UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE II

LA VIe ARMEE SE DEPLOIE POUR LA BATAILLE DE L'OURCQ

 

(Voir carte au 80.000e).

 

Pour bien comprendre les conditions dans lesquelles la 55e D. R. va opérer pour entamer sa marche vers l'Ourcq, objectif du 6 septembre, il est indispensable de l'examiner dans le cadre général de la VIe armée et, en particulier, de connaître les ordres qu'elle a reçus et les délais dans lesquels ceux-ci lui sont parvenus.

Voyons donc le travail des états-majors dans la nuit du 4 au 5 septembre pour préparer le mouvement du lendemain.

La journée du 4 septembre, nous le savons, a été chargée pour le général Joffre. Avant d'ordonner la contre-offensive d'où va sortir la bataille de la Marne, il a dû examiner une dernière fois, avec ses commandants d'armée, la situation particulière de leur troupe, contrôler les derniers renseignements reçus sur l'ennemi et surtout négocier avec le maréchal French la participation du corps expéditionnaire anglais à la bataille.

Toutes les conditions favorables étant réalisées, il lance à 22 heures son ordre général d'opérations n° 6, désormais célèbre, qui ordonne la reprise de l'offensive par l'aile gauche des armées alliées et dont nous rappelons les parties essentielles concernant la VIe armée :

" I. Il convient de profiter de la situation aventurée de la 1re armée allemande pour concentrer sur elle les efforts des armées alliées d'extrême gauche. Toutes dispositions seront prises dans la journée du 5 septembre, en vue de partir à l'attaque le 6.

" II. Le dispositif à réaliser pour le 5 septembre au soir serait :

" a) Toutes les forces disponibles de la VIe armée au nord-est de Meaux, prêtes à franchir l'Ourcq entre Lizy-sur-Ourcq et May-en-Multien, en direction générale de Château-Thierry.

" Les éléments disponibles du corps de cavalerie qui sont à proximité seront remis aux ordres du général Mauroury pour cette opération;

" b) L'armée anglaise... " c) La Ve armée..

" d) La IXe armée..

" III. L'offensive sera prise par ces différentes armées le 6 septembre dès le matin. "

Cet ordre chiffré expédié du G. Q. G. à la VIe armée à 23 h. 15 et au gouverneur militaire de Paris à 23 h. 50 est précédé d'un message téléphoné préparatoire transmis par le lieutenant-colonel Brécard du G. Q. G. au général Gallieni qui en donne dès 22 heures communication au général Maunoury. L'ordre particulier n° 17 du Gouverneur confirme immédiatement à la VIe armée cet ordre préparatoire :

Le général en chef vient de téléphoner ce qui suit :

" La Ve armée, l'armée anglaise et la VIe armée attaqueront le 6 au matin dans les directions suivantes :

" Ve armée.." Armée anglaise...

" VIe armée : au nord de la Marne en direction de Château-Thierry.

" En conséquence, les ordres donnés verbalement sont modifiés en ce sens que la VIe armée orientera demain (5 septembre) ses colonnes en se maintenant sur la rive nord de la Marne de manière à atteindre environ le méridien de Meaux.

" On rappelle le renseignement recueilli ce soir par un avion anglais qu'un gros rassemblement a été constaté entre Douy-la-Ramée et Barcy et un pont jeté par les Allemands près de Trilbardou: "

Ces directives du général Joffre ne surprenaient pas le général Gallieni qui, le 4 septembre, à la suite de ses tractations avec le maréchal French et de ses échanges de vue avec le général Joffre avait déjà préparé son ordre d'opération pour le 5 septembre (ordre n° 5) :

" I. Tous les renseignements concordent, écrivait-il, à démontrer que les gros de l'armée allemande qui faisaient face jusqu'ici à la VIe armée se sont orientés vers le sud-est. Des colonnes importantes ont été signalées hier soir se dirigeant sur la Marne pour la franchir entre la Ferté-sous-Jouarre et Château-Thierry. Ce mouvement paraît nettement dirigé contre la droite anglaise et la gauche de la Ve armée française. Une colonne allemande qui paraît constituer la droite allemande était aujourd'hui en marche de Nanteuil-l.e-Haudouin sur Meaux et Lizy-sur-Ourcq.

" Dans ces conditions Paris cessant d'être menacé, toutes les forces mobiles de l'armée de Paris doivent manœuvrer de manière à conserver le contact avec l'armée allemande et la suivre pour se tenir prêtes à participer à la bataille à prévoir (Phrases soulignées par la Rédaction).

" L'armée anglaise a fait connaître qu'elle se préparait à agir dans le même sens.

" II. La VIe armée poussera des reconnaissances de cavalerie dans les directions de Chantilly, Senlis, Nanteuil-le-Haudouin, Meaux et Lizy-sur-Ourcq...

" III. Demain (c'est-à-dire le 5) la VIe armée se mettra en mouvement dans la direction de l'est en se maintenant sur la rive droite de la Marne, de manière à amener son front à hauteur de Meaux et être prête à attaquer le 6 au matin en liaison avec l'armée anglaise qui attaquera sur le front Coulommiers, Changis. "

Mais, les directives du généralissime étant arrivées à la fin de la journée, cet ordre devint inopérant et ne fut expédié au général Maunoury que le 5 dans la journée.

Notons simplement le renseignement, qu'il contient sur la présence d'une colonne allemande qui se trouvait en marche le 4 de Nanteuil-le-Haudouin sur Meaux et Lizy-sur-Ourcq... Ce renseignement, conjugué avec celui de l'ordre n° 17 du gouverneur de 22 heures signalant un gros rassemblement allemand dans la région de Barcy, et le pont jeté à Trilbardou pouvait peut-être inciter le général Maunoury à penser que le 5 au matin, ce corps allemand constituant la droite allemande aurait également franchi la Marne. Les chances de rencontre avec l'ennemi pouvaient donc paraître minimes pour le 5 septembre.

A l'État-major de la VIe armée règne une activité fébrile au cours de cette nuit. Il s'agit de régler le changement de front de l'armée, d'organiser les ravitaillements de toutes natures, de préparer la recherche des renseignements pour le lendemain, de poursuivre le recomplètement des unités en personnel et matériel pour la bataille. Au cours de la retraite, les effectifs ont fondu, les ravitaillements ont été irréguliers. Il faut remettre tout cela d'aplomb au cours de la dernière journée avant l'engagement décisif.

A minuit, c'est-à-dire deux heures après la réception de l'ordre du général Joffre, l'ordre d'opérations n° 26 pour le déploiement de la VIe armée, est signé par le général Maunoury et quitte Le Raincy, à destination des unités subordonnées :

" I. La VIe armée va se déployer demain (6 septembre) sur le front Saint-Mesmes, forêt d'Ermenonville, en vue d' une offensive ultérieure vers l' Est. "

" II. Le général de Lamaze placera ses deux divisions accolées entre Saint-Mesmes et Saint-Mard inclus et se couvrant vers l'est par des avant-gardes poussées jusqu'à Montgé, le Plessis-aux-Bois, Charny. Il devra avoir tous ses éléments au sud de la grande-route Le Mesnil-Amelot, Dammartin à 8 heures.

Le 7e C. A. se formera par divisions échelonnées, la droite en avant et occupera face à l'est la ligne générale Dammartin, Othis, lisières est du bois de Saint-Laurent; il poussera ses avant-gardes jusqu'à Lessart, Eve et Ver. " III. Q. G. de l'armée, mairie de Raincy;

" Q. G. du groupe de D. R. : Thieux. "

Ces directives parviennent au Mesnil-Amelot, quartier général du général de Lamaze, en pleine nuit entre 1 heure et 1 h. 30 du matin. Sans retard, l'officier de service réveille le général tandis que l' Etat-major étudie la situation.

Il n'y a pas un instant à perdre en effet, si l'on veut que les instructions du général Maunoury atteignent les exécutants avant le lever du jour et que le gros des colonnes du groupe de divisions de réserve aient franchi pour 8 heures la grande route Le Mesnil-Amelot, Dammartin comme le prescrit l'armée.

A 4 heures, l'ordre général n° 13 du 5e groupe de divisions de réserve quitte Le Mesnil-Amelot.

Le général de Lamaze précise les nouvelles zones de stationnements affectées à ses divisions et les conditions d'exécution du mouvement pour les amener du nord-est vers l'est. Il importe d'éviter tout embouteillage avec; le 7e C. A. au cours des chassés-croisés que va amener le déploiement de toute l'armée vers l'Ourcq.

En conséquence, il décide que :

La 55e D. R. disposant des deux routes :

1° Moussy-le-Neuf, ferme de Stains, Thieux, Nantouillet, Vinantes, le Plessis-aux-Bois;

2° Mauregard, Le Mesnil-Amelot, Compans, poussera son avant-garde (cavalerie, 1 régiment d'infanterie et 1 groupe d'artillerie à Plessis-aux-Bois, et son gros dans la zone Vinantes, Nantouillet, Thieux (1 bataillon), Compans (1 bataillon).

La 56e D.R. ayant à sa disposition toutes les routes à l'est du chemin exclu Villeneuve, Thieux et au nord du chemin exclu Thieux, Juilly, portera son avant-garde à Montgé et son gros dans la région Saint-Mard, Juilly.

Les villages de Dammartin et Villeneuve devront être évacués pour 8 heures et ceux au sud de la route Thieux, Juilly inclus pour 7 heures, ceci afin de permettre à la 63e D. R. du 7e C. A. de venir s'établir de la région à l'est de Luzarches où elle faisait face au nord vers celle de Dammartin, face à l'est, où elle remplacera la 56e D. R.

La brigade marocaine couvrira le mouvement de la 55e D. R. au sud en se portant avec son gros à Saint-Mesmes, avant-garde à Charny.

Les avant-postes du groupe de divisions de réserve seront poussés sur la ligne générale Villeroy (Marocains), Iverny, Plessis-l'Évêque (55e D. R.), Cuisy, La Folie (56e D. R.). Enfin, il prescrit que les reconnaissances de cavalerie des divisions seront envoyées par la 55e D. R. sur Lizy-sur-Ourcq, par la 56e D. R. sur May-en-Multien et Mareuil-sur-Ourcq.

La brigade de cavalerie Gillet qui se trouve à droite du dispositif orientera de son côté ses reconnaissances sur Meaux et Varreddes.

 

L'ordre de mouvement de la 55e D.R.

 

On conçoit que l'heure tardive d'envoi de ces ordres n'ait pas permis aux échelons subordonnés de mûrir longuement leurs décisions, afin que les divisions alertées puissent être mises en route dès l'aube.

On peut admettre que cet ordre, expédié vraisemblablement par motocycliste, a touché le général commandant la 55e D. R. entre 4 h. 15 et 4 h. 30, au plus tard (du Mesnil-Amelot à Choisy-aux-Boeufs, il y a 4 kilomètres).

Le général Leguay par un ordre bref met sa division en marche sans perdre de temps.

Chacune de ses deux brigades se trouve établie sur un des itinéraires qui lui est imparti. Aussi, pour gagner du temps et pour évacuer le plus tôt possible la zone que doit traverser le 7e C. A., il décide que sa division marchera en deux colonnes jusqu'à Thieux.

A gauche : la 110e brigade, qui stationne à Moussy-le-Vieux (246e R. I.), Moussy-le-Neuf (231e R. I.), Vemars (276e R. I.) disposant en outre de la cavalerie divisionnaire et des groupes des 13e et 45e R. A. C. suivra l'itinéraire Moussy-le-Vieux, ferme de Stains, Thieux, Nantouillet.

A droite : la 109e brigade qui, en réserve, cantonne au Mesnil-Amelot (204e R. I.) et Mauregard (282e et 289e R. I.) fera mouvement par Mesnil-Amelot, Compans. Elle sera renforcée du groupe du 30e R. A. C.

Les deux colonnes devront avoir traversé pour 8 heures la route Mesnil-Amelot, Villeneuve, réservée au 7e C. A. Ce mouvement sera couvert face au nord par les avant-postes de la 110e brigade, qui resteront en place jusqu'à ce que toute la brigade soit passée, puis suivront ensuite le mouvement de cette colonne.

Cet ordre laconique, qui ne règle que la première partie du mouvement est sans doute expédié à 5 heures vers Moussy-le-Neuf, P. C. de la 110e brigade (distance : 4 kilomètres) et Le Mesnil-Amelot, P. C. de la 109e brigade (même distance). Les troupes des deux brigades viennent d'être alertées.

 

Mise en route de la 110e brigade.

Vers 5 h. 30, le général de Mainbray, commandant la 110e brigade, transmet à ses subordonnés l'ordre de la division en y ajoutant quelques prescriptions de détail :

" Point initial : Sortie sud de Moussy-le-Vieux. " Ordre de marche : Avant-garde : 246e R. I. passage au point initial, distance 1.500 m 6 h.

Gros :

231e (moins éléments aux avant-postes) 6 h. 30

Groupe du 13e R. A. C 6 h. 45

1er bataillon du 276e R. I 6 h. 55

1 groupe du 45e R.A. C 7 h.

1 bataillon du 276e R. I. 7 h. 10

" Les avant-postes ne rejoindront successivement la colonne que sur l'ordre qui leur sera envoyé par le colonel commandant le 276e R. I. à mesure que son régiment passera à leur hauteur. Ils formeront arrière-garde.

Cavalerie :. 1 peloton à l'avant-garde.

" Gros de la cavalerie se portera sur Rouvres puis sur Marchemoret éclairant sur les directions du nord et du nord-est et de l'est.

" Le général de brigade marchera en tête du gros. "

" Signé, P. 0. . RENAULT.

Pour contrôler la bonne exécution du mouvement, le général de Mainbray dépêche à Moussy-le-Vieux, point initial, le capitaine Renault, de son état-major.

La constitution de la colonne ne s'effectue malheureusement pas selon les ordres donnés. Ceux-ci n'ont atteint certains régiments que vers 6 heures. A cette heure précise, le 246e R. I. constituant l'avant-garde devait s'engager sur la route de Villeneuve-sous-Dammartin; or, ce n'est qu'à 7 h. 30 que le bataillon de tête de ce régiment défile devant le capitaine Renault qui s'efforce d'activer la marche. Le bataillon du 231e R. I. qui forme la tête du gros de la colonne ne passe qu'à 8 h. 5. Il en résulte un retard initial de près d'une heure trente-cinq minutes pour la brigade. L'ordre de l'armée ne peut s'exécuter : Villeneuve-sous-Dammartin qui devait être évacué par la 110e brigade pour 8 heures n'est libéré qu'à 10 heures. Cette modification dans l'horaire entraîne un retard sérieux dans la mise en place de la 63e D. R. du 7e C. A. qui doit , venir de Luzarches s'installer dans la région de Dammartin. Il a de plus, à notre avis, une répercussion importante sur le combat dans la région de Monthyon, que les Allemands vont pouvoir occuper avant nous, ainsi que nous le verrons plus loin.

 

Mise en route de la 109e Brigade.

 

Le général Arrivet est également touché par l'ordre du général commandant la 55e D. R. vers 5 h. 15. Ses instructions partent sans retard vers les exécutants, mais, comme à la 110e brigade, le premier bataillon de l'avant-garde ne peut passer au point initial à la sortie sud de Mesnil-Amelot que vers 7 h. 30.

Pourtant cette brigade est en réserve. Il semble donc qu'elle devrait pouvoir être rapidement déplacée. Sans doute la transmission des ordres aux différentes unités s'est-elle effectuée plus lentement. Quoi qu'il en soit, le unités se mettent en marche dans l'ordre suivant:

A l'avant-garde : le 204e R. I. qui cantonnait au Mesnil-Amelot. Pas de cavalerie, ni d'artillerie.

Au gros : le 282e R. I., encadrant un groupe du 30e R. A. C., puis le 289e R. I. formant l'arrière-garde.

Le général Arrivet marche en tête du 282e R. I. Le général Leguay et son état-major venant de Choisy-aux-Bœufs rejoignent le général commandant la 109e brigade à la sortie sud du Mesnil-Amelot et font route avec cette colonne.

La 109e brigade a donc un retard analogue à celui de la 110e brigade.

 

Le général Leguay précise ses ordres de marche.

 

Afin de perdre moins de temps, le général commandant la 55e D. R. s'est borné, à 5 heures du matin, à mettre en mouvement ses brigades. Cependant, avant de quitter son Quartier Général, il s'efforce de compléter ses ordres initiaux .

A 5 h. 30, le capitaine Chardigny, âme, de l'état-major de la 55e D. R., expédie à cet effet par motocycliste à Moussy-le-Neuf, à la 110e brigade, puis à Mesnil-Amelot par cycliste à la 109e brigade, ce premier message :

" Têtes des gros de chaque colonne devront atteindre à 7 h. 45 la voie ferrée à Thieux et Compans. "

Le général Leguay est préoccupé, en effet, de cette servitude qui lui est imposée par l'armée de libérer pour 8 heures la route Mesnil-Amelot Villeneuve, mais cette prescription complémentaire ne pourra malheureusement compenser la transmission tardive des ordres aux exécutants.

A 6 h. 30, le capitaine Chardigny rédige et expédie de Choisy-aux-Boeufs un nouveau message pour le général de Mainbray, destiné à l'orienter sur son point de destination définitif.

Le général Leguay estime, en effet, qu'il est inutile de faire marcher, à partir de Thieux, sa division sur deux colonnes. La 109e brigade sera d'ailleurs, à partir de cette localité, presque arrivée dans sa nouvelle zone de cantonnement. Il sera donc nécessaire de donner à la 55e D. R. un dispositif de marche normal :

" L'avant-garde de la 110e brigade (cavalerie, 1 R. I., 1 groupe) qui forme en même temps avant-garde de la D. I. sera poussée jusqu'à Plessis-aux-Bois.

" Tête gros 110e brigade s'arrêtera à Vinantes où cantonnera le reste de la brigade et 1 groupe.

" CHARDIGNY."

" Nota. - Envoyer un cycliste de liaison à la colonne de droite où marche le général.

" Prière de vouloir bien donner l'ordre au lieutenant-colonel commandant la cavalerie (Lieutenant-colonel Patissier.) d'envoyer dès maintenant une reconnaissance d'officier sur Lizy-sur-Ourcq. "

Un ordre particulier analogue expédié vers la même heure prescrit à la 109e brigade d'aller stationner en fin de marche dans la région Trois-Villes, Compans, Nantouillet.

Ainsi, pressé par le temps, le général commandant la 55e D. R. a-t-il dû fractionner son ordre de mouvement en une série d'ordres successifs.

 

La 56e D. R. s'achemine de la région Dammartin vers Montgé.

 

A la gauche de la 55e D. R., la 56e D. R., sous les ordres du général de Dartein, se met en branle à 6 heures de la région de Dammartin pour atteindre la croupe boisée de Tillières, au nord de Montgé, en passant par Saint-Mard et Juilly.

L'étape est courte : à peine 8 kilomètres, soit deux heures de marche pour les unités les plus éloignées.

Le déplacement de la 55e D. R. sera donc couvert, face au nord, par celui de la 56e D. R.

L'avant-garde de cette division, sous le commandement du général Cornille, commandant la 112e brigade, comprend : 1 escadron, le 361e R. I. (2 bataillons), le 65e bataillon de chasseurs, le groupe du 40e R. A. C. (commandant Vidal). Elle doit se porter sur Montgé et établir ses avant-postes de fin de marche à Cuisy et La Folie (1 kilomètre sud-ouest de Marchemoret).

Le gros doit venir s'établir à Juilly (350e R. I., 69e bataillon de chasseurs et 25e R.A.C.) et Saint-Mard (111e brigade) (colonel Bonne).

Comme à la 55e D. R., ce mouvement s'effectue sous la protection des avant-postes qui restent en place sur la hauteur de Dammartin jusqu'à ce qu'ils soient dépassés. A 9 h. 45, la 56e D. R. a atteint son objectif de marche. Le gros de l'avant-garde stationne à l'entrée de Montgé pendant qu'on prépare le cantonnement. L'escadron divisionnaire patrouille du côté de Cuisy.

 

La brigade marocaine couvre la droite de la 55e D.R.

 

Le 4 au soir, la brigade Ditte (La brigade Ditte est composée uniquement d'indigènes marocains recrutés dans l'ancienne armée chérifienne. Venant du Maroc à la mobilisation, elle rejoint le camp de Châlons le 21 août, puis est rattachée à la VIe armée.) est, comme nous l'avons vu, déployée défensivement sur le front Trois-Villes, Saint-Mesmes, Messy. En exécution de l'ordre n° 13 du général de Lamaze, elle doit porter son avant-garde sur Charny, pour préparer le mouvement offensif ultérieur. Cet ordre parvient à 5 h. 45 à Mitry-Mory, P. C. du général Ditte. Le 2e régiment de chasseurs indigènes est poussé en avant-garde sur Charny qu'il occupe à 7 h. 40. Le 1er régiment indigène se rassemble en deuxième échelon à Messy.

 

La 55e D. R. marche sur le Plessis-aux-Bois.

(Voir croquis n° 1)

La chaleur se fait désagréablement sentir sur ces routes peu ombragées d'Ile-de-France. Par endroits, la chaussée pavée rend la marche difficile. Les colonnes de la 55e D. R. s'étirent dans la grande plaine déserte.

Les cols sont dégrafés, les cravates enlevées, les mouchoirs à carreaux servent de couvre-nuques, les manches de capotes sont relevées aux poignets. Dans certaines unités, du 276e R. I. notamment, quelques hommes n'ont plus de sacs. Ceux-ci ont été soit abandonnés pendant l'épuisante retraite, soit capturés par les uhlans avec les voitures de réquisition sur lesquelles ils avaient été chargés. De nombreux réservistes, malgré les soins donnés le 4, ont les pieds en sang et avancent soutenus par leurs camarades ou en s'appuyant sur un bâton. Quelques officiers soulagent leurs hommes, en prenant à tour de rôle leurs bardas. Au 5e bataillon du 246e R.I., qui marche en avant-garde, certains capitaines ont mis pied à terre et marchent en tête pour encourager les réservistes. L'un d'eux a même chargé quelques sacs sur sa monture. Cependant, malgré l'étape étouffante et monotone, l'état d'esprit reste excellent : on marche vers la bataille. Personne ne songerait à abandonner la colonne. Les régiments de la division, nous l'avons dit, comportent de nombreux Parisiens, aussi les plaisanteries ne cherchent-elles qu'une occasion pour s'exercer.

 

 

Les villages traversés sont presque entièrement évacués par la population en prévision de l'arrivée de l'ennemi. L'exode lamentable des réfugiés des départements envahis, leurs récits horrifiants ont incité les habitants de l'Ile-de-France à mettre la distance entre eux et les hordes barbares qui s'avancent en semant la dévastation. Toutefois, par-ci, par-là, quelques habitants plus courageux sont restés fidèles à leurs foyers. Pris de compassion pour nos soldats harassés, ils ont placé devant leurs portes des seaux d'eau et même de cidre, dans lesquels les plus assoiffés plongent leurs quarts. Aussi, la traversée des villages disloque-t-elle les colonnes et les officiers ont du mal de maintenir la stricte discipline de marche.

Aux haltes horaires, de nombreux éclopés rejoignent leurs compagnies. Pour atteindre Le Plessis-aux-Bois, l'avant-garde de la division a une étape de 17 kilomètres à faire. Vers 9 h. 30, le 246e traverse Thieux et s'engage sur la route de Juilly. Le peloton du 32e dragons qui éclaire la division signale Nantouillet et Vinantes libres d'ennemis.

Cependant, un sergent-major de la compagnie Tournié (18e) du 246e qui marche à la pointe de l'avant-garde, signale des cavaliers ennemis à la sortie sud de Nantouillet. Le capitaine étonné monte sur un talus de la route et explore le village à la jumelle : ces cavaliers ennemis ne sont autres que des éclaireurs marocains, burnous au vent, rejoignant leur régiment à Saint-Mesmes. Nos troupes métropolitaines n'ont pas eu l'occasion de voir en temps de paix l'étrange uniforme des Marocains, aussi le doute est-il permis.

A Thieux, au passage, on constate une certaine activité. Des officiers d'état-major affairés, des secrétaires actifs; portant des caisses d'archives, des dossiers, des machines à écrire s'empressent autour de la mairie. Des plantons recensent les maisons. Des estafettes et des cyclistes vont et viennent. Que se passe-t-il?

La réponse arrive bientôt : A la sortie est du village, des commandements se font entendre en tête de la colonne, répercutés de compagnies à compagnies : " Pas cadencé, Marche ! L'arme sur l'épaule... "

L'ordre se remet rapidement dans les rangs sur lesquels on voit toutefois les fusils des éclopés flotter à contretemps...

Au carrefours de Trois-Villes, sur le côté de la route, se tient, en effet, le général de Lamaze qui est arrivé à son nouveau P. C., juste derrière l'avant-garde et que vient bientôt rejoindre le général Leguay.

Fin cavalier, à l'allure élégante et martiale, le commandant du groupe de divisions de réserve scrute d'un regard perçant les yeux des réservistes braqués sur lui. Son impression est excellente : on peut compter sur tous ces braves gens, résolus à vaincre ou à périr pour le salut de la Patrie.

Le général échange quelques mots avec le général de Mainbray et avec quelques officiers qu'il reconnaît au passage.

Dans un champ, près de lui, des sapeurs dressent une antenne de T. S. F.

Au moment de l'arrivée de la 110e brigade à Thieux, un embouteillage s'est produit. La 109e brigade qui doit aller cantonner à Vinantes et Nantouillet est arrivée au carrefour 92 (3 km. 500 sud-ouest de Thieux) vers 8 h. 30. Le 204e R. I.; avant-garde de la colonne de droite, continue sur Compans où il doit normalement cantonner. Mais le reste de la brigade qui marche sur Thieux et Nantouillet est obligé de stopper au carrefour de Trois-Villes pour laisser passer la 110e brigade, qui doit, à partir de cette localité, constituer l'avant-garde générale de la division.

De ce fait, la brigade Arrivet est contrainte de s'arrêter jusqu'à 11 heures. La chaleur devenant de plus en plus pénible, les hommes s'affalent dans les fossés, à l'ombre précaire des peupliers qui bordent la route, et s'endorment d'un sommeil de plomb, tandis que ceux qui sont arrêtés à proximité de la localité vont cueillir des fruits dans les vergers.

Aussi, autour de Thieux se concentre involontairement toute la division belle cible pour une aviation ennemie active, fort heureusement inexistante.

 

La 55e D.R. reçoit l'ordre de pousser jusqu'à Monthyon.

 

Tandis que la 110e brigade achemine son avant-garde sur Le Plessis-aux-Bois, son objectif de fin de marche, conformément à l'ordre n° 26 du général Maunoury, un officier d'état-major, vers 9 h. 40, avertit le général de Lamaze, qui est toujours posté au carrefour de Trois-Villes, que des ordres viennent d'arriver.

Ce sont de nouvelles directives de la 6e armée datées de 7 h. 45, établies en fonction de l'ordre général n° 6 du général Joffre arrivé au Raincy à 3 h. 10. Le général de Lamaze s'étant déplacé du Mesnil-Amelot à Thieux, ces instructions avaient dû courir après lui.

Aux termes de celles-ci, l'armée devait, comme nous l'avons dit, s'établir le 5 septembre au nord-est de Meaux, c'est-à-dire plus à l'est de la ligne Montgé, Le Plessis-aux-Bois, Villeroy que ses avant-gardes vont atteindre.

" D'après une directive du G. Q. G., il est nécessaire, écrit le général Maunoury (Ordre n° 28 du général commandant la 6e armée au général commandant le groupe de D.R.), que vous poussiez dès aujourd'hui vos avant-gardes jusque sur la ligne Penchard, Monthyon, Saint-Soupplets. A votre gauche, le 7e C. A. arrêtera ses avant-gardes à Lessart, Ève et Ver, comme il est prévu. Votre gros (y compris le T. C.) devra être , échelonné entre la ligne Villeroy, Iverny, Montgé et la ligne incluse Compans, Villeneuve-sous-Dammartin.

" Il est très important que vous fassiez reconnaître les directions de Nanteuil, Lizy-sur-Ourcq et Meaux. "

..........................

Le général de Lamaze ne perd pas un instant et répercute ces directives à ses divisions par un ordre particulier qui est remis directement au général Leguay (Voir carte n°1).

" Thieux : 10 heures. " Sur ordre du général commandant l'armée, poussez :

" Votre avant-garde du Plessis-aux-Bois sur Monthyon;

" 2° La tête de votre gros au Plessis-aux-Bois.

" Rien de changé au restant de votre cantonnement.

" Veillez bien à pousser les reconnaissances prescrites sur Lizy-sur-Ourcq, direction importante à éclairer. " Puis il précise, à 11 heures, par un additif à l'ordre général d'opérations n° 13, la ligne sur laquelle les divisions doivent établir leurs avant-postes en fin de marche et qui est jalonnée par Crégy, Mansigny, la ferme Fescheux, la sortie nord-est de Saint-Soupplets, la 55e D. R. allant de Pringy inclus au ruisseau du Bois Collot inclus.

 

Le 6 septembre sera journée de bataille décisive.

 

Le général Leguay est encore auprès de lui à Trois-Villes, au moment où une instruction secrète de la 6e armée relative à la bataille qui se prépare est remise au général de Lamaze. Celui-ci lui en donne communication et y ajoute quelques prescriptions .

" Les 5e et 6e armées françaises et l'armée anglaise vont concentrer demain 6 septembre leurs efforts concordants sur la Ire armée allemande dont la situation paraît aventurée..... "

" Des renseignements et instructions reçus du général en chef et du général commandant la 6e armée, il résulte que les opérations qui vont se dérouler demain et les jours suivants doivent avoir un résultat décisif pour nos armes et par suite pour le pays. Devant un pareil but à atteindre, toute considération de fatigue et de ménagement doit momentanément disparaître, tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour assurer le succès coûte que coûte. "

Ainsi, la situation résultant de tous ces ordres est bien nette : pour aujourd'hui 5 septembre, il s'agit simplement de gagner une base de départ pour l'offensive du 6 vers l'Ourcq. Il n'est pas question de possibilité de rencontrer l'Allemand au cours de ce mouvement mais bien de s'apprêter à tomber dans le flanc d'un ennemi dont la situation " paraît aventurée ".

 

Le stationnement prévu pour la 55e D. R. dans la nuit du 5 au 6.

 

Le général Leguay lance vers 10 h. 15, de Trois-Villes, son ordre de stationnement pour le 5 septembre soir, en fonction de ces nouvelles directives :

Le Q. G. de la 55e D. R. va s'établir à Nantouillet. La 110e brigade portera son avant-garde à Monthyon (246e R. I., cavalerie et groupe du 13e R. A. C.). Ses avant-postes seront établis aux fermes Fescheux et des Anglais, à Pringy et à Automne.

Le gros de la brigade cantonnera à Plessis-aux-Bois (231e R. I.), Plessis-l'Evêque (état-major et 6 compagnies du 276e R. I.) Iverny (2 compagnies du 276e R. I.), La Baste et Iverny (groupe du 45e R.A.C.). P. C. de la brigade : Plessis-l'Evêque.

La 109e brigade stationnera à Vinantes, Nantouillet (E.-M), Thieux, Compans. Le groupe du 30e d'artillerie s'installera à Vinantes.

 

Sans nouvelles de l'ennemi.

 

(Voir croquis panoramique n° 2.)

 

Revenons maintenant aux troupes.

Vers 11 heures, la chaleur devient de plus en plus accablante, la colonne poursuit sa marche fatigante.

Les éclaireurs montés du 246e fouillent Le Plessis-aux-Bois et scrutent la plaine vers Monthyon; l'avant-garde, cheminant par le petit chemin de terre absolument dénudé qui, de Nantouillet à La Baste, passe par la cote 117, approche de la localité où elle devait primitivement cantonner. Les hommes sont heureux, l'étape a été rude, mais on va enfin pouvoir se délasser. Les campements sont poussés en avant. Dans une heure, la soupe consommée, on s'allongera dans les granges. Seuls, quelques éléments d'avant-postes continueront sur Iverny.

Mais voici une estafette qui rattrape l'avant-garde et tend un ordre au lieutenant-colonel Chaulet : la brigade va stationner dans la région Plessis-aux-Bois, Monthyon. L'avant-garde poussera jusqu'à Monthyon et tiendra la ferme Fescheux; la ferme des Anglais, Pringy et Automne.

Le colonel fait part de cet ordre au commandant Brun, commandant la tête d'avant-garde. Tous deux se montrent déconcertés et anxieux. Déconcertés, car les hommes sont harassés et il s'agit encore de faire plus d'une lieue sous un soleil de plomb. Anxieux, car de l'ennemi on ne sait rien. Dans le lointain, vers Saint-Soupplets, on a perçu tout à l'heure une fusillade, puis plus rien, et d'autre part, depuis le dernier renseignement reçu de La Baste du peloton du 32e dragons qui éclaire vers Monthyon, on est sans nouvelles de nos cavaliers. Iverny et Le Plessis-l'Évêque, qui se détachent sur la crête à 1.200 mètres sont ils occupés ? Il est étrange que nos cavaliers n'aient rien fait savoir.

Que sont-ils devenus ? Se sont-ils heurtés à l'ennemi ? Cette fusillade a-t-elle été provoquée par eux ?

Depuis plusieurs jours, on est certes bien habitué à ces escarmouches avec les avant-gardes ennemies. Hier encore, du côté de Dammartin, on échangeait des coups de feu avec des patrouilles de cavalerie allemande trop audacieuses ? Notre faible peloton d'avant-garde serait-il tombé dans une embuscade ? Les Allemands ont coutume de laisser les reconnaissances de cavalerie approcher et de les fusiller à bout portant ou bien de les laisser pénétrer dans leurs lignes et de les capturer. On se perd en conjectures.

A 11 h. 30, après une courte pause à proximité du Plessis-aux-Bois, le lieutenant-colonel Chaulet fait reprendre le mouvement à l'avant-garde. Elle est d'ailleurs talonnée par le reste de la brigade qui s'avance sur Le Plessis-aux-Bois et qui est impatient d'atteindre ses nouveaux cantonnements de fin de marche.

A cette anxiété du commandant de l'avant-garde d'ailleurs s'en ajoute une deuxième. S'il est ainsi privé de sa cavalerie, son artillerie d'appui, le groupe du 13e R. A. C. risque également de lui faire défaut au moment peut-être le plus critique, l'occupation de la butte de Monthyon, son objectif.

Au départ de Villeneuve-sous-Dammartin, en effet, le commandant de l'avant-garde, ne sachant pas si les hauteurs de Tillières étaient occupées par l'ennemi avait prescrit au commandant de ce groupe de se mettre en batterie vers la cote 105, à l'ouest de la voie ferrée de Compans au Plessis-Belleville, prêt à appuyer son régiment au cas où il devrait attaquer les hauteurs de la cote 117 à l'est de Nantouillet : mesure très judicieuse.

Ayant appris, vers 9 heures, que les hauteurs de Montgé étaient libres, il avait eu soin d'expédier, vers 9 h. 30, de Nantouillet au commandant du groupe, un cycliste porteur d'un ordre lui prescrivant de rejoindre l'avant-garde et de lui envoyer un agent de liaison.

Ce cycliste avait bientôt rencontré le groupe en mouvement sur la route de Thieux à Nantouillet et ayant dépassé la voie ferrée avant même d'avoir reçu l'ordre du commandant de l'avant-garde. Le capitaine commandant ce groupe, après avoir lu le billet, avait répondu à l'agent de liaison : " Dites au colonel Chaulet que je reprends ma liberté d'action et que je me dirige seul et directement sur mon cantonnement du Plessis-aux-Bois. Il est inutile, ajoute-t-il, de lui envoyer un agent de liaison, puisque je me considère comme n' étant plus sous ses ordres. "

Cette attitude avait vivement surpris le lieutenant-colonel Chaulet, qui en avait rendu compte de suite au général de Mainbray. Cette indépendance peut paraître étrange, peut-être s'explique-t-elle par le fait que personne ne comptait rencontrer l'ennemi au cours de la marche du 5 septembre. Peut-être le commandant du groupe avait-il, étant donné la chaleur et la fatigue, estimé que, dans ces conditions, il était nécessaire d'atteindre le plus tôt possible le cantonnement, puisque les fantassins devaient déjà être arrivés au gîte d'étape.

Cette initiative aurait pu avoir de graves inconvénients, mais cependant, sans que le commandant de l'avant-garde ne s'en doute, elle va avoir l'avantage que ce groupe sera ainsi, à 13 heures, déjà en position d'attente dans la région d'Iverny au moment précis ou son intervention immédiate sera nécessaire.

Une semblable attitude n'est toutefois pas à approuver.

Aussi, la reprise du mouvement de l'avant-garde vers le nouvel objectif se fait-elle avec la plus grande circonspection. Des patrouilles sont envoyées vers Iverny et Le Plessis-l'Evêque. La compagnie Tournié; qui marche à la pointe, reçoit l'ordre de reconnaître Iverny avant que le gros de l'avant-garde ne s'y aventure. Pendant ce temps, le reste du 5e bataillon attend à la sortie ouest du village le résultat de la reconnaissance:

Vers 12 h., Iverny est occupé sans encombre; Le Plessis-l'Évêque est signalé libre d'ennemis.

Au delà d'Iverny, s'étend une vaste plaine légèrement ondulée, traversée seulement par quelques rideau d'arbres qui jalonnent soit des chemins encaissés, soit des ruisseaux. A l'horizon, à 4 kilomètres, s'élève la butte de Monthyon semblable à une forteresse. Elle domine la plaine d'une soixantaine de mètres. Vers le nord, à 2 kilomètres, le bois de Tillières surplombe également le terrain de progression de l'avant-garde de plus 70 mètres.

C'est dans cette direction que tout à l'heure on a perçu des coups de feu. Que recèle cet éperon boisé, sombre, mystérieux ? Y avons-nous du monde ?

Vers 10 heures du matin, en débouchant de Thieux, le colonel commandant le 276e R. I., qui marchait au gros de la 110e brigade, avait déjà manifesté une inquiétude semblable et avait détaché vers ce bois la 24e compagnie (lieutenant Jacomet) de son régiment, avec mission de rechercher la liaison avec les troupes que l'on voyait à Montgé, Cuisy, et de flanc-garder la division dans cette direction.

Le général de Mainbray lui-même avait cependant déjà détaché au nord de la croupe boisée, vers Marchemoret, ce matin, au départ des cantonnements, le gros de la cavalerie divisionnaire. Toutes ces mesures montrent la prudence avec laquelle la division s'engage sur Monthyon, craignant surtout pour son flanc gauche, bien que rien dans les bulletins de l'armée puisse faire prévoir une rencontre avec l'ennemi.

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