LES COMBATS DU PONT DE TRY, LE 4 SEPTEMBRE 1914

Par Werner Andrejewski

 

Notre ville jumelle, Dormans, dans la première guerre mondiale, fut concernée par la première et la deuxième bataille de la Marne. En souvenir de ces deux batailles fut construit le mémorial au dessus de la ville de Dormans.

En juillet et août 2004, de manifestations sont prévues en France et particulièrement à Dormans, pour commémorer le 90ème anniversaire de la première bataille de la Marne. Des représentants du Conseil Municipal et du D.F.G. ont reçu une invitation pour venir à Dormans.

La première réaction fut un étonnement: le 90ème anniversaire de la première bataille de la Marne, de la première guerre mondiale ? Quand nous parlons de guerre mondiale, en Allemagne, nous pensons presque toujours à la deuxième guerre mondiale qui reste dans les mémoires des familles par les bombardements, les combats et les pertes.

En France, on pense toujours à la première guerre mondiale. Cette guerre y est toujours présente. Depuis l'Alsace jusqu'au nord de la France s'étendait une ligne de front de près de 600 km, large de nombreux kilomètres, incluant des villes et des villages détruits. Les régions des combats de Verdun et de la Champagne entre l'Argonne et Reims sont restées, comme en 1918, à la fin de la guerre: parsemées par endroits, de munitions non explosées et d'autres reliques de guerre, dans un paysage de végétation clairsemée.

Nous pouvons aujourd'hui encore, voir des paysans en Picardie qui ramassent lors de la récolte des betteraves, des obus non explosés qu'ils entassent également. C'est seulement l'aspect matériel, car chaque famille française pleure encore les morts, les disparus et les invalides de cette guerre où un tiers de hommes jeunes y moururent.

Lors des événements de l'été 1914, l'Etat Major allemand essaya, par une attaque rapide, d'écraser l'Armée Française avant de retourner ses troupes contre la Russie. Le 3 septembre 1914, la deuxième Armée Allemande atteignit la Marne entre Dormans et Verneuil. Cette deuxième Armée avait déjà enlevé les forts de Liège et de Namur, investi la place de Maubeuge, combattu la 5ème armée française lors de combats de Guise-St Quentin.

La plupart des ponts sur la Marne n'étaient pas défendus à l'exception du pont de Try (Verneuil) tenu par des éléments de la 5ème Armée française. Le 78ème RI d'Osnabrück appuyé par des éléments du 26ème RAC établit une position au sud de Verneuil. Une attaque de jour des positions dominantes tenues par les Français semblait trop risquée, on préféra une attaque de nuit. Dès que la nuit fut tombée, un groupe d'assaut composé de la première compagnie du 10ème bataillon du génie désamorça les charges explosives de destruction du pont et à 1 h 30 du matin, le 4 septembre, l'artillerie allemande ouvrit le feu. La 12ème compagnie du 78ème RI prit d'assaut le pont, fit prisonniers les Français qui le défendaient et s'installa en position sur le talus du chemin de fer, au sud de la rivière.

Rapidement le reste du régiment suivit et prit position derrière le talus du chemin de fer, en couverture. Alors, l'assaut fut donné pour prendre les hauteurs tenues par les Français. Au travers de buissons et des vignes, l'assaut se transforma en combat individuel. Vers 4 h du matin, les hauteurs étaient dans les mains allemandes et les français avaient repris leur retraite. Le 78ème RI réorganisa ses compagnies, soigna ses blessés, enterra ses morts et se reposa vers 6 heures sur la route de Dormans. Les 73ème et 91ème RI traversèrent le pont et reprirent la marche par Vassy vers Igny.

Le résultat du point de vue allemand : le pont est pris, 3 officiers, 30 sous-officiers et hommes de troupe tués, parmi lesquels le commandant du régiment, le Colonel Winkelhausen, qui a dirigé l'assaut en restant débout. (Se protéger pour un officier, en 1914, était déshonorant, mais cela devait changer rapidement).

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