LES EFFECTIFS ET LA COMPOSITION THÉORIQUE DES DIVISIONS FRANÇAISES ET ALLEMANDES EN 1914

Composition d'un régiment d'Infanterie Français en 1914

1 régiment d'infanterie possède 3 bataillons et compte 3400 hommes ;

1 bataillon d'infanterie comprend 4 compagnies et compte 1100 hommes et 2 mitrailleuses;

1 compagnie d'infanterie compte 4 sections de 60 hommes.

À la mobilisation, en 1914, les régiments français d'infanterie forment chacun un régiment de réserve dérivé dont le numéro est celui du régiment actif majoré de 200 (ex. : à Châlons-sur-Marne : 106ème régiment d'active et 306ème régiment de réserve et, à Reims : 132ème régiment d'active et 332ème régiment de réserve). De surcroît, le régiment de réserve est, au départ, commandé par le lieutenant-colonel, commandant en second du régiment actif, et la numérotation des compagnies du régiment de réserve prend la suite de celle du régiment d'active.

Composition d'une division d'Infanterie

Française

Allemande

4 régiments d'infanterie

1 régiment d'artillerie

1 escadron de cavalerie

1 compagnie du génie

4 régiments d'infanterie

2 régiments d'artillerie

1 régiment de cavalerie

2 compagnies du génie

 

Composition d'un corps d'armée

Français

Allemand

Éléments organiques :

2 régiments d'infanterie

1 régiment de cavalerie

1 régiment d'artillerie

4 compagnies du génie

et 2 divisions

Éléments organiques :

1 groupe d'artillerie de 150

1 escadrille d'aviation

et 2 divisions

au total environ 40 000 hommes regroupés en 28 bataillons ~(3 x 4 x 2) + (2 x 2)

au total environ 25 000 hommes regroupés en 24 bataillons ~(3 x 4 x 2)

et disposant de 56 mitrailleuses ~(2 x 28)

et disposant de 48 mitrailleuses ~(2 x 24)

120 canons de 75. ~(2 x 36) + (1 x 48)

108 canons de 77 ~(4 x 27)

 

36 canons de 105 et 16 canons de 150.

N.B. : Différence sensible dans l'Artillerie

LES EFFECTIFS PRÉVUS PAR LE PLAN XVII, AOÛT 1914

 

Ce texte est tiré de l'ouvrage "LES ARMEES FRANCAISES DANS LA GRANDE GUERRE" TOME 1, VOLUME 1, ce document est reproduit avec l'autorisation du Service Historique de l'Armée de Terre N° 24/03/2000*004130. Merci au SHAT.

 

Plusieurs décennies ont été nécessaires à l'amélioration du réseau ferré afin de faciliter la montée, en ligne ,des troupes vers le Nord-Est. La loi du service militaire de trois ans est promulguée le 7 août 1913 et appliquée à partir de novembre 1913.

L'Etat-Major trace les grandes lignes des nouvelles dispositions dont l'ensemble constituera le plan XVII.

Les modifications suivantes sont apportées à l'organisation :

Dans les corps d'armée mobilisés, la brigade de réserve est supprimée; par contre un régiment de réservistes à 2 bataillons sera affecté à chaque division; la cavalerie est réduite à un régiment.

Chaque corps d'armée normal comportera donc :

2 divisions actives comprenant chacune : 2 brigades à 2 régiments de 3 bataillons, 1 régiment de réservistes à 2 bataillons, 1 régiment d'artillerie à 9 batteries;

1 artillerie de corps comprenant 12 batteries; 1 régiment de cavalerie à 6 escadrons dont 2 de réserve.

Les 2e, 6e, 7e, 14e, 15e, 20e, 21e corps d'armée et le corps d'armée colonial ont une constitution spéciale; le 6e, en particulier, a 3 divisions.

L'armée mobilisée comprendra au total :

21 corps d'armée, en comprenant le corps colonial et le 21e corps d'armée dont la création est projetée dans la région d'Épinal;

3 divisions autonomes : les 37e et 38e divisions formées de troupes d'Algérie et Tunisie 1, la 43e division (Cette division fut dénommée ultérieurement 44e, la création du 21e C.A.. ayant amené la formation dès le temps de paix de la 43e D.I. organique) constituée par les troupes des Alpes, lesquelles dans le plan XVI devaient former un 21e corps d'armée.

Au total, les formations actives comprendront 46 divisions, chiffre identique à celui qui était prévu au plan précédent, malgré l'effort militaire que la France est obligée de faire au Maroc.

Les grandes unités de réserve seront constituées sur de nouvelles bases.

Les régiments de réserve seront ramenés de 3 à 2 bataillons.

Partant de ce principe, chaque division de réserve comprendra :

2 brigades d'infanterie à 3 régiments de 2 bataillons (La constitution des régiments de réserve à 3 bataillons nécessitait des prélèvements très importants sur les cadres actifs. En adoptant le chiffre de 2 bataillons et en considérant la valeur effective des unités créées plutôt que leur nombre, on espérait réaliser un solide encadrement des régiments de réserve sans appauvrir outre mesure celui des corps actifs qui les alimentaient).

3 groupes de 3 batteries, 2 escadrons de cavalerie.

Le plan XVII prévoit la constitution de 25 divisions de réserve à 12 bataillons chacune.

Quant à l'emploi à faire de ces formations, les " Bases du plan " s'expriment ainsi :

" Sans doute on ne saurait dans aucun cas assimiler des unités de réserve à des unités actives. C'est à ces dernières unités que le commandement fera surtout appel pour l'exécution des manoeuvres offensives dont dépend le succès des opérations, comptant sur leur instruction meilleure, sur leur entraînement supérieur et sur la solidité des liens tactiques qui unissent tous leurs éléments.

Mais il est permis de compter que mieux organisées, mieux encadrées, mieux commandées, les divisions de réserve du plan XVII deviendront aptes à remplir aux côtés des troupes actives certaines missions d'un caractère spécial que jusqu'à présent on appréhendait de leur confier surtout au début de la guerre. "

Il sera constitué 12 divisions territoriales affectées les unes à la défense de Paris, les autres à la protection des côtes ou éventuellement à celle de notre frontière des Pyrénées.

L'effectif affecté à la défense des côtes sera notablement réduit. Les unités actives des places et des côtes pourront d'ailleurs, le cas échéant, participer à des opérations de campagne.

L'emploi à la mobilisation des troupes de l'Afrique du Nord est prévu dans les conditions suivantes : celles d'Algérie et Tunisie formeront, comme on vient de le voir, les 37e et 38e divisions; le corps expéditionnaire du Maroc sera maintenu sur ce territoire jusqu'à ce que certaines de ses unités puissent être relevées par des troupes noires.

Enfin des mesures sont envisagées pour renforcer l'artillerie et les unités cyclistes des divisions de cavalerie dont la loi des cadres fixe le nombre à 10 divisions de 3 brigades. D'une part, on portera de 2 à 3 batteries les groupes d'artillerie des divisions de cavalerie existantes et on dotera pareillement les divisions à créer; d'autre part la loi des cadres de l'infanterie prévoit l'affectation à chaque division de cavalerie d'un groupe cycliste de 300 fusils.

En ce qui concerne l'artillerie lourde, les " Bases du plan XVII " prévoient :

1° Des artilleries d'armée comprenant un total de 26 batteries de 155 court à tir rapide.

2° Une artillerie lourde mobile, organe du groupe d'armées, comptant 15 batteries de 120 long et 6 batteries de mortiers de 220.

Il est d'ailleurs nécessaire d'étudier la réorganisation de notre artillerie lourde, en vue d'utiliser les ressources qui seront fournies par le matériel de 105 long nouvellement adopté et par les canons de 155 court à tir rapide.

L'approvisionnement en munitions d'artillerie est prévu pour le corps d'armée à 470 coups par pièce (batteries et parc), pour le grand parc d'armée à 390 coups par pièce. On cherche à porter cet approvisionnement à 500 coups par pièce au corps d'armée et 500 au parc d'armée, soit 1.000 coups par pièce pour les formations de l'avant; on envisage d'ailleurs un accroissement ultérieur de ce chiffre.

" En 1915, lorsque les approvisionnements en munitions de 75 seront alignés à 1500 coups par pièce, il restera dans les entrepôts de réserve générale, après la constitution des lots des corps d'armée et des armées, un troisième lot de 500 coups par pièce environ."

" En outre, il y a lieu de tenir compte des munitions fabriquées an moment de la mobilisation. Des mesures sont à l'étude dont le résultat serait de porter le rendement la fabrication à 500 coups par pièce à la fin du deuxième mois."

L'accroissement et le perfectionnement du matériel de l'artillerie ne sont pas les seuls envisagés.

Pour le génie, on étudie un modèle de pont plus puissant permettant le passage des automobiles de poids lourd.

Le nombre des postes de campagne de T. S. F. sera porté à 30.

On prévoit enfin que le service aéronautique comprendra, au printemps de 1914, 13 dirigeables et 21 escadrilles de 6 avions chacune.

On ne prévoit pas de modification importante à la mobilisation.

Les unités seront prêtes à embarquer :

Du 4e au 9e jour pour les corps d'armée normaux;

Du 9e au 12e jour pour les divisions de réserve (Du 5e au 10e jour pour les 2 D.R. du camp retranché de Paris);

Du 5e au 15e jour pour les divisions territoriales;

Le 3e jour à 18 heures pour les divisions de cavalerie.

Les corps d'armée de couverture mobilisent en deux échelons prêts à être enlevés : les premiers de la 3e à la 8e heure, les deuxièmes du 2e au 8e jour.

Les 2e, 5e et 8e corps d'armée destinés à fournir les renforts de couverture tiennent 1 division prête à embarquer le 4e jour.

La mobilisation des places du Nord-Est se termine le 7e jour au matin, ainsi que celle des divisions de réserve affectées à leur défense.

Envisageant ensuite la répartition générale des forces, et considérant que nos armées auraient vraisemblablement à agir sur deux théâtres d'opérations distincts, région du Nord-Est et frontière des Alpes, les " Bases du plan XVII " s'expriment ainsi :

" Il importe que les forces employées sur le théâtre d'opérations du Nord-Est comprennent la presque totalité des forces actives, seules capables de manœuvrer avec la précision et la vigueur nécessaires pour aboutir à un résultat décisif. "

" Les formations de deuxième ligne qui ne seront pas affectées à la défense des autres parties du territoire devront également être mises à la disposition du commandant en chef du groupe d'armées du Nord-Est. Sur le théâtre principal, elles seront utilisées à des missions ne nécessitant pas le degré de cohésion qui caractérise les formations actives et, par exemple, à l'occupation de positions, à des investissements, à la défense des régions couvertes ou coupées, etc. Les missions de cette nature y sont d'ailleurs assez fréquentes et assez importantes pour qu'il soit intéressant de réduire au minimum les formations de deuxième ligne, immobilisées sur les frontières secondaires. "

Sur la frontière du Sud-Est " des forces françaises numériquement très inférieures, s'appuyant sur les places qui barrent toutes les routes carrossables, seront en état, le cas échéant, sinon d'arrêter indéfiniment l'invasion, tout au moins de contraindre les corps italiens à n'avancer qu'avec une extrême circonspection. Par suite de la lenteur de la mobilisation de nos adversaires, cette mission, d'ordre essentiellement défensif, n'exigera pas le développement de sérieux efforts avant la fin du premier mois.

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