UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE VI

LE IVe CORPS DE RESERVE ALLEMAND

DANS LA BATAILLE AUTOUR DE MONTHYON (se reporter au croquis général n° 8).

 

 

Quittons quelques instants. la région Iverny, Villeroy et regagnons Monthyon. Que s'est-il produit au IVe corps de réserve depuis le coup de canon de 13 heures ?

Le général von Gronau, impatient de voir par lui-même ce qui se passe au delà de la hauteur de Monthyon, est arrivé dans la localité derrière l'avant-garde. Quelques officiers de son état-major l'accompagnent. Du village, la vue s'étend au loin jusque vers Saint-Soupplets, la lisière est des bois des Tillières et les régions de Vinantes, Charny et Villeroy. Il voit nettement de là le combat se développer, surveille très bien notamment la route de Montgé à Cuisy et précisément constate sur cette route une grande animation, surtout aux abords de Montgé. Il n'y a pas de doute, il se passe quelque chose d'anormal dans les bois au nord de Cuisy. Tandis que le général commandant le 4e corps de réserve fait ces réflexions, Monthyon est violemment bombardé par l'artillerie française qui vient de se déployer. Le groupe de l'Hôpital est, ainsi que nous l'avons montré, pris à partie, et les shrapnells viennent éclater sur le poste d'observation du général Gronau. Celui-ci décide de se reporter un peu en arrière et gagne le mamelon à 1.200 mètres au sud-ouest de Pringy. De là, il a de moins bonnes vues dans la région d'Iverny, mais il surveille les directions de Penchard et de Saint-Soupplets.

Sa reconnaissance personnelle à Monthyon lui a fourni une excellente idée du champ de bataille. Il se rend compte de la difficulté de progresser par la plaine d'Iverny, Villeroy, mais, par contre, estime qu'il y a intérêts à faire effort par le bois des Tillières.

Que contient ce bois où des colonnes ennemies semblent pénétrer ? La mainmise sur la corne est de ce bois permettra d'organiser la manœuvre et aussi de maintenir la liaison avec sa 4e D. C.

B. - Engagement du gros de la 7e D. R. sur le bois des Tillières.

 

Estimant que le danger est d'ailleurs pour l'instant dans la région de Saint-Soupplets, il prescrit au gros de la 7e division de réserve (13e brigade et éléments de la 14e brigade (72e R. I.) (4e bataillon de chasseurs de réserve, 3e bataillons du 27e réserve, 2e bataillon du 72e réserve. Le 36e réserve et le 2e bataillon du 27e sont maintenus en réserve générale vers Pringy.) de s'engager contre le village et le bois au sud-ouest de la localité, et d'agir en liaison avec la 4e division de cavalerie, qui s'est heurtée à l'ouest de Saint-Pathus à de nombreuses forces ennemies.

De ce côté du bois d'ailleurs, le bataillon Burmester, envoyé ce mâtin de Barcy en soutien de la 4e D. C., engage déjà sans succès l'action contre le 276e R. I. occupant la lisière sud-est du bois.

Le général von Schwerin, commandant la 7e division de réserve, confie la direction de l'attaque au général von Dressler, commandant la 13e brigade de réserve. Elle sera menée par prés de 4 bataillons des 13e et 14e brigades, appuyés par la valeur de 4 à 5 batteries de 77. Pour renforcer l'artillerie de la 7e division de réserve, affaiblie par l'anéantissement du I/7 à l'Hôpital de Monthyon, le général von Gronau prescrit au général Riemann, commandant la 22e division de réserve, d'envoyer deux batteries du 22e R. A. R. à ferme Fescheux d'où elles appuieront l'attaque Dressler. Le colonel von Oertzen, commandant le 22e R. A. R., qui vient de déployer son régiment, désigne les 2e et 3e batteries du 1er groupe, en position à ce moment au sud de Pringy. En outre; les batteries à cheval de la 4e D. C. appuieront de flanc du bois des Barres la progression de l'attaque (Le 2e groupe du 7e R. A. réserve fortement éprouvé a dû quitter sa position du cimetière et venir s'établir à 200 mètres au sud-ouest de la ferme Fescheux.).

Cette puissante attaque menée surtout à coup d'infanterie, emporte la lisière est du bois des Tillières et s'infiltre dans la futaie, où combattent environ 3 bataillons des 55e et 56e D. R. .

Malgré sa supériorité numérique, l'attaque du bois est ralentie par les troupes françaises combattant pied à pied. Vers 16 heures, d'ailleurs, le général von Schwerin apprend que les Français ont pénétré à Saint-Soupplets et que d'autres forces marchent sur Saint-Pathus. Cette menace sur sa droite l'incite à ordonner au général von Dressler de ne pas dépasser Cuisy. Ce dernier reporte alors une partie de ses forces contre Saint-Soupplets pour dégager le village.

Pendant ce temps, devant Monthyon, 3 bataillons du 66e de réserve, des éléments du 72e de réserve sont cloués au sol par le feu de notre infanterie, et malgré tous les efforts du général von Wienskowski commandant la 14e brigade, ils ne peuvent franchir le ravin de la Sorcière, ni atteindre Le Plessis-I'Évêque. Ils poursuivent avec notre 246e R. I. et quelques fractions du VI/276 une longue lutte par le feu sans résultats tactiques.

C. - La 22e D. R. contre-attaque sur Neufmontiers (Voir panorama n° 7).

 

Voyons maintenant ce qu'est advenue la 22e D. R. pendant que la 7e D. R. engageait ainsi la lutte.

A 11 heures, le général Riemann qui a son P. C. à la sortie ouest de Chambry, a reçu du général von Gronau l'ordre d'alerter sa division, en grand halte à Chambry.

Croyant sans doute qu'il s'agit de franchir la Marne, le général Riemann prescrit à son équipage de ponts et à son artillerie de prendre la tête de la colonne.

Mais vers 11 heures, l'ordre d'attaque du général von Gronau expédié de Barcy arrive à Chambry. Le général Riemann donne aussitôt ses instructions :

22e D. R., à l'ouest de Chambry : 11 h. 15.

I. La 7e division de réserve est poussée par Cuisy et Saint-Mard pour éclaircir la situation.

II.- La 22e division de réserve progressera échelonnée à gauche de la 7e D.R.

III. L'avant-garde s'assurera la possession de Monthyon et des hauteurs voisines - le gros suivra par Chambry et Penchard. 2 bataillons du 32e R. I. tenus en réserve générale près de Barcy seront mis en marche sur Monthyon par Pringy.

IV. Je me rends à l'avant-garde..

Signé : RIEMANN.

L'avant-garde, constituée par le détachement du colonel von Finckenstein comprenant le 11e bataillon de chasseurs de réserve, le 3e bataillon du 71e régiment de réserve et le 1er groupe du 22e R. A. R. (3 batteries), se met en route sur Penchard. Aux abords de la localité, le bataillon de chasseurs commandé par le capitaine von Pritzelwitz se déploie pour traverser la localité et le bois du Télégraphe, car de la cavalerie ennemie est signalée. Il est éclairé par quelques cyclistes.

La 2e compagnie pénètre dans le bois, la 1re compagnie traverse le village, la 3e compagnie surveille la direction de Monthyon, la 4e compagnie s'apprête à reconnaître le bois au nord d'Automne. Le 1er groupe de 77 se met en batterie près d'Automne prêt à appuyer l'avant-garde.

Mais bientôt l'ordre est donné aux chasseurs de reprendre la marche sur Monthyon, objectif initial. Le bataillon se retire et, suivant les fossés de la route de Meaux, se porte sur Monthyon qu'occupe déjà la 7e D. R. Il s'installe là dans une carrière à l'est de la localité, tandis que le I/22 se met en position au sud de Fringy. Le 3e bataillon du 71e régiment. vient s'établir au nord d'Automne.

Le général Riemann, avec son état-major, le général von Mühlenfels, commandant la 44e brigade; et le colonel von Oertzen, commandant la 22e R. A. R., sont rassemblés sur un petit mamelon au sud de Monthyon. Ils suivent de là le développement du combat qui s'engage, mais bientôt cet aréopage est pris dans la zone de dispersion du feu de notre groupe du 13e. R. A. C. qui tire sur les batteries de l'Hôpital et est obligé de chercher un autre point d'observation. A ce moment, le général Riemann aperçoit les Marocains du général Ditte qui avancent rapidement, déployés à 2 kilomètres au sud-est de Villeroy. Il faut agir sans retard, car la 7e division de réserve menace d'être ainsi tournée par son flanc gauche. Le colonel von 0ertzen prescrit à son adjoint le lieutenant-colonel von Gudenberg d'observer la marche de ces bataillons marocains que l'on prend d'ailleurs pour des Anglais en raison de leurs uniformes jaunes, puis de reconnaître une position pour le groupe. Lui-même se rend au grand galop au devant du 2e groupe du régiment, qui se trouve encore à l'ouest de Chambry avec le gros de la D. I., pour le faire intervenir sans délai.

Pendant ce temps, le 1er groupe, réduit à la 1re batterie (Les deux autres batteries mises à la disposition de la 7e division de réserve ont été envoyées à la ferme Fescheux par ordre du général von Gronau.) et posté au sud de Pringy, intervient contre les bataillons du 2e indigène qui descend les pentes du Rutel, marchant vers le bois du Télégraphe.

Le général Riemann invite alors vers 14 heures le général von Mühlenfels à faire intervenir la 44e brigade sur Penchard. Mais ces troupes, 82e de réserve (3 bataillons). qui a atteint Penchard et 3e bataillon du 32e de réserve actuellement à l'ouest de Chambry, ne pourront être à pied d'œuvre que dans une heure. Or le temps presse.

Le 11e bataillon de chasseurs, puis le 3e bataillon du 71e de réserve sont dés lors engagés entre Monthyon et le bois de Penchard avec mission de refouler les Marocains, les chasseurs en direction du cours du ru de Viry, le 71e I. R. sur la lisière nord du bois du Télégraphe.

Le 11e chasseurs a deux compagnies en 1er échelon : 1er à gauche, 3e à droite. En deuxième ligne, échelonnées à gauche, les 2e et 4e compagnies. Sous le feu le plus violent de l'artillerie de la 55e D. R., le bataillon progresse par bonds.

Le 3e bataillon du 71e engage deux compagnies en 1er échelon (11e et 12e compagnies), et place les 9e et 10e compagnies en deuxième ligne, échelonnées également vers la gauche. Progression en tirailleurs par vagues successives.

Les deux bataillons atteignent, vers 14h 30, la route encaissée de Monthyon à Neufmontiers et y stoppent pendant deux heures : l'ennemi est retranché sur le chemin de Neufmontiers à Iverny. Les compagnies de deuxième ligne du 71e de réserve fouillent la lisière nord du bois du Télégraphe, lorsque, vers 15 h. 45, les Marocains du capitaine d'Ivry, venant du sud, tombent dans leur flanc. Une lutte sévère s'engage sous bois où les 71e et 82e réserve sont mélangés.

Le 11e chasseurs reste blotti pendant une bonne heure dans le ru de Viry, en angle mort, à l'abri des balles venant d'Iverny ou des Marocains.

Soudain, voici un mouvement de repli qui se manifeste chez les Marocains qui abandonnent rapidement la corne ouest du bois de Penchard, fusillés à courte distance par les chasseurs de Naumbourg. Ce repli est repéré par la 1re batterie du 22e R. A. C. en position près de Pringy, mais les rafales de 77 s'abattent sur la 3e compagnie du 71e de réserve qui reprenait sa progression, tandis que du bois, éclatent également sur eux les salves d'autres éléments du 71e. La compagnie ainsi assaillie s'efforce en vain par signaux d'arrêter ce feu fratricide. Une section entonne alors un chant allemand et le feu d'infanterie cesse. Un sillon permet à la compagnie de se soustraire aux effets peu redoutables des 77. Le combat se traîne ainsi jusqu'à 16 heures.

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