UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE I

A L'AUBE D'UN JOUR DE BATAILLE

 

A l'aube du 5 septembre, une grande animation règne sur le Plateau de l'Ile-de-France, au sud de la région boisée de Chantilly et d'Ermenonville, vers Dammartin et sur la Biberonne. Toute une armée, hier démoralisée et harassée, s'éveille animée d'un souffle nouveau d'enthousiasme et d'espoir.

Dans les cantonnements et bivouacs de la VIe armée française, aux portes de la capitale en danger, au moment où l'aurore allume ses pâles lueurs sur les champs de bataille de demain, une nouvelle extraordinaire court sous le manteau :

" On repartirait bientôt en avant ! les mauvais jours sont révolus, Paris serait défendu ! "

A la 55e D. R., à cette perspective, la satisfaction et la détermination se reflètent sur les visages hâves, émaciés des réservistes presque tous originaires " du Crécy, du Multien et du Voulangis " : on va se battre pour défendre ses propres foyers - dont beaucoup discernent aux environs le clocher trapu émergeant dans la plaine au milieu d'un bouquet d'arbres.

Finie cette frénétique et humiliante retraite, sans combat, jour et nuit devant les cavaliers enhardis de Von Kluck ! Finies ces épuisantes étapes sans repos pour se soustraire à l'accrochage si ardemment recherché par les troupes impériales !

Joffre va défendre la capitale, dit-on, et la rumeur ajoute que Gallieni a fait placarder partout sa ferme volonté de remplir son mandat jusqu'au bout.

" A cette nouvelle (Avec Ch. Péguy, de Victor Boudon, p. 124.), écrit Victor Boudon, un glorieux soldat de la 55e D. R., subordonné de Charles Péguy, le vent de découragement qui soufflait les jours précédents tombait subitement en face du péril que nous sentions tous. "

Ainsi, tandis que dans les états-majors on forgeait activement ces ordres desquels allait sortir bientôt une des plus grandes victoires de l'histoire, la rumeur, devançant les messagers les plus rapides, avait déjà apporté la nouvelle réconfortante.

 

La 55e division de réserve.

 

Voyons donc ce qu'est et ce qu'a déjà fait cette 55e D. R. dont nous nous proposons d'étudier l'action au cours de ces deux mémorables journées.

Depuis le 4 au matin, elle stationne dans la région Ménil-Amelot, Vemars, Moussy-le-Neuf, Moussy-le-Vieux, à 20 kilomètres au nord-est de Paris, qu'elle a pour mission de défendre.

Commandée par le général Leguay, ancien fantassin, elle fait partie du 5e groupe de divisions de réserve du général de Lamaze et de la VIe armée (général Maunoury).

Depuis le 2 septembre, cette VIe armée est rattachée au camp retranché de Paris dont elle constitue la principale force active, mais, pour faciliter la coordination des opérations, elle continue de dépendre, ainsi que le général Gallieni, du Grand Quartier général.

A ce titre, elle recevra directement, pendant toute la bataille à venir, les directives du général Joffre, le général Gallieni en étant tenu au courant.

Constituée à la mobilisation; entre le 2 et le 3 août, dans la 5e région, au moyen de réservistes provenant comme nous l'avons dit, de Seine, de Seine-et-Marne et même de l'Yonne, elle comporte deux brigades d'infanterie, composées de régiment de formation :

la 109e brigade (général Arrivet) comprenant les 204e R.I. (Auxerre), 282e R. I. (Montargis) et 289e R. I. (Sens); la 110e brigade (général de Mainbray) comportant les 246e R. I. (Fontainebleau), 231e R. I. (Melun), 276e R. I. (Coulommiers).

Cavalerie : 2 escadrons de réserve du 32e dragons. Artillerie : 3 groupes de 75, soit : 1 groupe du 13e R. A. C., 1 groupe du 45e R. A. C., 1 groupe du 30e R. A. C.

Chaque régiment de réserve d'infanterie ne comporte que 2 bataillons et 2 sections de mitrailleuses. Son effectif s'élève en moyenne à 37 officiers, 184 sous-officiers et plus de 2.000 hommes.

La 55e D. R., comme toutes les divisions de 1914, ne comprend ni artillerie lourde, ni aviation.

 

Ses opérations jusqu'au 4 septembre.

 

Bien que division de réserve, en campagne depuis trois semaines, elle a vu le feu et possède un journal de marche déjà bien rempli.

Concentrée le 10 août, par voie ferrée, dans la région de Saint-Mihiel, elle est tout d'abord chargée de l'occupation défensive des Hauts-de-Meuse, entre Liouville et Buxerulles, puis, du 17 août au 24 août, elle reçoit mission d'assurer la couverture de la IIIe armée face à Metz, dans la Woëvre, entre Pont-à-Mousson et Chambley.

Appelée d'urgence vers le nord de la Woëvre, le 25 août, elle se heurte sur l'Orne aux avant-gardes ennemies dans la région de Conflans-Jarny, Puxe, où certains de ses éléments reçoivent le baptême du feu.

Le 26 août, retirée précipitamment du front de Lorraine, elle s'embarque en chemin de fer autour de Saint-Mihiel, d'où elle est transportée sur la Somme, dans la région de Roye. Elle passe ainsi à l'extrême aile gauche du dispositif stratégique franco-anglais, où elle est rattachée à la VIe armée, en voie de constitution dans la région de Montdidier.

Cette armée a pour mission initiale de menacer le flanc droit des armées allemandes, mais, devant la rapidité de la progression de la Ire armée de Von Kluck, elle est contrainte de suivre le mouvement de retraite des armées voisines. Le 30 août, après avoir livré quelques escarmouches d'avant-postes sur l'Avre, les 29 et 30 août au matin dans la région à l'ouest et au sud de Roye, à Guerbigny, à Tilloloy, à l'échelle Saint-Aurin, la 55e D. R. se décroche et se retire rapidement, selon les ordres du haut commandement, par Liancourt et Chennevières-les-Louvres, jusqu'à la région ouest de Dammartin-en-Goële où nous venons de la trouver.

 

État physique et moral.

 

Dans quel état physique et moral est-elle à ce moment a Les trois dernières journées de retraite ont été particulièrement épuisantes pour les réservistes encore imparfaitement aguerris. Du 1er au 3 septembre, en effet, la 55e D. R. a effectuée près de 150 kilomètres marchant presque sans arrêt " marche rendue encore plus pénible par la grande chaleur, le manque de sommeil et de nourriture ", écrit V. Boudon dans son ouvrage Avec Charles Péguy. Aussi la fatigue dépasse-t-elle tout ce que l'on peut imaginer.

L'état moral, fonction de l'état physique, est très déprimé à la VIe armée le 4 septembre, pendant cette phase ultime de son repli. Le général Palat le dépeint ainsi :

" Sa cohésion avait souffert de sa longue retraite précipitée. De sombres et mauvaises nouvelles, des bruits de trahison augmentaient le découragement général. La 55e D. I. qui avait marché en toute hâte et sans arrêt n'offrait pas un beau spectacle. De nombreux traînards étaient assis sur les voitures et les pièces de canons. La division était dans un désordre indescriptible. "

Aucun encouragement d'ailleurs ne venait à ce moment rehausser le moral. Depuis un mois, les réservistes brûlaient du désir de se battre. A deux reprises, en Woëvre d'abord, puis au sud de l'Avre, la 55e D. R. s'était portée avec entrain au devant de l'ennemi, mais par une singulière fatalité, elle avait reçu deux fois, sans en comprendre la raison, l'ordre de rompre le combat dès les premiers coups de feu. Une troisième fois, elle s'était crue appelée à arrêter l'ennemi dans des conditions favorables à Breuil-le-Sec et Catenoy et s'y était préparée avec ardeur : avant même que l'ennemi fut en vue, ordre était arrivé de reprendre la retraite. Pourquoi ? Pourquoi le commandement faisait-il exprès de livrer aux Allemands tout le Nord de la France et de laisser menacer Paris ? L'idée de trahison effleurait l'esprit de certains hommes ! " Si c'est pour jeter nos cartouches dans la Seine qu'on nous les fait porter, disait un réserviste, j'aime mieux les jeter tout de suite. "

De plus, derrière les divisions en retraite, s'étendait le flamboiement sinistre des incendies. Dans les colonnes, venaient se mêler pêle-mêle les fuyards du Nord, qui encombraient les routes. " Les femmes demi-nues et folles d'horreur les rejoignaient et se jetaient dans leurs rangs comme en suprême asile, un torrent de désespoir menaçait d'entraîner les soldats et de les perdre à tout jamais (José Roussel Lépine, Les champs de l'Ourcq, p. 78). "

En dernier lieu, enfin, la retraite à travers les forêts de Chantilly et d'Ermenonville avait été particulièrement dure le 2 septembre et avait achevé de briser la résistance des troupes.

" Il faut avancer rapidement, écrit Boudon, dans l'obscurité, les pieds déchirés, ensanglantés par la marche, enfonçant presque entièrement dans la couche épaisse de sable fin des allées, l'œil scrutant de tous côtés, épiant les moindres bruits, dans la certitude où nous sommes d'être entourés d' ennemis (Avec Ch. Péguy, ouvrage cité, p. 117).

Aussi, au débouché des forêts, en arrivant à Luzarches le 3 septembre, au terme de la retraite, l'état physique et moral sera-t-il des plus pénibles.

" A la sortie du pays, relate encore V. Boudon, vers 3 heures du matin, parmi l'indescriptible désordre du corps d'armée, des régiments entiers sont couchés sur la bordure des trottoirs, à même la terre, épuisés.

" Dans la nuit brumeuse se reflètent les grands feux allumés au milieu des champs et autour desquels les milliers d'hommes qui se chauffent, dessinent dans le brouillard des ombres fantastiques.

" Pourquoi ne pas dire que cette cohue qui nous donne l'image la plus saisissante, peut-être, de la retraite, cette troupe confuse, cette masse grouillante d'hommes, de chevaux qui ne tiennent plus debout, laissent une impression pénible de déroute, puisque quelques jours après, par un miracle d'énergie, ces mêmes troupes brisées et paraissant anéanties, remportaient cette Victoire tant désirée, la plus grande, la plus belle des Victoires, la Victoire décisive que tous voulaient parce qu'il fallait qu'elle fût (Avec Ch. Péguy, op. cit., p. 126.). "

Ce sont donc ces troupes, hier harassées et démoralisées, que nous allons voir combattre héroïquement, les 5 et 6 septembre, avec l'énergie du désespoir, pour arracher la victoire aux Allemands arrivés aux portes de Paris.

Avant d'étudier les conditions de l'offensive de l'Ourcq, retraçons sommairement le dispositif général des forces de la VIe armée et de la 55e division en particulier à la veille des combats. Nous saisirons mieux ensuite les conditions qui ont présidé à la rencontre.

La VI e armée et la 55e D. I., le 4 au soir (voir carte au 80.000e).

 

 

Au cours de la journée du 4, le général Maunoury a disposé son armée en équerre :

7e C. A. face au nord, surveillant les débouchés des forêts de Chantilly et d'Ermenonville;

Groupe de divisions de réserve (55e D. R., 56e D. R., brigade marocaine du général Ditte), face à l'est et au nord-est, couvrant dans cette direction le camp retranché de Paris.

L'armée s'est organisée défensivement : une position de résistance est en cours d'organisation sur le front général : Moulin de Gressy (à 1.200 mètres ouest de Gressy), croupe 105 (1 kilomètre est de Compans), Nantouillet, les hauteurs de Dammartin-en-Goële, la butte de Montrepin, Moussy-le-Neuf et Vemars.

Une position d'avant-postes, jalonnée par Messy, Vineuil, Vinantes, Rouvres, Othis, Ferme de Saint-Ladre-des-Bois (2 km. 500 d'Othis), Pierre-Vizier (1.200 mètres nord de Moussy-le-Neuf) couvre cette position de résistance.

La 55e D. R. ayant à sa gauche la 14e D. I. du 7e C. A., et à sa droite la 56e D. R. (général de Dartein), tient dans la nuit du 4 au 5 septembre le secteur compris entre la ligne Plailly, Vemars inclus et la ligne incluse Le Mesnil-Amelot, Moussy-le-Vieux, Butte de Montrepin.

La brigade de Mainbray (110e) occupe la position principale et fournit les avant-postes :

Le 231e R. I. (lieutenant-colonel Renard) est à Moussy-le-Neuf, le 276e R. I. (lieutenant-colonel Lejeune) à Vemars, le 246e R. I. (lieutenant-colonel Chaulet) à Moussy-le-Vieux. Le général de Mainbray s'est installé à Moussy-le-Neuf. Un groupe de 75 cantonne dans chacun de ces villages.

La brigade Arrivet ( 109e) est en réserve :

282e R. I. (lieutenant-colonel Courtin) et 289e R. I. (lieutenant-colonel Ducros) cantonnent à Mauregard avec la cavalerie, le 204e R. I. (lieutenant-colonel Guy) est à Mesnil-Amelot.

Le général Arrivet a établi son poste de commandement au Mesnil-Amelot, siège également du Q. G. du général de Lamaze.

Le général Leguay, commandant la division, a quitté Moussy-le-Vieux pour établir son poste de commandement à la ferme de Choisy-aux-Boeufs, entre Moussy-le-Neuf et Mauregard, point plus central dans sa division.

A l'extrême droite du groupe de divisions de réserve, la brigade marocaine du général Ditte (1er et 2e régiments de chasseurs indigènes) qui lui est rattachée, stationne dans la zone Nantouillet, Saint-Mesmes, Cressy, Claye, Mitry-Mory, Compans.

Dans l'ensemble, la journée du 4 septembre a permis à la VIe armée de se reposer, de se reconstituer, et de reprendre de la cohésion.

Les commandants d'unité ont profité du répit pour réorganiser leurs unités, recompléter le matériel et les vivres, améliorer la nourriture, enflammer le moral.

Pour la première fois d'ailleurs depuis plus d'une dizaine de jours, le courrier est distribué, et ce fait constitue un des plus puissants des réconforts car, pendant la retraite, le manque de nouvelles facilitait la démoralisation et déprimait les énergies.

La nuit du 4 au 5 a été très calme. Seuls les projecteurs du camp retranché ont inlassablement fouillé les nues à la recherche de zeppelins ou de taubes. Quelques patrouilles allemandes ont bien rôdé devant les avant-postes, mais sans attaquer : avant la grande prise d'armes, les adversaires se sont bornés à se mesurer. En tous cas, cette nuit de répit a permis à notre 55e D. R. de retrouver des forces dans un sommeil réparateur.

Aussi, à l'aube du 5, la division se met en marche réconfortée et un peu détendue.

 

Renseignements sur l'ennemi le 4 au soir.

 

Au moment où elle va se porter à l'ennemi, que sait-on de lui le 4 au soir ?

D'une manière générale, d'informations de sources françaises et anglaises (avions, agents et prisonniers) il résulte que l'armée de von Kluck qui, jusqu'au 31 août progressait vers la Basse-Seine en direction du sud-ouest, s'est orientée subitement vers le sud-est.

La 1re armée allemande, négligeant Paris, semble vouloir poursuivre avec acharnement les armées franco-anglaise de gauche vers la Seine et en particulier chercher à envelopper l'armée Lanrezac (Ve armée). Elle ignore encore la VIe armée.

La droite de l'armée Kluck paraissait être constituée, le 4 au soir, par une colonne en marche de Nanteuil-le-Haudouin sur Lizy-sur-Ourcq avec flanc-garde marchant de Brégy sur Marcilly et Barcy.

En un mot, nous savons qu'il n'y a plus de forces ennemies importantes au nord des forêts de Chantilly et d'Ermenonville; nous avons l'impression qu'en fin de journée les éléments allemands les plus à droite du dispositif ennemi et les plus en arrière ne dépassent pas sensiblement le cours de la Thérouanne.

Nos renseignements, comme nous le verrons, tout en étant exacts, sont incomplets car nous paraissons croire que tous les corps d'armée allemands ont franchi ou sont sur le point de franchir la Marne, alors qu'un corps, le IVe C. R. passe inaperçu, le 4 au soir, dans la région de Nanteuil-le-Haudouin.

C'est ce IVe corps de réserve que notre 55e D. R. va rencontrer aujourd'hui 5 septembre dans la région de Monthyon.

 

 

Le terrain de la bataille.

 

Le champ de bataille sur lequel va évoluer et combattre la division appartient à l'Ile-de-France. Il est compris entre :

A l'ouest, les ruisseaux la Beuvronne portant Juilly, Nantouillet et Saint-Mesmes et la Biberonne qui se jette dans la Marne en aval de Gressy. Et à l'est, le cours de la Thérouanne qui coule du nord-ouest au sud-est de Douy-la-Ramée à Gué-à-Tresmes où elle rejoint également la Marne. Ce plateau, de 110 à 120 mètres d'altitude en moyenne, légèrement ondulé, est coupé en son milieu par le ru de la Sorcière prolongé par le ru du Rutel qui se jette dans la Marne à Villenoy. Ces ruisseaux sont dominés au nord et à l'est par une ligne de hauteurs de 160 à 200 mètres d'altitude, tactiquement importante et portant le massif boisé de Tillières et de Cuisy, et les buttes de Monthyon et de Penchard, dressées comme des sentinelles sur la plaine et d'où l'on aperçoit nettement Paris et ses approches au nord-est.

Le plateau est parsemé de gros villages : à l'ouest de cette ligne de hauteurs, Le Plessis-aux-Bois, Le Plessis-l'Évêque, Iverny, Villeroy, Charny, Neufmontiers, Chauconin; à l'est, Saint-Soupplets, Parcy, Marcilly, Chambry, Penchard.

Au mois de septembre, la contrée est couverte de grosses meules de blé rondes, de bottes d'avoine ou de plants de betteraves.

Le terrain aux courbes molles, dont les cultures ont été en général fauchées, offre des champs de tir étendus, des cheminements faciles dans les vallons sillonnés de nombreux ruisseaux, dénommés rus ou suivant les chemins

de terre de crête encaissés et que décèlent des rideaux de peupliers. La contrée est donc éminemment favorable à la défense, meurtrière pour l'attaque. Qui tient les buttes de Tillières, de Monthyon, de Penchard, excellents observatoires aux vues lointaines, surveille la région jusqu'aux abords de Paris, vers l'ouest, et jusqu'à l'Ourcq, vers l'est.

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