UN COMBAT DE RENCONTRE

LES 5 ET 6 SEPTEMBRE 1914 A LA 55e D. R.

CHAPITRE XV

 

QUELQUES REMARQUES DU COMMANDANT MICHEL

 

Le Commandant Michel commente les moyens d'investigation mis en oeuvre pour éclairer les mouvements du 5 septembre 1914, en direction de Monthyon.

"Or, que s'est-il passé le 5 au matin ?

A l'échelon armée : exploration aérienne et terrestre à peu près nulle en direction de l'est vers l'Ourcq et sur la Marne. Un seul avion envoyé sur la Marne est abattu à Varreddes; quelques reconnaissances de cavalerie, axées sur de bonnes directions : Lizy-sur-Ourcq, Mareuil-sur-Ourcq, mais d'effectif trop faible, de fréquence insuffisantes et d'efficacité incertaine; une unité de cavalerie : la brigade Gillet, maintenue en réserve près de la Marne dans la région de Mesnil-Amelot sans utilité, au lieu de partir en exploration en direction de l'Ourcq en vue d'y accrocher l'aile droite allemande, estimée assez faible d'ailleurs, et de la fixer.

A l'échelon groupe de divisions de réserve : aucune recherche particulière de renseignement. Cet échelon ne comportait d'ailleurs pas de moyens appropriés.

A l'échelon division, le général Leguay ne disposait pas d'aviation, mais par contre il possédait un groupe de deux escadrons de dragons. Ses moyens étaient donc limités. Par ailleurs, notons que les ordres reçus du Commandement faisaient bien allusion à l'éventualité d'une offensive ultérieure vers l'est mais ne contenaient aucune indication sur l'ennemi. Aussi est-il normal que les ordres donnés aux subordonnés ne reflètent aucune indication sur les possibilités de l'adversaire. Dans ces conditions, les exécutants estiment qu'aucun danger ne les menace et qu'en somme, le 5, il s'agit simplement d'effectuer une contre-marche. Aussi à l'avant-garde, on se borne à prendre les mesures de sécurité strictement indispensables :

La cavalerie divisionnaire est bien attribuée en totalité au général de Mainbray, dont la brigade suit l'itinéraire nord mais aucune mission précise ne lui est donnée par le général de division. Le général commandant la 110e brigade, qui n'est pas au courant de l'objet de la marche du 5, croit que le danger allemand est toujours vers le nord-est, comme les jours précédents, aussi expédie-t-il en majorité sa cavalerie au nord des bois de Tillières.

Une reconnaissance d'officier est bien envoyée sur l'Ourcq, conformément à l'ordre de l'armée, mais nous ignorons actuellement le résultat de son activité et en somme le seul organe de renseignement agissant au profit immédiat de la 55e D. R. est ce maigre peloton de dragons dont la disparition au delà de Vinantes a pour seul résultat d'arrêter la 110e brigade dans la plaine d'Iverny, en attendant que la situation soit éclaircie vers Monthyon. Nous avons vu de quelle manière s'était produite la surprise dans ces conditions.

Comment le général commandant la 55e D. R. a-t-il fait face à cette situation ?

Averti par le canon que son avant-garde s'était heurtée à l'ennemi, il a fait alerter la 109e brigade vers 14 heures, confirmant ainsi l'initiative qu'avait déjà prise le général Arrivet, à 13 h. 30, de la cote 117. Il se trouvait ainsi prêt à intervenir, pour ressaisir l'initiative. Mais pour pouvoir agir en connaissance de cause, il était nécessaire qu'il soit renseigné au plus tôt sur la nature et les intentions des forces adverses rencontrées. S'agissait-il de simples reconnaissances d'éléments de cavalerie, ou d'avant-gardes d'une grande unité ?

Une reconnaissance aérienne aurait pu préciser ces données, mais nous savons que l'instrument n'était pas entre ses mains. Posté, d'autre part, à près de 8 kilomètres des lignes, il ne pouvait observer par lui-même l'importance de l'engagement. Par ailleurs, ce n'est qu'entre 15 et 16 heures que les premiers renseignements, très sommaires d'ailleurs, sur la rencontre, lui parviennent du général de Mainbray et du général Ditte. ………….

……. Portons-nous maintenant dans le camp ennemi. Nous savons la mission du IVe C. R. allemand :

Couvrir le flanc droit de la 1re armée au nord de la Marne. Mission impliquant également une active recherche de renseignement puisqu'il s'agit de surveiller le secteur nord-est du camp retranché de Paris d'où peut surgir un danger.

Le général von Gronau, dépourvu d'aviation, dispose comme organe de reconnaissance de la 4e D. C. et des escadrons divisionnaires des 7e et 22e D. R.

Nous avons déjà noté la précarité des renseignements recueillis par la 4e D.C. pour sonder le mystère des rassemblements français observés vers Dammartin; la carence des organes divisionnaires pour déceler la proximité des forces françaises vers Monthyon et Penchard en particulier.

Mais le général von Gronau a du caractère. La doctrine allemande lui a enseigné également " qu'un chef qui cède à la tentation d'attendre, pour agir, l'arrivée de renseignements plus précis court en effet le risque de voir son adversaire déchirer le voile par des actes décisifs ".

Aussi décide-t-il vers 11 heures, en présence du renseignement laconique du mouvement d'éléments français vers Montgé, de faire rechercher par la force le complément d'information. En déployant progressivement tout son corps d'armée, il va contraindre le général Maunoury à révéler prématurément son jeu.

De Monthyon, observatoire magnifique, il dirige avec décision le combat de reconnaissance et complète ses informations en engageant sur le mystérieux bois de Tillières le gros de la 7e D. R. Puis, vers 17 heures, en présence de renseignements venus de la 4e D. C. laissant prévoir un mouvement débordant ennemi par la droite de son dispositif d'attaque (au nord de Saint-Soupplets), il décide le repli de ses forces sur la Thérouanne.

Ainsi, si " obscures et incomplètes " que soient les données recueillies sur l'ennemi, il sait prendre " à leur heure " les décisions que comporte la conduite de sa grande unité et, par son activité, il rend à l'armée allemande un service inestimable.

 

La transmission des renseignements.

 

Dans nos études tactiques, nous ne tenons pas toujours un compte suffisant du temps mis par un renseignement pour parvenir à sa destination. Voyons ce qui se passe au combat d'Iverny. .

- Le combat se déclenche à 13 heures. A 15 h. 30, le général de division reçoit les premiers renseignements positifs sur la rencontre, soit 2 h. 30 après.

- A 14 heures, le général de Mainbray expédie un officier de son état-major au Plessis-sous-Bois pour demander au 231e R. I. d'accourir à Iverny renforcer le 246e R. I. Cet officier ayant été tué en sortant du village, c'est à 17 h. 30, soit 3 h. 30 après, que ce régiment est en mesure d'intervenir, un deuxième agent de liaison lui ayant été envoyé.

- A 17 heures, le 5/276e et les Marocains se retirent sur Villeroy. A minuit, le général de Lamaze ne sait pas encore exactement si Villeroy est tenu ou perdu par nos troupes.

- A 2 heures, le 6, la compagnie de Contencin, du 232e R. I., va reconnaître de nuit Monthyon. A 4 h. 30, cette compagnie occupe le village. A 6 h. 30, toute la division est sous les armes et attend encore impatiemment le résultat de la reconnaissance.

Ces lenteurs ou ce manque de transmission de renseignements en privant le Commandement d'éléments d'appréciation de la situation, paralysent son action."

 

……………………

Caractéristiques du combat du 6 septembre

I - Lenteur de la progression en formation de combat.

Le 5, la 55e D. R. marchait vers l'ennemi sur route, en formation de marche. Le 6 septembre, elle progresse en terrain découvert en formation de combat par brigades accolées, les bataillons d'avant-garde semi-déployés. Sans manoeuvres compliquées, sans perte de temps, elle se trouve donc en état de passer à l'attaque dès 12 heures. Son dispositif lui permet en outre d'effectuer facilement une conversion et d'alimenter une attaque sans mélange d'unités de brigades différentes.

Le seul inconvénient présenté par cette formation est la lenteur de la progression. Pour se porter de Monthyon à hauteur de Barcy, la 55e D. R. met près de 4 h. 30 pour effectuer moins de 4 kilomètres et pourtant le terrain est plat, facile à la marche, très dégagé. Il offre des vues étendues, mais aussi favorise l'action lointaine de l'artillerie et des armes automatiques adverses.

II - Rôle de la cavalerie.

Le 6, également, notre cavalerie progresse très prudemment. Elle ne décolle pas suffisamment de nos avant-gardes. Pourtant, partie de Monthyon vers 6 h. 30 ou 7 heures, elle aurait pu fournir au Commandement, dès 9 heures, des renseignements intéressants sur la coupure la Thérouanne et sur la région de Varreddes. A ce moment, la 22e D. R. allemande commençait à peine à s'installer et la 3e D. I. était encore au sud de la Marne et seuls les ponts de Varreddes étaient gardés par la 22e D. R. Munie de ces renseignements, notre infanterie aurait sans doute progressé plus rapidement.

III - Soudaineté des événements en guerre de mouvement.

La valeur d'un bon service de renseignements en guerre de mouvement est encore mise en relief par la soudaineté des événements du 6 septembre, venant bouleverser les prévisions du Commandement : telle l'apparition de la 3e D. I. allemande dans le flanc de la 55e D. R. et la rapidité avec laquelle il a fallu y faire face. La 55e D. R., marchant vers l'Est, a dû s'engager sans délai vers le sud sans avoir pris le contact, sans renseignements précis sur l'ennemi, et par suite sans possibilité de monter une attaque sérieuse, toute heure de retard pouvant avoir pour conséquence de permettre à la division allemande de prendre pied sur le plateau de Barcy.

Cependant, malgré la célérité apportée dans l'exécution de cette attaque, le but proposé ne put être atteint et il fallut plusieurs jours de combats acharnés pour déloger la 3e D. I. accrochée en rebord du plateau.

IV - Conduite de l'attaque du 6 septembre.

Au moment où la 55e D. R., partant de la base Barcy, Marcilly, s'élance en direction de Varreddes sur un glacis redoutable, elle tombe sous le feu meurtrier d'une infanterie ennemie invisible. Pendant l'après-midi, elle ne parvient pas à déterminer la position de résistance allemande et elle s'épuise en attaques réitérées et coûteuses au cours desquelles les chefs et soldats déployèrent un héroïsme magnifique.

Devant l'échec de la première tentative, il semble qu'il eût été préférable de ne pas s'obstiner à faire progresser les troupes sur le plateau meurtrier de Barcy. Reprise en mains par le général commandant le groupe de divisions de réserve, une attaque, bien appuyée par l'artillerie, tentée du sud de Chambry en direction de Varreddes, eût rendu la situation de la 3e D. I. intenable sur le plateau de la cote 115. Conjuguée avec une attaque dans la vallée de la Thérouanne en direction d'Etrepilly, cette opération, profitant d'un compartiment de terrain, eût peut-être dégagé tout le plateau de la cote 115, dès le 6 au soir.

La hâte de l'engagement et la difficulté de connaître avec précision la situation à un moment donné résultant de l'instabilité du front de combat ont sans doute interdit an Commandement la reprise en mains de l'attaque.

V - L'infanterie au combat.

Au passage, notons quelques caractéristiques de l'action de l'infanterie pendant les combats des 5 et 6.

Notre infanterie, comme celle des Allemands d'ailleurs, recherche trop les formations d'attaque ou de progression compactes et denses. Elle se préoccupe trop d'alignement. Les officiers, très braves, s'exposent avec témérité. Nos uniformes, très visibles facilitent le tir meurtrier des tireurs d'élite ennemis; aussi la proportion d'officiers tués est-elle sérieuse.

L'infanterie des deux partis marche à l'attaque sans appui de feu pour faciliter sa progression : la dotation de mitrailleuses de 1914 était d'ailleurs très faible (4 mitrailleuses mal approvisionnées pour 2 bataillons de réservistes de notre côté et 1 compagnie de mitrailleuses (12 pièces) par brigade, c'est-à-dire pour 6 bataillons de réserve du côté allemand). L'artillerie ne concerte pas toujours suffisamment son action au préalable avec l'infanterie.

VI - Emploi de l'artillerie.

L'artillerie de la 55e D. R. devait, pour l'attaque de la cote 115, s'établir groupée au sud-ouest de Barcy, sous les ordres de son commandement d'artillerie divisionnaire. Les efforts de la division venant converger sur un front de 2.000 mètres vers la cote 115, la proportion d'artillerie (36 pièces de 75) était moyenne pour 1914, mais, privée d'observatoires ou d'avions lui permettant d'intervenir avec pleine efficacité dans la cuvette de Varreddes et de repérer avec précision la position allemande, cette artillerie semble avoir surtout agi, efficacement d'ailleurs, en contre-batterie sur les groupes allemands au nord de Varreddes et en interdiction sur le village et les ponts voisins sur la Marne. De ce fait, son action au profit immédiat de l'infanterie semble avoir été restreinte ou quelquefois fâcheuse (tirs sur notre infanterie).

Il convient cependant de citer l'aide efficace apportée à la 55e D. R. par les pièces de 75 volontaires du groupe du 25e R. A. C. de la 56e D. R. L'exposé des conditions dans lesquelles cette précieuse collaboration put s'exercer permettra d'une part de souligner le rôle du facteur moral dans l'artillerie et d'autre part de mettre en lumière les difficultés de la liaison infanterie-artillerie en guerre de mouvement.

Le groupe du 25e R. A. C., qui appuyait l'attaque de la 56e D. R. sur Etrepilly, était en position au début de l'après-midi du 6 septembre à 100 mètres environ à l'ouest de la Râperie de Marcilly. Son commandant de groupe, le chef d'escadron Baratier avait placé son observatoire au sommet de la cheminée de la Râperie. De là, il distinguait facilement le terrain à l'est d'Étrepilly, mais le village lui-même échappait en grande partie à ses vues.

Tant que l'infanterie put, de cet observatoire être suivie dans sa progression, l'artillerie lui apporta un appui énergique et précis; mais lorsqu'elle parvint aux abords ouest du village, le commandant de groupe fut obligé de rechercher un autre mode de liaison. Des agents de liaison et des coureurs avaient bien été détachés auprès de l'infanterie, mais les renseignements recueillis étaient trop souvent vagues et le front étant à 2 kilomètres des batteries, ces indications se trouvaient périmées en arrivant à destination. On ne pouvait guère songer à utiliser le téléphone : en 1914, les dotations en moyens téléphoniques ne permettaient pas de dérouler par groupe plus de 500 mètres de fil, que les obus hachaient souvent, et par ailleurs notre téléphone était si imparfait que sa portée pratique ne dépassait pas 200 mètres.

Le terrain plat, dénudé et exposé aux vues des observatoires ennemis de Trocy ne permettait pas, d'autre part, d'avancer les batteries. Le commandant Baratier estima que le meilleur moyen de sortir de l'impasse était de se rendre lui-même à hauteur des combattants. Bien remonté, il se porta alors au grand galop, malgré l'intensité du bombardement, vers les premières lignes pour juger de la situation et revenir vers ses pièces.

Pendant son absence, cependant de courte durée, son groupe soumis depuis plusieurs heures à d'effroyables concentrations de l'artillerie ennemie en batterie vers Trocy, ayant déjà perdu le tiers de son effectif de servants, s'était replié vers Marcilly et s'était mis en position à côté des deux autres groupes de la division. A ce moment précis, la contre-attaque du général Riemann débouchait d'Etrepilly refoulant la 56e D. R. et escaladant le plateau de Barcy, menaçait la 110e brigade de la 55e D. R. au moment où celle-ci atteignait la cote 115.

Soucieux d'aider à tout prix notre infanterie, le commandant du groupe, faisant preuve d'une psychologie avisée, fit appel à l'abnégation de ses canonniers et en se portant avec une batterie formée de volontaires, à hauteur de la Râperie de Marcilly, arriva à temps pour recevoir à mitraille à moins de 1.000 mètres les masses hessoises contraignant déjà notre 55e D. R. au recul.

En insistant ainsi sur ce cas concret nous avons voulu indiquer une fois de plus les difficultés de la liaison infanterie-artillerie en 1914. Le commandant de batterie observant l'ennemi était trop souvent éloigné des pièces pour pouvoir les commander utilement. D'autres fois, restant près de ses canons, donc en bonne posture pour les diriger, il ne distinguait pas ce qui arrêtait notre infanterie, d'où les nombreux tirs fratricides relevés chez les deux adversaires dans ces combats de guerre en rase campagne.

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VII - Le facteur moral.

Cette étude serait incomplète si nous ,ne soulignions pas ce merveilleux rétablissement du moral de nos soldats au moment où la lutte décisive s'engage sur l'Ourcq.

Notre appréciation sera plus impartiale à cet égard si nous demandons à notre adversaire lui-même - et nous connaissons sa valeur - le soin d'exprimer son opinion sur nos soldats d'alors.

Interrogé pendant la guerre par un journaliste suédois sur les causes du redressement français pendant la bataille de l'Ourcq, le général von Kluck. lui déclara entre autres :

" Que des hommes ayant reculé pendant dix jours, que des hommes couchés par terre à demi-morts de fatigue puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est une chose avec laquelle nous n'avions jamais appris à compter dans nos kriegspiels. "

Il serait superflu de commenter cette appréciation. Nous avons constaté à quel degré d'épuisement physique et moral étaient parvenus nos soldats le 4 septembre, au terme de l'hallucinante retraite. Nous les avons suivis ensuite à l'attaque devant Monthyon, le 5 septembre, stoïques malgré la surprise, puis nous avons admiré, le 6 septembre, leur fol héroïsme devant Varreddes, leur sacrifice sublime pour répondre à l'appel du généralissime : voilà le miracle de la Marne.

Mais cette faculté providentielle de redressement dans les heures sombres de notre histoire, que nous possédons pour ainsi dire d'atavisme et qui nous permet de vaincre dans le péril, disons-le hautement, nous avions tout fait pour l'exalter avant 1914 dans nos camps d'instruction. On peut tout demander à une troupe animée du plus pur patriotisme, confiante dans la valeur de ses chefs, et ayant foi dans les destinées de la Patrie.

Les troupiers de septembre 1914, conduits par des chefs sans peur, ont été les dignes émules des compagnons de Jeanne d'Arc, que magnifiait l'héroïque Péguy, ainsi que des volontaires de Valmy et des grognards de l'armée d'Italie.

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