LA BATAILLE DE LA MARNE VUE PAR LE GENERAL PALAT
CHAPITRE XV
CHAPITRE XV
LE 8 SEPTEMBRE AU CENTRE
Le corps Conneau. - Le 18e corps. - Les 3e, 1er et 10e corps. - La 9e armée. - Ordre du général Foch. - La 42e division. - Repli du 11e corps. - La 18e division. - La 60e division. - La 9e division de cavalerie.
I
Le 8 septembre, la mission assignée au corps Conneau consistait à opérer entre le 18e corps dont l'axe de marche était Meilleray, Montolivet, Vendières, et l'armée britannique, à laquelle nous devions réserver la route de Saint-Remy à Nogent-l'Artaud. Il continuerait donc à obliquer au nord-est comme l'ensemble de la 5e armée et de l'armée britannique, disposition qui présentait l'inconvénient de rétrécir notre front vers l'est, au lieu de l'élargir en vue d'un enveloppement de la droite ennemie, comme il eût été naturel. Nous verrons quelles en furent les conséquences, lors de la bataille de l'Aisne et de la Course à la mer.
La 4e division avait ordre de continuer la poursuite par La Ferté-Gaucher, Bellot, La Chapelle-sur-Chézy; à sa droite, la 8e, par Saint-Barthélemy, Villeneuve-sur-Bellot, Viels-Maisons sur Montfaucon; la 10e, par Saint-Barthélemy, Verdelot, L'Epine-aux-Bois, Viffort.
A la 4e division, on apprenait dès 7 heures que la route était libre jusqu'à Bellot, que les ponts du Petit-Morin n'avaient pas été coupés. Les derniers éléments ennemis avaient, disait-on, quitté Bellot vers, 23 heures, marchant sur Rebais ou sur Villeneuve (artillerie lourde). Au moment où l'avant-garde entrait dans Bellot et où le gros de la 4e division sortait de Grand-Doucy, nos escadrons étaient pris à partie par une artillerie qui se dévoilait au nord du Petit-Morin et que nos reconnaissances n'avaient pas signalée en temps opportun.
Il fallut se résigner à reporter le gros de la division en arrière, au sud de Champ-Martin. L'avant-garde (Brigade légère, une batterie, groupe cycliste.) resta dans Bellot, où l'angle mort la couvrait des coups, avec ordre d'en déboucher sur le plateau nord, quand les deux batteries du gros auraient fait taire l'ennemi. Le groupe cycliste s'engagea au sud de la rivière entre Bellot et Villeneuve, sans pouvoir progresser. Nous avions devant nous un détachement mixte composé du bataillon des chasseurs de la Garde, d'une batterie et d'un escadron. La 8e division n'avait pas encore donné signe de vie à la droite.
A 9 heures, l'infanterie britannique attaquait par Bellot; son artillerie était prise sous le feu des canons allemands, pendant qu'elle était en marche au nord de Grand-Doucy. Une brigade se portait sur Sablonnières, en aval de Bellot.
Sur les entrefaites, le feu de nos batteries finissait par éteindre celui de l'arrière-garde allemande, qui se retirait devant le groupe cycliste, après avoir perdu presque tout le personnel de la batterie, abandonnant des caissons démontés.
A 11 heures seulement, le gros de la 4e division se reportait en avant. A ce moment, lé général Conneau annonçait que l'ennemi se retirait sur Château-Thierry, une très longue colonne suivant la route de Montmirail, flanqué à gauche par des forces moins importantes en marche sur Chézy et Nogent-l'Artaud. L'armée britannique ayant pris pour objectif de droite la colonne de Nogent-l'Artaud, le corps conneau chercherait à atteindre celle de Château-Thierry, qui serait attaquée à l'est par la 10e, division, au sud par la 8e et à l'ouest par la 4e.
Dans ces conditions, la 4e division s'orientait sur Viels-Maisons au lieu de la Chapelle-sur-Chézy, en obliquant davantage à l'est. Sous la protection de l'avant-garde, qui prenait pied sur le plateau nord de Bellot, et d'un bataillon du 45e qui se dirigeait sur Mont-Flageon, la division traversait Bellot pour se rassembler vers Fontaine-Robert, tout en laissant son artillerie au sud du Petit-Morin, prête à la soutenir (15 heures).
Après ce long préambule, vers 17 heures, on apprenait que la 10e division traversait le Petit-Morin à Verdelot et appuyait par son canon l'attaque de l'Epine-aux-Bois. La 8e venait seulement de se rassembler au nord de Villeneuve-sur-Bellot. La 4e division se portait sur Viels-Maisons, par le bord du plateau. Elle y arrivait en même temps que la 10e, puis attaquait par son artillerie des forces importantes en retraite par Mont-Cel-Auger, tandis que le 18e corps continuait un combat violent vers Fontenelle. La journée se terminait ainsi, sans que le projet d'attaque du général Conneau eût pu recevoir un commencement d'exécution.
A la 8e division, il semble qu'aucune fraction n'ait eu le contact de l'ennemi le 8 septembre. Un témoin résume ainsi cette journée pour son régiment : " Allées et venues. Ordres et contre-ordres. A la nuit on cantonnait autour de Fontaine-Robert " (Commandant Bréant, p. 66.) .
D'après l'ordre du général d'Espérey pour le 8 septembre, la 5e armée devait simplement continuer son offensive, encadrée entre la 9e armée et l'armée britannique qui avait pris pied au nord du Grand-Morin et menaçait le flanc de l'ennemi en retraite. Le 18e corps marcherait sur Fontenelle, le 3e, par Tréfols et Montmirail sur Corrobert, le 1er en direction générale de Vauchamps, le 10e par Boissy-le-Repos, Fromentières sur la Chapelle-sous-Orbais.
On prévoyait une sérieuse résistance sur le Petit-Morin (G.Babin, p.274.). Les renseignements indiquaient qu'une forte agglomération de troupes retarderait notre mouvement en défendant la position Montmirail, Mont-Coupot, Marchais, au nord de cette rivière, dont la vallée encaissée entre des hauteurs très marquées forme une ligne naturelle de défense, courant à peu près de l'est à l'ouest.
Après avoir franchi sans difficulté le Grand-Morin vers 7 heures, le 18e corps marchait suivant l'axe Meilleray, Montolivet, Vendières, Fontenelle, la 35e division à droite la 36e à gauche de cette ligne. La 38e division suivait en réserve. Entre les deux Morin on ne rencontrait pas l'ennemi, mais les routes de la 35e division étaient encombrées par le 3e corps.
Un peu avant 11 heures, on prenait un dispositif d'attaque aux abords du Petit-Morin. La 35e division allait sur Marchais, la 36e sur l'Epine-aux-Bois, à l'ouest. Cette dernière aurait ensuite à se rabattre vers l'est, s'il était nécessaire, pour faciliter les progrès de la 35e division, la 38e restant en réserve à Montolivet.
Sous un feu violent d'artillerie lourde, la 35e division n'avançait qu'avec lenteur, en utilisant tous les cheminements. Vers 13 heures, ses avant-gardes atteignaient les ponts de Villier et de La Celle, puis gravissaient les pentes sud du plateau de Vendières. Mais leur poussée sur Villefontaine et le bois de Courmont, insuffisamment appuyée par l'artillerie divisionnaire, en était fort ralentie, surtout à la gauche (70e brigade), devant des lisières boisées occupées par des cyclistes et des cavaliers pied à terre.
Comme on s'y attendait, la tâche de la 36e division était plus facile. Dès 11 heures, le régiment de tête occupait Vandières, mais ensuite le terrain était âprement disputé et les progrès laborieux. L'attaque finale ne pouvait être déclenchée qu'à la nuit, de 20 à 21 heures, par quatre bataillons environ des 18e et 19e, qui se jetaient vers la route de Montmirail à Viels-Maisons, en prenant comme axe le hameau de la Meulière en flammes. En même temps des éléments du 4ge abordaient Marchais face à l'est. Ce village était pris.
A la droite du 18e corps, le 3e avait ordre de continuer l'offensive, le 8, en direction générale de Tréfols, Montmirail, Corrobert. Il devrait se mettre en marche à la première heure, sur trois colonnes de division, On prévoyait une forte résistance sur le Petit-Morin. Le corps d'armée progressait d'abord avec une lenteur qui provoquait les plaintes du commandant de corps d'armée et du général Pétain. Puis il marchait, ses trois divisions de front, la 37e à gauche, la division Mangin au centre. La 37e suivait la direction générale Les Rouillis, Rieux, les. deux autres allant sur Montmirail. Vers 8 heures, elle atteignait Les Rouillis, d'où elle poussait un détachement sur Beigneau, malgré quelques obus venant de Montmirail. Quant au gros, il s'établissait au nord des Rouillis, attendant que la division Mangin fût à sa hauteur. La 69e division (Néraud) suivait en réserve. Vers 10 heures, un combat assez violent s'engageait vers Montmirail et la 37e division se portait en avant, la 73e brigade par Le Moncet, Les Chanots, Hochecourt, en liaison avec le général Mangin; la 74e sur Beigneau, Rieux et Montrobert. Ce mouvement s'opérait lentement, en raison du feu des batteries vers Montmirail, mais presque sans pertes. Vers 17 heures, la 73e brigade tenait Hochecourt, Les Chanots; la 74e, Rieux avec des fractions vers Montrobert, qu'un détachement occupait à la nuit. Au cours de cette dernière, ordre survenait de traverser le Petit-Morin vers Mécringes, en combinant ce mouvement avec la division Mangin, qui enlèverait Montmirail. On opérerait vers minuit.
La 73e brigade se porta en effet à 11.500 mètres ouest de Montmirail, tandis que la brigade Léautier (3e corps) attaquait cette ville par le pont de Chaussée, sans résultat. Au bout d'une heure, ces troupes regagnaient leurs cantonnements. Malgré cet échec, la situation de la IIe armée était assez précaire pour que von Bülow télégraphiât à von Kluck : " Mon aile droite est au nord de Montmirail. Nécessité pressante que vous protégiez mon flanc droit contre les Anglais " (L. Madelin, La Victoire de La Marne, Revue hebdomadaire, 14 février 1920, p. 199.) .
Le 1er corps avait reçu dans la nuit du 7 au 8 un ordre (0 h. 30) lui donnant pour objectif le plateau de la Rionnerie (nord-ouest de la forêt de Beaumont) et de la Haute-Vaucelle (est de cette forêt). La 1re division, disposant de toute l'artillerie de corps, enlèverait La Rionnerie; la 2e division, moins un régiment en réserve, prendrait La Haute-Vaucelle.
La réserve du corps d'armée (ce régiment et les détachements de renfort groupés en un régiment de marche) serait vers la ferme des Hantes.
Le débouché au nord du Petit-Morin commencerait sur l'ordre du général Deligny, dès que le 3e corps, d'abord en échelon derrière la gauche du corps d'armée, pourrait l'appuyer en attaquant vers Montmirail, L'Echelle-le-Franc. Jusqu'alors, le 6e chasseurs couvrirait le flanc gauche, avec un bataillon de soutien.
Dans la matinée du 8, le 1er corps se portait immédiatement au sud du Petit-Morin. Pendant la nuit, l'ennemi avait fortifié les hauteurs de la rive nord, qu'il tenait par des arrière-gardes renforcées de mitrailleuses et de batteries lourdes. Les progrès du corps d'armée furent bientôt arrêtés. La 1re division attaquait entre la forêt de Beaumont et Montmirail, se reliant à gauche avec la 5e division, à droite avec la 2e, qui opérait en direction de Bergères-sous-Montmirail et du château de Beaumont. Le combat devint traînant. Vers 14 heures, le poste de commandement de la 2e division était encore à Montvinot. Elle ne manœuvrait pas, non plus que la 1re division, à l'ouest de la route de Provins. Tout se bornait à une attaque de front " assez terne ". Le général Deligny donnait un nouvel ordre pour engager vers Courbetaux les réserves de la 1re division et l'artillerie de corps, tandis que la 2e division, se reliant au 10e corps, parvenu à Boissy-le-Repos, ferait effort en aval du Moulin Henry pour traverser le Petit-Morin. Cette offensive échouait en dépit de l'action de l'artillerie (19e division) vers la Haute-Vaucelle. Les troupes bivouaquaient sur place.
Vers 14 heures, le général Christian Sauret avait été atteint de deux balles de mitrailleuses entre Courbetaux et le château de Beaumont. Il dut rester sur le sol jusqu'à la nuit, les projectiles ennemis rendant inutile tout effort pour arriver jusqu'à lui (Carnet et notes inédites de témoins. Au petit jour, le 8, deux compagnies du 1er régiment, qui s'étaient portées dans Mécringes, en avant des grand'gardes, pour y trouver " un meilleur gîte ", étaient enlevées par surprise, moins un seul homme.) .
Le quartier général du 1er corps était à Le Gault.
Le 10e corps avait ordre de marcher par Boissy-le-Repos, Fromentières, sur La Chapelle-sous-Orbais. La 19e division (Bailly) traversait Le Recoude, puis Soigny, qui n'était pas défendu (Docteur Veaux, p. 130.), tandis que les 20e et 51e s'engageaient face à l'est, vers Bannay. La 51e enlevait même Corfélix, au sud du Petit-Morin, dégageant ainsi la gauche de la 42e division.
II
A la 9e armée, dans la nuit du 7 au 8, le général Foch donnait l'ordre suivant (n° 29) : "Les corps d'armée et la 42e division d'infanterie feront exécuter, dès la pointe du jour, des reconnaissances sur tout leur front (infanterie ou cavalerie), en vue de déterminer les points encore occupés par l'ennemi.
" Les résultats de ces reconnaissances seront immédiatement transmis au poste de commandement de Pleurs.
" Mêmes postes d'armée que le 6 ".
Ainsi le général Foch, sans doute sur des renseignements provenant de la 5e armée, croyait à la retraite de l'ennemi. Il ne prévoyait selon toute apparence qu'une résistance relativement faible. En réalité, le 8 septembre, nos adversaires montèrent une offensive acharnée contre la 9e armée, surtout à sa droite, et toutes ses forces ne furent pas de trop pour y résister. La situation devint même si délicate que, dans la journée, le Q. G. de l'armée, qui avait été établi à Pleurs, trop près de la ligne de feu, dût être reporté à Plancy, sur l'Aube.
A gauche, bien que ses bataillons fussent " hallucinés de fatigue ", selon l'expression pittoresque du commandant Grasset, la 42e division reprenait l'offensive. Dans la matinée, le colonel Tronchaud (84e brigade) lançait le 162e sur Soizy, qu'il enlevait à la baïonnette et où il se reliait au 77e, encore au nord de Montgivroux. Le 8e bataillon de chasseurs s'emparait du bois du Botrait et le 16e du bois des Grandes-Garennes ce dernier avec un bataillon du 150e qui était poussé aux Culots. La facilité de cette progression semble indiquer que nos adversaires, se rendant compte de la difficulté d'une offensive à l'ouest des marais de Saint-Gond, avait reporté leur action principale à l'est, contre le 11e corps.
Grâce sans doute à cette circonstance, la 42e division aidée par le 10e corps, put reprendre Saint-Prix, en refoulant au nord du ruisseau tout ce qui avait tenté de déborder les marais par l'ouest. Pourtant, comme nous le verrons, nos forces dans cette région avaient dû être sensiblement réduites.
Au 9e corps, la nuit du 7 au 8 avait été relativement calme. Les troupes gardaient un contact étroit avec l'ennemi, que les renseignements du 7 représentaient comme prêt à la retraite. Mais on constatait partout que ses avant-postes étaient fortement constitués, vigilants, ne laissant voir aucune velléité de recul. Les reconnaissances opérées en vertu de l'ordre n° 29 ne firent que confirmer cette impression.
Le général Dubois avait prescrit de reprendre les attaques dès l'aube, de mettre tout en oeuvre contre les objectifs indiqués et d'entamer la poursuite si l'on constatait que l'ennemi cherchait à se dérober. Dès 3 h. 30, le général Humbert faisait exécuter un tir méthodique d'artillerie sur Oyes, la crête du Poirier, le bois du Botrait et Saint-Prix. Deux batteries du 49e (4e et 6e) étaient installées, à cet effet, sur l'esplanade du château de Mondement. Mais l'ennemi ripostait avec énergie; le château était bombardé et le colonel Barthal, du 49e d'artillerie, tué.
En même temps qu'il déclenchait ce tir, le général Humbert portait en avant les régiment Fellert et Cros, le premier sur Oyes et le second sur les bois à l'ouest. Le 77e restait en seconde ligne. On devait progresser avec méthode, suspendant le mouvement et se retranchant sur place, si la préparation se révélait insuffisante. Dès que l'infanterie marocaine aurait pris pied sur la crête du Poirier, l'artillerie y jetterait un groupe au moins.
Quant à la brigade Blondlat, elle continuerait de défendre le front occupé, tout en se tenant prête à l'attaque d'Oyes et du saillant est du Poirier, si l'ennemi faisait mine d'abandonner la région au nord des marais. Le bataillon de zouaves Tisseyre et un bataillon du 77e étaient tenus en réserve vers Broyes.
A 5 h. 30, le colonel Eon (33e brigade), qui commandait les troupes d'attaque, faisait connaître que l'ennemi avait été refoulé du boqueteau sud-ouest d'Oyes, que zouaves et tirailleurs bordaient le ruisseau au nord et que l'on continuait sur la crête du Poirier et Saint-Prix. Deux groupes (artillerie de corps du 9e corps) étaient immédiatement poussés au nord et au nord-ouest de Mondement pour coopérer à cette attaque. A 6 h. 30, l'infanterie marocaine atteignait le signal du Poirier et la croupe à l'ouest d'Oyes, tandis que la 42e diVision gagnait du terrain vers Saint-Prix. Une compagnie du 77e jetée dans Soizy assurait la liaison avec cette division.
A 7 heures, l'ennemi était chassé d'Oyes, que nous réoccupions. Mais, à ce moment, nos éléments de combat se voyaient immobilisés par le feu violent d'une puissante artillerie lourde, établie sur les hauteurs de Baye. Tout nouveau progrès devenait impossible. On constatait que l'ennemi s'était très solidement organisé au nord des marais, garnissant de tranchées tout son front, notamment vers Voizy et à la lisière du bois des Usages, battant les approches du défilé de Saint-Prix. De plus, un autre groupement d'artillerie, très nombreux, se révélait entre Baye et Congy. Des renseignements signalaient d'importants rassemblements dans la région Courjeonnet, Villevénard, ainsi qu'une forte colonne de toutes armes, allant du nord sur Coizard. Tout indiquait une grosse attaque dans cette direction. Morts et blessés appartenaient au corps de la Garde. Dans ces conditions, le général Blondlat décidait de se borner à défendre les débouchés sud des marais; il lui était impossible de coopérer à l'attaque de Saint-Prix.
Cependant, à la droite du 9e corps, l'ennemi avait réoccupé, dans la soirée du 7, Aulnizeux, malgré une énergique contre-attaque du 90e. Il ne pouvait en déboucher et le général Moussy prescrivait une nouvelle attaque de nuit, menée par trois compagnies. Elle avait lieu vers une heure, sans succès. Le commandant Jette, chef d'état-major de la division, qui en avait reçu le commandement, tombait mortellement atteint dès le début.
La fin de la nuit était relativement tranquille, mais, vers 4 h. 30, des unités en désordre, appartenant au 11e corps, affluaient dans les lignes du 9e, notamment au 90e et aux batteries établies à l'ouest du Champ de Bataille. Comme nous le verrons, ces troupes cédaient devant une forte attaque, au sud-ouest de Morains.
Le général Moussy engageait les éléments disponibles du 90e, dont un bataillon garnissait les lisières du bois à l'ouest du Champ de Bataille. Mais bientôt la brigade de droite de la 52e division se laissait entraîner dans cette déroute, découvrant entièrement le flanc de la 17e division, qui était contrainte de replier sa droite. Les régiments du général Moussy, " admirablement en mains ", opéraient cette manœuvre délicate avec un " calme et un ordre irréprochables " .
Il fallait craindre dès lors une attaque sur la droite du corps. Le général Dubois donnait l'ordre suivant (6 h. 20) : " Au cas où le mouvement du 11e corps s'accentuerait, découvrant la droite du 9e, la 17e division tiendrait le front Broussy-le-Grand, Bannes, avec des échelons en arrière de sa droite. La liaison serait maintenue avec la 52e division, dont l'une des brigades défendrait Allemant (éperon est) et le Mont-Août; l'autre serait en seconde ligne, entre Fère-Champenoise et la lisière des bois. On organiserait, ces emplacement, où l'on tiendrait avec énergie ".
Mis au courant, le général Foch écrivait (7 h . 30) : " Le 11e corps, disposant de la 18e division, a été invité à occuper et à maintenir Fère-Champenoise à tout prix. Il importe que le 9e corps se lie le plus tôt possible avec lui vers cette localité et qu'une action soit entreprise pour rejeter l'ennemi venant de Morains, dans la direction de Morains et Ecury-le-Repos " .
Dès la réception de cet ordre, le général Dubois prescrivait (8 heures) au commandant de la 52e division, général Battesti, de prendre le commandement de toutes les troupes du 9e corps, chargées de participer à l'attaque du 11e, dans cette double direction (52e division : une brigade et un groupe; fractions disponibles de la 17e division). Le général Moussy aurait celui du front défensif (le reste des 17e et 52e divisions) .
Quant au général Battesti, il se mettrait de suite en relations avec le 11e corps pour cette offensive, que l'artillerie appuierait aussi largement que possible.
Mais la situation continuait à s'aggraver au 11e corps (9 h. 30), tout en devenant plus calme sur le reste du front. On apprenait même que la 42e division, en liaison avec la division marocaine, gagnait peu à peu vers Corfélix, Les Culots, Saint-Prix.
A 11 heures, on recevait du général Foch l'ordre suivant (10 h. 45) : " Pour le 9e corps, l'intérêt capital de la journée est à sa droite, où il doit apporter au 11e corps tout son appui. Il portera donc de ce côté toutes ses forces disponibles, même celles du centre qui n'ont rien à faire. Il devra se concerter avec le 11e corps d'armée, avec lequel il maintiendra son action ".
Le général Dubois ne disposait plus d'aucune réserve. Il décidait de reprendre le 77e au général Humbert et même de lui demander tous les éléments disponibles dans sa division. En même temps il lui confirmait sa mission : tenir absolument le front Saint-Prix, Broussy-le-Petit. De son côté, le général Humbert, tout en se rendant compte des difficultés de son rôle, y entrait à plein cœur, multipliant les appels à la résistance la plus énergique. Un artilleur parlant de chercher une position en arrière, il le rabrouait vertement. " Il y va de votre honneur ", écrivait-il à un de ses subordonnés, en lui enjoignant de tenir à tout prix.
A ce moment, la brigade Blondlat continuait d'occuper Broussy-le-Petit, le Mesnil-Broussy; le régiment Fellert maintenait le front Reuves, Oyes et le régiment Cros se retranchait sur la crête du Poirier, couvrant les deux groupes de l'artillerie de corps; le bataillon Tisseyre était encore en réserve de division. Mais (12 heures) le général Dubois apprenait que le 11e corps avait dû abandonner Fère-Champenoise, où étaient entrés les Allemands, et qu'il s'était replié au sud de la Maurienne, ruisseau qui coule de Semoine vers Ognes, parallèlement à l'Aube. Bientôt même l'ennemi franchissait ce mince obstacle à l'ouest de , mais pour se heurter, vers la cote 128, à la gauche de la 18e division (114e) qui l'arrêtait et le contenait dans un sanglant combat.. Nous verrons plus loin comment s'était produite cette heureuse intervention. Malgré tout, les progrès des Allemands sur la droite du 9e corps devenant tout à fait inquiétants, le général Dubois renouvelait la prescription de tenir à tout pris la ligne Mont Août, Sainte-Sophie ferme, et d'appuyer le 11e corps afin de lui permettre de rétablir le combat. Il poussait un bataillon entre Connantre et Pleurs, pour couvrir son flanc et consolider la liaison avec ce corps d'armée. A ce moment, la 17e division était complètement installée sur son nouveau front, des pentes est du Mont-Août à la ferme Sainte-Sophie. Deux bataillons du 68e couvraient son flanc gauche à Bannes et Broussy-le-Grand, où l'ennemi ne cherchait pas à prendre l'offensive pour l'instant. A droite de la 17e division, la 52e était elle-même en liaison avec le 11e corps dans les bois de Connantre, vers la ferme Saint-Georges (sud-ouest de Fère-Champenoise) .
A 15 h. 30 (Notes inédites d'un témoin. D'après Le Goffic, p.131, qui s'appuie sur le Carnet du général Moussy, la 52e division aurait attaqué Fère à 13 heures.), le général Foch prescrivait au 9e corps de diriger une attaque sur ce bourg, avec tous ses éléments disponibles, en se reliant au 11e corps. Cette offensive était préparée par cinq groupes, dont trois (17e division) dans les bois à l'ouest de Sainte-Sophie et deux (52e division) au pied des pentes est du Mont-Août. Deux régiments de la 52e, partis de Puits, marchaient sur Fère-Champenoise, à l'est, avec le concours de quelques bataillons de la 17e division, opérant plus au nord. Enfin le 11e corps s'engageait au sud du bourg.
Nos progrès étaient lents. Néanmoins, à 18 heures, l'attaque paraissait en bonne voie et l'offensive ennemie enrayée. A ce moment, un très grave danger survenait à la gauche du 9e corps.
La division marocaine s'était maintenue jusque vers 14 h. 30. Elle pouvait même appuyer (vers 13 h. 45) le mouvement de la 42e division qui tentait de franchir le Petit-Morin vers Saint-Prix. Mais l'ennemi déclenchait une canonnade violente sur le front Le Mesnil-Broussy, Broussy-le-Petit, Reuves, Oyes. Puis une attaque d'infanterie parvenait à franchir les marais et à pénétrer dans Broussy-le-Petit. Le bataillon qui tenait ce village était rejeté sur la croupe d'Allemant, découvrant la gauche de celui qui tenait Le Mesnil et qui était entraîné dans sa retraite. Toute la brigade Blondlat rétrogradait sur les pentes d'Allemant. Ce recul gagnait les régiments Cros et Fellert, vivement pressés de front en même temps que découverts sur leur flanc droit. Ils se repliaient en combattant sur Montgivroux. Tout le terrain gagné le matin était perdu et au delà. N'ayant plus que le bataillon Tisseyre en réserve, le général Humbert était de nouveau dans une situation critique (Le bataillon de zouaves Lachèze tenait les premières crêtes au sud d'Oyes, avec la compagnie Cuttoli dans ce village. Lors du mouvement du 77e sur Saint-Loup, qui entraîna le 2e tirailleurs, l'ennemi bombarda violemment Oyes que Cuttoli abandonna. Il eut ordre de s'y reporter et fut tué. Après un combat héroïque, sa compagnie fut réduite à 87 hommes et 1 officier (Carnet du capitaine de Sales de Sabales, Le Goffic, p. 270 et suiv.) .
Fort heureusement, la nuit arrêtait l'ennemi, qui avait d'ailleurs subi des pertes considérables, notamment au débouché de Soizy et de Villevénard, à Oyes et sur la crête du Poirier, où des unités en ordre compact avaient été disloquées par l'artillerie. La brigade Blondlat recevait l'ordre de tenir les pentes d'Allemant et le bois de ce nom, en se reliant au régiment Fellert, qui défendait le front Montgivroux, Mondement et les boqueteaux à l'est, couvert au nord par le régiment Cros resté aux lisières du bois de Saint-Gond, où la liaison s'établissait avec la 42e division. Le bataillon Tisseyre était en réserve au nord de Broyes. Le 77e était à Saint-Loup et à Linthes (un bataillon), prêt à combattre vers l'est ou vers l'ouest. Le feu cessait vers 20 heures. On bivouaquait sur place, en se retranchant (Notes inédites d'un témoin. D'après Le Goffic, p. 131, les troupes de la 52e division portées sur Fère-Champenoise auraient reflué vers minuit sur Connantre. Un ordre les arrêtait et les reportait à Puits, avec injonction de reprendre l'attaque le lendemain.).
La journée du 8 avait été particulièrement dure pour le 9e corps, engagé contre des fractions des Xe, XIIe corps et de la Garde, tout en participant à sa gauche au combat de la 42e division et à sa droite à celui du 11e corps. Visiblement l'ennemi avait fait un gros effort pour rompre le front de la 9e armée, au point délicat qu'était la suture des deux corps d'armée.
III
Le 8 septembre, le 11e corps devait renouveler son offensive à la droite du 9e, une brigade de la 18e division étant à sa disposition pour occuper Fère-Champenoise, établir la liaison dans les bois à l'ouest avec le 9e corps et contre-attaquer s'il y avait lieu Morains, en se reliant à l'autre brigade de la division. Plus à l'est et sensiblement au sud, la 4e armée tenait Le Meix-Tiercelin et Humbauville. Enfin, à 8 heures, une brigade du 21e corps devait déboucher du camp de Mailly, pour attaquer en direction de Sommesous. Mais ce programme dut être brusquement abandonné. Vers 2 h. 30, en pleine nuit l'ennemi, qui avait réglé son tir dans la journée, ouvrit un violent feu d'artillerie " une canonnade terrifiante de tous calibres ", dit un témoin, peut-être avec exagération. Puis une attaque massive d'infanterie se déclenchait. Après une lutte acharnée et des pertes " énormes " la ligne de la 21e division (Radiguet) était forcée; on se battait à la baïonnette sur tout le front, particulièrement d'Ecury-le-Repos à Normée et Lenharrée. Nos feux rapides couchaient les premiers rangs allemands, mais d'autres suivaient : " Nous étions debout en deçà du parapet de la tranchée et nos hommes continuaient à tirer, visant avec calme un objectif rendu visible par les dernières lueurs des maisons qui brûlaient. . . " . Malgré l'héroïsme des troupes et leur résistance acharnée, qu'attestaient ensuite les monceaux de cadavres trouvés sur la ligne de défense (A la 42e brigade, le colonel Lamey, commandant la brigade, l'un de ses colonels et beaucoup d'autres officiers furent tués (Notes inédites du général Eydoux). D'après le général Canonge, p. 109, à la 21e division, 3 chefs de corps furent tués et 1 blessé sur cinq. Suivant un carnet allemand (de Dampierre, p. 53), l'ennemi prit deux batteries à Lenharrée. Le 178e (XIIe corps) aurait eu environ 1.200 grands blessés, sans les morts. Il n'y restait presque plus d'officiers.), les 21e et 22e divisions furent forcées et se replièrent en désordre, entraînant avec elles la 35e brigade (18e division). Cette déroute s'expliquait en grande partie par les événements antérieurs. Que de fois les généraux et surtout le général Pambet, commandant la 22e division, avaient-ils exposé au général Eydoux l'état d'épuisement des troupes pendant la retraite, faisant craindre, au cas où de nouveaux efforts leur seraient demandés, leur complète dislocation !
Des défaillances individuelles, sur lesquelles il ne convient pas d'insister, aggravèrent cette situation. La 21e division, sous la protection de son artillerie installée au nord de Fère-Champenoise, puis sur la crête au nord-ouest d'OEuvy, entre les cotes 138 et 140, puis enfin au nord de Gourgançon, se replia sur la Maurienne, à l'ouest de ce village. La 22e division gagna la route de Fère-Champenoise à Sommesous, puis les hauteurs de la ferme Bonne-Espérance, au nord de Semoine. Pour couvrir ce recul, le général Eydoux donnait à la 18e division l'ordre de tenir au sud-ouest de Connantray et d'exécuter une contre-attaque vers le nord-ouest, dans la direction de La Fontaine d'Ivoire.
Par suite de la rupture des 21e et 22e divisions, la 35e brigade avait été surprise dans les bois au sud de la voie ferrée. Après de très fortes pertes, les débris de ces bataillons refluaient, partie par Fère-Champenoise et partie par Connantray. Au nord de ce dernier village, la 34e brigade tenait difficilement et la 35e avait à se reformer dans les bois au nord d'OEuvy. Après avoir reçu du général Eydoux l'ordre dont nous venons de parler, le général Lefèvre prescrivait à la 34e brigade, général Guignabaudet (7 heures), de tenir les crêtes au sud-est de Connantray, pour couvrir la droite de la 21e division qu'il croyait au nord-ouest d'OEuvy. A 7 h. 30, il ne savait pas encore ce qu'était devenue la 35e brigade. Il envoyait au 11e corps un compte rendu, insistant sur sa situation très en flèche, demandant de faire agir ou tout au moins de maintenir sur ses deux ailes les éléments disponibles des 21e et 22e divisions, de façon à l'empêcher d'être tourné.
A 9 heures seulement, ayant appris quel était l'emplacement de la 35e brigade, il envoyait à son chef, colonel Janin, l'ordre de soutenir des batteries qui s'étaient portées au sud-est de Connantray, vers la cote 169. Puis la 34e brigade se repliait au sud de ce village, couverte par la batterie Boudet qui, avec une section du 125e, restait jusque vers 9 h. 30 à la cote 179 pour empêcher l'ennemi de déboucher des bois. Le 290e, qui arrivait alors d'Herbisse, allait organiser la crête au nord-ouest d'OEuvy.
A 12 h. 30, survenait un nouvel ordre du général Eydoux. Cette fois il fallait se porter au sud de la Maurienne, de Gourgançon à Semoine. On gagnait cette nouvelle position sans être pressé par l'ennemi, semble-t-il (Le 178e (XIIe corps) ne dépasse pas Connantray. Fère-Champenoise est évacué à 9 heures par les Français. L'ennemi n'y entre qu'à 10 h. 30; au son des fifres (Le Goffic, p.123).). Les deux brigades de la 18e division, accolées, y étaient encadrées par les 21e et 22e divisions. Ces dernières et la 35e brigade étaient " en complète dislocation " (Le Goffic, p. 123. Le sapeur Lalveau (ou le sergent-major Guerre, d'après le général Canonge, p. 113) avait peine à sauver le drapeau du 32e (34e brigade), D'après un récit provenant du 114e , vers 5 h. 30, le 11e corps commence à se replier au travers du régiment, qui est resté en place au nord de Connantray. Pendant une demi-heure, une foule de soldats passent, ayant l'air de gens surpris dans leur sommeil, beaucoup sans équipement, les capotes déboutonnées. Vers 7 heures, les Allemands commencent à garnir les lisières du bois devant le 114e, ouvrant un feu lent d'infanterie et de mitrailleuses. Vers 7 h. 30, ordre arrive au régiment de faire une contre-attaque. Il va être exécuté quand notre artillerie (cote 177, sud de Connantray) ouvre un feu violent sur le 2e bataillon, qui tient la gauche. Son chef est tué et le bataillon obligé de refluer du bois. Un officier envoyé à l'artillerie pour lui signaler cette déplorable erreur est également tué en revenant. Sur les entrefaites, on s'aperçoit que l'ennemi s'est glissé dans Connantray, derrière le 114e. Le colonel Briand ne reste pas moins en place, fait reprendre par le 2e bataillon le bois abandonné et prépare le mouvement offensif prescrit. Vers 9 heures, la 34e brigade lui envoie l'ordre de se replier sur OEuvy, par Connantray. Ce repli est opéré par échelons, dans le plus grand ordre, malgré des obus ennemis qui causent quelques pertes. On va se reconstituer au nord-est d'OEuvy, le 125e à l'est ayant opéré le même mouvement. Le 3e bataillon a été presque anéanti et son chef Kieffer, tué. I1 était en réserve générale sur la route Normée-Fère-Champenoise et il a été entraîné dans la déroute de la 35e brigade. Il n'en reste qu'une cinquantaine d'hommes, conduits par un adjudant.
A 15 heures, le 114e marchait sur Semoine au travers du 11e corps rallié au sud-est d'OEuvy; puis allait à Gourgançon où il bivouaquait avec le 125e. Les pertes des 1er et 2e bataillons avoisinaient 1.500 hommes; au 66e, 24 officiers et 1.284 hommes étaient tués, blessés ou disparus; les pertes du 32e (deux bataillons) étaient encore plus fortes; il n'y restait que 500 hommes environ et le colonel Mézières avait été tué.)
Le 114e et un groupe de la 18e division, restés à l'est d'OEuvy, couvraient ce nouveau recul, tandis que le reste de l'artillerie divisionnaire se portait au sud de la Maurienne. Enfin, le 7e hussards (deux escadrons) protégeait le flanc droit et allait ensuite au sud-est de Semoine.
A 13 heures, le général Eydoux modifiait l'ordre précédent. La 18e division se reporterait plus à l'ouest, de la cote 155 (sud-ouest de Semoine) aux bois à l'ouest de la cote 128 (sud-ouest de Gourgançon). Elle y tiendrait coûte que coûte, de manière à permettre aux troupes de droite et de gauche la reprise de l'offensive sur ses deux flancs.
Cependant l'ennemi esquissait un recul, motivé sans doute par la contre-attaque du 9e corps, et, à 18 heures, la 18e division recevait l'ordre d'occuper la croupe du moulin de Gourgançon, ses éléments avancés tenant la longue crête au sud-est de Fère-Champenoise et une ligne intermédiaire par OEuvy. Au lieu de faire face au nord, elle allait être orientée à la fois vers Fère-Champenoise et vers Connantray, cherchant la liaison avec le 290e, qui était, disait-on, au moulin de Connantre. La 34e brigade gagnait ensuite ces nouveaux emplacements, la 35e restant au sud de Gourgançon.
La 60e division de réserve (Joppé) devait prendre l'offensive dans la direction ferme de la Bonne-Espérance, Connantray. Mais un feu violent d'artillerie paralysait son mouvement et, elle restait sur la défensive à la droite du 11e corps, au nord de la route de Semoine à Mailly. Finalement elle n'avait guère en ligne que son artillerie (colonel Bérubé (Le Goffic, p. 123.), face à une attaque éventuelle, qui ne se produisait pas.
A la droite de la 60e division, les deux brigades de dragons et l'artillerie de la 9e division (de l'Espée) avaient passé la nuit à Mailly, la brigade de cuirassiers à Villiers-Herbisse .
Dans la matinée, un bataillon du 248e (60e division) et des chasseurs cyclistes de la 9e division, attaqués par surprise à Sommesous, refluaient vers le sud. Le général de Séréville parvenait à les dégager, après un engagement assez vif. Vers 9 heures, la division était rassemblée entre Mailly et Semoine, d'où elle se retirait jusqu'au plateau de l'Arbre de Justice, au sud de Mailly, que l'ennemi mettait en flammes. A 14 heures, le général de l'Espée recevait l'ordre d'appuyer l'attaque du 17e corps sur Sompuis, au nord-est. Jugeant l'heure trop tardive (Le Goffic, p. 134, 246 et suiv. Sompuis est à 15 kilomètres, à vol d'oiseau, de l'Arbre de Justice.), il se bornait à détacher dans cette direction la brigade de dragons Séréville et une batterie, dont l'intervention avait surtout un effet moral . Il n'en restait pas moins un vide très marqué entre la droite de la 9e armée et la gauche de la 4e.
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