"La Feuille" du 90ème Anniversaire de la 1ère Bataille de la Marne
Hiver 2002/2003
Le Comité de Soutien de la commémoration, à fin 2002, comprend tous les ministres concernés autour de Monsieur le Premier Ministre, tous les Ambassadeurs des pays belligérants, tous les Présidents des Régions et tous les Présidents des Conseils Généraux du nord-est de la France.
Cette unanimité dans le soutien de la commémoration de 2004, s'explique par l'importance de cette Première Bataille de la Marne, qui fut la plus importante bataille de la Grande Guerre, par les effectifs engagés, la dimension du champ de bataille et elle fut la plus douloureuse pour les pertes de vies humaines.
Cette unanimité s'explique aussi dans la mémoire collective des peuples, par le souvenir très vivant des générations de jeunes Européens, du début du 20ème siècle, qui ont versé leur sang pour leur patrie respective. Ces générations découvriront, progressivement, pendant les quatre ans de guerre, au-delà des haines ancestrales, le respect du combattant adverse qui, lui aussi est courageux. respect de l'ennemi d'hier, sera l'assise sur laquelle, quarante ans plus tard, pourra commencer la construction de l'Europe fraternelle.
Un grand merci, aux Conseils Généraux
LA NECESSITE DU CAR ET DE LA DOUBLE FEUILLE D'INFORMATION QUOTIDIENNE
Les marches avec exposés de 2004, sont ouvertes à tous les participants, qui doivent se munir de leur pique-nique pour le repas de midi. Un point de départ et une heure de rendez-vous sont connus, plusieurs mois à l'avance et annoncés par la presse locale, les offices de tourisme, les associations, les municipalités, etc. …
Pourquoi le car est indispensable :
- Ces "promenades avec exposés", doivent éviter de faire une boucle, qui s'avère indispensable si les marcheurs doivent retrouver leur véhicule, le soir au point de départ du matin. La seule possibilité pour s'affranchir de cette contrainte est de pouvoir mettre à la disposition des marcheurs un car (un seul car peut faire plusieurs rotations et les distances sont généralement très courtes).
- Les véhicules des marcheurs sont parqués dans une zone facile d'accès et relativement sécurisée, puisque le point de départ de la marche peut être à quelques kilomètres du parking;
- Les sacs à dos du pique-nique des marcheurs sont transportés dans la soute du car (ainsi que les pulls et autres Kway) ,car que les marcheurs le retrouveront, au minimum, le midi et en fin d'après-midi;
- La marche de la matinée ou celle de l'après-midi peut être décomposée en deux promenades séparées par un "bond" de quelques kilomètres, en car, si cette zone du "bond" est sans valeur historique ou trop longue pour être parcourue à pieds;
- Le car permet de modifier, à la dernière minute le programme de la journée ou de la demi-journée, en fonction d'un événement imprévu ou des caprices de la météo;
- Si le car est sonorisé, un exposé du programme de la journée et/ou un rappel historique facilitent la communication et l'organisation, etc. ...
Le car est l'outil logistique indispensable permettant l'organisation, tout public, des marches avec exposés.
Pour chaque étape quotidienne, un autre outil, est aussi indispensable, c'est une double feuille d'information, qui est remise aux participants de la marche, ceux-ci y trouvent : le programme de la journée , une carte simplifiée de l'itinéraire, les résumés des exposés qui sont faits sur le terrain (ces exposés seront par la suite accessibles sur notre site Internet), des informations complémentaires, le programme des étapes suivantes, etc. ...
La mise à disposition du car ainsi que le financement de la double feuille d'information quotidienne ont été demandés, sous forme d'un soutien ponctuel, aux Présidents des Conseils Généraux des départements parcourus par la marche.
Un grand merci, aux Conseils Généraux qui ont déjà accepté la mise à disposition d'un car pour les étapes de leur département
Un grand merci, à l'O.N.A.C. et à son Directeur Général, Monsieur Serge Barcellini, qui nous apporte son soutien et l'aide, très active, de ses directions départementales dans la mise en place de la commémoration.
Un grand merci, aux équipes de coordination des zones historiques qui préparent les étapes du calendrier des marches et à celles qui travaillent à la mise en place des expositions, voir " La Feuille Automne 2002" et notre site Internet.
Les textes à lire ou à relire sur notre site Internet
Parmi les nouveautés sur notre site, le remarquable texte de S.B. Pereslegin, " Commentaires sur les opérations d'Août 1914", traduit du Russe par Alexandre Nicolsky, qui présente une analyse très intéressante sous l'angle stratégique.
Ne pas manquer également, sur le site, La victoire de la Marne (5-13 septembre 1914), livre du Général Palat, édité en 1920 par la Librairie Chapelot, qui est le tome VI de la série "La grande Guerre sur le front occidental", du même auteur et même éditeur. Le point de vue du Général Palat est très intéressant car il travaille sur tous les documents et témoignages disponibles en 1920. Son point de vue est beaucoup plus impartial et moins dithyrambique que certains auteurs. En voici la très sage et prémonitoire introduction.
Introduction
La première bataille de la Marne jalonne l'un des principaux tournants de la guerre. Ce n'est pas que, dès ce moment, le triomphe final soit assuré aux Alliés, comme on l'a, trop souvent écrit. A plusieurs reprises, notamment aux printemps de 1917, et de 1918, ils devaient courir les risques les plus sérieux, mais, dès le milieu de septembre 1914, il était devenu certain que la guerre ne serait pas " courte et joyeuse ", comme l'avaient rêvée les Allemands. Il faudrait à ceux-ci, dans tous les cas, de pénibles et longs efforts pour vaincre. Quelle qu'elle dût être, la victoire n'aurait jamais le caractère de soudaineté et d'achèvement total que nos adversaires avaient compté lui donner.
Dans le présent volume, grâce à une précieuse documentation pour laquelle nous ne saurions trop remercier nos anciens chefs et nos vieux camarades, nous avons pu, croyons-nous, rétablir la vérité sur, certains faits que l'ignorance, le parti-pris, l'amour-propre ou d'autres mobiles de même ordre avaient défigurés. Ainsi du rôle de la cavalerie française à l'extrême gauche, qui n'a nullement eu le caractère de passivité et d'inertie qu'on lui impute généralement. De même pour celui de la division Grossetti à la 9e armée les 9 et 10 septembre. Trop souvent on lui prête une influence capitale sur la décision, alors qu'elle y est restée presque absolument étrangère. Il existe des lacunes dans notre récit. Nous n'avons pas rapporté en détail certains épisodes pour diverses raisons. En premier lieu, l'intérêt d'une action de guerre n'est pas toujours en proportion des effectifs engagés. Tel combat, qui a mis aux prises des milliers d'hommes et des centaines de canons, ne possède qu'une importance relative, soit à cause de son caractère traînant, soit parce qu'il ne pouvait conduire à une décision.
D'autres fois, à notre grand regret, les documents nous ont fait défaut. Grâce au silence organisé au sujet de la Grande Guerre, on se demande dans quel but, nous en sommes parfois réduits à des Souvenirs d'ordinaire confus, incertains et presque toujours dépourvus de précision, ou à des ouvrages de seconde main qui, souvent, ne valent pas davantage. Nous faisons donc appel à nos lecteurs pour combler les lacunes du présent récit et, au besoin, le rectifier.
Il est bien des façons d'écrire l'histoire contemporaine. On peut chercher et dire la vérité, au risque de froisser les idées régnantes. On peut aussi respecter les légendes et les consacrer par un semblant de documentation. Le dernier procédé, qui n'est pas le nôtre, est celui le plus goûté du grand public. Ce dernier admet qu'au lieu d'écrire comme jadis des livres expurgés ad usum Delphini, on en rédige l'usage du peuple et pour sa satisfaction personnelle. La démocratie a moins encore le goût de l'histoire vraie que l'aristocratie d'autrefois. Elle en cherche aussi peu que possible les enseignements; elle les dédaigne même quand ils éclatent, fulgurants, parmi la poussière des régimes écroulés. D'où une ignorance générale de l'histoire, du moins chez nous. Elle dépasse tout ce qu'on pourrait imaginer.
Quoi d'étonnant, dès lors, si notre vie nationale n'est qu'un perpétuel recommencement, chaque génération répétant servilement les erreurs, les fautes, les crimes même qu'ont commis les précédentes et qu'elles ont dû expier par des flots de sang ?
Comment ne pas évoquer ces considérations douloureuses, quand on voit déjà chez nous, au sortir de la plus sanglante, de la plus ruineuse des guerres, renaître toutes les folies qui ont contribué à la déclencher, à la prolonger au delà de toute attente ? Non contents de s'être laissés impudemment berner avant la guerre, par leurs camarades de l'Europe centrale, certains de nos compatriotes n'ont pas de plus grande hâte que de leur offrir de nouveau les bons offices qui viennent d'être si mal récompensés. Le sort de l'Allemagne criminelle et parjure les touche davantage que celui de la Belgique et de la France sanglantes et appauvries. L'un de nos plus illustres écrivains, après un instant de remords, revient à ses thèses favorites d'avant la mobilisation. Il supplie les instituteurs de ne plus élever les enfants dans la pensée que la guerre est toujours possible. Il veut qu'on jette au ruisseau " les panoplies de maréchaux; de généraux et autres ", qu'on " brûle tous les livres qui enseignent la haine, même la haine pour l'ennemi d'hier... La guerre est un crime atroce et périmé. L'union des travailleurs fera la paix du monde ! "
Si la démocratie française ne s'affranchit pas du règne des mots, des phrases toutes faites, si elle ne consent pas à plier ses actes à l'étude des faits! à comprendre que le futur est toujours fonction du passé, elle sera nécessairement appelée à disparaître devant nos adversaires d'hier et de toujours. La paix de 1919 n'est, selon toute apparence, qu'une trêve. Grâce à des faiblesses, à des complaisances, à des négligences sur lesquelles il est inutile d'insister; l'Allemagne sera bientôt susceptible d'un violent effort. Elle trouvera peut-être dans la Russie une immensité à coloniser, des ressources sans fin en hommes, en matières premières, en aliments. Qui oserait affirmer qu'un jour ne viendra pas où, de nouveau consciente de sa force, elle se ruera sur l'occident de l'Europe et y renouvellera ses exploits de 1914 ? Est-ce l'aide assurément tardif de la Grande- Bretagne et des Etats-Unis qui pourrait enrayer cette ruée ? Ces deux pays, eux-mêmes, seront-ils à même d'intervenir ? Le voudront-ils, s'ils le peuvent ?
Ces considérations font que nous cherchons, dans les cendres d'un passé encore brûlant; des enseignements et des avertissements pour l'avenir. Nous redoutons surtout, pour notre pays, l'influence néfaste de ceux qui n'ont rien appris et rien oublié dans ces cinq cruelles années, de ceux qui réservent toutes leurs haines pour leurs compatriotes et ne voient dans la guerre étrangère qu'un moyen de préparer sûrement la guerre civile. C'est en complète opposition avec leurs tendances et leurs actes que nous avons écrit ce livre. Nous le dédions à ceux qui, en dépit de tous les sophismes; entendent rester passionnément Français, à ceux qui ont obscurément défendu le sol national, aux combattants de la Marne, de l'Yser, de Verdun, de la Somme, des Balkans, à ceux qui ont à force de souffrances et de sang provoqué l'écroulement du colosse allemand au 11 novembre 1918.
L'Espinose, Clisson, le 18 juillet 1920.
2004 - 90ème ANNIVERSAIRE DE LA 1ère BATAILLE DE LA MARNE
NOTRE PETIT BULLETIN DE PREPARATION - "LA FEUILLE"