UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE V

LA 110e BRIGADE CHERCHE A S'EMPARER DE MONTHYON

 

(Voir croquis n°8).

 

 

A. - La lutte s'organise autour d'Iverny. Revenons un instant du côté français.

Les premiers obus allemands ont surpris l'avant-garde de la 55e division de réserve à Iverny. Privé de sa cavalerie, d'effectif bien réduit d'ailleurs, le lieutenant-colonel Chaulet n'a pu être prévenu à temps de l'orage qui s'amoncelait à l'horizon. Cependant ses ordres sont donnés rapidement :

- Le 5e bataillon du 246e s'établira le long de la route d'Iverny à Neufmontiers.

- Le 6e bataillon du régiment organisera avec 3 compagnies la défense d'Iverny et tiendra le débouché de la route de Monthyon.

- Le 6e bataillon du 276e, qui vient d'être mis à sa disposition par le général de Mainbray et qui stationnait devant Le Plessis-aux-Bois, se déploiera entre Iverny et Le Plessis-l'Évêque.

- Enfin la compagnie Sallet (22e compagnie) du VI/246e reçoit la mission de rechercher à l'extrême droite de ce front de combat, la liaison avec les Marocains que l'on voit marcher vers le bois du Télégraphe (cote 164).

Pendant ce temps, aux premiers shrapnells, le groupe du 45e R. A. C. s'est mis en batterie derrière la crête sud-est et à 400 mètres à l'est de La Baste près de la route La Baste-Iverny, dans l'ordre suivant en partant de la route vers le sud : 29e, 27e, 28e batteries; arrière-trains derrière La Baste. Dix minutes après l'arrivée des premiers obus de 77, le capitaine Bernard, commandant la 29e batterie ouvre le feu avec une efficacité certaine sur les tirailleurs ennemis débouchant de Monthyon.

De son côté, le commandant du groupe du 13e R. A. C. qui vient reprendre contact avec son commandant d'avant-garde et qui aux premiers coups de canon sur le groupe du 45e R. A. C. avait rapidement fait faire demi-tour à ses batteries et les avait conduites dans un vallon au pied de la Baste, reçoit l'ordre de contrebattre l'artillerie ennemie de Monthyon.

Au galop, il effectue sa reconnaissance, découvre les pièces allemandes établies à l'Hôpital dont on voit, les canons et les servants à l'œil nu, et déploie son groupe légèrement à contre-pente entre La Baste et La Trace, à la droite du 45e R. A. C.

Ainsi vers 13 h. 15, l'avant-garde remplissant sa mission est déployée, tient les principaux points d'appui et assure ainsi l'engagement du gros de la division.

Mais le général de Mainbray sait que son objectif est Monthyon, aussi les premières mesures étant prises par l'avant-garde pour parer à la situation, il se porte à la sortie sud du village, examine encore le terrain sous une pluie de balles, dicte ses instructions aux officiers de liaison des régiments de la brigade pour l'attaque de Monthyon, instructions que l'on peut ainsi résumer :

" Le 246e R.I., en débouchant d'Iverny, a été accueilli par des feux d'artillerie et d'infanterie venant de la hauteur de Monthyon.

" Le 246e R.I. attaquera Monthyon.

" l'attaque sera appuyée par les deux groupes d'artillerie (13e et 45e R. A. C.). Elle sera couverte à droite par un bataillon du 276e en direction de Villeroy, Penchard, et à gauche par un bataillon du 276e en direction du Plessis-l'Évêque, Saint-Soupplets.

" Le 231e R. I. restera jusqu'à nouvel ordre en réserve Plessis-aux-Bois.

" Exécution immédiate.

" P. C. de la 110e brigade : château d' Iverny. "

Tandis que les officiers de liaison s'égaillent de tous côtés, voyons comment s'exécutent ces ordres.

 

B. - Le 276e R. 1. met la main sur la lisière est du bois de Tillières.

 

Le 6e bataillon du 276e R. I. stationne dans le chemin creux au nord de La Baste au moment où il reçoit l'ordre de se porter au Plessis-l'Évêque. Les 3 compagnies en ligne de sections par 4, masquées par le village d'Iverny, se portent vers leur objectif. En arrivant au Plessis-l'Évêque, repérées par l'artillerie allemande, elles tombent sous son feu, mais continuent leur progression par bonds en formant la carapace à chaque salve ennemie. La 22e compagnie se déploie au nord du cimetière d'Iverny, tandis que la 23e compagnie organise Le Plessis-l'Évêque. La 21e compagnie s'installe dans la partie nord de la localité. La 24e compagnie, nous le savons, à été expédiée à 10 heures du matin en liaison avec la 56e division de réserve et n'a pas encore rejoint son bataillon. Le lieutenant-colonel Lejeune, dont le régiment est disloqué en deux, se dirige sur Le Plessis-l'Évêque où il arrive juste pour recueillir des débris du peloton du 32e dragons que l'ennemi a refoulé de Montyon.

Dès son arrivée, le colonel Lejeune examine le terrain.

A travers les peupliers qui bordent un petit chemin de terre à 1.600 mètres à l'est du Plessis-l'Évêque, on voit les lueurs d'une batterie qui semble très proche.

La localité est dominée à 900 mètres au nord-est par un éperon boisé qui fait partie du massif des Tillières. Il importe que l'ennemi ne s'en empare pas, sinon la situation deviendrait difficile dans le village. La liaison serait rompue avec la 56e division de réserve et d'autre part, les Allemands auraient toutes facilités pour s'infiltrer dans les bois et tourner ainsi les défenseurs de la localité. Par ailleurs, il vient de recevoir l'ordre d'appuyer l'attaque du 246e en se portant sur Saint-Soupplets. Il importe donc de mettre sans tarder la main sur cette corne sud-est du bois : le 246e sera ainsi couvert sur sa gauche et l'occupation de ce premier objectif favorisera ultérieurement la manœuvre du gros de la division.

Aussi il y envoie de suite la 21e compagnie (capitaine Truillet) et lui prescrit de s'installer à la lisière est de ce bois, de reconnaître le terrain en avant et si possible de déloger la batterie allemande.

Se glissant par le sous-bois, le capitaine Truillet atteint sans difficulté la lisière du bois, au nord de la ferme Goudailler (1.400 mètres nord-est de Plessis-l'Évêque).

Arrivé là, il aperçoit en plein champ à 600 ou 700 mètres la batterie de 77 en action, qui semble peu soutenue (6e batterie du 2e groupe du 7e R. A. R.) ! Il lance sur elle sa compagnie pour s'en emparer et progresse ainsi vers la route de Saint-Soupplets à Meaux. Mais à peine a-t-il fait quelques pas sur les pentes découvertes qui y conduisent que les fossés de la route s'allument. Les mitrailleuses allemandes crépitent. La compagnie est contrainte de se replier en laissant sur le terrain son chef, le capitaine Truillet, grièvement blessé, ainsi qu'une vingtaine d'hommes, parmi lesquels le fils du châtelain de Saint-Soupplets, qui guide lui-même le coup de main et tombe en vue de son foyer.

Le tir de barrage ennemi se déclenche aussitôt sur la lisière du bois et sur Plessis-l'Évêque. Une rafale s'abat près du lieutenant-colonel Lejeune qui observe la marche de l'attaque et met le feu à la meule près de laquelle il se tient.

La 21e compagnie engage alors un violent combat par le feu avec l'ennemi jusqu'à vers 17 heures, tandis que le colonel Lejeune s'efforce de l'étayer en poussant vers elle de nouveaux éléments.

 

C. - Le 246e R. I. s'efforce de marcher sur Monthyon (Se reporter au croquis panoramique n° 4).

 

Pendant ce temps, le 5e bataillon du 246e s'est efforcé, nous l'avons vu, de pousser sa tête vers Monthyon. Mais vers la Croix-Blanche, la route dénudée, sans abris, est prise en enfilade par les feux du 66e de réserve allemand. La 18e compagnie s'infiltre donc par la route de Neufmontiers et se déploie rapidement, dans les fossés plus ou moins profonds.

La 20e compagnie tient vers le carrefour près de la Croix-Blanche entre ce carrefour et Iverny. Privé de leur chef, frappé à mort sous leurs yeux, les réservistes hésitent à se porter en avant sur la route de Monthyon balayée par la mitraille, malgré les efforts du lieutenant Blanchet. Les pertes deviennent d'ailleurs sensibles. La 17e compagnie s'échelonne dans les fossés de la route entre la 20e compagnie et Iverny. La 19e compagnie en 2e échelon tient le début de la route de Trilbardou.

Ainsi déployé au sud-est d'Iverny, dans une plaine sans couvert, fauché par une nappe de plomb, le 5e bataillon, malgré ses efforts réitérés ne peut poursuivre sa marche sur Monthyon. Les Allemands deviennent d'ailleurs de minute en minute plus nombreux à l'ouest de Monthyon. Chacun se rend compte que pour enlever l'objectif il faudrait avoir l'appui d'une forte artillerie pour franchir cette redoutable plaine et qu'il vaudrait mieux faire effort par le bois des Tillières, susceptible de dérober l'approche de l'objectif.

Le 6e bataillon, commandé par le capitaine Robinet, le commandant Reverchon malade ayant dû être évacué la veille, fait organiser Iverny par une compagnie qui creuse des trous de tirailleurs dans la prairie descendant vers le ru de la Sorcière et crénelle les murs nord-est du village.

Pendant ce temps, la 22e compagnie (capitaine Sallet) se glisse par la route de Trilbardou vers la cote 108 pour gagner ensuite le Rutel et établir la liaison avec les Marocains, mais la fusillade paralyse sa progression sur les pentes exposées au feu de Monthyon, et elle est obligée de se terrer au sud de la cote 108. Le reste du 6e bataillon est porté sur Monthyon mais les deux compagnies, viennent se déployer dans les vergers au sud-est de la localité où la fusillade les cloue.

L'offensive du 246e, sur un terrain ingrat, malgré l'entrain des réservistes qui aux premiers coups de canon ont oublié la fatigue, la chaleur et la démoralisation des jours précédents, est donc paralysée aux abords du village.

 

D. - Les Marocains attaquent Penchard (voir panorama n° 9).

 

A la droite du 246e, les Marocains sont également entrés dans la lutte, vers 13 h. 30. La bataille fait rage de leur côté. Au moment où le 1er bataillon du 2e régiment indigène atteint la route de Villeroy à Chauconin, un tir inopiné d'artillerie partant de la région au sud-est de Monthyon s'abat sur lui (Tir exécuté par le 2e groupe du 22e R. A. de réserve.).

Le bataillon se déploie en formation d'approche, en ligne de 1/2 sections par un, les 1/2 sections à 30 pas, le bataillon en losange.

Les compagnies accélèrent l'allure pour descendre les pentes sud du ru du Rutel. La 19e compagnie marche sur Neufmontiers que les éclaireurs montés ont signalé libre; les autres compagnies (16e et 11e et 12e compagnies) franchissent le ru et gagnent la croupe entre les rus de Rutel et de Viry où ils sont arrêtés par des feux très vifs partant des pentes au nord du bois de la cote 164 (ouest de Penchard). Les Marocains s'abritent derrière le talus de la route de Neufmontiers à Iverny. En face d'eux, les Allemands semblent se retrancher dans le bois. Le 2e bataillon du 2e indigène, qui marche en deuxième échelon, est poussé à travers Neufmontiers, flanqué à droite par le bataillon d'Ivry (5e0 bataillon du 1er indigène), qui doit appuyer à droite l'attaque du 2e régiment sur la cote 164 en passant par Chauconin.

Pendant ce temps, le 2e bataillon du 1er indigène (commandant Pellegrin), qui marche en 2e échelon et qui débouche au sud de Villeroy, est axé rapidement vers la gauche du 2e régiment, de manière à déborder le bois de la cote 164 par l'ouest et tendre la main au 246e R. I., déployé dans la vallée de la Sorcière.

Mais, accueilli par un feu d'infanterie intense partant du chemin de Monthyon à Neufmontiers, et de la lisière du bois (Tenus par des éléments des 1er et 3e bataillons du 82e réserve.), il est obligé de se tapir également dans les fossés de la route d'Iverny, à hauteur du ru de Viry.

Il existe donc un trou de près de 1.000 mètres entre le 246e et les tabors marocains; fort heureusement, jusqu'à présent, l'ennemi n'est pas très pressant vers Villeroy.

E. - Le duel d'artillerie domine le combat.

Nous avons vu comment les Allemands avaient engagé avec leur artillerie la bataille de l'Ourcq.

Dès que ceux-ci se rendent compte de la nature du combat qui va se dérouler, toutes dispositions sont prises pour s'assurer sans tarder du bénéfice de l'initiative.

Le lieutenant-colonel Gobbin, commandant le 7e régiment d'artillerie de réserve saxonne, déploie rapidement tout son régiment autour de la butte de Monthyon, bientôt nimbée d'une auréole de lueurs de départs de coups.

Auprès de la section de l'Hôpital sont venus se déployer successivement le reste de la 1re batterie, puis la 2e au sud sur la route, à un virage, ensuite la 3e derrière la 1re en pleins champs. La position est excellente : observatoire et emplacements de tir sont confondus. De là on domine un vaste panorama. Le groupe est certes à découvert, mais il n'en a cure. Il pense balayer en un clin d'œil ces misérables colonnes ennemies qui s'étirent dans la plaine (Voir croquis général n° 8 et croquis panoramique n° 7). Contre les troupes qui s'avancent d'Iverny au Plessis-l'Évêque (6/276), le commandant du 7e régiment prescrit vainement au reste du 2e groupe de se porter aux côtés de la 6e batterie au sud-est de la Fontaine Goudailler.

Mais en peu de temps, le décor change. Le groupe du 13e R. A. C., de la 55e division de réserve, s'est mis en batterie, nous l'avons vu, au pied du hameau de La Baste, légèrement défilé. Les premières salves éclatent sur la 3e batterie saxonne, puis sur les 1re et 2e batteries. Notre riposte s'annonce énergique. Notre artillerie a des traditions, sa technique de tir est impeccable, les Allemands vont bientôt s'en apercevoir.

Le I/7 saxon répond sans désemparer. Les Allemands sont courageux et tenaces. Quelques projectiles éclatent au milieu des caissons de l'échelon du groupe du 13e R. A. C. abrité derrière un rideau de hauts peupliers près de La Baste. Des conducteurs et 17 chevaux sont tués. Exaspéré par cette activité, le commandant du groupe du 13e R. A. C. entreprend alors un tir à démolir, à toute allure. Les explosifs s'écrasent sans arrêt sur les pièces adverses. Le hameau de l'Hôpital disparaît dans les nuages de fumée noire. Les Allemands ripostent et infligent quelques pertes à nos artilleurs, cependant bien défilés.

 

 

Le I/7 subit bientôt d'énormes pertes. A la 1re batterie saxonne, le commandant de batterie et un officier sont blessés, à la 2e batterie, le capitaine est grièvement atteint, son lieutenant en second tué, les sous-officiers et servants décimés; à la 3e batterie, le capitaine et 2 officiers tombent. L'état-major du groupe est éprouvé. Au bout d'une heure, il ne reste plus que 2 servants par pièce. L'effet de nos explosifs est tel que l'ennemi a l'impression d'avoir devant lui des Rimailhos. Sous la violence de notre feu, il est d'ailleurs impossible de songer à changer l'emplacement du 1er groupe du 7e R. A. R.

Vers 16 h. 30, il doit cesser son feu. Le colonel du 7e R. A. R. prescrit alors aux servants de s'abriter, les boucliers des pièces et les cadavres accumulés servent de remparts aux survivants.

L'anéantissement de ce groupe exerce une profonde impression sur la marche du combat autour de Monthyon, ainsi qu'en font foi les notes de guerre de nombreux témoins :

Le sous-officier Schäefer, commandant le T. C. du 11e bataillon de chasseurs de réserve, par exemple, qui se trouvait avec ses voitures à la sortie sud de Monthyon, écrit à ce sujet :

" Une lutte sévère s'alluma vers Monthyon où les canons lourds ennemis anéantissaient presque complètement une batterie du 7e R. F. A. Le bataillon engagé près de cette batterie éprouva également des pertes; 2 sections de ce bataillon durent par suite du barrage sévère qui tombait sur les batteries rester près de deux heures à l'abri d'un fossé de la route et recevoir le plus violent tir d'artillerie. Il y eut beaucoup de blessés qui furent conduits à l'église de Monthyon... La batterie précédente ne pouvait tirer que de temps à autre, le commandant de batterie était blessé au bras, mais continuait sans interruption à conduire le feu et tirait lui-même le canon. Le sous-officier Hollmann d'une autre batterie, grièvement blessé, arrosé de sang, vint vers moi et me confia la lunette de batterie avec mission de la remettre à son capitaine : magnifique exemple d'accomplissement du devoir en dépit de graves blessures au bras et à l'épaule. Le T. C. qui était abrité derrière quelques maisons de Monthyon dut être déplacé plus à l'est par suite de la violence du feu. "

De son côté, le lieutenant Wachs de la 3e compagnie du 11e bataillon de chasseurs de réserve note :

" Devant Monthyon, dans un chemin creux, se trouvait une batterie du 22e R. F. A. (Il faudrait lire : 7e R. F. A.), sans munitions et ayant perdu une partie de ses attelages et servants. Tout le personnel de la colonne de munitions restait déconcerté dans une ferme en feu à gauche du village. Un jeune lieutenant essaie d'achever les chevaux blessés avec un petit browning. Nous l'aidons avec nos fusils. Sept chasseurs de la 1re section vont ensuite porter sous un feu violent des munitions à la batterie située à 250 mètres de nous. "

En même temps que se déroule devant Iverny cet épisode qui a pour résultat de paralyser l'attaque allemande débouchant de Monthyon, un duel d'artillerie, non moins acharné, se produit devant Le Plessis-l'Évêque.

Dans cette région, nous l'avons noté, la 6e batterie du 7e saxon, audacieusement poussée en avant, bombarde et jette le désarroi dans les rangs du gros de l'avant-garde de la 56e division de réserve, à Montgé, au moment où il va s'enfoncer dans les bois de Tillières pour atteindre Saint-Soupplets.

Aux premières salves sur la colonne, le commandant Baratier, qui commande le groupe d'appui (25e R. A. C.), galope vers le lieutenant-colonel de Certain, commandant cette avant-garde et lui demande des ordres. Carte blanche lui est donnée. Le commandant Baratier sait en toutes circonstances faire preuve d'initiative et de décision. Au grand trot, il porte ses batteries à Cuisy, sur la route de Monthyon, reconnaît une position au sud de la localité, met en batterie, repère à la jumelle la batterie saxonne sur l'éperon nord de la fontaine des Nonnes. Celle-ci se profile provocante sur la crête, et tire maintenant sur Iverny où elle a aperçu des mouvements insolites. Deux autres batteries sont en route pour la rejoindre.

En peu de salves, son sort est réglé : le commandant de batterie et 3 officiers sont mis hors de combat, les servants décimés et la batterie réduite au silence.

Ainsi grâce à cette heureuse initiative, les canons de la 56e division de réserve apportent une aide précieuse à la 55e division de réserve dans le combat de Monthyon.

Devant l'intensité du feu de notre artillerie, le colonel commandant le 7e d'artillerie de réserve saxon ordonne au commandant du 2e groupe de replier les 4e et 5e batteries qui se portaient à hauteur de la 6e et d'aller prendre position 5e batterie derrière une haie près du cimetière de Monthyon, 4e batterie à 100 mètres à droite de la 5e.

De notre côté, un deuxième groupe de la 56e D. R. vient s'établir au nord de Cuisy à hauteur du groupe Baratier et conjugue avec lui ses feux sur le groupe allemand du cimetière.

Ainsi, grâce à l'audace de nos artilleurs, l'action du 7e d'artillerie allemand est rapidement paralysée.

Sur le clocher de Monthyon, qui domine de loin toute la plaine, les Allemands hissent le drapeau de la Croix-Rouge.

 

F. - La 56e division de réserve s'empare de Saint-Soupplets, mais ne peut s'y maintenir (Voir croquis n° 8).

 

Pendant ce temps que se passe-t-il à la 56e division de réserve qui a pour mission d'aller s'installer à Saint-Soupplets ?

A midi, le lieutenant-colonel de Certain a porté le 5e bataillon du 361e R. I. sur l'objectif. Vers 13 h. 30, le bataillon entre dans le village tenu par quelques cavaliers, mais tombe sous le feu meurtrier de batteries de la division de cavalerie du General-Leutnant von Garnier, établies vers Saint-Pathus et Oissery. Ne pouvant s'y maintenir, il regagne-la lisière nord-est du bois des Tilliéres. Le 6e bataillon du 361e et quelques compagnies du 65e B. C. P: viennent à cette lisière prolonger son front, en liaison avec la compagnie Truillet du 276e R. I. qui, ainsi que nous lavons vu plus haut, arrive également dans le bois.

Les fractions de la 56e division de réserve et le 276e R .I. sont bientôt fixés sur place par le feu ennemi très vif des canons de Saint-Pathus et de la ferme Fescheux et des unités du 27e R. I. qui sont tapies dans les fossés de la route de Meaux.

 

G.- Le V/276 se porte vers Villeroy (Voir croquis n° 82, et photo B).

 

 

Ainsi vers 14 heures, sur presque toute la ligne, nos troupes sont contenues ou même refoulées par les forces ennemies grandissantes.

Le général de Mainbray, commandant la 110e brigade, a déjà engagé la moitié de sa brigade.

Le 5e bataillon du 276e R. I. (Bonnet) est depuis midi à l'abri derrière le talus du chemin bordé de buissons près de la ferme de la Trace où il fait la soupe. Vers 14 h. 25, il reçoit l'ordre du général de Mainbray d'appuyer, en direction de Villeroy, Penchard, l'attaque du 246e. Jusqu'à présent, il est resté en soutien du groupe du 13e R. A. C. En se portant d'ailleurs en direction de Villeroy, il couvrira plus efficacement notre artillerie et assurera la liaison entre le 246e et les Marocains.

Le commandant Bonnet décide de porter dans un premier bond son bataillon à hauteur de Villeroy. Les unités se mettent en mouvement à travers les javelles en formation de combat, chaque compagnie en ligne de section par quatre, dans l'ordre suivant du nord au sud : 17e, 18e, 19e compagnies. La 20e compagnie suit en deuxième échelon.

Le dispositif est très vulnérable. Aussi; l'artillerie allemande de la 22e division de ré serve accompagne-t-elle sa progression. Les sections avancent par bonds, formant la carapace à chaque rafale. Elles viennent s'établir à la lisière nord-est de Villeroy (19e compagnie), dans un chemin encaissé et derrière la route de Villeroy à Iverny (17e et 18e compagnies). La 20e compagnie reste en réserve à l'ouest du village. Le 5e bataillon est maintenu là jusqu'à nouvel ordre.

Le 231e R. I., 3e régiment de la 110e brigade, est en réserve derrière le village du Plessis-aux-Bois. Son 6e bataillon est canonné par l'ennemi.

Le 5e bataillon arrive seulement au Plessis-aux-Bois, derrière lequel il reste en colonne double. Les deux bataillons sont tenus prêts à intervenir dans la lutte au premier signal.

 

H. - La 109e brigade est alertée.

 

Que devient la 109e brigade, pendant que la lutte se développe ainsi devant la 110e brigade ? Aux premières manifestations du canon dans la région d'Iverny, le général Arrivet se porte de Nantouillet, son P. C., à la cote 117, à 1.200 mètres à l'est du village, suivi de ses officiers d'état-major : le capitaine Marassé et le lieutenant René Grand-jean. De la cote 117, on voit nettement Monthyon et les hauteurs de Penchard, les villages d'Iverny et de Villeroy, mais le terrain intermédiaire sur lequel se déroule le combat échappe à ses vues. Néanmoins, les éclatements de shrapnells sont nettement visibles au-dessus de ces villages et Le Plessis-aux-Bois, à 3 kilomètres, semble également vivement pris à partie.

Le général Arrivet alerte de suite le 289e R. I., qui cantonne à Nantouillet, où il fait la soupe, et lui prescrit de se porter à la cote 117. Le général de brigade tient à avoir dans sa main une unité prête à intervenir dans la lutte en cas d'événements graves.

Le 289e R. I. atteint la cote 117 vers 14 heures et se forme à l'ouest de la croupe par bataillons successifs : 5e en tête, 6e en 2e échelon, chaque bataillon en colonne, double largement ouverte.

Le 204e R. I., stationné à Troisvilles et le 282e R. I., à peine arrivé à Vinantes, sont également alertés.

Au total, à 14 heures, toute la 109e brigade est sous les armes prête à seconder les efforts de la brigade sœur, ou effectuer, le cas échéant, la manœuvre décidée par le commandement.

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