LA BATAILLE DE LA MARNE VUE PAR LE GENERAL PALAT

CHAPITRE IV

CHAPITRE IV

L'ORDRE D'OFFENSIVE EST LANCÉ

L'armés britannique le 5 septembre. - Le G. Q. G. décide l'offensive. - Les ordres des 4 et 5. - L'ordre du général Gallieni.

I

 

Nous avons vu dans quelle fâcheuse situation s'était trouvée l'armée britannique lors de sa retraite sur Mons, puis au cours de sa retraite précipitée vers l'Oise. Les instructions données au maréchal par son gouvernement n'étaient pas pour lui conseiller de l'audace; il se rendait compte de la faiblesse numérique de ses forces et savait fort bien qu'elles ne pouvaient être sérieusement renforcées à bref délai. Ni lui, ni ses lieutenants n'étaient sans appréhension sur le résultat final des opérations. L'idée même d'une retraite sur les bases britanniques trouvait volontiers accès parmi eux. Enfin il n'y avait eu ni sympathie, ni même embryon d'entente entre le maréchal et le général Lanrezac, son voisin de droite. Si les instructions emportées par le commandant de l'armée britannique rejetaient bien loin, d'une façon absolue, la pensée d'une subordination même temporaire à un général français, le maréchal French n'hésitait pas à demander, le 16 août, au général Joffre, de mettre sous ses ordres directs " la division de cavalerie " (Sans doute le corps de cavalerie Sordet.) et les deux divisions de réserve qui devaient être échelonnées derrière lui (Les 61e et 62e, Maréchal French, 1914, chap. III.).

L'intervention du Cabinet britannique et de notre propre gouvernement amena le maréchal à modifier ses projets de retraite continue. Il proposa même, nous l'avons vu, un arrêt sur la Marne. Le rejet de cette proposition par le général Joffre le conduisit à reprendre son mouvement rétrograde. Le 3 septembre, son quartier général était porté à Melun.

A cette date, les rapports des avant-postes et de l'aviation signalaient de grosses colonnes ennemies en marche au sud-est et à l'est. La région au nord de la Marne était vide sur une profondeur de plusieurs milles, tandis que quatre corps d'armée au moins se concentraient vers Château-Thierry et à l'est (Idem p 95) .

Les renseignements reçus le 4 confirmèrent les précédents. Visiblement, la pression des Allemands sur le front britannique s'était fort allégée. Néanmoins, après avoir vu dans la journée sir Douglas Haig et sir H. Smith-Dorrien, malgré l'entretien qui avait eu lieu en son absence entre Gallieni et son chef d'état-major, le maréchal n'était pas sans craintes au sujet de la brèche entre sa droite et la gauche de la 5e armée. " Pour cette raison et aussi parce que les Allemands avaient quelque peu pressé Haig dans la nuit " du 4 au 5, il crut devoir donner l'ordre à ses troupes de se replier de quelques milles au sud (Idem p 99). N'y avait-il pas contradiction entre cette disposition et les décisions du commandement français ?

Quoi qu'il en soit, l'armée britannique s'arrêtait dans la nuit du 4 au 5 sur une ligne orientée presque face à l'est, de Villiers-sur-Morin à Fontenay (Maréchal lord French, 1914, p. 99.), derrière les forêts de Crécy et de Malvoisine. Elle y serait encore le matin suivant.

D'après M. Hanotaux (La Manœuvre de la Marne, loc. cit., p. 319. Les Mémoires du maréchal (p. 99 et 100) sont muets sur ces ordres.), à l'aube du 5, le maréchal French donnait des ordres pour un repli derrière la Seine. Ces prescriptions ne reçurent qu'un commencement d'exécution, car de nouveaux efforts, cette fois plus heureux, furent faits pour obtenir le concours de l'armée britannique dans la bataille qui allait commencer.

Au cours de la nuit, le colonel Huguet était arrivé à Melun avec un officier du G. Q. G., qui fut longuement reçu par le maréchal. Celui-ci fut informé que la 6e armée serait en position à l'ouest de l'Ourcq, le 6, à 9 heures, et que l'offensive générale devrait être déclenchée dans cette même journée par les Alliés. Du moins le général Joffre le proposait ainsi. Peu après cette conférence, le général Maunoury arrivait à Melun et, de nouveau, le maréchal examinait " à fond la situation " en sa compagnie. Après lui avoir exposé ses intentions, le commandant de la 6e armée demandait l'entier concours des forces britanniques; le maréchal le lui promettait. Ce n'était pas sans envoyer son chef d'état-major faire une nouvelle enquête auprès des commandants de corps d'armée et du général Allenby. Elle fut satisfaisante au sujet de l'état des troupes.

Dans la journée, le général Joffre vint lui-même à Melun . et eut avec le maréchal un long entretien. Ils revirent une fois de plus les projets d'opérations et il fut " définitivement arrêté " que l'attaque générale aurait lieu le 6 septembre. " Joffre était plein d'enthousiasme et d'espoir... si chacun de nous remplissait sa tâche et attaquait à fond " (Maréchal lord French, p. 100). Nous allons voir qu'il n'avait pas. attendu la fin des hésitations du maréchal pour entamer les opérations.

C'est seulement à 11 heures que le colonel Huguet pouvait faire connaître à Gallieni les résolutions définitives. du commandement britannique.

Le matin du 6 vers 8 heures, son armée serait disposée, non sur la ligne Coulommiers, Changis indiquée par notre G. Q. G. , mais plus à l'ouest, sur celle de Pézarches, Courpelay (Ier corps), Tigeaux, La Houssaye (2e corps), Bailly, Romainvilliers (3e corps) . La cavalerie serait en avant du front de la Haute-Maison à Coulommiers et, Jouy-le-Châtel, où elle chercherait la liaison avec le corps de cavalerie Conneau.

L'ensemble se porterait à l'attaque lorsque la 6e armée aurait fait connaître qu'elle commençait à déboucher par l'est de l'Ourcq, le maréchal tenant à se maintenir un peu en arrière d'elle. La direction générale serait Rebais (Le colonel Huguet .au général Gallieni, 5 septembre,. 11 heures, Mémoires de Gallieni, p. 232, 233.).

Ainsi le commandant des forces britanniques subordonnait leur action au passage de l'Ourcq par la 6e armée, c'est-à-dire à la partie la plus délicate de sa mission, qu'il ne cherchait pas à faciliter. La détermination de rester un peu en arrière du général Maunoury était non moins regrettable. Comment, dans ces conditions, fixer devant lui les forces allemandes rappelées en arrière par l'action de la 6e armée ?

III

 

Même à notre G. Q. G., il semble bien qu'il y ait eu hésitation avant de lancer l'offensive générale. D'après M. Hanotaux, le 4, dans l'après-midi, le général Joffre rentrait à Bar-sur-Aube et réunissait dans son cabinet les généraux Belin, Berthelot, les colonels Pont, Gamelin. On délibérait. Le général Berthelot opinait pour la continuation du repli sur la Seine, faisant valoir qu'il y aurait avantage à ce que von Kluck s'engageât plus avant vers le sud. Quelqu'un objectait : " L'occasion se présente la laissera-t-on échapper ? " Le général Joffre se levait :

Eh bien, Messieurs, on se battra sur la Marne ! " (La Manœuvre de la Marne, loc. cit., p.325).

A 22 heures, on téléphonait au gouverneur de Paris et aux commandants d'armée (Mémoires de Gallieni, p. 228) : " La 5e armée, l'armée anglaise et la 6e armée attaqueront le 6, au matin, dans les directions suivantes :

5e armée sur le front Courtacon (10 kilomètres sud de La Ferté-Gaucher), Sézanne.

" Armée anglaise, sur le front Coulommiers, Changis (11 kilomètres à l'est de Meaux) .

" 6e armée, au nord de la Marne, dans la direction de Château-Thierry.

" En conséquence, les ordres donnés verbalement sont modifiés seulement en ce sens que la 6e armée orientera demain ses colonnes en se maintenant sur la rive nord de la Marne, de manière à atteindre le méridien de Meaux.

" On rappelle le renseignement recueilli ce soir par un avion anglais, qu'un gros rassemblement a été constaté entre: Douy-la-Ramée et Barcy, et un pont jeté par les Allemands près de Trilbardon " (au nord de Meaux).

Cet ordre préparatoire n'avait guère que la valeur d'un signal d'attention. Il était suivi de prescriptions plus détaillées. Un ordre général, daté de 18 heures; déterminait le rôle des quatre armées de gauche, passant encore sous silence celui des 3e et 4e armées :

" I. Il convient de profiter de la situation aventurée de la Ire armée allemande pour concentrer sur elle les efforts. des armées alliées d'extrême gauche.

" Toutes dispositions seront prises dans la journée du 5 en vue de partir à l'attaque le 6.

" II. Le dispositif à réaliser pour le 5 septembre au soir sera :

" a) Toutes les forces disponibles de la 6e armée (général Maunoury ) au nord-est [du camp retranché] , prêtes à franchir l'Ourcq entre Lizy-sur-Ourcq et May-en-Multien, en direction générale de Château-Thierry. Les éléments disponibles du Ier corps de cavalerie (général Sordet) qui sont à proximité seront remis aux ordres du général Maunoury pour cette opération;

" b) L'armée anglaise établie sur le front Changis, Coulommiers, face à l'est, prête à attaquer en direction générale de Montmirail;

" c) La 5e armée (général Franchet d'Espérey) [se] resserrant légèrement sur sa gauche, s'établira sur le front général Courtacon, Esternay, Sézanne, prête à attaquer en direction générale sud-nord, le 2e corps de cavalerie (général Conneau) assurant la liaison entre l'armée anglaise et la 5e armée;

" d) La 9e armée (général Foch) couvrira la droite de la 5e armée en tenant les débouchés sud des marais de Saint-Gond, et en portant une partie de ses forces sur le plateau au nord de Sézanne.

" L'offensive sera prise par ces différentes armées dés le matin " (Général Le Gros, p. 119-122. Cet ordre serait parvenu le 4 minuit au gouverneur. Son texte a été pour la première fois reproduit par le Bulletin, des Armées du 11 juin 1915. D'après les Mémoires de Gallieni, p. 132, l'original de cet ordre porte trois dates (heures ?) différentes, surchargées.) .

L'instruction générale n° 5 modifiait la composition de nos armées, en raison des mouvements survenus ou à prévoir :

" L'arrivée des renforts provenant de la 2e armée, jointe à la nécessité d'apporter plus de souplesse au commandement des armées, ont (sic) amené les modifications suivantes dans l'ordre de bataille :

" La 3e armée comprendra les 5e, 6e, 15e et 21e C.A. , les 65e, 67e et 75e D. R., la 7e D.C.

" Le 15e corps, par voie de terre, devra atteindre, le 6 septembre au soir, Dammarie-sur-Saulx.

" Le 21e corps, par voie ferrée vers Joinville, Vassy le 5, le 6 et le 7 septembre au matin, se portera vers Montier-en-Der, Longueville.

" Le 21e (corps) sera administré par la 3e armée, mais sera, initialement, aux ordres du général commandant en chef .

". La 4e armée comprendra les 2e; 12e, 17e C.A. et le corps colonial.

" Le détachement d'armée Foch formera, à dater du 5 septembre, une armée autonome : 9e armée, comprenant les 9e et 11e C. A., la 42e division et la division marocaine, les 52e et 60e D. R., la 9e D. C. Les fractions du 9e C.A., qui n'avaient pu rejoindre, débarquent dans la région de Troyes, du 4 au 5.

" La 5e armée conserve sa composition, plus le corps de Cavalerie : 4e (Précédemment à la 5e armée; les 8e et 10e venaient des 1re et 2e armées), 8e, 1Oe D.C.

"II. En vue d'augmenter la densité des forces qui doivent opérer en terrain favorable, la 4e armée sera vraisemblablement appelée à opérer tout entière dans la région à l'ouest de la ligne Vitry-le-François, Brienne.

" III. La zone de repli à atteindre, éventuellement indiquée par l'ordre général n° 4 et la note du 2 septembre, sera modifiée en ce qui concerne la 4e armée. Cette armée opérerait en partant, au plus loin, du front Mesnil-la-Comtesse, Jasseines, Pars-les-Chavanges (Cette ligne orientée de l'ouest à l'est était tout entière à l'ouest de la ligne Vitry-Brienne et coupait la ligne Arcis-Brienne indiquée par la note du 2 septembre.) .

" La 3e armée dont la mission est d'opérer à droite du groupe principal des armées, se repliera lentement en se maintenant si possible sur le flanc de l'ennemi et dans une formation lui permettant à tout instant de repasser facilement à l'offensive face au nord-ouest " (V. Margueritte, p. 362-363.)

Ainsi les instructions relatives aux 4e et 3e armées étaient très sensiblement modifiées. Le G.Q.G. donnait raison au général Sarrail, qui avait judicieusement tenu à rester le plus possible en liaison avec Verdun, malgré des ordres contraires, et qui, au lieu de se retirer simplement vers le sud, avait échelonné la 3e armée du nord-est au sud-ouest, de façon à menacer le flanc gauche de nos adversaires, comme la 6e armée et les Anglais menaçaient leur flanc droit. Quant à la 4e armée, son repli était réduit, en attendant qu'elle reçut des ordres. pour la contre-offensive.

Dans la pratique les prescriptions qui précèdent allaient être modifiées sur plusieurs points. Le 21e corps serait affecté à la 4e armée et non à la 3e. On serait sur le point. de faire passer le 17e corps de la 4e armée à la 6e. La 4e armée n'opérerait pas tout entière à l'ouest de la ligne Vitry, Brienne mais à cheval sur cette ligne.

Au cours de la nuit du 4 au 5 (21 h. 57) , le G. Q. G. avisait les commandants d'armée que le 5, à 18 heures, il cesserait de fonctionner à Bar-sur-Aube pour être transféré à Châtillon-sur-Seine, décision qui ne se comprend guère à la veille d'une offensive générale. Non seulement le G. Q. G. reculait de plus de 40 kilomètres, mais il restait dans un emplacement excentrique par rapport aux armées de gauche, celles chargées du rôle le plus marquant. Son départ précipité de Bar-sur-Aube ressemblait à une fuite (M. Tassin, loc. cit., p. 94I, donne ce détail d'une caisse transportée avec si peu de précaution qu'elle laisse échapper un ruissellement de croix et de médailles.). L'entourage du général en chef sentit, si bien l'erreur ainsi commise que des instructions ultérieures, pour la censure, prescrivirent de dissimuler la présence du G. Q. G. à Châtillon pendant la bataille (Général Le Gros, p. 163. Le télégramme de 21 h.57 parvint à minuit au gouverneur de Paris.).

Le 5 septembre, le général en chef adressait aux armées de droite les prescriptions qui déterminaient leur rôle pendant la bataille :

" 4e armée. - Demain, 6 septembre, nos armées de gauche attaqueront de front et de flanc les Ire et IIe armées allemandes.

" La 4e armée, arrêtant son mouvement vers le sud, fera tête à l'ennemi en liant son mouvement à celui de la 3e armée, qui, débouchant au nord de Revigny, prendra l'offensive en se portant vers l'ouest.

" 3e armée. - La 3e armée, se couvrant vers le nord-est, débouchera vers l'ouest pour attaquer le flanc gauche des forces ennemies qui marchent à l'ouest de l'Argonne. Elle liera son action à celle de la 4e armée qui a l'ordre de faire tête ,à l'ennemi " .

Vis-à-vis du gouvernement, le général en chef exposait comme il suit le brusque revirement survenu dans ses idées :

" La situation qui m'a décidé à refuser une première fois la bataille générale et à replier nos armées vers le sud s'est modifiée de la façon suivante :

" La Ire armée allemande a abandonné direction Paris et a infléchi sa marche vers sud-est pour chercher notre flanc gauche. Grâce aux dispositions prises, elle n'a pu trouver ce flanc et la 5e armée se trouve maintenant au nord de la Seine, prête à aborder de front les colonnes allemandes.

" A sa gauche, les forces anglaises sont assemblées entre Seine et Marne, prêtes à l'attaque. Elles seront elles-mêmes appuyées et flanquées à gauche par forces mobiles garnison Paris agissant direction Meaux, de manière les garantir contre toute crainte d'enveloppement. La situation stratégique est donc excellente et nous ne pouvons compter sur des conditions meilleures pour notre offensive. C'est pourquoi j'ai décidé de passer à l'attaque.

" La lutte qui va s'engager peut avoir des résultats décisifs, mais aussi peut avoir pour le pays, en cas d'échec, les conséquences les plus graves. Je suis décidé à engager toutes nos troupes à fond et sans réserve pour conquérir la victoire. "

M. Millerand se bornait à répondre : " Aucune objection à votre projet d'opérations "

Enfin, le matin du 6 septembre, alors que la bataille était déjà commencée, des abords de l'Ourcq au camp de Mailly, le général en chef lançait une proclamation faisant appel au dévouement de tous et bien digne, par sa concision et sa fière énergie, d'être reproduite malgré sa forme incorrecte :

" Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée."

De son côté, sans attendre les instructions du général en chef, le général Gallieni avait pris, dès le 4, à 22 h.30 les dispositions voulues pour l'exécution du mouvement de la 6e armée :

"I. Tous les renseignements concordent à démontrer que le gros de la Ire armée allemande, qui faisaient face jusqu'ici à la 6e armée, se sont orientés vers le sud-est. Des colonnes importantes ont été signalées hier soir se dirigeant sur la Marne pour la franchir entre La Ferté-sous-Jouarre et Château-Thierry. Ce mouvement paraît nettement dirigé contre la droite anglaise et la gauche de la 5e armée française.

" Une colonne allemande, qui paraît constituer la droite, était aujourd'hui en marche de Nanteuil-le-Haudouin sur Meaux ou Lizy-sur-Ourcq.

" Dans ces conditions, Paris cessant d'être menacé, toutes les forces mobiles de l'armée de Paris doivent manœuvrer de manière à conserver le contact avec l'armée allemande et à la suivre pour se tenir prêtes à participer à la bataille à prévoir.

" L'armée anglaise a fait connaître qu'elle se préparait à agir dans le même sens.

" II. La 6e armée poussera des reconnaissances de cavalerie dans les directions de Chantilly, Senlis, Nanteuil-le-Haudouin, Meaux et Lizy-sur-Ourcq. Des dispositions sont prises pour renforcer la cavalerie de la 6e armée de tous les éléments disponibles.

" III. Demain, la 6e armée se mettra en mouvement dans la direction de l'est, en se maintenant sur la rive droite (nord) de la Marne, de manière à amener son front à hauteur de Meaux et à être prête à attaquer, le 6, au matin; en liaison avec l'armée anglaise, qui attaquera sur le front Coulommiers - Changis.

" IV. En vue de cette marche vers l'est, la 6e armée sera renforcée successivement des éléments ci-après :

" 45e division passe dès maintenant sous les ordres du général Maunoury.

" 4e corps d'armée (La 45e division arrivait d'Algérie, le 4e corps de la 3e armée) se tiendra prêt à suivre le mouvement de la 6e armée au fur et à mesure qu'une division aura débarqué en totalité. Le passage sous les ordres du

général Maunoury sera réglé par ordre particulier.

" V. La garde du camp retranché de Paris restera assurée par sa garnison de défense normale, renforcée du groupe de divisions de réserve Ebener (61e et 62e. De la Somme, elles s'étaient retirées vers la Seine, par la rive ouest de l'Oise.) .

" Le général commandant la 85e division territoriale reprendra, à la date du 5, le commandement de la région Est, en totalité, et disposera de tous les éléments de sa division.

" Le groupe de divisions de réserve Ebener sera amené dans l'intérieur du camp retranché de Paris. Une division se transportera dans la région Mesnil - Amelot, de manière à l'atteindre le 6; cette division cantonnera le 5 dans la région Attainville, le Mesnil-Aubry, Mareil-en-France, Villiers-le-Sec et Villaines.

" L'autre division du groupe Ebener passera en réserve générale. Elle viendra le 6 cantonner dans la zone qui lui sera indiquée ultérieurement.

" A la date du 6, le général Ebener prendra le commandement dans l'intervalle nord-est (Entre la route de Senlis et les collines de Vaujours.) ; il disposera de la 92e division territoriale. Cette division assurera la garde de l'intervalle nord-est entre le départ de la 6e armée et l'arrivée de la division de réserve.

" Rien de changé dans la région nord (général Mercier-Milon) et dans la zone sud-est (général Michel). Toutefois, en raison du départ du groupe de divisions

de réserve Ebener, la liaison entre la région nord et la zone sud et la surveillance sur la rive droite de l'Oise seront plus étroitement assurées.

" On tiendra compte de ce qu'un gros de cavalerie allemande a été signalé du côté de Beauvais (Renseignement exagéré, semble-t-il.), que des patrouilles de uhlans ont été vues aujourd'hui non loin de Pontoise et que, par suite du départ du corps de cavalerie Sordet qui se trouvait établi sur la Seine en aval de Paris, il n'est pas impossible que des patrouilles ennemies passent la Seine et se montrent sur notre front ouest.

" IV. Les travaux de défense du camp retranché seront poussés avec la plus grande activité possible.

" VII. Le quartier général du gouverneur fonctionne à partir d'aujourd'hui au lycée Duruy, boulevard des Invalides. "

Cet ordre de Gallieni, très nettement conçu, assurait à la fois la garde du camp retranché et le renforcement de la 6e armée en vue de l'offensive qui allait être déclenchée.

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