UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE XIII

INTERVENTION DE LA IIIe DIVISION ALLEMANDE

 

A. - L'artillerie allemande prépare l'entrée en ligne de la IIIe D. I. (voir croquis n° 16).

 

Passons à nouveau à l'ennemi.

Composition de la IIIe division allemande :

La IIIe D.I. allemande, commandée par le général von Trossel, provient de la région de Stettin. Elle comporte 2 brigades :

5e brigade : Général von Buttlar Brandenfels, 2e et 9e grenadiers.

6e brigade : Colonel Graeser, 34e régiment de fusiliers, 42e régiment d'infanterie.

Cavalerie : 3e régiment de grenadiers à cheval.

Artillerie : 3e brigade d'artillerie de campagne (2e et 38e R. A. C.).

La IIIe division allemande avait marché toute la journée du 4 septembre vers la Seine et avait atteint dans la soirée la région de Maisoncelles, Mouroux, au nord-ouest de Coulommiers. A 2 heures du matin, elle est subitement alertée. L'ordre du général von Linsingen vient d'arriver, la division va sans délai se remettre en marche vers le nord. Au premier abord, les troupes harassées et ensommeillées s'étonnent de ce recul, mais le commandement fait courir le bruit qu'il s'agit d'aller investir Paris par le nord-est, aussi les Poméraniens retrouvent-ils leurs forces. On part sans avoir eu le temps de faire le café. Déjà l'artillerie et la cavalerie ont pris les devants. Le général von Trossel, commandant la division, a maintenu au contact de l'armée anglaise à la Celle-sur-Morin une faible arrière-garde commandée par le commandant von Wählert, comprenant le 2e bataillon du 34e fusiliers, 1 compagnie de mitrailleuses, 2 escadrons du 3e grenadiers et le 2e groupe du 2e R. A. C. A 4 heures, le gros de la division de Stettin se met en marche rapidement vers la Marne, 5e brigade en tête, 6e en queue. En cours de route, un ordre particulier du général von Linsingen arrive à la IIIe D. I. .

" L'ennemi est en marche par Penchard, Saint-Soupplets. Le IVe C. R. tient la ligne Manœuvre, Etrépilly. Le IIe C. A. s'engagera : IIIe D. I. en faisant du combat d'attente sur la ligne sud Étrepilly, nord-ouest de Varreddes. " Il ne s'agit donc plus pour la division d'aller investir Paris, mais bien de voler au secours du IVe corps de réserve. A cette nouvelle, l'enthousiasme des troupes s'évanouit. Chefs et soldats ont l'impression que de graves événements se préparent.

Pendant ce temps, l'artillerie et la cavalerie divisionnaires (3e grenadiers à cheval (3e D. I.) et, 12e dragons (4e D. I.).) se portent sans arrêt jusqu'à Brinches où se produit la première halte. Le général von Linsingen se tient là, sur une hauteur, entouré de son état-major. Il fait appeler le général von Stamford, commandant le détachement.

" Pendant combien de temps votre artillerie peut-elle trotter sans arrêt ? "

" Vingt minutes, Excellence ", répond le commandant de la 3e brigade d'artillerie.

" Bien, réplique Ie commandant du IIe C. A., portez-vous dans ce cas au trot à Varreddes par Trilport en vue d'appuyer le IVe corps de réserve très menacé. "

Sous le feu de l'artillerie française, précédé d'un escadron du 3e grenadiers à cheval, le 38e R. A. C. en tête franchit vers 9 heures le pont de Germigny-l'Évêque et traverse Varreddes au trot allongé.

Dans cette localité, des officiers du 82e régiment hessois (22e D. R.), dont deux bataillons gardent le pont, renseignent les arrivants sur la situation : elle est grave, le IVe corps de réserve a eu affaire hier à une armée considérable. L'ennemi progresse rapidement.

Le lieutenant-colonel Groskreutz, commandant du 38e R. A. C., donne ses ordres de suite :

- le 2e groupe prendra position sur l'éperon à l'est de Varreddes au sud de la route de Meaux à May-en-Multien ; - le 1er groupe cherchera une position au nord de cette même route au nord-est de Varreddes.

A peine en batterie, cette artillerie tombe sous le feu des pièces françaises, mais riposte dans la région de Chambry. Le 1er groupe du 15e régiment d'artillerie à pied survient alors avec ses canons de 150 et s'installe à proximité. Ainsi, vers 10 heures, un appoint de 54 pièces dont 18 lourdes s'apprête à contenir l'avance française dans la région Barcy, Chambry.

Vers 13 h. 30, le 1er groupe du 2e R. A. C., en position à mi-chemin entre Varreddes et Gué à Tresmes, renforcera de ses 18 pièces de 77 cette barrière d'artillerie.

Ainsi, vers 10 heures, au moment où l'escadron du 3e grenadiers à cheval et la cavalerie divisionnaire de la 22e division de réserve, appuyés par un bataillon du 27e réserve, engagent le combat sur la ligne Barcy, Chambry, la râperie de Marcilly avec les avant-gardes de la 55e division de réserve, une partie de l'artillerie de la 3e D. I. est en pleine activité et masque l'arrivée de l'infanterie poméranienne (Voir photo D2.).

A partir de 10 heures, d'ailleurs, la 6e brigade de la 3e D. I. franchit la Marne derrière l'artillerie et vient s'engager sur les hauteurs au nord-ouest de Varreddes dans l'ordre suivant de la gauche à la droite en partant de la route de Meaux : Pionniers, III/34e fusiliers, 1/2 du I/42e, II/42e et III/42e à l'est de la route de Barcy. Le colonel Graeser, commandant la brigade, maintient la moitié du I/42e en réserve à Varreddes.

A l'est de la route de Barcy, quelques compagnies de la 22e D. R., tiennent sur le plateau au sud d'Étrepilly (III/71e réserve.).

Dès le début de la matinée, la 5e brigade poméranienne paraît à son tour sur le champ de bataille, s'engage entre la 6e brigade et Etrépilly et relève les éléments hessois de la 22e D. R. que le général Riemann regroupe autour de Trocy.

 

 

B. - Le général von Linsingen prend la direction de la bataille.

 

Pendant ce temps, vers 9 heures, dans un fossé de la route de Meaux à Soissons, à 1 kilomètre au sud de Plessis-Placy, le général von Gronau dort d'un profond sommeil que ne trouble même pas l'arrivée du colonel von Bergmann quartier-maître de la 1re armée. Celui-ci, inquiet, est envoyé par le général von Kluck pour recueillir quelques impressions sur la bataille devant le IVe C. R. Le sommeil paisible du commandant de corps d'armée le rassure de suite sur le sort de ses troupes et il repart assez optimiste à Charly, siège du quartier général.

A 11 heures, le général von Linsingen, commandant le XIe C. R., chargé de la conduite de la bataille au nord de la Marne, installe son P. C. au carrefour de Beauvoir ou Beauval, où von Gronau vient le rejoindre.

A ce moment, se produit un incident qui ne laisse pas d'inquiéter le général von Linsingen.

Ainsi que nous le verrons plus loin, par suite de l'intensité du feu des groupes Baratier (25e R. A. C.) et Vidal (40e R. A. C.) de la 56e D. R., établis au nord de Marcilly, et aussi par suite d'un ordre de la division mal interprété, le bataillon de la 22e division de réserve qui occupait Etrepilly est replié sur Trocy. Le flanc de la 7e D. R. établi sur les hauteurs de la ferme Champ-Fleury et de la 3e D. I. à Varreddes est ainsi découvert au moment précis où la 56e division de réserve et la 55e D. R. attaquaient à l'est de Marcilly.

Pour boucher cette brèche, la 22e division de réserve doit engager sans retard ses réserves, qui viennent s'effondrer en particulier sous le feu terriblement précis du commandant Baratier.

A 15 heures, la lutte est générale sur toute la ligne.

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