LA BATAILLE DE LA MARNE VUE PAR LE GENERAL PALAT
CHAPITRE XXI
CHAPITRE XXI
LE 10 SEPTEMBRE AU CENTRE
La 5e armée. - Le corps Conneau. - Le 18e corps. - Les 3e, 1er et 10e corps. - La 9e armée. - Le 9e corps. - La 42e division. - Le 11e corps. - La 18e, division.
I
A la 5e armée, le corps Conneau, auquel le 18e corps et la droit britannique avaient ouvert le passage de la Marne, devait continuer le 10 son apparence de poursuite.
Il allait porter sa découverte, jusqu'à l'Ourcq, la 4e division à l'ouest de la route de Château-Thierry à Soissons, la 10e à l'est. Des reconnaissances d'officiers, soutenues " par des compagnies d'infanterie " seraient lancées sur Etrépilly et Epaux (4e division), sur Bézu-Saint-Germain et Epieds (10e division), avec mission de dégager le plateau et de permettre d'y rassembler les deux divisions.
Les dispositions prévues pour le début de la journée portent la même empreinte de formalisme et de contrainte, hostile à toute initiative. Ainsi, pour 6 h. 30, la 4e division devait être rassemblée vers Triangle au sud de Bouresche; la 8e à 2 kilomètres vers l'est; la 10e au sud de Chantemerle (est d'Etrépilly). Comment mener vivement une poursuite dans ces conditions ?
A gauche, la 4e division dirigeait un escadron sur Neuilly-Saint-Front, avec mission de reconnaître les passages de l'Ourcq, de Vichel-Nanteuil à Noroy. Puis elle marchait vers le nord en se reliant à la cavalerie britannique au nord de Bouresches et vers l'est à la 10e division. A 8 h. 45, survenait un nouvel ordre du général Conneau, exagérant peut-être l'optimisme : " Il se confirme que la retraite allemande dégénère en déroute. . . " . La 4e division était donc orientée sur Epaux, Rocourt, Oulchy, Soissons; la 8e sur Etrépilly, Fère-en-Tardenois, Braine, Vailly; la 10e sur la route de Château-Thierry à Soissons, en seconde ligne. Un second bataillon du 45e, rendu à Rocourt, renforcerait celui dont disposait déjà la 4e division. Cette dernière atteignait Epaux à 10 heures. Le pays à l'ouest était libre jusqu'à Monthiers. Plus loin, l'armée britannique combattait sur le front Hautevesnes, Courchamps.
A 11 h. 30, l'avant-garde de la 4e division canonnait un convoi, sans pouvoir l'attaquer au sabre. Puis (12 h. 30) elle s'établissait au sud de Breny et de l'Ourcq, entrant en action contre une arrière-garde installée dans la région d'Oulchy-le-Château. Les deux bataillons du 45e, transportés en autobus, ayant débarqué à l'entrée de Breny, on attaquait le bourg d'Oulchy, un bataillon à cheval sur la grand'route, un bataillon à l'ouest, dessinant un mouvement enveloppant, pendant que l'artillerie de l'avant-garde, appuyée bientôt par celle du gros, battait celle de l'ennemi, établie au nord d'Oulchy-la-Ville. Vers 15 h. 30, le feu des Allemands était éteint et ils retiraient leurs pièces. La division pénétrait dans Oulchy-le-Château, puis marquait un temps d'arrêt au nord (La raison de cet arrêt était le désir d'attendre la batterie de l'avant-garde restée au sud de Breny. Cette unité, éprouvée par le feu et à court de munitions, ne rejoignit que dans la soirée.). A 17 heures seulement, elle reprenait la marche sur Hartennes, que la point d'avant-garde occupait vers 17 h. 30, soutenue par l'un des bataillons du 45e. Le second était encore à hauteur d'0ulchy-la-Ville.
Dès 18 heures, l'avant-garde subissait une violente contre-attaque d'un régiment d'infanterie, appuyé par deux batteries. Sa batterie ne l'ayant pas encore rejointe et aucune autre ne l'ayant remplacée auprès d'elle, elle était contrainte d'évacuer Hartennes. L'infanterie allemande la suivait jusque dans le bois Saint-Jean au sud, mais elle y était arrêtée par un tir très vif des deux batteries du gros (18 h. 30). Hartennes était ensuite réoccupé par nos cavaliers.
Néanmoins, le général Abonneau ne croyait pas devoir conserver ce village. Il établissait les deux bataillons du 45e au sud, sur le front Le Plessier-Huleu, Grand-Rozoy, tenant solidement la grand'route et ces deux points d'appui. Le groupe cycliste, au bivouac à hauteur de la Baillette, formait repli. En arrière, la 4e division cantonnait autour d'Oulchy-le-Château, ses avant-postes se reliant à Vichel-Nanteuil avec ceux des Anglais.
Il semble que la marche des 8e et 10e divisions se soit opérée sans incident notable. Elles cantonnaient ou bivouaquaient à hauteur de Villeneuve-sur-Fère, la 8e division à la droite. " On dit l'ennemi battu, écrit un témoin, et il est certain qu'il se retire en hâte. Et pourtant nulle trace de déroute (Commandant Bréant, p. 67.) ." Le général Conneau estimait à cette date que la moitié de ses escadrons étaient à pied (La Victoire de la Marne, Renaissance du 2/9/1916; commandant Bréant, p. 67; G. Babin, p. 277.), ce qui ne devait pas faciliter la poursuite.
A la droite du 2e corps de cavalerie, le 18e corps était sensiblement en retard sur lui et sur l'armée britannique, ce qui s'explique mal après l'avance qu'il avait prise tout d'abord. Il se tassait simplement au nord de Château-Thierry, la 38e division en première ligne dans la région Etrépilly, Bézu-Saint-Germain; en arrière la 36e à l'ouest de Château-Thierry et la 35e au nord-est(Notes communiquées par le colonel Bujac.).
Au 3e corps, le régiment de cavalerie de corps et celui de la 37e division, groupés en une brigade provisoire, reconnaissaient dans la nuit du 9 au 10 la Marne à Mont-Saint-Père, Jaulgonne, Passy, Dormans. Il n'y avait d'intact que le médiocre pont suspendu de Jaulgonne, où nos cavaliers passaient en file indienne, malgré le voisinage rapproché de l'ennemi, encore dans les bois dominants à l'est (forêt de Ris) .. La brigade tenait Jaulgonne, au nord de la Marne, jusqu'à l'arrivée de l'infanterie; puis elle se portait sur Fismes par le Charmel, en refoulant des escadrons appartenant à la division de la Garde (Marcel Dupont, loc. cit., p, 101-104.).
Dans la nuit du 9 au 10 (1 h. 30), le général Deligny prescrivait au 1er corps de porter ses avant-gardes sur la rive nord du Surmelin (L'ordre de la 5e armée n'étant arrivé qu'après 2 heures, le général jugeait à propos de prendre des dispositions préliminaires.). Des ordres seraient alors donnés pour la continuation du mouvement. Les divisions borderaient cette rivière à 6 heures, chacune en deux colonnes, la Ire par Le Breuil et La Ville-sous-Orbais; la 2e par Orbais et Mareuil-en-Brie.
Dès 6 heures, un nouvel ordre était lancé. La 5e armée devant atteindre la Marne le jour même, le Ier corps avait mission d'enlever les ponts de Dormans et de Verneuil, en poussant ses avant-gardes au nord de la rivière. Le mouvement serait opéré en deux colonnes, la Ire division par Le Breuil, La Chapelle-Monthodon, Chavenay, Dormans; la 2e par Suisy-le-Franc, Igny-le-Jard, Verneuil. Vers Leuvrigny, le 6e chasseurs couvrirait le flanc droit, tout en surveillant la vallée de la Marne et reLiant les 1er et 10e corps.
La retraite générale de l'ennemi facilitait l'exécution de cet ordre. A 15 h. 45 le général Deligny pouvait. arrêter son dispositif de stationnement. Le gros du 1er corps allait s'installer au sud de la Marne en poussant deux brigades mixtes sur la rive nord à Verneuil (2e division) et à Vincelles (1re division) (En réalité, l'avant-garde de la 1re division était à Chassins, le Q. G. à Chavenay (Notes inédites d'un témoin).). Chacune de ces avant-gardes tiendrait et organiserait une tête de pont. Le génie reconnaîtrait un emplacement pour jeter un pont d'équipage dans la zone Try, Dormans.
Au 10e corps, la marche s'effectuait d'abord en direction générale du nord-est, par Fromentières, Champaubert, Lacaure, Montmort pour la 19e division. Puis on obliquait vers l'est, au sud de la zone boisée qui s'étend jusqu'à la Marne, par Beaunay, Loisy, pour aller cantonner dans la région d'Etréchy, Soulières (19e division), sans avoir rencontré l'ennemi (Docteur Veaux, p. 141. La 20e division paraît avoir cantonné dans la région Colligny, Bergères-les-Vertus. Le 10e corps est encore rattaché le 10 à la 9e armée; il ne rentrera que le 11 à la 5e (G. Babin
p. 277). Le 70e trouvait dans une ferme un blessé du régiment que les Allemands, ne voulant pas le traîner plus loin, avaient pendu et lardé de coups de baïonnette (docteur Veaux).). A droite, la 51e division poussait jusqu'à Pierre-Morains, qu'elle prenait d'assaut avec un grand nombre d'Allemands. Mais l'artillerie de la 17e division (9e corps), croyant le village encore occupé par l'ennemi, tirait sur lui et obligeait les réservistes du général Boutegourd à l'évacuer avec des pertes sensibles, en ne ramenant qu'une trentaine de prisonniers.
II
Pour la journée du 10, le général Foch n'avait donné d'autres ordres que ceux restés inexécutés la veille, par suites du retard de la 42e division. Il est probable que cette unité et le 11e corps à sa droite n'ayant pu attaquer le 9 au soir, comme c'était l'intention du général, il s'en tint à ces ordres du 9, comptant qu'ils seraient exécutés au point du jour. A 23 heures seulement, le 10, sans doute après avoir reçu les comptes rendus de la journée, il lançait son ordre de poursuite pour le lendemain.
Le général Dubois ne reçut qu'à 2 h. 30 l'annonce de l'avance si marquée de la brigade Simon. Il venait de donner (1 heure) des ordres, pour une attaque du front Normée (exclu), Ecury-le-Repos, Morains. Cette offensive devait être menée par la 17e division et la 103e brigade échelonnées la droite en avant. La 104e brigade et l'artillerie de la 52e division continueraient à tenir le front occupé, de manière à couvrir la gauche de la 17e division. Puis elles suivraient son mouvement par les crêtes, en conservant le rôle de flanc-garde. De même la division marocaine resterait dans les bois de Saint-Gond et d'Allemant, jusqu'à ce que le mouvement du 10e corps lui permît de se rassembler et de suivre la gauche du 9e corps en direction générale de Morains.
Au point du jour, le général Dubois se portait à Fère- Champenoise, par une route bordée de cadavres de la Garde, appartenant surtout aux régiments Kaiserin Augusta et Kaiser Franz. En certains endroits ils étaient amoncelés. Partout des blessés imploraient du secours. Fère avait été pillée; ses rues étaient jonchées de bouteilles vides, au point de gêner la circulation à cheval ou en automobile. Dans les maisons, quantité de blessés et de traînards. Finalement on y ramassait 1.500 prisonniers, dont une certaine proportion d'ivrognes; on y faisait un butin considérable.
Il restait à reconstituer les troupes, en tenant compte des résultats acquits. Ordre était donné à la 17e division de s'étendre sur le front Morains, Ecury-le-Repos (exclu), en se couvrant sur Aulnay; à la 52e division (103 brigade) de continuer son offensive sur le front Ecury (inclus), Normée (exclu), en liaison avec la 42e division.
La 104e brigade exécuterait le mouvement prescrit par le Mont Août et la lisière des bois, en couvrant la gauche du 9e corps jusqu'à ce que la division du Maroc arrivât à sa hauteur. Elle rejoindrait alors la 103e brigade.
Quant à la division du Maroc, à mesure des progrès du 10e corps elle évacuerait les débouchés des marais pour se porter dans la région Bannes, Broussy-le-Grand, un détachement à Aulnizeux, en liaison avec ce corps d'armée (Notes inédites d'un témoin.).
A la fin du jour, ces ordres étaient exécutés. Un dernier engagement avait eu lieu, à 18 heures, aux abords d'Ecury-le-Repos, d'où l'ennemi était rejeté à l'est de la Somme. Quand la nuit survenait, la 17e division tenait Morains et les bois à l'ouest; la 52e la prolongeait sur la rive sud de la Somme, d'Ecury à Normée (Le récit de H. Libermann, p. 191, donne l'impression de mouvements très confus.); la division du Maroc avait son gros à Bannes (2 bataillons à Aulnay, 1 bataillon à la sortie sud de Morains. Le Goffic,p.217, signale un engament à Ecury, où un bataillon du 247e (?) aurait perdu 3 officiers dont son chef et 250 hommes (16 heures). Une attaque infructueuse des 68e et 90e aurait été tentée sur Pierre-Morains et Ecury entre 17 heures et 19 h.30. Une attaque de nuit de la 103e brigade (348e) n'aurait pas été plus heureuse.).
La 17e division avait perdu 150 officiers et environ 5.000 hommes; le bataillon du 32e ne comptait plus qu'un officier et 280 hommes; la division marocaine était aussi durement éprouvée et la 52e division un peu moins. Le château de Mondement, si âprement disputé le 9 était le matin du 10 plein de cadavres, surtout ennemis. Au nord, les 75 du colonel Boichut avaient fait un vrai massacre : " Par groupe de dix ou quinze, les soldats allemands ont été fauchés sur place... Un peu à gauche du chemin toute une section, une trentaine d'hommes déployés en tirailleurs... a été anéantie. Les corps... ne paraissent même pas avoir de blessures... L'un d'eux portant son coude en avant, le doigt engagé dans la gâchette de son fusil, semble prêt à tirer. Il est resté sur ce geste et l'on croirait voir un homme en cire, au musée Grévin. . . " (Asker, p.9.) .
Les pertes des bataillons marocains étaient telles qu'il fallut les reconstituer, au moins en partie, à deux ou trois faibles compagnies.
III
Le 10, à 5 heures, la 42e division, qui avait pour objectif le front Normée (inclus), Lenharrée (exclu), s'engageait sur la grande croupe Connantre, Connantray qui marquait son axe de marche. La 84e brigade était en tête, le 162e le long de la grand'route de Sézanne à Fère-Champenoise, le 151e vers OEuvy; la 83e suivait en seconde ligne; la cavalerie sur le chemin de Corroy à Connantray et à Lenharrée.
La marche était très lente. Vers 11 heures, l'ennemi ouvrait un violent tir de barrage sur la lisière des bois, la ligne ferrée et la station de Normée. Le 162e se déployait à, cheval sur la route de Châlons, le 151e vers Fontaine-d'Ivoire, un bataillon en soutien du 162e; l'artillerie divisionnaire entrait en action vers la cote 172 (2 kilomètres de Connantray) et à cheval sur la route de Châlons. Malgré cet appui, l'attaque était enrayée jusqu'à 14 h. 30. A ce moment, le général Grossetti donnait l'ordre de marcher en trois colonnes dans la direction générale villeneuve, Soudron, au nord-est de Normée. Il revenait bientôt sur cette prescription, l'estimant sans doute prématurée, mais le 151e n'en était pas avisé en temps voulu; il passait la Somme à Lenharrée, que l'ennemi ne gardait pas, et poussait à travers bois, la nuit, sur Villeveneux, où il était arrêté par un feu violent, pendant que le gros de la division demeurait devant Normée et la 60e division devant Sommesous. Malheureusement, le 151e croyait devoir se replier sur Lenharrée dès qu'il s'apercevait de son isolement. Le matin du 11, on trouvait tous ces villages évacués (Le Goffic, p. 219-222. Voir ibid., p. 292 et suiv., les notes d'un témoin anonyme, mais bien informé.).
Au 11e corps, l'ordre d'opérations de minuit 30 prescrivait la reprise de l'offensive contre le front Lenharrée, Sommesous, dès 5 heures, " avec la dernière énergie " . La 21e division attaquerait par OEuvy sur Connantray, ayant pour objectif Lenharrée, Chapelaine. La 18e division, suivant le mouvement de la 21e, marcherait par Gourgançon et le moulin du même nom ,sur la cote 174, la ferme de la Maltournée, avec le front Vassimont, Haussimont pour objectif final.
La 22e division, partant de la région de Semoine et suivant le mouvement de la 18e, se porterait sur la ferme de Bonne-Espérance et Montépreux, puis sur Haussimont (exclu), Sommesous (inclus). Le 2e régiment de chasseurs la relierait à la 60e division. Cette dernière, restant en deuxième ligne, serait prête à agir sur Mailly, de concert avec la 9e division de cavalerie qui aurait fait reconnaître cette localité au lever du jour.
Ces troupes ne rencontraient aucune résistance. Mais elles avaient été très éprouvées les jours précédents; elles étaient " plus ou moins désorganisées " et, dans ce pays accidenté, couvert de bois, croyaient devoir n'avancer qu'avec prudence, en se reconstituant. Rien de moins semblable à une poursuite.
A 14 heures, les instructions de la 9e armée prescrivant d'atteindre le soir même la ligne Vatry, Germinon, Villeneuve-Renneville, le général Eydoux donnait un nouvel ordre " pour la poursuite " . Pendant que le 9e corps marcherait au nord de la route Fère-Champenoise, Châlons, la 42e division sur cette route, le 11e corps opérerait au sud, la 9e division de cavalerie, à sa droite, ayant reçu l'ordre de pousser vers Châlons pour couper la retraite de l'ennemi encore le matin à Sompuis.
La 21e division se porterait de Lenharrée sur Soudron (église); la 18e, de Vassimont sur la route sud du même village ; la 22e, de Haussimont sur Vatry; la 60e, de Sommesous sur Lettrée, par Bussy.
L'ordre qui précède ne pouvait recevoir son exécution immédiate. Les têtes des divisions s'engageaient contre de fortes arrière-gardes tenant Sommesous et les crêtes bordant la Somme au nord. Elles passaient la nuit au contact, la 60e restant dans la région de Montépreux (Notes inédites du général Eydoux.) , sans que leur marche ait pris à aucun moment le caractère d'une poursuite.
Il faut dire que de grands retards se produisaient dans ces mouvements. Ainsi, au lieu de se porter en avant à 5 heures, la 18e division ne rompait que " vers 9 heures " . A 13 h. 30, elle avait franchi en partie la route de Fère-Champenoise à Vitry-le-François, sans incident. A 15 h. 30 on apprenait que le 7e hussards avait reçu des coups de feu d'un groupe " d'environ quinze fantassins " faisant la soupe dans Vassimont. Pendant que ces deux escadrons attaquaient le village, la 34e brigade se rassemblait dans les bois au nord de la Maltournée, la 35e brigade à la grand'route. A 16 h.15 seulement arrivait l'ordre de poursuite daté de 14 heures.
Dans l'intervalle, les hussards avaient attaqué Vassimont, provoquant des feux nourris le long du ruisseau de Vassimont, à un kilomètre vers l'est. Les crêtes au nord étaient garnies " de nombreux fantassins " . Le général Lefèvre portait sur Vassimont la 35e brigade, mais la nuit arrivait avant que ce village eût été attaqué. On bivouaquait au sud de la voie ferrée (Notes inédites de témoins.). Assurément, dans ce cas, nous n'avions pas procédé avec l'énergie et l'activité que voulaient les circonstances.
Bien que la 9e division de cavalerie eût été renforcée, dans la journée d'éléments de la 6e division, général de Mitry, venant de la 1re armée et groupée en un corps provisoire, sous les ordres du général de l'Espée, il ne semble pas non plus qu'elle ait effectué une poursuite réelle. Une reconnaissance d'avion (capitaine Pujo et Brindejonc des Maulinais) constatait pourtant qu'il n'y avait rien devant nous à la gauche de la 4e armée vers le camp de Mailly, sinon un peu de cavalerie assez loin en arrière. Deux reconnaissances successives confirmaient l'existence de cette brèche (Le Goffic, p. 289.) .
A en croire de nombreux indices, l'ébranlement de l'ennemi était profond : " Le temps lui manquant pour enlever ses blessés et ses morts de la journée, déjà rangés en longues files le long des routes, l'ennemi les avait tout simplement abandonnés. Sur la route d'Oyes à Villevénard, ils formaient ainsi une longue allée funèbre... Ces morts, ces blessés, des ambulances entières avec leur section sanitaire au complet, comme celle de Lenharrée, pleine de soldats allemands, fantassins, artilleurs, garde impériale (450 hommes au total. Il y en eut plus de 400 à Congy et de 500 à Baye, Général Canonge, p. 60.), des batteries culbutées, des caissons démontés, des prolonges d'artillerie engagées dans des culées de pont, des monceaux d'obus... et un extraordinaire entassement de fusils, de gibernes, de cartouches, de havre-sacs, d'objets de pansement, de paquets de correspondance, de boîtes de conserve, de quartiers de viande avariée, de bouteilles de champagne vides et même de pièces d'appareils cinématographiques, ce fut, avec les inévitables traînards que laisse derrière elle une armée en retraite, tout le butin de cette première journée. Il devait s'enrichir singulièrement par la suite... " (Le Goffic, p. 223; général Canonge, p. 60.).
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