PRÉLUDE A LA PREMIÉRE BATAILLE DE LA MARNE

Pour des raisons sentimentales, le premier effort de l'armée française est porté vers l'Alsace. Débouchant le 7 août de la trouée de Belfort, le général Bonneau, commandant le 7e corps de la Ière armée, s'empare de Mulhouse. La VIIème armée du général von Heeringen. Ramenée rapidement de la région de Strasbourg, le contraint à se replier. A la tête d'une nouvelle armée, dite d'Alsace, le général Pau reprend l'offensive. Il s'empare de Thann, le 14, de Mulhouse le 19 et atteint deux jours après les faubourgs de Colmar.

Mais ce succès n'est que de courte durée. Pau ne parvient à contrôler ni les ponts sur le Rhin, ni la forêt de la Hardt. Joffre ordonne alors à l'armée d'Alsace de se replier sur les contreforts des Vosges. Seules les villes de Thann et de Masevaux sont libérées. La démonstration psychologique et politique autant que militaire voulue par Joffre se solde par un échec. L'immense enthousiasme soulevé par la libération de l'Alsace n'a duré que le temps d'un feu de paille.

L'échec de l'offensive en Lorraine

 

Le 15 août, la Ière armée du général Dubail et la IIème armée du général de Castelnau prennent l'offensive en Lorraine, comme l'avait prévu le plan XVII. Elles se heurtent aux arrière-gardes de la VIème armée du prince Ruprecht de Bavière et à celles de la VIIème armée du général von Heeringen, qu'elles refoulent. Le plan de Moltke prévoit un repli des VIème et VIIème armée sur la Sarre pour y attirer les deux armées françaises et les prendre dans une nasse. Puis une contre-attaque en tenaille doit être lancée pour les couper de la Moselle et les détruire. Le 17, Calstelnau entre dans Château-Salins alors que le 20ème corps, commandé par Foch, se trouve à la portée de Morhange. Le 18, Dubail s'empare de Sarrebourg.

Mais l'impétueux prince Ruprecht va faire échouer la manœuvre prévue par Moltke. Ayant, en effet, constaté un certain flottement chez l'adversaire (les deux armées françaises sont mal soudées et progressent dans des directions divergentes), il décide de passer à l'attaque. La bataille de Morhange s'engage. L'artillerie allemande fait des ravages. Calstelnau, le premier, doit prescrire le repli sur le Grand-Couronné de Nancy. Dubail, dont le flanc nord est maintenant découvert, doit décrocher à son tour. Le prince Ruprecht tente alors un nouvel effort pour exploiter son succès. Mais il s'épuise en vaines attaques sur la Vezouve, la Meurthe et la Mortagne. Le 25 août, le front se stabilise à quelques kilomètres à l'est de la Meurthe. C'est une immense déception à laquelle s'ajoute une haine grandissante pour l'envahisseurs qui donne les premiers signes d'un comportement parfois inhumain. Le village de Nomeny est incendié ; 65 personnes dont 5 enfants sont lâchement abattues. Le maire et l'instituteur qui tentent de s'interposer sont fusillés. Actes barbares qui, hélas, seront souvent imités par la suite.

L'offensive française de Lorraine est donc un échec douloureux, L'action prévue par le plan XVII est réduite â néant. Elle a du moins servi à fixer des forces ennemies importantes à l'est et à empêcher Moltke de disposer de ses réserves au profit de l'aile marchante de l'armée allemande qui a déjà pénétré en Belgique.

La chute de Liège

 

Moltke n'a pas tardé à mettre en application le plan Schlieffen. Dans la nuit du 5 au 6 août le général von Emmich s'empare de Liège. Ludendorff, qui devient brusquement célèbre, a remplacé à la tête de la 14ème brigade son chef tué au combat. Il réussit par un coup de main audacieux à prendre intacts les ponts sur la Meuse et obtient sans coup férir la reddition de la citadelle. Le général belge Leman, commandant la place, est fait prisonnier. Seuls les forts résistent avec courage et ne tomberont que le 15 août après de durs combats "La brusquerie, la violence de cette attaque - écrivit plus tard le général belge Galet, aide de camp du roi Albert - témoignaient que la possession de Liège revêtait une très grande importance aux yeux de Moltke.

A l'examen de la carte, le sens de la prise de la ville sautait aux yeux : le grand état-major allemand comptait pousser par Liège, au-delà de la Meuse vers Louvain et Namur." En l'occurrence, Galet voyait juste. Les armées allemandes, échelonnées le long de la frontière belge, avaient commencé l'opération d'enveloppement de l'armée française. La conquête de Liège et de ses cinq ponts conditionnait la progression de la puissante aile droite de l'armée allemande composée des Ière IIème et IIIème armées, commandées respectivement par les généraux von Klück, von Bülow et von Hausen.

Contrairement à Galet, l'état-major de Joffre n'a pas senti la menace. Il est d'ailleurs mal renseigné. "Nous ignorons tout de la situation en Belgique" se plaint, Messimy, le ministre de la Guerre français. Ordre est alors donné au corps de cavalerie du général Sordet, qui se trouve à 80 km au sud-ouest de Liège, de pousser une "vigoureuse action" vers les lieux du combat. Celle-ci se réduit à une pointe sans lendemain, à marches forcées, jusqu'aux abords de Liège. Mais ne rencontrant pas la cavalerie adverse, n'ayant d'autre idée du rôle de son arme que la charge au galop par divisions en masses, le général Sordet ramène en arrière ses magnifiques régiments... pour leur permettre de se ravitailler Il sera un peu plus tard limogé et remplacé par Bridoux.

L'échec de l'offensive dans les Ardennes

 

L armée belge s'est repliée sur le camp retranché d'Anvers, alors que Joffre continue comme l'exprime sans ambages le général Lanrezac "à se tromper lourdement". D'une part, il minimise le nombre de corps d'armée constituant l'aile marchante de l'armée allemande (13 ou 15 corps, alors qu'en réalité, avec les corps de réserve dont Moltke a doté la Ière armée de Kluck, elle en compte 28) et, d'autre part, il ne prend pas conscience de l'ampleur du mouvement tournant entrepris par Kluck, par Bülow et par Hausen en Belgique. Il n'envisage pas, en conséquence, l'éventualité d'une attaque allemande par la rive gauche de la Meuse supérieure et prévoit que le gros des armées de Moltke va déboucher sur la rive droite.

Toutefois, pour menacer les communications des forces allemandes, le général Joffre décide d'attaquer dans les Ardennes, le 21 août, et lance la IIIème armée du général Ruffey sur Arlon et la IVème armée du général de Langle de Carry sur Neufchâteau. Mais il ignore qu'elles vont se heurter aux IVème et Vème armées allemandes, dont la marche vient justement d'être orientée par Moltke en direction du sud-ouest. C'est un nouvel échec. Le 23 août, les deux armées, très éprouvées, battent en retraite, sur la Chiers, puis sur la Meuse. L'espoir de reconquérir le bassin de Briey est perdu, et son minerai continuera d'alimenter les aciéries allemandes pendant quatre ans.

Dans ses mémoires, le maréchal Joffre donne les raisons de cette série d'insuccès et porte un jugement sévère sur l'instruction des cadres et de la troupe: "Un trop grand nombre de nos généraux révélèrent à l'épreuve, au-dessous de leur tâche. C'est qu'en temps de paix, il est rarement possible de juger des questions de caractère. Il était de plus manifeste que les principes d'offensive que nous avions essayé d'inculquer à l'armée avant la guerre avaient été trop souvent mal compris et mal mis en œuvre. On s rendait compte que les avant-gardes s'engageaient sans l'appui de l'artillerie et tombaient en formation massive sous le coup de l'artillerie ennemie. L'infanterie était presque toujours lancée à l'assaut à une trop grande distance des objectifs. Jamais les points conquis n'étaient organisés avant le départ pour la conquête d'un nouvel objectif. Par-dessus tout la coopération des armes de l'artillerie et de l'infanterie n'était à peu près jamais réalisée."

Joffre n'attendit d'ailleurs pas longtemps pour sanctionner l'incompétence de ses officiers généraux. Du 2août au 6 septembre 1914, il relève de leur fonction deux commandants d'armée, dix commandants de corps d'armée et trente-huit commandants de divisions.

La défaite de Charleroi

 

Joffre a enfin admis l'ampleur du mouvement de l'aile droite allemande et a autorisé le général Lanrezac, commandant la Vème armée, à se déployer plus à l'ouest entre la Sambre et la Meuse. Le général Franchet d'Esperey, commandant le 1er corps, a pris position sur la rive gauche de la Meuse de part et d'autre de Dinant. Les 3ème et 10ème corps sont stationnés au sud de la Sambre de Charleroi. Le corps expéditionnaire britannique du général French (4 divisions, 1 corps de cavalerie) a gagné Hirson, puis s'est déplacé vers Mons pour mieux prolonger à l'ouest le dispositif de Lanrezac.

La Ière armée de Kluck aile droite marchante de l'armée allemande, après s'être emparée de Louvain et de Bruxelles, a basculé vers le sud en direction de Ath et de Mons. L'incendie de la ville de Louvain, allumé par les Allemands en représailles à des coups de feu qui seraient partis des toits, déchaîna l'horreur et la colère de la presse, en particulier américaine. La IIème armée de Bülow (ce dernier coordonne par ordre de Moltke l'action des deux armées), après avoir franchi la Meuse, dans la région de Huy, progresse sur Gembloux, Charleroi et Maubeuge. Enfin la IIIème armée du général von Hausen, ayant franchi l'Ourthe, se dirige vers Dinant. La bataille de Charleroi se prépare; elle durera trois jours: du 21 au 23 août.

Au soir du 21 août, Bülow aborde la Sambre. Le 22, il s'empare de Charleroi et, après avoir infligé des pertes terribles au 10ème corps, établit une tête de pont de 5 km de profondeur au sud de la rivière. A 1'est, Hausen s'est rapproché de la Meuse. Une des brigades du 1er corps du général Franchet d'Esperey, stationnée à Houx, commandée par le général Pétain, a rejeté, le 15 août, après un combat farouche, l'avant-garde du corps de cavalerie Richtofen de l'autre côté de la rivière. Le 23, un second détachement de Hausen franchit la Meuse, avec succès cette fois, et occupe Onhaye dans le dos du 1er corps. Le même jour, Namur est investie. C'est le moment où le corps expéditionnaire de French est bousculé par Kluck à Mons et doit, après avoir résisté avec vaillance, battre en retraite sous peine d'être débordé. Lanrezac est menacé d'encerclement. Il évite le désastre en donnant l'ordre de retraite sur la ligne Givet-Maubeuge.

Le 24 août, au matin, en attaquant, les Allemands tombent dans le vide. Un jeune officier, Charles de Gaulle, lieutenant au 33ème régiment d'infanterie, a participé avec éclat à la bataille de Dinant. Il décrit avec clairvoyance la situation: "Le premier choc est une immense surprise. Stratégiquement , l'envergure du mouvement tournant de l'ennemi et l'emploi qu'il fait de ses unités de réserve bouleversent, d'un seul coup, notre plan. Tactiquement, la révélation de la puissance du feu rend caduques, à l'instant même, les doctrines en vigueur. Moralement, les illusions, dont on s'était cuirassé, sont emportées en un clin d'œil. Entre le 20 et 23 août, l'armée passe de but en blanc d'une sécurité parfaite au paroxysme du danger".

Alors que l'armée allemande pavoise et que le Kaiser, depuis son quartier général transféré, le 30 août, de Coblence à Luxembourg , s'apprête à ordonner la marche sur Paris, deux hommes ne participent pas à la liesse générale. L'un, le général von Falkenhayn, ministre de la guerre, déclare: "Ce n'est pas une bataille gagnée, c'est une retraite méthodique. Où sont les trophées? Où sont donc les prisonniers?". L'autre est le général von Moltke. Il écrit: "On s'exalte trop vite autour du Kaiser. Je suis heureux de ne pas me trouver à la Cour... Il y a encore des difficultés que nous devons vaincre". Le jeune lieutenant français et le vieux général allemand ont tous deux raison: la France est en danger mais elle est encore loin d'être battue.

La retraite des alliés

 

Le 25 août, un communiqué du général Joffre fait connaître que "la situation est inchangée de la Somme aux Vosges". "Triple aveu - écrit Poincaré - de l'invasion, de la défaite et de la perte de l'Alsace." Le gouvernement confie la défense de Paris au général Galliéni avec la secrète pensée, chez certains ministres, de lui assurer la succession de Joffre au cas où la situation empirerait. De son côté le grand quartier général allemand proclame: " les armées allemandes sont entrées en France de Cambrai aux Vosges après une série de combats continuellement victorieux. L'ennemi est en pleine retraite et n'est plus capable d'opposer une résistance sérieuse". Quarante-cinq ans après 1870, Paris va-t-il à nouveau tomber entre les mains des Allemands?

Joffre assiste impavide à l'écroulement de son plan. Depuis le 24 août, les trois armées françaises (IIIème, IVème, Vème) et le BEF (British Expeditionary Force) du général French reculent. La situation est grave mais rien n'est encore perdu. Il ne s'agit pas d'une débâcle mais d'un retraite dans l'ordre. Au témoignage de tous, la discipline se maintient et, si l'on entend quelques soupirs, on n'entend aucun murmure: "Je n'avais plus de peau sous les pieds - racontera plus tard un soldat - mais je n'avais mal qu'au cœur à l'idée que l'on s'en allait".

Les hommes ont conservé leur armement. Les unités sont restées constituées et se battent encore avec courage. Au Cateau, le 26, les Anglais infligent de lourdes pertes à l'ennemi. Le 29, après une contre-attaque ratée à Saint-Quentin, Lanrezac bouscule si fortement la gauche de la IIème armée de Bülow, à Guise, celui-ci appelle Kluck à l'aide. Alors qu'à l'est, Castelnau tient fermement le Grand-couronné de Nancy, Joffre remanie le dispositif. Il crée deux nouvelles armée: la VIème, qu'il confie au général Maunoury pour tenir l'espace à la gauche du BEF; la IXème, qu'il confie à Foch, commandant le 20ème corps, ce qui lui permet de colmater la brèche qui s'est ouverte entre la IIIème et la IVème armée. Puis Ruffey est remplacé par Sarrail, et Lanrezac, donc les relations avec French sont exécrables, cède son commandement à Franchet d'Esperey.

Le 30 août, Joffre ordonne un repli général vers la Seine. Le 2 septembre le président de la République et le gouvernement quittent Paris pour Bordeaux.

La bataille de la Marne Dans sa directive du 27 août, Moltke fixe les axes de progression à ses troupes victorieuses: la Ière armée de Kluck, la plus à droite, marchera à l'ouest de l'Oise en direction de la Basse-Seine. La IIème armée de Bülow (à qui la Ière armée était provisoirement subordonnée) poussera entre la Fère et Laon sur Paris alors que les trois autres armées progresseront respectivement en direction de Château-Thierry, d'Epernay et d'une ligne Chalons-Vitry.

Le 1er septembre, des reconnaissances aériennes françaises et britanniques repèrent des colonnes ennemies marchant vers le sud - sud-est. Les renseignements portés sur une carte trouvée sur un officier allemand fait prisonnier indiquent que l'armée Kluck tout entière a franchi l'Oise à hauteur de Compiègne et de Verberie et infléchit sa progression vers le sud-est. Le 4 septembre, des reconnaissances de cavalerie quittent le camp retranché de Paris. Leurs renseignements confirment ceux déjà recueillis par l'aviation: la route de Senlis à Paris est vide alors que celles allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudoin sont encombrées de troupes. Il faut se rendre à l'évidence: Kluck, contrairement aux instructions de Moltke, a abandonné la route de Paris par l'ouest et se dirige vers l'est. Bülow croyant, en effet, Lanrezac (puis Franchet d'Esperey) en déroute a demandé à Kluck de le poursuivre. Obéissant à son voisin (et non à son chef temporaire), Kluck a infléchi sa progression et, à marches forcées, se dirige vers l'Ourcq et la Marne pour couper la retraite de Lanrezac et pour l'empêcher de se rétablir solidement sur l'une de ces coupures.

Joffre et Galliéni entrevoient le parti qu'ils peuvent tirer de la situation: "Il faut - déclare le gouverneur de Paris - tomber sans tarder sur l'armée imprudente". Kluck prête, en effet, le flanc à une armée française de l'ouest, la VIème armée de Maunoury, récemment crée, et dont il ignore l'existence. Il était temps de mettre un terme à la retraite : la contre-offensive sera déclenchée le 6 septembre.

La bataille va se dérouler dans la vallée de la Marne et de ses affluents: Ourcq, Grand et Petit Morin, Saulx et Ornain. C'est ce qui déterminera Joffre à donner à cette bataille le nom de la Marne qui évoque l'idée d'une région étendue. Le long d'un front de 250 km, qui comporte une vaste poche à la convexité tournée vers le sud se déploient, d'ouest en est, les armées Maunoury, French, Franchet d'Esperey, Foch, de Langle de Carry et Sarrail.

Trois séries de combats déterminants vont s'y dérouler: à l'ouest, l'action offensive sera conduite par Maunoury, French et Franchet d'Esperey contre les Ière et IIème armées allemandes; à l'est, Sarrail passera à l'offensive contre le flanc gauche de l'armée allemande le long de l'Argonne; au centre, les armées du général Foch et du général de Langle, étirées sur un front de 100 km, ne pourront que tenir et résister aux assauts répétés de la IIIème armée allemande. Plus à l'est, en Lorraine, les forces du prince Ruprecht se briseront contre les armées de Castelnau et de Dubail.

La contre-attaque

 

Le 5 septembre, Kluck a repris sa progression vers le Grand-Morin. Mais Moltke a senti le danger. Il lui donne l'ordre de repasser au nord de la Marne. Maunoury, débouchant d'une ligne Nanteuil-le-Haudoin-Lagny a, en effet, lancé une attaque frontale contre le 4ème corps de réserve laissé par Kluck à l'ouest de l'Ourcq pour assurer la flanc-garde. Toute l'aile droite du dispositif allemand risque d'être prise dans une nasse. Le 6, Kluck se décide à rappeler sur l'Ourcq, les 2ème et 4ème corps qui avaient déjà franchi le Grand-Morin et faisaient face, au sud, au corps expéditionnaire anglais de French.

Puis, n'étant pas parvenu à déborder l'aile nord de Maunoury il ordonne, dans la soirée du 7, aux 3ème et 9ème corps isolés au sud de la Marne de rejoindre à marche forcée l'aile droite de la 1ère armée sur l'Ourcq. Cette volte-face, admirablement exécutée, représente un extraordinaire exploit, qui fait autant honneur au sens manœuvrier de Kluck qu'à l'endurance de ses soldats.

Pendant ce temps, Galliéni ne cesse de renforcer la VIème armée de Maunoury avec toutes les unités disponibles. C'est dans ce contexte que se place la fameuse réquisition des "taxis de la Marne". En retirant brusquement les deux derniers corps d'armée du sud et en les envoyant vers l'ouest, Kluck creusa une brèche d'une trentaine de kilomètres entre son armée et la IIème armée de Bülow que le corps de cavalerie de Marwitz n'arriva pas à combler C'est alors que French et Franchet d'Esperey s'engouffrèrent dans la brèche et vinrent rapidement border le Petit-Morin entre les communes de Ferté-sous-Jouarre et Montmirail.

La position de la IIème armée de Bülow devenait, à son tour, critique. Les attaques livrées par elle contre la IXème armée de Foch avaient été refoulées. Une défense acharnée des Français n'avait par permis aux Allemands de s'emparer de la crête du Mont-Aout et du château de Mondement qui commandaient les débouchés sud des marais de Saint-Gond.

Le 9, l'aile gauche de la Vème armée de Franchet d'Esperey franchit la Marne à Château-Thierry, bientôt suivie, à l'ouest, par les Anglais. C'est toute l'aile droite des armées de Moltke qui se trouve maintenant en danger d'être contournée. Le lieutenent-colonel Hentsch, envoyé par Moltke avec tous les pouvoirs, dresse un sombre tableau de la situation: "La Vème armée du Kronprinz est arrêtée devant Verdun; la VIème du prince Ruprecht devant Nancy et Epinal, la IIème de Bülow, qui n'est plus qu'un "déchet", va devoir se replier derrière la Marne. Il est donc indispensable de regrouper l'ensemble des forces sur un front cohérent de Soissons à Verdun". Il fut suivi et l'ensemble des armées allemandes se mit à battre en retraite.

Pour la France, ces quatre jours de combat (6-9 septembre) se terminent par une grande victoire. L'élan des armées allemandes a été rompu. Mais ce "miracle de la Marne", s'il a sauvé la France du désastre, n'a pas détruit l'armée allemande qui a décroché habilement avant d'être enveloppée. 15.000 prisonniers seulement sont tombés aux mains des Français. La terrible guerre des tranchées allait bientôt commencer.

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