"La Feuille" du 90ème Anniversaire de la 1ère Bataille de la Marne
Automne 2002
Dans son livre : "1914, les erreurs du Haut Commandement", édité chez Albin Michel, fin 1919, le Général Percin analyse les causes des échecs de 1914.
"INTRODUCTION
Une des premières questions qu'ait eu à résoudre, en 1919, la Commission d'enquête de la métallurgie, présidée par M. le député Viollette, fut de savoir pourquoi, au début de la guerre de 1914-1918, nous avions abandonné le bassin de Briey, dont la conservation aurait considérablement accru nos ressources en acier, et diminué d'autant celles des Allemands.
Cette Commission a été ainsi amenée à étudier notre plan de campagne et, insensiblement, elle a passé de Briey à Charleroi.
Le 23 mai 1919, appelé à déposer devant la Commission, j'ai exposé, qu'en 1911, tout un complot avait été monté par l'État-Major français, contre le général Michel, alors vice-président du Conseil supérieur de la Guerre, coupable, uniquement, d'avoir prévu et prédit la violation de la neutralité belge, le passage de la Meuse, et le mouvement enveloppant à grande envergure qui devait, vingt jours après la déclaration de guerre, amener les Allemands sous les murs de Lille.
C'était une hérésie militaire, aux yeux de notre État-Major, parce que, pour étendre leur front de combat de Belfort jusque Lille, les Allemands auraient été obligés de mettre en première ligne un million de réservistes. Où les auraient-ils pris ? demandaient les tenants de l'État-Major français.
A entendre, en effet, les orateurs, les journalistes et les commissaires du Gouvernement qui, en 1913, défendirent la loi de trois ans, les Allemands ne voulaient pas de pères de famille dans les armées de première ligne; ils laisseraient en arrière les boutiquiers et les bourgeois, les hommes ayant femme et enfants. Ils ne pourraient donc pas engager assez d'hommes pour exécuter l'attaque que redoutait le général Michel.
On savait, cependant, que chaque corps d'armée allemand formerait, à la mobilisation un corps d'armée de réserve. On savait que, dans ses exercices sur la carte, l'État-Major allemand attribuait aux corps ainsi formés des missions de première ligne. On en était prévenu; mais on ne voulait pas le croire. On fermait les yeux devant les renseignements les plus convaincants.
Le résultat de cet aveuglement fut que, dans la bataille des frontières, le général Joffre trouva devant lui, non pas les 21 corps d'armée au déploiement desquels on s'attendait, mais 34 corps d'armée, dont 21 actifs et 13 de réserve. Les Allemands étaient une fois et demie plus nombreux que les Français; et, comme ils avaient su économiser leurs forces sur la partie gauche de leur front, ils purent les prodiguer sur la partie droite. A Charleroi, ils furent trois contre un.
La responsabilité de notre premier revers incombe donc aux hommes qui, ne croyant ni au réserviste français, ni au réserviste allemand, ne croyant qu'au soldat de caserne, ont refusé d'organiser nos réserves. Et c'est parce qu'ils ne croyaient qu'au soldat de caserne qu'ils nous ont infligé la loi de trois ans.
Avec un zèle intéressé, les fauteurs des trois ans s'évertuent à trouver d'autres causes de nos revers. Ils incriminent le régime; ils dénoncent l'instabilité des ministres de la Guerre, le rejet, par le Parlement, de certaines demandes de crédit, le manque de munitions, l'insuffisance du nombre de canons lourds et des mitrailleuses, le mépris de la fortification, la doctrine de l'offensive à outrance.
Certes, ces différentes causes ont exercé, sur l'issue des premières opération, une influence regrettable; mais combien faible, si on la compare à l'influence de l'effectif, inférieur pour nos troupes de première ligne !
Nous n'avons guère engagé que 600.000 réservistes dans les premières batailles. 1.200.000 encombraient alors nos dépôts, sans armes, sans vêtements, sans gradés pour les encadrer, sans officiers pour les commander : armes, vêtements, gradés et officiers qui existaient pourtant, mais à l'état sporadique, dans l'étendue du territoire français. Pendant ce temps-là, l'ennemi avait en Belgique 1.300.000 réservistes ou landwehriens, dont un million, au moins, "de ces boutiquiers, de ces bourgeois, de ces pères de famille ", dont on disait, au Parlement français :
Le commandement allemand n'en veut à aucun prix; il nous faut faire comme lui.
Comment des hommes sérieux ont-ils pu croire que les Allemands, inventeurs, après Iéna, du système des réserves, auquel ils ont dû, depuis, leurs succès de Leipzig en 1813, de Sadowa en 1866, et de Sedan en 1870, avaient répudié le principe de la nation armée ! Comment des hommes sérieux ont-ils pu croire que les Allemands aient voulu revenir aux armées de métier !
Le Journal officiel de la République française enregistre, hélas ! ces insanités :
L'armée d'invasion allemande sera presque une armée de métier.
La proportion des réservistes y sera scientifiquement mesurée.
Les Allemands ne demanderont à leurs réserves qu'un appoint; ils partiront, le cas échéant, sans les attendre.
Ils mobiliseront leurs corps d'armée de l'intérieur en vingt-quatre heures.
Ils mobiliseront leurs corps de couverture en quelques heures.
Ils viendront cueillir, dans leur lit, la nuit même de la mobilisation, nos officiers de cavalerie, à Lunéville.
Quiconque ne voulait voir dans ce tableau qu'une fantasmagorie ridicule était considéré comme un mauvais Français. On le menaçait de mort. Jaurès a prévenu la Chambre, le 4 juillet 1913, qu'on avait résolu de l'assassiner, le jour de la mobilisation.
On comprend que le public, confiant dans le bon sens de nos élus, ait accepté, comme argent comptant, ces prédictions sinistres; mais rien ne peut excuser les hommes d'État et les grands chefs militaires qui devaient savoir, eux, ce qu'il fallait en penser, et qui, par leur ignorance ou leur mauvais vouloir, ont préparé le désastre dont les conséquences furent : quatre ans de guerre de tranchée; deux millions de morts ou de mutilés; 200 milliards de francs dépensés; nos plus belles provinces dévastées.
Quand un peuple s'est vu, par la folie de ses gouvernants, précipité dans un abîme de misères, il semble que son premier geste devait être de se retourner vers les chefs responsables de sa ruine, et de leur demander des comptes.
Ainsi s'exprime le Temps, mais à propos du peuple allemand, dans le numéro du 9 août 1919.
Pourquoi faut-il que, par la publication de ce livre, je pousse le peuple français à se retourner, lui aussi, vers les chefs responsables de sa ruine, et à leur demander des comptes ?
Pourquoi notre peuple ne fait-il pas ce geste, de lui-même ?
Parce que nous avons la Victoire.
Sans doute, nous avons la Victoire; mais, quelque complète qu'elle soit, nous ne pouvons oublier, ni les deuils, ni les dommages, ni les pertes, ni les dépenses au prix desquels nous l'avons achetée. Nous n'avons pas le droit d'amnistier, sous prétexte d'apaisement, les hommes qui nous ont mis dans la situation où nous sommes. Nous devons, pour le moins, les écarter, à tout jamais, de la direction de nos affaires militaires. "
Cet aspect, peu connu, de la défiance à l'égard des troupes de réserve méritera des commentaires, en 2004 ....
Les groupes de coordination sont presque tous opérationnels dans les zones historiques.
La zone historique 2 "Picardie Nord" inclut une partie sud-est du département du Nord, la partie est de la Somme et le nord-est de l'Aisne. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 2, "Picardie Nord" se réunit à l'Historial de Péronne, dont le Directeur, Monsieur Compère-Morel, est le coordinateur du groupe.Historial de la Grande Guerre, Château de Péronne, 80201 - Péronne Cedex, téléphone 03 22 83 14 18, e-mail : fgo@historial.org.
La zone historique 3 "Ardennes", correspond aux combats des deux corps d'armée de la 4ème Armée Française, les plus à l'ouest, face, au nord, à la IIIème Armée Allemande. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 3, "Ardennes" se réunit au Service Départementale de l'ONAC des Ardennes, dont la Directrice, Madame Hyon Paul, est la coordinatrice du groupe. Cité Administrative, Esplanade du Palais de Justice, B.P. 833, 08011 CHARLEVILLE-MEZIERES CEDEX, e-mail : ancienscombattants.08@wanadoo.fr.
La zone historique 4 "Oise-Aisne", correspond aux combats d'arrière garde de la B.E.F. à la fin septembre et à la reconquête, par la 6ème Armée Française de la zone. L'adversaire est le Général von Kluck et sa Ière Armée. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 4, "Oise-Aisne" se réunit au Service Départementale de l'ONAC, de l'Oise à Beauvais, dont la Directeur, Monsieur Dumont est le coordinateur du groupe. 6, rue du Franc Marché, BP 50739, 60007 BEAUVAIS CEDEX, e-mail : onac60@libertysurf.fr
La zone historique 5 "Multien, Morins, Marne " inclut une partie sud-est du département de l'Oise et le nord de la Seine-et-Marne . Le groupe de préparation et d'animation de la zone 5, se réunit à la Direction du Patrimoine de la Ville de Meaux. Coordinateur Monsieur Denis Vassigh, Directeur du Service Patrimoine, Art et Histoire, Hôtel Marquelet de la Noue, 6 rue des Vieux Moulins, 77100 Meaux, Tel : 01 64 34 68 05, e-mail : patrimoine@ville-meaux.fr
La zone historique 6 "Marais de Saint-Gond", correspond aux combats de la 9ème Armée commandée par le Général Foch, du 6 au 10 septembre 1914. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 6, "Marais de Saint-Gond" se réunit au Service Départementale de l'ONAC de la Marne, à Châlons en Champagne, dont la Directeur, Monsieur Hervé est la coordinateur du groupe. 59, Allées Paul Doumer, 51038 CHÂLONS EN CHAMPAGNE CEDEX, onac51@libertysurf.fr
La zone historique 7 "Marne", correspond aux combats des 5ème et 9ème Armées, période du 8 au 11 septembre 1914. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 7, "Marne" se réunit à l'Hôtel de Ville d'Epernay, Monsieur Francis Leroy, Directeur du Patrimoine Historique d'Epernay, est le coordinateur du groupe, 79, rue des Jancelins - 51200 EPERNAY Tel : 0326557200, e-mail : archives.epernay@wanadoo.fr
La zone historique 8 "Vesle", correspond aux combats de la B.E.F. et de la 5ème Armée et qui, après la traversée du plateau du Tardenois franchissent la Vesle, la B.E.F. franchit l'Aisne et prend pied sur le Chemin des Dames, période du 11 au 15 septembre 1914. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 8, "Vesle" se réunit à l'Hôtel de Ville de Fismes. Coordination assurée par la Ville de Fismes et Monsieur Bruno Dehaye, historien, 1 Place de l'Hôtel de Ville, 51170 FISMES Tel : 0326480550, e-mail : mairie.fismes@wanadoo.fr
La zone historique "Reims", correspond aux combats de la 5ème Armée commandée par le Général Franchet d'Esperey, période du 12 au 16 septembre 1914, Reims et Craonne. Le groupe de préparation et d'animation de la zone 9, "Reims" est en cours de mise en place.
Les projets d'expositions pour 2004 se diversifient.
Expositions "historiques" : Historial de Péronne, Villes de Charleville-Mézières, Meaux, Paris, ... et beaucoup d'autres projets locaux.
Expositions à thème : "Importance de l'armée et de la résistance belge pour la bataille de la Marne", "Importance de l'offensive russe pour la bataille de la Marne", "Aviation et reconnaissance aérienne", "Véhicules routiers français et autobus parisiens en 1914", ...
2004 - 90ème ANNIVERSAIRE DE LA 1ère BATAILLE DE LA MARNE
NOTRE PETIT BULLETIN DE PREPARATION - "LA FEUILLE"