UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE X

LA NUIT DU 5 AU 6 SEPTEMBRE DU COTÊ FRANÇAIS

 

A. - Reconnaissance de nuit sur Monthyon.

 

Regagnons maintenant la 55e division de réserve à la fin de cette journée.

A Plessis-sous-Bois, autour du général Leguay, la nuit se passe en veilles. Il faut préparer les opérations du lendemain. Jusque vers 23 heures, le général reçoit des comptes rendus des unités. Il cherche à se faire une idée de la situation. Que veut faire l'ennemi ? L'attaque allemande d'aujourd'hui a été acharnée. Il paraît en forces. Va-t-il poursuivre son offensive demain ? A quelles troupes a-t-on affaire ? Jusque vers 23 h. 30, rien ne permet au général commandant la 55e division de réserve de se former une opinion sur les intentions de l'ennemi. Pourtant il est indispensable qu'il établisse sans retard son ordre d'opérations pour demain. Le jour se lève à 5 heures; il faut agir dès l'aube et enlever à tout prix Monthyon, objectif du 5 et base indispensable pour l'offensive prévue.

Il s'apprête à dicter ses instructions à son chef d'état-major lorsqu'un message parvient de Thieux, lui annonçant que la 56e D. R. vient d'occuper Saint-Soupplets à 22 heures, les Allemands ayant évacué le village.

Le général Leguay, ne sachant si le général de Mainbray qu'on vient de dire blessé, est évacué ou est resté à son poste, expédie à 23 heures cet ordre particulier au général de Mainbray, ou à son défaut au lieutenant-colonel Lejeune, commandant le 276e R. I., chef de corps le plus ancien.

Saint-Soupplets a été trouvé inoccupé par les troupes de la 56e division de réserve. Il est tenu actuellement par un bataillon de cette D. I.

Faites reconnaître dès reçu de cet ordre, Monthyon, de façon à vous assurer que le village est inoccupé par l'ennemi.

Rendez compte le plus tôt possible au général commandant la division à Plessis-aux-Bois (Château).

P. O. (Illisible).

En exécution de cet ordre, le général de Mainbray, toujours sur la brèche, prescrit au colonel commandant le 231e R. I., qui a un bataillon (commandant Marchais) aux avant-postes devant, Iverny, d'envoyer sans délai une reconnaissance vers Monthyon.

Le capitaine de Contencin, du 5e bataillon, est désigné. Il est à peine 2 heures. Sa compagnie se met en route prudemment vers Monthyon, d'où l'on perçoit encore des rumeurs confuses décelant une certaine agitation. La nuit est claire. La lueur des incendies d'ailleurs se reflète en halo dans le ciel. Une ferme s'enflamme près de Monthyon. On entend des meuglements du bétail chassé par le brasier et répandu dans la plaine : il y a environ 2 kilomètres pour aller jusqu'à Monthyon. A 4 h. 30, le capitaine de Contencin pénètre dans le village au moment où les derniers Allemands en sortent : il capture quelques prisonniers de la 7e division de réserve.

Monthyon est rempli de blessés et de morts que les Allemands n'ont pas eu le temps d'enterrer ou d'enlever. Dans l'église du village, une ambulance est installée et contient de nombreux blessés saxons.

Dans la nuit, l'agent de liaison chargé d'annoncer l'évacuation du village par les Allemands s'égare et ce n'est que vers 6 h. 15 que le général de Mainbray sait la nouvelle.

 

B. - Le général Leguay prépare l'attaque de Monthyon pour le 6 à l'aube.

 

Pendant ce temps, les ordres du Haut Commandement se modifient selon la situation et les renseignements reçus A 21 h. 30, de Thieux, le général de Lamaze expédie son ordre général d'opérations n° 14 prescrivant à la 55e D. R. d'occuper Villeroy, si l'ennemi ne s'y est pas établi (ainsi qu'un officier de son état-major lui en a rendu compte). Cette occupation de Villeroy, estime-t-il, doit permettre à la 55e D. R. d'étendre le front trop restreint qu'elle tient entre Iverny et Plessis-l'Évêque.

Le 6 au matin, les divisions devront résister sur la ligne des points d'appui occupés en fin de combat et se rassembler en arrière, prêtes à la défendre par leurs feux et par des contre-attaques à courte portée; l'intention du général de Lamaze est de ne repasser à l'offensive que lorsque le 7e C. A. qui est au nord débouchera à sa hauteur.

Toute l'artillerie, en attendant, doit être prête à battre effectivement dès la pointe du jour, le terrain d'approche de l'ennemi.

Toutefois, les généraux de division reçoivent toute latitude pour tenter, soit de nuit, soit au petit jour, d'enlever Saint-Soupplets et Monthyon. En tout état de cause, des reconnaissances de cavalerie doivent être poussées dès l'aube sur tout le front.

Ces directives ne parviennent au général Leguay au Plessis-sous-Bois qu'à 0 h. 30.

A 2 heures, l'ordre général d'opérations n° 40 de la 55e D. R. quitte l'état-major du général Leguay.

Ce dernier veut enlever Monthyon à la pointe du jour s'il est encore occupé. L'occupation de Saint-Soupplets favorisera l'attaque.

La 110e brigade reçoit pour mission de fixer l'ennemi sur son front avec les éléments engagés sur le ruisseau de la Sorcière (246e, 231e R. I.) tandis que le 276e R. I. attaquera Monthyon en partant de sa gauche. Direction d'attaque . Chambre-Fontaine, Fontaine-aux-Nonnes, Monthyon.

La 109e brigade, se couvrant face à Penchard, doit attaquer Monthyon par le saillant sud de la ferme de l'Hôpital.

L'artillerie doit être à 4 h. 30 en état d'appuyer l'attaque.

La cavalerie divisionnaire poussera, dès que Monthyon sera enlevé, des reconnaissances sur tout le front, en direction de Barcy, Chambry, Varreddes.

Cet ordre qui touche les généraux de brigade à Iverny et au Plessis-l'Évêque vers 2 h. 30, nécessite un remaniement partiel du dispositif. Le 5e bataillon du 276e R. I. qui est à Villeroy, est rappelé au Plessis-l'Évêque où il doit rejoindre son régiment chargé de l'effort principal. Mais il est à présumer que ce bataillon n'a pas dû arriver au point de concentration avant 6 heures (distance Villeroy, Le Plessis-l'Évêque : 3 kilomètres environ). De plus, les généraux de brigade attendent les résultats de la reconnaissance de Monthyon avant de mettre en branle le dispositif. Or nous avons vu qu'à 6 h. 30 seulement, ce renseignement est parvenu à la 110e brigade.

Ainsi, tandis que la majeure partie des troupes s'endort sur le terrain même de la bataille, les états-majors élaborent fiévreusement les ordres de la journée mémorable du 6 septembre.

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