LES COMBATS DE PROYART,

LE 29 AOÛT 1914, 14e D.I.

Le 7e C.A.

Général Vautier

14e et 41e D.I. (41e restée en Alsace)

352e R.I., 45e et 55e B.C.P.

E.M. et 4esc du 11e Chasseurs

4 groupe de 75 du 5e R.A.C.

La 14e D.I.

Général de Villaret

27e Bde

44e et 60e R.I.

1 esc du 11e Chasseurs

28e Bde

35e et 42e R.I.

3gr 75 du 47e R.A.C.

Mobilisation 7e région

2 - 10 août, 7e C.A. 1e Armée, couverture au nord-est de Belfort. A partir du 7 août, bataille d'Alsace.

10 - 14 août, repli vers Reppe

14 - 25 août, reprise de l'offensive sur Mulhouse, 24 repli vers la frontière

25 - 30 août, retrait du front transport par V.F. vers Villers-Bretonneux. Le 29 mouvement vers l'est, combat vers Proyart.

30 août - 6 septembre, repli par Montdidier, Clermont, jusque la région de Louvres

6 - 13 septembre, bataille de l'Ourcq, combats vers Bouillancy et Acy-en-Multien. A partir du 10, poursuite par Vaumoise, Vic-sur-Aisne, jusque vers Autrèches

13 septembre - 14 décembre, 1ère bataille de l'Aisne, violents combats Autrèches, Hautebraye, Chevillecourt et Vingré

Les extraits de texte suivants sont tirés de l'ouvrage "LES ARMEES FRANCAISES DANS LA GRANDE GUERRE" TOME 1, VOLUME 2, CHAPITRE II, à partir, principalement, de la page 134, ce document est reproduit avec l'autorisation du Service Historique de l'Armée de Terre N° 24/03/2000*004130. Merci au SHAT.

Le 27 août 1914

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D'autre part, dès le matin du 27 août; le général Joffre a adressé au colonel Huguet le message suivant :

" Je donne l'ordre à la Ve armée d'exécuter à hauteur de Guise, Vervins une vigoureuse attaque sur les forces ennemies qui le suivent. A la gauche de l'armée anglaise, le corps de cavalerie la protégera contre toute action débordante de l'ennemi. D'autre part, devant votre front, l'ennemi semble à bout de forces et hors d'état de poursuivre. Dans ces conditions, il me paraît déjà que l'armée anglaise ne court pas de dangers et que son repli peut être méthodique et réglé sur le mouvement de la Ve armée de manière à ne pas découvrir le flanc gauche de cette armée.

Au moment on cet avis parvient à la mission française près de l'armée britannique, les renseignements sur la situation de ceux-ci ne sont pas encore précisés. On espère que le 2e corps pourra être réuni le soir à Saint-Quentin, le Ier à Origny-Sainte-Benoite. On n'a pas de nouvelles de la division de cavalerie qui a beaucoup souffert. Les 4e et 9e divisions de cavalerie allemande ont peu donné, et, si elles se montrent audacieuses, elles peuvent transformer la retraite en déroute. On escompte donc une coopération très effective du général Sordet, non seulement pour protéger les mouvements de l'armée anglaise, mais pour attaquer.

En outre, le maréchal French s'inquiète de savoir quand les divisions de réserve du général d'Amade seront à Péronne et en état d'agir.

A 14 heures, le général Joffre, sur la nouvelle que l'armée anglaise évacuerait complètement Saint-Quentin, demande confirmation de ce fait au colonel Huguet et il ajoute que " découvrir complètement la gauche du général Lanrezac au moment on il va contre-attaquer le mettrait dans une situation critique. D'autre part, nous avons deux divisions de réserve à Bertincourt et à Bapaume (61e et 62e)et tout le corps de cavalerie en avant. Sur la gauche même de l'armée anglaise, des forces nouvelles débarquent dans la région de Chaulnes (7e C.A.). La situation n'est donc nullement critique pour elle." Effectivement, le commandant en chef transmet au corps Sordet par l'intermédiaire du général d'Amade, qui est à Bray-sur-Somme, l'ordre d'arrêter par tous les moyens la poursuite de l'armée anglaise par la cavalerie allemande.

En même temps, le lieutenant-colonel Brécart arrive au grand quartier général anglais à Noyon comme agent de liaison. Il fait confirmer au général Sordet par l'intermédiaire du colonel Huguet les intention du général Joffre, à savoir que le corps de cavalerie continue à assurer principalement sur ses derrières et vers l'ouest la sécurité de l'armée anglaise jusqu'à ce qu'elle soit en sûreté derrière la Somme, puisqu'il se maintienne dans la région de Saint-Quentin jusqu'à nouvel avis.

Mais vers 18 heures le colonel Huguet rend compte qu'une division de cavalerie allemande vient d'entrer à Péronne, risquant de transformer en déroute la retraite de l'armée anglaise dont la 4e division atteint Matigny, les 3e et 5e arrivant à Ham. Il estime de ce fait la situation excessivement grave.

Le général Joffre répond que l'ordre a été donné au corps Sordet d'intervenir à tout prix et que, depuis le matin, un corps d'armée actif débarque à Chaulnes et à l'ouest.

Comme ce dernier forme le noyau du nouveau groupement qui va constituer la VIe armée à la gauche de l'armée britannique, le commandant en chef assigne à celle-ci pour limite de sa zone d'action à l'ouest la route de Vermand, Douilly, Hombleux, Ercheu, Roiglise, Beuvraignes, Tilloloy, Tricot, la limite est demeurant fixée à l'Oise.

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Au corps de cavalerie, on signale dans la matinée au général Sordet deux colonnes ennemies : l'une en marche de Banteux vers Honnecourt, s'avance contre la gauche d'une division anglaise qui rétrograde de Vendhuile sur Villers-Faucon, l'autre, venant de Cantaing par Flesquiéres, se porte sur Havrincourt.

Les 5e et 1re divisions reçoivent l'ordre d'agir respectivement contre le flanc ouest de ces deux colonnes, en évitant l'accrochage et en agissant par le canon et les mitrailleuses, cependant que la 3e division agira suivant les circonstances en liaison avec les 1re ou 5e. La 5e division se porte aussitôt par le nord d'Epéhy contre le flanc ennemi à hauteur de Villers-Guislain, tandis que la 1re division attaque par le feu de son artillerie la colonne qui débouche des bois d'Havrincourt vers le sud.

On a vu que dans l'après-midi le général Sordet a été avisé des intentions du commandant en chef en ce qui concerne le corps de cavalerie. Celui-ci continua donc à retarder la marche de l'ennemi qui poursuit l'armée anglaise. En particulier, la 1re division canonne vers Bouchavesnes des colonnes de toutes armes et la 3e division s'engage vers Aizecourt contre des forces qui se portent vers le sud.

A la nuit, le corps de cavalerie se replie dans la région comprise entre Péronne et Foucaucourt. Sur la rive gauche de la Somme, ses avant-postes tiennent solidement le cours de la rivière de Saint-Christ à Bray.

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Dans l'esprit du commandant en chef, la VIe armée, couverte sur son front et sur sa gauche par le corps de cavalerie, aura en arrière et à gauche les quatre divisions territoriales d'Amade, et à sa droite l'armée anglaise présumée installée sur le front Ham, Tergnier. Mais celle-ci en abandonnant le lendemain la ligne de la Somme, ainsi qu'on le verra, obligera le général Joffre à renoncer à cette combinaison.

De son côté, le général d'Amade, après avoir passé la matinée à Bray-sur-Somme, reporte son quartier général à Amiens dans la soirée. De là, il organise le repli des divisions territoriales sur la Somme et le barrage qu'elles doivent tendre sur la rivière entre Corbie et la mer. Ce mouvement d'ailleurs est déjà commencé en direction générale d'Abbeville. Les 81e et 82e divisions d'infanterie territoriale s'embarquent dans la soirée en chemin de fer, tandis que les 84e et 88e divisions effectuent leur repli par voie de terre et arriveront le 29 sur la Somme.

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Baumgarten-Crusius

Des fractions de l'armée d'Amade nouvellement formée à Amiens, se portèrent, le 27 août, en direction de l'est par la rive nord de la Somme, pour dégager les Anglais. Elles furent complètement battues et refoulées les unes après les autres, par le 2e C. C. et le IIe C. A. Le 27 août au soir, la 1re armée était prête à attaquer la coupure de la Somme, de part et d'autre de Péronne, avec ses deux groupements. A sa gauche, la 2e armée voulait marcher sur Saint-Quentin.

Le 28 août 1914

A la gauche de l'armée anglaise, la VIe armée tient, en fin de journée du 28 août, la ligne Bray-sur-Somme, Chaulnes, Nesle. Ses éléments débarqués comprennent la 14e division, la brigade Ditte et la 55e division de réserve. Le corps de cavalerie a été assez violemment attaqué dans la région de Péronne.

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Le 7e corps qui provient de l'armée d'Alsace était constitué par les 14e et 41e divisions. Cette dernière étant laissée sur place, seuls sont transportés dans la région du nord la 14e division et les éléments non endivisionnés qui comptent notamment deux bataillons de chasseurs et un régiment d'infanterie. Le 7e corps commence à s'embarquer le 25 août, dans la région de Belfort. Les débarquements sont prévus dans la zone Villers-Bretonneux, Longueau, Rosières-en-Santerre. Les transports se poursuivent les 26 et 27 août. Une partie de la 14e division et les éléments non endivisionnés débarquent le 27 au soir, et les débarquements se termineront dans la matinée du 28.

Dès le 28 août au soir, la Allemands ont franchi la Somme entre Ham et Péronne, la défense de la rivière entre Bray et Amiens est-elle encore possible ??

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Le 28, l'ennemi a refoulé vers l'ouest les divisions de réserve qui se dirigeaient sur Péronne et a débouché sur la rive sud de la Somme par Péronne et Brie dans la direction de l'ouest, menaçant la zone de débarquement des éléments de la VIe armée.

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Baumgarten-Crusius

La nouvelle 6e armée française devait être formée, du 27 août au 2 septembre, à Amiens, sous les ordres de Maunoury. Son noyau fut constitué par le 7e C. A., qui débarqua à partir du 28 août à Amiens.

L'armée d'Alsace fut dissoute : ce que Schlieffen avait prévu se réalisait. La pression exercée à l'aile droite avait dégagé automatiquement le flanc sud-est allemand.

Le 29 août 1914

Les débarquements de la 55e division se poursuivent dans la matinée. A 11 h 30 , huit bataillons, deux groupes d'artillerie et deux escadrons de cavalerie sont débarqués. Ils s'établissent dans la région entre Roye et Nesle et organisent une position de repli en avant de Roye, sur la ligne Goyencourt, Carrépuis. Aucun élément de la 56e division n'est encore arrivé.

Dans la nuit du 28 au 29 août, le général Vautier, en conséquence de l'ordre de l'armée , prescrit à la 56e division de se rassembler pour 4 h 30 dans la zone Morcourt ( 7 kilomètres sud-ouest de Bray), Proyart, Rainecourt, Vauvillers, Bayonvillers, prête, soit à déboucher à l'est du front Proyart, Vauvillers, soit à se porter vers le nord ou le nord-ouest. Elle se couvrira par des détachements au sud et au sud-ouest. Au nord, des éléments tiendront les passages de la Somme depuis le sud de Bray jusqu'à Corbie. Dans le cas d'une attaque de l'ennemi, la 14e division ne devra pas y répondre en débouchant offensivement, mais seulement par de vigoureuses contre-attaques. Les éléments en première ligne doivent s'organiser défensivement pour faciliter ces contre-attaques. La brigade de chasseurs indigènes, laissant un bataillon devant Amiens, se portera à Villers-Bretonneux, où elle recevra de nouveaux ordres. Un régiment de la 14e division, l'artillerie de corps et une compagnie du génie seront en réserve de corps d'armée aux abords nord-ouest de Warfusée-Abaucourt.

Entre temps la 63e division commence ses débarquements à Saint-Just-en-Chaussée. Elle doit stationner, une brigade à Saint-Just-en-Chaussée, le Plessier, l'autre brigade à Plainval, Gannes. On a vu que le général Maunoury a donné l'ordre de pousser quatre bataillons de la 63e division jusqu'à Folleville où ils seraient mis à la disposition du 7e corps. Le général Vautier prescrit à ces éléments de se porter directement sur l'Avre, au fur et à mesure de leurs débarquements, deux à Braches et deux. à Pierrepont, avec mission d'assurer le franchissement du ruisseau par 7e corps. Ils se tiendront prêts, soit à renforcer celui-ci au nord de Rosières-en-Santerre, soit à couvrir à hauteur de l'Avre un repli éventuel.

Le gros de la 63e division se concentrera, à mesure de ses débarquements, à Saint-Just et environs. Son chef se mettra en liaison avec la VIe armée à Montdidier, avec le 7e corps à Villers-Bretonneux.

Un peu avant midi, voici ce que le général Maunoury sait de la situation : plusieurs bataillions de la 61e division ont été retrouvés se ralliant derrière l'Hallue; le 7e corps est au sud-ouest de Bray-sur-Somme; une brigade de la 55e division est dans la région de Nesle , l'autre sera le soir à Roye; la 63e division débarque au sud de Montdidier où elle aura le soir une brigade avec un peu d'artillerie; le corps de cavalerie se retire sur la Noye, après avoir laissé une division provisoire dans la région au sud de Chaulnes.

Dans la matinée du 29, l'ennemi n'a manifesté aucune activité. Les Allemands occupent Fay, Belloy-en-Santerre, Villers-Carbonnel, Athies et les villages sur l'Omignon. Une reconnaissance marchant dans la direction de Roye était signalée vers Chaulnes à 11 heures. La cavalerie anglaise a signalé de Ham le passage d'une colonne ennemie de toutes armes se dirigeant de Ham sur Noyon.

Presque au moment où il fait connaître au commandant en chef l'inaction de l'ennemi devant la VIe armée, le général Maunoury est avisé par le 7e corps qu'un début d'attaque appuyé par de l'artillerie se produit entre le front Chuignolles, Proyart.

Cette action a commencé à 9 h 30 sur Proyart.

Depuis 7 h 30, la 14e division était établie, la 28e brigade à la sortie nord de Bayonvillers, la 27e (moins un régiment laissé à Warfusée en réserve de corps d'armée) au nord d'Harbonnières jusqu'à la grande route d'Amiens. Le rassemblement était couvert par deux bataillons de chasseurs vers Proyart (45e et 55e B.C.P ??). C'est sur ce point que se produit l'attaque ennemie. Les éléments de couverture sont successivement renforcés par la 27e brigade, qui progresse au sud de Proyart sur Framerville et Rainecourt. Jusqu'à midi, la division se maintient sur le front Proyart, Framerville. Mais bientôt nos troupes sont ramenées aux lisières ouest de Proyart, tandis qu'au sud elles cèdent du côté de Framerville. Le combat cesse alors brusquement, l'ennemi ayant marqué un mouvement de recul. Le repli commencé par la 14e division est suspendu.

Mais on signale des têtes de colonnes ennemies entre Chaulnes et Lihons. Le général Vautier met à la disposition de la 14e division sa réserve de corps d'armée, qui est remplacée aux abords de Warfusée par la brigade Ditte. Ce renfort est orienté, partie sur Rainecourt, partie vers le ravin au sud de Morcourt. A 16 heures, tandis que ce mouvement s'exécute, la 14e division reçoit du commandant du 7e corps l'ordre de se replier.

A midi, en effet, la situation à la VIe armée est la suivante : le général Maunoury sait que le 7e corps est attaqué par des forces importantes débouchant de la Somme et que la 55e division, dont quelques unités seulement sont débarquées, est attaquée vers Chaulnes. D'autre part, la 56e n'a aucun élément débarqué. Dans ces conditions, le commandant de la VIe armée a l'intention de combattre en retraite, si c'est nécessaire, dans la direction générale de Moreuil, Saint-Just-en-Chaussée. Il demande au commandant en chef des instructions générales sur la conduite à tenir en cas d'échec.

Un peu plus tard, s'attendant pour le soir à un choc violent sur son front, il escompte un peu l'effet produit par l'attaque de la Ve armée sur Saint-Quentin; mais il prévoit déjà une position de repli. Le corps de cavalerie n'est pas en état d'intervenir.

L'attaque du 2ème C.A. Allemand se fait par la rive sud de la Somme .....

Le commandant en chef répond aussitôt au général Maunoury : " Repliez vous sur l'Avre. Evitez tout combat qui pourrait être décisif et regroupez les éléments derrière l'Avre entre Montdidier et Moreuil. Direction ultérieure sur Saint-Just-en-Chaussée. Faire surveiller l'ennemi par la cavalerie et, s'il faisait demi-tour, se reporter en direction de Chaulnes. " Le général commandant la VIe armée est, de plus, avisé vers 14 h 45 que la Ve armée étant elle-même attaquée très fortement sur sa droite, dans la direction de Guise, il ne faut pas compter pour le soir même sur l'effet produit par son attaque vers l'ouest.

Ainsi orienté, et croyant que de fortes attaques se prononcent sur le front Nesle, Chaulnes, forçant la 55e division à se replier vers Roye, le général Maunoury décide que le 7e corps commencera son mouvement de retraite sur l'Avre, entre Moreuil et Guerbigny, en cherchant à se relier avec la 55e division. Celle-ci, déjà en retraite vers Roye, prendra une position de repli sur le front Guerbigny, Tilloloy. Le général de Lamaze devra faire soutenir particulièrement son flanc droit qui pourrait être débordé par des colonnes débouchant de Ham et paraissant marcher vers le sud-ouest. La division provisoire de cavalerie s'opposera à la marche de la colonne venant de Chaulnes. La direction générale de la retraite est Montdidier.

Le commandant du 7e corps transmet à la 14e division ces instructions en ajoutant : " Le mouvement de repli du 7e corps, qui est de la manœuvre et non de la retraite, devra se faire par échelons avec tout l'ordre et la lenteur nécessaires ". L'opération s'effectuera par une conversion autour de la droite de la 14e division à Rosières-en-Santerre. Cette droite , fortement constituée en infanterie, sera appuyée par toute la partie disponible de l'artillerie de corps. Le repli s'exécutera en deux colonnes : l'une par Harbonnières, Caix, le Quesnel, Hangest-en-Santerre, Davenescourt, l'autre par Wiencourt, Beaumont-en-Santerre , Plessier, Pierrepont. La brigade de chasseurs indigènes retraitera par Marcelcave, Mézières, Braches. Le 7e corps marquera un temps d'arrêt à hauteur de la ligne Vrély, Caix, Marcelcave, la 14e division prenant toutes les mesures nécessaires pour couvrir le flanc est. Les quatre bataillons de la 63e division poussés sur l'Avre entre Braches et Pierrepont couvriront jusqu'à nouvel ordre le repli du corps d'armée. Les éléments qui tiennent actuellement les passages de la Somme entre Corbie et Bray-sur-Somme seront, en principe, rattachés aux troupes les plus voisines.

Cet ordre parvient à la 14e division vers 16 heures, au moment où elle est renforcée par la réserve de corps d'armée. La manœuvre de rupture, très difficile à exécuter en plein jour, commence à partir de 17 h 30, en deux colonnes. Elle est protégée par un bataillon de chasseurs et l'artillerie de corps portés vers Harbonnières. Le mouvement de repli se fait lentement et en ordre. Dans la nuit du 29 au 30 août, la division s'installe au bivouac : une brigade autour de Pierrepont, l'autre autour de Becquigny. Au cours de ce mouvement, la division a éprouvé des pertes sensibles.

Quant à la brigade Ditte, elle a été, comme on l'a vu, mise en réserve de corps d'armée à Warfusée. Elle y reçoit à 10 heures l'ordre de repli du général Vautier, et elle entame aussitôt son mouvement par Marcelcave, Ignaucourt, Mézières. A 17 h 30, elle reçoit un nouvel ordre. Quittant à partir de Mézières l'itinéraire primitivement fixé, elle doit se porter par Fresnoy-en-Chaussée sur Hangest-en-Santerre, où elle s'installera face au nord et à l'est avec mission de couvrir le repli sur Davenescourt et Pierrepont des éléments les plus à l'est de la 14e division. Elle s'attachera à ne quitter Hangest qu'après avoir été dépassée par les derniers éléments de la division. Puis elle se repliera sur l'Avre entre Pierrepont et Braches. Pour le stationnement du 29 au soir, la brigade du général Ditte fournira des avant-postes sur la ligne Plessier-Rozainvilliers, Hangest-en-Santerre, Arvillers, Erches. Le 7e corps stationnera sous la protection de ce dispositif.

Les quatre bataillons de la 63e division poussés vers Braches et Hargicourt cantonneront dans ces localités. Le 7e corps sera prêt à reprendre les opérations le 30 août à 5 heures. En cas d'attaque de l'ennemi, la ligne principale de résistance sera le front tenu par la brigade de chasseurs indigènes.

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Baumgarten-Crusius

Mais l'infatigable Joffre ne perdit pas la tête ; il releva peu à peu la confiance de l'armée et coordonna la retraite devenue inévitable. Son ordre fondamental du 25 août, envoyé de Vitry-le-François, ramenait le gros des forces françaises sur la ligne générale Verdun - Rethel (ou Reims) - Saint-Quentin - Péronne, et envisageait une nouvelle offensive contre l'aile droite allemande. Une masse de choc devait être formée dans ce but, à Amiens, à l'aide de renforts prélevés sur le front est. Mais l'avance rapide de la 1re armée allemande détruisit son plan.

La nouvelle 6e armée comprenait, en outre, le groupe Ebener (61e et 62e D. R.) ; mais celui-ci fut aussitôt disloqué complètement par la 1re armée allemande et ne fut de nouveau en état d'être employé que le 7 septembre, à Paris. Le brave 7e C. A., qui était cependant une troupe frontière éprouvée, succomba lui-même, le 29 août, à Proyart, aux coups des Poméraniens. L'offensive projetée de l'armée Maunoury se trouva ainsi réglée avant d'avoir été commencée. Maunoury se mit alors en retraite, les 30-31 août, sur Paris par Clermont.

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LA CAMPAGNE DE LA MARNE EN 1914, GENERAL VON KUHL

Le texte en Allemand, du Général von Kuhl a été édité au lendemain de la guerre, en 1920

Le 29, la 1re armée s'avança jusqu'à la ligne Villers Bretonneux-Chaulnes-Nesle (voir croquis 4).

 

Au cours de ces journées les forces françaises qui avaient été jusqu'alors peu nombreuses et de faible valeur, se renforcèrent d'une façon visible dans le flanc droit de l'armée. Les 27 et 28 des rencontres avaient eu lieu dans la région de Combles avec la 3e D. C., les 6le et 62e D. R. et une division territoriale françaises au cours desquelles les Français avaient été battus. Le 29 le IIe C. A. se heurta à Proyart à de forts éléments du 7e C. A. français ainsi qu'à des bataillons de chasseurs alpins de réserve qui furent complètement battus et refoulés au delà de Villers-Bretonneux. D'autres rencontres eurent lieu également au sud de Chaulnes.

Nous eûmes l'impression que l'ennemi jetait toutes ses troupes encore disponibles au-devant de la 1re armée pour arrêter son avance. Nous avions jusqu'alors identifié au total : les 61e et 62e D. R. qui s'étaient repliées, semblait-il, d'Arras sur Péronne pour nous devancer sur la Somme ; en outre, comme auparavant, les 81e, 82e, 84e et 88e D. T., le corps de cavalerie Sordet (1re, 3e et 5e D. C.), un certain nombre de bataillons de réserve de chasseurs alpins, qui d'après des déclarations de prisonniers avaient été débarqués à Amiens ; la 14e D. I. du 7e C. A. rameutée de Mulhouse sur Amiens par Paris, débarquée le 27 et poussée sur Proyart. Des débarquements de troupes semblaient avoir eu lieu le 29 à Amiens, Moreuil et plus au sud. Roye était signalé comme occupé par l'ennemi. D'après des ordres tombés en nos mains ces troupes formaient le détachement d'armée d'Amade, qui, ainsi renforcé, avait pour mission de couvrir le flanc gauche des Anglais.

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