les bois à l'est; l'autre (Doursoult) au nord du chemin de Bannes à Fère-Champenoise, se retranchant dans les plantations de pins qui s'étendent jusqu'à Morains, où elle se reliait au 11e corps.
A gauche, la division marocaine était prête à s'engager, en liaison à Oyes avec la division Grossetti.
Cependant, vers 9 heures, arrivait un ordre de la 9e armée, daté de 8 h. 30 : " Le 9e corps établira ses avant-gardes (organisations étendues et profondes) sur Vert-la-Gravelle, Toulon, Congy et tous les bois.
" Quand il aura fait cela, qu'il jette également une avant-garde à Baye et qu'il assure la liaison étroite, à gauche avec la 42e division, à droite avec le 11e corps.
" Quand il aura réalisé ce programme, il examinera et traitera la question de savoir s'il ne peut transporter toute la défense des Marais de Saint-Gond au nord de ces marais, en abandonnant la défense sud aux troupes de réserve."
Cet ordre, qui impliquait une très large extension du front. pour le 9e corps, survenait au moment où le général Blondlat rencontrait vers Congy la plus vive résistance. Il exigeait un redoublement d'efforts dans cette direction et sur Toulon. A 9 h. 30, le général Dubois le prescrivait aux deux, divisions. La 17e se maintiendrait " à tout prix " sur le front Toulon, Vert, en portant la 33e brigade de Broussy-le-Grand à Broussy-le-Petit, vers l'ouest. La division Humbert ferait tomber " coûte que coûte " la résistance de Congy, puis prendrait Baye. A cet effet, la brigade Cros-Fellert était remise à sa disposition.
Enfin, la 52e division barrerait avec des forces suffisantes les routes qui traversent les marais pour aboutir entre Bannes et Broussy-le-Petit, tout en achevant d'organiser le Mont-Août. Elle détacherait un bataillon à Aulnay pour se relier à Aulnizeux avec la 17e division, et, à Pierre-Morains, avec le 11e corps.
Dés la réception de cet ordre, le général Moussy prescrivait au 77e de reprendre Toulon. Ce régiment quittait Bannes vers 10 h. 15, franchissant ,les marais avec un entrain admirable; les 1er et 3e bataillons arrivaient sous une pluie de projectiles a mi-côte de Toulon, le 2e restant en réserve prés de Coizard. Mais, déjà, l'ennemi s'était retranché et renforcé. Il déclenchait un puissant barrage d'artillerie qui immobilisait note ligne. A ce moment, la division Humbert n'avait plus aucun élément au nord des marais. Le général Moussy jugeait impossible de continuer son attaque et prescrivait au 77e de revenir sur Bannes. Cc repli difficile s'exécutait dans le plus grand ordre. Vers 17 heures, toute la 36e brigade était réunie à l'est du Mont-Août. Le 77e avait perdu 10 officiers et 500 hommes.
Quant à la division Humbert, elle ne renouvelait pas son effort sur Congy. A 10 h. 30, le général prescrivait à la brigade Cros-Fellert de marcher sur Baye, dont l'attaque était préparée par les deux groupes de corps au sud de Reuves; à peine ces bataillons étaient-ils déployés qu'une puissante artillerie se révélait entre Voizy et Villevénard, ouvrant un tir méthodique sur la région d'Oyes et des bois à l'ouest. Nous étions contraints à l'immobilité. Visiblement, il fallait imposer silence à ces batteries avant d'attaquer Bannes(?? Baye??). Vers 11 heures, le mouvement s'arrêtait entièrement; les troupes se retranchaient au sud des marais, tandis que continuait un duel d'artillerie où nous ne pouvions avoir le dessus. Le général Foch était avisé que le 9e corps avait devant lui les Xe et XIIe corps et une artillerie triple de la sienne. Il limitait alors la mission du corps d'armée à la réoccupation de Saint-Prix (Sur la carte au 80.000e Talus-Saint-Prix.), que la 42e division, violemment attaquée vers La Villeneuve, Charleville, venait d'évacuer.
Le général Dubois donnait à la division marocaine l'ordre d'attaquer Saint-Prix; cette mission était confiée aux bataillons Fralon et de Ligny du régiment Cros, le premier cheminant par le bois de Saint-Gond, le second en échelon à droite. Au moment où le bataillon Fralon débouchait du bois, il était accueilli par une vive fusillade venant de la ferme Montalard, au nord. En liaison avec le 162e (42e division), les tirailleurs enlevaient la ferme, mais ne pouvaient prendre le bois de Botrait au nord et leurs pertes limitaient la leur action. Ils se maintenaient sur place jusqu'à la nuit; puis le bataillon Fralon, fort éprouvé, était relevé par celui du commandant de Ligny et venait se reconstituer à Montgivaux. Les Allemands avaient accumulé au nord des marais une forte artillerie lourde, que notre 75 était incapable de combattre en raison de sa portée inférieure. Par contre il avait enrayé toutes les contre-attaques ennemies. Ainsi, lors de la retraite de la 36e brigade, les trois groupes du colonel Besse, à peine encadrés par de faibles fractions d'infanterie; mal abrités par une ride du terrain, contenaient pendant plusieurs heures les efforts de l'ennemi pour déboucher de Bannes.
A la nuit, la 17e division bivouaquait dans les bois au nord-est de la ferme Hozet (Dite aussi du Hazel, Nozet, Nozay, du Mont Août. Doit s'écrire Nozay (Le Goffic, p. 286). Elle est au nord-ouest de Connantre.), avec une brigade en avant-postes de combat à hauteur de Broussy-le-Grand; la division marocaine était dans la zone Montgivroux, Mondement, la brigade Blondlat sur la ligne Broussy-le-Grand, cote 154, Broussy-le-Petit; des éléments du régiment Fellert tenant les passages de Reuves et le régiment Cros Oyes, la ferme Montalard. La 52e division bivouaquait sur les emplacements du jour, la brigade Claudon au Mont Août et dans les bois à l'est; la brigade Doursoult entre Fère-Champenoise et Morains. Le Q. G. du 9e corps restait à Connantre (La 18e division venant de la 2e armée avait reçu l'ordre de rallier la 9e. Les 32e et 114e déjà transportés à Angluzelles (sud-est de Sézanne) en autobus, étaient conduits de même à Salon. Groupés en une brigade sous les ordres du colonel Janin, ils arrivaient à Semoine entre 16 et 17 heures; le reste (général Guignabaudet) s'échelonnait sur la route d'Arcis à Semoine (Notes inédites d'un témoin.).).
En résumé, le corps d'armée avait rempli brillamment sa tâche en fixant sur son front un ennemi supérieur en nombre et en appuyant la division Grossetti qui avait commencé de plier.
III
Au 11e corps, le 6, le combat engagé la veille à Ecury- le-Repos s'étendait à tout le front. Notre, artillerie tirait violemment, bien qu'elle fut prise à partie par du 77 et du 105. La 60e division, laissant des éléments à Herbisse, Villiers-Herbisse; Semoine et Gourgançon, se portait à Montépreux, où elle trouvait des batteries mises à sa disposition par le général Eydoux. Elle assurait la défense des passages de la Somme entre Lenharrée et la route de Mailly à Châlons, son flanc droit étant couvert par la 9e division de cavalerie, qui la reliait à la 4e armée.
La 18e division (général Lefèvre), qui venait de débarquer de Lorraine, recevait l'ordre d'aller se mettre à la disposition du 11e corps, au nord de Fère-Champenoise. Sa tête (brigade Janin, 32e et 114e) atteignait Semoine dans l'après-midi.
Le soir du 6, le 11e corps avait dû évacuer Ecury-le-Repos et Normée devant les Saxons (XIIe corps) . Morains était en flamme. Mais la ligne de résistance du général Eydoux n'avait pas été sérieusement entamée et des renforts lui arrivaient.
A sa droite, la 9e division de cavalerie (de l'Espée) était, le soir du 5, autour de Mailly. Le matin du 6, elle dessinait un mouvement vers Soudé-Sainte-Croix, en faisant reconnaître Coole dans la direction de Vitry. Puis elle portait la brigade légère Séréville sur Vatry, dans la direction de Châlons, avec le groupe cycliste et Ie 25e dragons. Vers midi, l'infanterie allemande commençait d'attaquer Vatry, mais assez mollement, en sorte que nous pouvions tenir ,jusqu'à l'entrée en ligne de l'artillerie. On évacuait ce village pour refluer sur Sommesous, que le 11e corps avait précédemment abandonné. Sur les entrefaites, de la cavalerie allemande attaquait Soudé-Sainte-Croix où était resté le général de l'Espée. Il en résultait un court engagement, au cours duquel le général lui-même croyait devoir prendre une carabine. L'ennemi était repoussé, mais son mouvement vers Cernon, Coupetz, Faux semblait menacer le flanc droit de la 9e division de cavalerie; son chef jugeait nécessaire de la rapprocher de la 60e division. Il reportait son gros à Poivres-Sainte-Suzanne et Mailly (Le Goffic, p.76; Hanotaux,.IX, p.170 et suiv.; X, p. 45.).
L'état-major de la 9e armée savait que la 42e division avait été refoulée par le Xe corps; le 9e corps par la garde prussienne; le 11e corps par Ie XIIe corps (G. Babin, p.270.). Il ignorait encore, semble-t-il, que le XIXe corps et le XIIe corps de réserve (une division seulement) suivaient en échelon le XIIe corps contre notre droite, qui allait se trouver en forte infériorité de ce fait.
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