22 août, 22 heures. Nous avons occupé Robelmont à 17 heures. J'y suis laissé seul avec ma section jusqu'à minuit, puis je me replie au sud de la Vire. Silence total de la nuit, plus terrible encore que la bataille... Appels des blessés, des brancardiers. Un clairon allemand sonne lugubrement.

23-25 août. Ferme du Hayon-Sornmethonne - repli sur Montmédy, où nous pouvons enfin nous laver et nous ravitailler.

27 août. Retraite hier soir par Stenay, où nous avons passé la Meuse sur un pont de bateaux. Ma section est à Beauclair, barrant la route nationale. A 16 heures, par Beaufort et la forêt de Dieulet, le bataillon fait mouvement pour contre-attaquer sur le village de Cesse et rejeter les Allemands dans la Meuse. Opération déclenchée à 22 heures sur le village en flammes, dans une extrême confusion. Nombreux blessés, que je ramène à Beauclair au petit jour, le 28, sans être inquiété. Le coup de boutoir a réussi.

29-30-31 août. Flanc-garde à Sommauthe et contre-attaques à Fontenoy et à Buzancy, où l'ennemi rompt le combat. Mais nous devons nous replier sur Grand-Pré et ma section tient, les 1er et 2 septembre, le moulin de Senuc, au confluent de l'Aire et de l'Aisne. Violent bombardement de 150, le 2 au soir...

3-4 septembre. Décrochage, encore! vers Dommartin-sur-Yèvre : 45 km de marche épuisante, par une chaleur torride.

4 septembre. Dommartin aux avant-postes, avec la section de mitrailleuses du bataillon. A 10 heures, infiltration derrière nous de deux pièces de 77, escortées de deux escadrons de uhlans, et bombardement des colonnes de réfugiés. Nous contre-attaquons et les mettons en fuite, mais une pièce tirant à mitraille me blesse dix hommes.

4-5 septembre. Nouvelle étape de 35 km pour gagner, au sud de la Saulx, le nœud ferroviaire de Blesmes, où nous recevons la consigne : " Se faire tuer sur place plutôt que de reculer. "

(Carnet de route du Sous-lieutenant T., 51ème R. I.)