UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE XI

LA POURSUITE VERS L'OURCQ

(6 septembre).

" Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière.

" Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi.

" Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. " Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée."

Ordre du général Joffre, à lire aux troupes le 6 septembre

 

A. - Le général Maunoury ordonne la reprise de l'offensive générale.

 

Fixé dans la soirée sur la résistance qu'éprouve le 5e groupe de divisions de réserve sur la ligne générale Saint-Soupplets, Monthyon, Penchard, le général Maunoury rappelle au général de Lamaze à 22 h. 15 par son ordre particulier n° 33 bis, que la mission de la 6e Armée comporte une offensive à fond et que l'attaque doit être reprise le 6, même avant le jour, sur les points où cela sera avantageux. " L'attaque, écrit-il, doit nous conduire sur l'Ourcq. "

Aussi, à 1 heure, un nouvel ordre d'opérations modifiant radicalement les instructions défensives de 21 h. 30 sort du Quartier général du général de Lamaze et parvient vers 2 heures au Plessis-sous-Bois, P.C. du général Leguay :

" ... La 6e armée doit attaquer aujourd'hui vigoureusement tout ce qui se trouve devant elle, en direction générale de Château-Thierry.

" Le 7e C. A. et le groupe de divisions de réserve franchiront à 4 heures la transversale Monthyon, Ermenonville. " Le 5e groupe de divisions de réserve opérera au sud de la ligne incluse Saint-Soupplets, Forfry, Puisieux, Le Plessis-Placy jusqu'à la Marne. Les 55e D. R. et 56e D. R. marcheront accolées. A leur droite, une brigade de la 45e D. I. algérienne et un groupe d'artillerie seront prêts à l'appuyer. "

 

B. - Dispositif d'attaque de la 55e division de réserve.

 

Le général Leguay transmet cet ordre à 4 heures (ordre général d'opérations n° 41) et précise le dispositif de la division :

" La 55e D. R., marchera par brigades accolées :

" 110e brigade au nord : axe de marche Monthyon, Barcilly, Étrepilly; Beauvoir.

" 109e brigade au sud : axe de marche Monthyon (lisière sud), Barcy, Gué à Tresmes, Lizy-sur-Ourcq.

" L'artillerie à la disposition de la division appuiera le mouvement offensif de la division. "

Le capitaine Largillier, de l'état-major de la division, ajoute sur l'ordre la mention " Exécution immédiate ". Mais il est bien évident que ce document, qui n'a pu partir de Plessis-aux-Bois qu'à 4 heures, ne pourra atteindre les commandants de brigade qu'à 4 h. 30 et il est fort douteux que ceux-ci puissent mettre leurs hommes en marche avant 5 h. 30 au plus tôt.

Par la force des choses et aussi par suite de la réception tardive du compte rendu d'occupation de Monthyon, la division va être en retard.

C. - La 55e division de réserve se met en marche vers l'Ourcq (voir croquis n° 12,).

 

A 6 heures, le général de Lamaze, qui a transporté- son P. C. à Vinantes depuis 4 heures du matin, s'exaspère en apprenant que la 55e division de réserve n'est pas encore en marche. Il adresse sans tarder l'ordre particulier suivant au général commandant la division.

Il m'est rendu compte que vos colonnes ne sont pas encore en mouvement. Le moment est passé de reconnaissances autres que celles données pour le combat s'il y a lieu. Depuis 4 heures, votre division devrait être en mouvement attaquant tout ce qui lui ferait résistance. Vous avez un retard de plus de deux heures. Pour que votre mouvement appuie celui des colonnes voisines, entamez-le sans aucun délai et plus vigoureusement.

.LAMAZE.

 

Le général Leguay reçoit cette injonction à 5 h. 40 à Le Plessis-sous-Bois. Le général de Lamaze ne semble pas se rendre un compte exact de la situation.

Pour pouvoir mettre la division en marche à 4 heures , heure prescrite par l'armée, il aurait fallu que l'ordre du commandant du groupe de divisions de réserve parte avant 2 heure du matin. Par ailleurs; l'ordre du général de Lamaze de 21 h. 30 prescrivait de se disposer défensivement. .

On conçoit que le passage brusque de l'attitude défensive à l'offensive ait nécessité de nouvelles dispositions qui ont pu retarder la mise en route de la division. Celle-ci n'est d'ailleurs pas très en retard puisqu'en effet Monthyon est occupé depuis 4 h. 30 et que le gros de la division est prêt à se porter en avant.

 

 

Entre 6 h. 30 et 7 heures, après une formation laborieuse, la 55e division de réserve franchit sa ligne d'avant-postes en dispositif de combat.

La 110e brigade au nord. marche sur deux colonnes :

276e R. I. à gauche, 246e R. I. à droite; les deux régiments encadrent un groupe de 75 (13e R. A. C.). Le 231e R. I. suit en deuxième échelon derrière la colonne de droite. Un escadron précède la colonne qui marche sur l'axe Fontaine-des-Nonnes, ferme Fescheux, ferme de Saint-Gobert.

La 109e brigade au sud s'ébranle en une colonne couverte à droite par une, flanc-garde.

Une partie du 289e R.I., qui bivouaquait au sud d'Iverny, constitue l'avant-garde. A 1.000 mètres en arrière, suivent deux compagnies du 289e R.I., puis un bataillon du 204e R.I., un groupe d'artillerie (45e R. A. C.), un bataillon du 204e R.I., un groupe d'artillerie (30e R. A. C.) et deux compagnies du : 204e R.I. qui forment l'arrière-garde.

Cette colonne marche sur l'Hôpital (partie sud de Monthyon).

La flanc-garde, sous les ordres du lieutenant-colonel Courtin, constitue par un escadron du 32e dragons et le 282e R.I.; a pour mission de mettre la main sur Automne, puis sur la cote 143, au nord d'Automne, et Chambry.

A gauche de la 55e division de réserve, la 112e brigade de la 56e division de réserve se forme entre Cuisy et Saint-Soupplets et marche sur Gesvres-le-Chapitre, le sud de la Chaussée, le nord de Trocy.

A droite de la division Leguay, la brigade marocaine s'avance sur Penchard et le sud de Chambry.

D. - Le butin à Monthyon (voir croquis n° 13).

 

A 8 heures seulement, le 289e R. I. avant-garde de la 109e brigade traverse Monthyon sud.

L'ennemi y a abandonné un matériel de guerre important. Près de la ferme de l'Hôpital, plusieurs batteries de 77 gisent anéanties. Dans une petite mare, les Allemands ont culbuté des caissons de munitions, une vingtaine de chevaux sont abattus les uns sur les autres, de nombreux morts ou blessés révèlent l'efficacité de notre artillerie le 5 septembre.

Cette vision soulève l'enthousiasme des troupes qui prennent ainsi notion de leur victoire.

Dès les hauteurs de Monthyon franchies, les troupes quittent routes et chemins et progressent à travers champs en formations semi-déployées, précédées de nombreuses patrouilles.

A 9 h. 30, l'avant-garde de la 109e brigade atteint Pringy, ayant ainsi parcouru 1.800 mètres en 1 h. 30. Elle y découvre une ambulance allemande abandonnée contenant plus de 80 blessés. Elle pousse immédiatement une reconnaissance sur Barcy. Celle-ci est accueillie à mi-chemin par des rafales d'artillerie ennemie.

A sa droite, la flanc-garde a atteint la route de Meaux, l'escadron patrouille du côté de Chambry. Au château d'Automne, des coups de feu éclatent et cependant un drapeau de la Croix-Rouge flotte sur le toit. Il semble qu'un poste ennemi s'acharne, au mépris du droit de gens, à défendre l'ambulance qui s'y trouve.

Vers la même heure, à la 110e brigade, le 246e R.I. est à la hauteur de la ferme des Anglais; le 276e R.I. est à la ferme Fescheux. Un habitant de la ferme signale que, dans la nuit, les Allemands ont réquisitionné des voitures pour transporter des compagnies d'infanterie sur Puisieux. Le renseignement est intéressant, car jusqu'à présent on ne peut savoir jusqu'où se sont retirées les divisions allemandes qui ont combattu le 5 devant le groupe de divisions de réserve.

 

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