EFFECTIFS COMPARÉS, LORS DE LA BATAILLE DE MARNE

Les chiffres avancés présentent, entre les sources, peu de grandes différences.

 

Chiffres "Allemands" tirés du livre "La campagne de la Marne en 1914" du Général von Kuhl édité au lendemain de la guerre, en 1920. La traduction française du Commandant Koeltz, est sortie en 1927, chez Payot.

Son premier chapitre traite de la situation de l'Allemagne avant le début de la guerre, on y découvre une affirmation surprenant :

"Le tableau ci-après montre la supériorité écrasante de nos adversaires qui disposaient de 6 200 000 hommes alors que l'Allemagne et l'Autriche n'en avaient que 3 500 000 en chiffres ronds.

 

COMPARAISON DES EFFECTIFS DE PAIX

ET DES EFFECTIFS DE GUERRE RÉELS EN ÉTÉ 1914

(y compris les officiers) (1)

 

Effectifs de paix

Effectifs de guerre (2)

Divisons d'infanterie

Divisons de cavalerie

Nombre d'hommes

Allemagne

760.908

85(3)

11

2.019.470

Autriche-Hongrie

477.859

57

11

1.470.000

Total

1.238.767

142

22

33.489.470

Russie

1.581.000

118 1/2 (4)

40 (5)

3.461.750

France

883.566

75 (6)

10

2.032.820

Angleterre

248.000(7)

6

1 et 2 brigades

132.000 (8)

Serbie

51.000

10

1

285.000

Belgique

61.282

6

1

280.000

Total

2.825.448

215 1/2 (2)

54

6.191.570

Remarques :

(1) En cas de comparaison avec d'autres nombres, il faut tenir compte qu'ici, d'une part, tous les officiers sont inclus et que, d'autre part, les formations de la remarque 2 sont déduites, enfin que les données se rapportent à l'été 1914.

(2) Non compris : les formations d'ersatz, de landwehr et de landsturm en Allemagne; l'armée territoriale en France ; la garde nationale en Russie.

(3) Y compris les 6 divisions d'ersatz mobiles.

(4) Y compris les corps cosaques, sibériens et du Turkestan.

(5) Y compris 12 divisions de cosaques.

(6) 48 actives, 27 de réserve dont 2 formées seulement en octobre-

(7) Armée régulière stationnée en Angleterre et dans les colonies.

(8) Corps expéditionnaire seul.

 

Chiffres "Français" tirés du livre "Les Armées Françaises dans la Grande Guerre" Tome Premier - Premier volume, page 30 et suivantes, ce document est reproduit avec l'autorisation du Service Historique de l'Armée de Terre N° 24/03/2000*004130. Merci au SHAT.

 

L'effectif du pied de paix de l'armée française sur le territoire de la métropole se montait en 1913 à 52o.ooo hommes environ. L'application de la loi du 7 août 1913. dite loi de 3 ans, votée sous l'influence des lois militaires allemandes de 1911 et 1913, eut pour effet d'augmenter cet effectif. Celui-ci, au 1er août 1914, s'élevait à 736.ooo hommes, dont 49.000 du service auxiliaire.

Les troupes stationnées en France formaient (Y compris le corps colonial à 3 divisions.)

44 divisions d'infanterie, réparties en 21 corps d'armée; 10 divisions de cavalerie.

Les effectifs mobilisés prévus étaient les suivants (chiffres théoriques et arrondis) :

20 corps d'armée à 2 divisions, soit 44.ooo hommes :

 

94o.ooo

1 corps d'armée à 3 divisions, soit 6o.ooo

3 divisions actives isolées + 25 divisions de réserve à 18.ooo

5o4.ooo

8 divisions territoriales de campagne à 15.ooo hommes.

 

184.6oo

4 divisions territoriales de place à 14.500 hommes

1 brigade territoriale à 6.6oo hommes

10 divisions de cavalerie à 5.25o hommes

52.500

Eléments d'armée

187.500

Garnisons des places fortes

821.400

Service de garde des voies de communication

210.000

Dépôts

68o.ooo

Au total :

3.58o.ooo hommes

 

Armée allemande

 

La plupart des améliorations et renforcements prévus par la loi de 1913 furent effectués très rapidement et, au début de 1914, l'effectif total de l'armée allemande sur le pied de paix était de 870.000 officiers, sous-officiers et soldats. Ils constituaient 669 bataillons d'infanterie, 547 escadrons de cavalerie, 663 batteries de campagne, 48 bataillons d'artillerie à pied, 35 bataillons de pionniers, 29 bataillons de troupes de communication, 25 bataillons du train, plus des formations spéciales aux forteresses et des unités d'instruction.

Ces unités étaient réparties en 25 corps d'armée : le corps de la Garde, 21 corps d'armée numérotés de 1 à 21 et 3 corps d'armée bavarois.

Par suite du renforcement des effectifs du temps de paix, aucune unité de l'armée active ne comprendrait, à la mobilisation, plus d'un tiers de réservistes appartenant, pour la plupart, à la dernière classe libérée. En outre, le grand nombre de réservistes instruits permettait de mettre sur pied de nombreuses formations de réserve solidement encadrées à l'aide d'officiers du cadre complémentaire et réunies en grandes unités prévues dès le temps de paix, dont le commandement devait être assuré par les officiers généraux du cadre actif employés dans les inspections d'armes et de subdivisions d'armes.

 

Armée austro-hongroise

 

L'exécution des dispositions de la loi du 5 juillet 1912 devait porter l'effectif de paix de l'armée austro-hongroise à 59o.ooo hommes, officiers compris. Toutefois, l'augmentation était répartie sur cinq années et ne devait avoir son plein effet qu'en 1918.

Au début de 1914, on comptait environ 45o.ooo hommes sous les drapeaux, répartis en trois armées distinctes : l'armée commune, la landwehr pour l'Autriche et la honved pour la Hongrie.

A la même époque, on estimait que l'armée austro-hongroise mettrait sur pied, en cas de guerre, 16 corps d'armée, dont 14 à 3 divisions, et 2 à 2 divisions, plus 10 divisions de cavalerie. Les corps à 3 divisions devaient comprendre 2 divisions de l'armée commune et une division de landwehr ou une division de honved. Comme troupes de réserve, on prévoyait la constitution de 14 brigades de marche et, comme troupes territoriales, de 21 brigades de landsturm.

L'ensemble des troupes mobilisées représentait un effectif de 1 million 4oo.ooo hommes environ en y comprenant le personnel des services.

 

Armée italienne

 

En mars 1914, l'état-major français envisageait comme il suit l'organisation de l'armée italienne sur le pied de guerre.

Les ressources du recrutement étaient estimées à 1.5oo.ooo hommes instruits, ainsi répartis : 75o.ooo dans l'armée active ou armée de première ligne, dont 25o.ooo sous les drapeaux et 5oo.ooo en congé; 300.000 dans la milice mobile ou armée de deuxième ligne; 45o.ooo dans la milice territoriale ou armée de troisième ligne. A ces chiffres, il y avait lieu d'ajouter plus d'un million d'hommes non instruits et classés d'emblée dans la milice territoriale.

Ces ressources permettaient de former, pour l'infanterie, 389 bataillons de l'armée active, 173 bataillons de milice mobile et 197 bataillons de milice territoriale.

On prévoyait, pour la cavalerie, 150 escadrons de l'armée active et 36 escadrons formés par la milice mobile.

L'artillerie de l'armée active comprenait 232 batteries de campagne, dont 196 montées; la milice mobile devait en fournir 60. En outre, chaque corps d'armée devait recevoir une artillerie lourde comprenant deux batteries d'obusiers et une batterie de canons.

On estimait que les formations mobilisées devaient constituer 14 corps d'armée (12 du temps de paix et 2 formés à la mobilisation) répartis en 4 armées,

Les corps d'armée étaient prévus les uns à 2, les autres à 3 divisions, au total 37 divisions dont 25 actives et 12 de milice mobile; 10 de ces dernières entraient dans la composition des corps d'armée. La cavalerie constituait 4 divisions, dont 3 existant en temps de paix.

 

Armée belge

 

Cette loi du 3 août 1913 représentait pour la Belgique un sérieux effort et une orientation toute nouvelle. Elle fut votée même par les partis qui étaient jusque-là les plus hostiles à l'augmentation du contingent, tant la nécessité en apparaissait clairement à tous. Mais elle ne devait avoir son plein effet qu'au bout de dix ans.

Au printemps 1914, l'armée belge du pied de paix comportait 6 divisions d'armée, une division de cavalerie et des troupes de forteresse. Cette organisation fournissait l'ossature de l'armée mobilisée, d'une part l'armée de campagne qui comprenait six divisions d'armée et une division de cavalerie, d'autre part les troupes de forteresse destinées aux positions fortifiées.

L'organisation défensive de la Belgique était constituée par les places de Namur et de Liège destinées à interdire le franchissement de la Meuse, de quelque côté que vint l'attaque, et par le camp retranché d'Anvers, réduit de la défense, camp que, depuis 1906 on cherchait à compléter et à remettre au point, et auquel les places de la Meuse devaient servir d'avancées.

Quant au rassemblement de l'armée de campagne et à son emploi, ils étaient basés sur la nécessité où se trouvait la Belgique de pouvoir faire face au début, soit à l'Allemagne, soit à la France, soit même à l'Angleterre, de façon, avait dit M. de Broquevifle lors de la discussion de la loi de 1913, "faire pencher la balance en faveur de celle des puissances qui n'aurait pas la première violé la neutralité du territoire belge".

 

Armée russe

 

Sur un contingent annuel de 1.2oo.ooo à 1.3oo.ooo hommes, la Russie n'incorporait chaque année que 45o.ooo hommes environ; son armée du temps de paix atteignait l'effectif de 1.35o.ooo hommes et le nombre de ses réservistes instruits s'élevait à 4 millions d'hommes.

Suivant les clauses de l'alliance franco-russe, dont la France avait tout lieu d'escompter le jeu normal, la Russie devait en cas de conflit mettre en ligne sur sa frontière occidentale toutes les forces dont elle disposait en Europe. Celles-ci pouvaient avoir à faire face à l'Allemagne, à l'Autriche-Hongrie et éventuellement à la Roumanie.

En 1913, le plan russe prévoyait la mobilisation en Europe de 28 corps d'armée actifs, constitués par 55 divisions d'infanterie à 16 bataillons et 48 canons, et par 9 brigades de chasseurs à 8 bataillons et 24 canons, au total: 952 bataillons, 361 batteries montées, 28 groupes d'obusiers à 2 batteries de 6 pièces et 15 groupes lourds à 3 batteries de 4 pièces. Il comportait en outre la mobilisation de 20 divisions de cavalerie : 560 escadrons et 42 batteries à cheval.

Les troupes de réserve mobilisées au début en Europe formaient 37 divisions d'infanterie et 20 divisions de cavalerie, soit : 592 bataillons, 198 batteries montées, 524 sotnias ou escadrons cosaques, 17 batteries à cheval et 36 batteries d'obusiers. 15 de ces divisions étaient affectées aux côtes ou aux places.

La puissance militaire russe présentait deux caractéristiques particulières. D'une part, elle disposait d'un réservoir d'hommes presque inépuisable. D'autre part, la mobilisation et la concentration russes, du fait de l'étendue du pays et du peu de densité de son réseau ferré, devaient s'effectuer sensiblement plus lentement que celles des autres nations européennes.

De ces deux considérations, il résultait que la force des armées russes résidait surtout dans leur masse et dans la durée de l'effort qu'elles étaient susceptibles de soutenir.

Par contre, la lenteur de leur entrée en action imposait à la France la nécessité de supporter au début du conflit le poids de la plus grande partie des armées allemandes.

 

Armée serbe

 

Bien que, dans l'établissement du plan, l'armée serbe n'intéressât pas immédiatement l'état-major français, on pensait cependant qu'elle pouvait, en cas de conflit, apporter aux armées russes un appoint précieux.

La Serbie avait, en effet, fourni un magnifique effort dans les guerres qu'elle venait de soutenir successivement contre la Turquie, puis contre la Bulgarie. La population, à la suite des traités qui suivirent, était passée de 3 millions à 4 millions 250.000 habitants,

Cependant, le contingent annuel ne s'élevait qu'à 17.000 hommes et l'effectif de paix en 1914 ne dépassait pas 6o.ooo hommes; mais l'armée était en voie de réorganisation et on prévoyait que, lorsque les dispositions prises auraient produit leur plein effet, les forces mobilisées pourraient fournir 12 divisions du premier ban et 12 divisions du deuxième ban.

En 19 14, on envisageait seulement, comme première étape, le dédoublement des 5 divisions constituant l'armée serbe de 1912.

 

Armée anglaise (L'armée anglaise est désignée dans le plan XVII sous l'appellation conventionnelle armée W)

 

Pour le recrutement de ses armées, l'Angleterre s'en tenait toujours au principe des enrôlements volontaires.

Les ressources en hommes militairement instruits dont disposait l'empire britannique étaient donc beaucoup plus restreintes que celles des grandes nations continentales.

Les effectifs auxquels cette puissance pouvait faire appel en cas de conflit s'élevaient en 1913 à 8oo.ooo hommes environ, ainsi répartis :

Armée régulière : 167.ooohommes;

Armée des Indes: 76.ooo hommes;

Réserve régulière : 145.ooo hommes;

Armée territoriale: 315.ooo hommes;

Réserve spéciale : 78.ooo hommes.

Sur ces disponibilités, le War Office avait prévu la formation d'un corps expéditionnaire susceptible d'intervenir sur le continent. Cette partie des forces militaires britanniques était la seule qui nous intéressât directement et l'étude des modalités de sa coopération éventuelle avait été poursuivie depuis plusieurs années, de concert entre les états-majors anglais et français.

Les principales dispositions arrêtées, dès le temps de paix, entre les états-majors, au sujet du corps expéditionnaire anglais, peuvent se résumer ainsi :

Les atterrissages sont prévus dans trois ports : le Havre, Rouen, Boulogne, bases où doivent s'installer pendant toute la durée des opérations les services de l'arrière de l'armée anglaise. Les éléments du corps expéditionnaire débarquant dans les ports y séjournent 36 heures; enlevés en chemin de fer dans les gares qui desservent ces ports, ils suivent une ligne de transport passant par Amiens et Busigny et débarquent en principe dans la zone Maubeuge, Busigny, Hirson.

D'après les prévisions, le corps expéditionnaire anglais doit comprendre : un grand quartier général, 2 quartiers généraux d'armée, 6 divisions d'infanterie , 1 division de cavalerie, 2 brigades montées, des troupes d'armées et un service de l'arrière. L'effectif total des troupes combattantes est de 121.000 hommes.

La zone de concentration a été déterminée de manière que chacune des grandes unités se trouve à proximité de ses chantiers de débarquement et puisse prendre un dispositif de rassemblement convenablement orienté dans la direction probable des opérations. C'est ainsi que le grand quartier général cantonne au Cateau, les divisions d'infanterie stationnent dans les régions de Fourmies, Sains, Avesnes, le Nouvion, Prisches, Wassigny, la division de cavalerie autour de Maubeuge. Ce rassemblement est couvert au nord par la place de Maubeuge, sur les flancs par la forêt de Mormal et la région boisée de Trelon.

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