OPERATIONS BRITANNIQUES EN FRANCE ET BELGIQUE 1914

Ecrit par le Général de Brigade James E. Edmonds

Publié par Macmillan & Co, 1933

Traduit, en Français par Philippe Rix. Merci

CHAPITRE 5 - LA RETRAITE APRES MONS (Suite) - 25 AOÛT

(Croquis A & 4 ; Cartes 2, 3, 5, 6, 7, 8 & 13).

Après sa visite au Ier. Corps et au général Sordet à Avesnes, Sir John French, de retour au grand quartier général à Bavai dans l’après-midi du 24 août, obtint plus de renseignements sur la retraite des 3ème et 4ème armées françaises et sur la poursuite du retrait de la 5ème. Les deux divisions de réserve du groupe de Valabrègue juste à droite des Anglais avaient reculé au sud de Maubeuge. Le XVIIIème. Corps de la Cinquième Armée juste sur la droite avait été attaqué plus tôt, et s’était replié en bon ordre sur une ligne allant de Solre le Château (environ à 16 kilomètres au sud est de Maubeuge) vers le sud-est en direction de Clairfayte.

En ce qui concernait le flanc ouest, le Field-Marshal avait été informé que deux divisions de réserve française, les 61ème et 62ème (groupe du général Ebner), avaient été envoyés de Paris à Arras pour renforcer le général d’Amade, qui disposerait donc de 6 divisions, environ 80.000 hommes, sans compter la garnison de Lille, 25.000, pour tenir une ligne, de quelques 112 kilomètres de long, entre Douai, Béthune et Aire jusqu’à la mer. L’importance des forces de l’ennemi face à d’Amade restait une inconnue ; mais des troupes allemandes probablement une partie du IVème. Corps avait été vu marchant au sud entre Valenciennes et Bavai, et le groupe d’observation aérienne dans l’après-midi avait signalé qu’une importante colonne de deux divisions, vraisemblablement le IIème. Corps allemand, se déplaçant vers l’ouest d’Ath et de Grammont avait bifurqué au sud à 10 heures du matin à Lahamaide (8 kilomètres au nord-ouest d’Ath) et à Ladeuze (6,5 kilomètres au sud d’Ath) ; ainsi qu’à 4 heures 40 de l’après-midi une de ces divisions s’était arrêté à Ligne (4,8 kilomètres à l’ouest d’Ath) pour laisser passer l’autre. On savait que la cavalerie était loin à l’ouest du côté de Tournai. L’état-major Britannique était informé que Cambrai était retranché et serait tenu par les Français, tandis qu’à l’ouest de Cambrai la forte position de la Sensée serait occupée. Du fait du peu d’effectifs disponibles et de la nature des troupes d’Amade, on ne pouvait pas espérer qu’ils résisteraient très longtemps à une pression allemande un tant soit peu appuyée sur le flanc britannique ouest.

Le commandant en chef britannique estima au vu de la méthode et de la direction des attaques allemandes du 24 que Kluck tentait non seulement de contourner le flanc gauche des forces britanniques, mais de les plaquer contre la vieille forteresse de Maubeuge [comme c’était bien le cas. Les ordres de Kluck pour le 24 étaient libellés : " L’attaque doit être conduite de manière à ce que l’ennemi soit rejeté sur Maubeuge et que sa retraite vers l‘ouest soit coupée " (Kluck, p.85). ] laquelle se trouve sur son arrière droit, offrant un refuge de la même manière que Metz avait offert son abri aux Français en 1870 pendant la bataille de Gravelotte. Sir John French n‘était pas cependant enclin à se laisser tenter, et, comme la gauche du XVIIIe Corps français se trouvait déjà à 16 kilomètres en arrière sur la droite des Britanniques, il décida de poursuivre la retraite le 25 août de quelque 24 kilomètres plus loin sur une position aux alentours de Le Cateau.

Les routes pour la retraite des Britanniques présentaient des difficultés. Bavai est à la croisée de deux anciennes routes importantes, la Chaussée Brunehaut, qui va du sud-est au nord-ouest, et une autre, simplement connue comme la voie romaine, qui va du sud-ouest au nord-est ; dans l’angle sud délimité par celles-ci se trouve la forêt de Mormal. Elle formait alors un bloc boisé compact et bien entretenu, constitué principalement de chênes et de hêtres, d’une longueur maximale de quatorze kilomètres et d’une largeur moyenne de cinq à six. Sur son côté ouest, la voie romaine la délimite sur environ 11 kilomètres ; d’est en ouest plusieurs bonnes routes, une route principale et une ligne de chemin de fer la traverse ;de plus, les routes Bavai-Pont sur Sambre et Englefontaine-Landrecies se trouvent au nord et au sud respectivement ; mais aucune route ne la traverse du nord au sud : les nombreux sentiers forestiers de la carte étaient étroits et de terre ou au mieux étaient seulement recouverts d’une mince couche de pierres, ils s’étaient cependant montrés praticables pour la division de cavalerie du Ier Corps lors de sa marche au nord. Avec les cartes erronées dont disposaient les Britanniques, un commandant aurait certainement hésité avant d’engager ses colonnes, dans cette épaisse masse d’arbres à l’aveuglette, avec l’ennemi sur ses talons. (Les corps de tête allemands évitèrent de traverser la forêt du nord au sud. Le IIIème. Corps envoya des éclaireurs par deux des routes de traverse d’ouest en est pour protéger l’orée est; le IVème. Corps envoya également une colonne d’ouest en est par la route sud de la forêt à Landrecies, comme on le verra par ailleurs. Le IXème. Corps la traversa avec d’infinies précautions par la grande route de Berlaimont d’est en ouest, deux jours après la bataille de Le Cateau. Le corps suivant à l’est, le Xème. de Réserve (à Etreux le 27) avec le corps de cavalerie de Richthofen se déplaça beaucoup plus à l’est de la forêt.). Juste à l’est de la forêt coule la Sambre, avec de multiples boucles et sinuosités et un cours général orienté du sud-ouest vers le nord-est, sans qu’il y ait, comme on aurait pu le supposer, une route importante suivant le cours de sa vallée. La route Maubeuge-Leval-Landrecies, la plus proche de la rivière, se trouvait éloignée de celle ci à l’est de 800 mètres à 3 kilomètres. En conséquence, s’il fallait traverser la rivière (et les circonstances obligèrent le Ier Corps à le faire le plus près de Maubeuge possible) il faudrait la retraverser avant que ce corps puisse être réuni avec le IIème.

La situation qui se présentait au commandant en chef britannique, plus que le simple accident du relief, était très gênante. Faire passer son armée complète à l’ouest de la forêt signifierait en pratique une marche de flanc au travers du front d’un ennemi largement supérieur en nombre qui menaçait déjà son flanc ouest, passer complètement à l’est de celui-ci était impossible du fait de la proximité des Français. Sir Douglas Haig était informé sur le fait d’avoir à éviter la forêt, et à 5h45 de l’après midi du 24, il écrivit au commandant en chef qu’il serait en mesure de se mettre en marche le 25 à 5 heures du matin sur les routes près de la Sambre et qu’il pouvait laisser la voie romaine pour le IIème Corps. Il ajoutait que cette marche amènerait la tête de son corps jusqu’à Landrecies.

Le commandant en chef décida alors de diviser les forces britanniques et envoya le Ier Corps à l’est et le IIème Corps à l’ouest de la forêt, et à 8h25 de l’après midi, il déclara le retrait avec une précision que les positions exactes à occuper à Le Cateau seraient indiquées sur place. Le mouvement allait commencer de telle manière que toute l’arrière garde aurait dégagé la route Bavai-Eth à 5h30 de l’après midi du 25. Dans l'ordre d'opération du G.Q.G, la chaussée romaine, Bavai-Montay (juste au nord ouest de Le Cateau) représentait la limite entre le Ier et le IIèmeCorps et attribuée au IIème Corps, le Ier Corps était donc en charge de la forêt de Mormal.

Les divers ordres de mouvement des troupes peuvent être résumés ainsi : 

" Ier Corps se déplacer en deux colonnes et cantonner dans les villages en route. 1ère Division traverser la Sambre à Haumont et continuer de là au sud par Limont Fontaine, Ecuelin et Monceau vers Dompierre et les villages au delà. 2ème Division traverser la Sambre à Pont sur Sambre et Berlaimont, et cantonner dans la zone de Leval jusqu’au sud-ouest de Landrecies. 5ème Brigade de cavalerie (attachée au Ier Corps) ; couvrir les mouvements précédents, suivre la marche de la 2ème Division et cantonner dans la zone au nord de Leval jusqu’à Bachant.

IIème. Corps : se replier à l’ouest de la forêt de Mormal sur la ligne Le Cateau-Caudry-Haucourt par les trois routes.

La division de cavalerie (avec la 19ème brigade attachée) : deux brigades réunies avec la Cavalerie du IIème Corps, placées sous un commandement spécial, pour couvrir la retraite du IIème Corps; deux brigades, avec la 19ème brigade, sous le commandement de la Division de cavalerie, pour couvrir le flanc ouest  ".

Au cours des 22 et 23 Août, la 4ème Division, ayant été libérée de ses obligations sur la côte est de la Grande Bretagne par des brigades territoriales de cavalerie, des cyclistes territoriaux et d’autres unités, avait traversé la Manche vers les ports du Havre, de Rouen et de Boulogne, ainsi que le 24ème bataillon d’infanterie et une brigade d’artillerie, le gros des combattants était arrivé par train à Le Cateau et dans les gares avoisinantes. Ils avaient l’ordre d’avancer et de prendre position à Solesmes pour aider le retrait du IIème Corps. Le Major Général T.D'O. Snow avait reçu les ordres par la suite de se retirer, le moment voulu, sur la gauche du IIème Corps sur la position de Le Cateau.

Au centre droit du Ier Corps, la 5ème Brigade, aux premières heures du 25, avait pris le contrôle des avant postes de la 2ème Division de La Longueville à Bavai, qui avait été attaqués, quoique pas très vivement. Une troupe avait été envoyée à l’est pour prendre contact avec les avant postes de la 1ière Division et s’assurer que la 53ème Division de réserve française se retirait sur Haumont, l’endroit précis choisi pour que la 1ère Division traverse la Sambre. De Feignies à Hautmont, la 1ère Division était coincée sur une route unique poussiéreuse et étroite bordée de hauts talus, et une fois la rivière traversée par le pont désigné, la 53ème Division de réserve française ainsi qu’une partie de la 69ème se partageaient avec elle la route d’ Hautmont à Dompierre et Marbaix (Général Palat, dans un article intitulé " Le maréchal French et le général Lanrezac " paru dans le"  Anglo-French Review ", Novembre 1919 mentionnait que l’erreur était due au Iier Corps qui avait pris les routes attribuées aux divisions de réserve. Mais aucune répartition de routes n’avait été faite entre les Français et les Britanniques jusqu’à un memorandum daté du 26 à 10 heures du matin. FOA ne mentionne pas ces téléscopages. Des incidents similaires au sujet de la répartition des routes entre les armées eurent lieu du côté allemand, selon le général Baumgarten-Crusius dans son " Marneschlacht, " du fait qu’il n’y avait pas de commandement intermédiaire entre le grand quartier général et les armées, plus tard au cours de la guerre.). Le temps était excessivement chaud, et la marche, interrompue par des contrôles permanents à cause du nombre de troupes sur la route, était très pénible pour les soldats déjà accablés de fatigue et par le manque de sommeil. Sinon la colonne était peu perturbée, hormis par quelques tirs occasionnels de patrouilles allemandes et la division atteignit ses cantonnements sur une ligne de villages à l’ouest d’Avesnes :la 1ère Brigade (Guards) à Dompierre, la 2nde à Marbaix, qui était partagé avec la 53ème Division de réserve française, et la 3ème à Le Grand Fayt.

La 2nde Division, se déplaçant vers Noyelles-Maroilles-Landrecies, au sud de la forêt de Mormal, à l’ouest de la 1ère, avait une meilleure route de La Longueville jusqu’aux ponts à Berlaimont et Pont sur Sambre; l’arrière garde, fournie par la 6ème Brigade était suivie uniquement par de la cavalerie démontée mais peu sous pression, bien qu’elle eut rencontré quelques difficultés, en effet Maroilles était le point de ravitaillement des 53ème et 69ème Divisions de réserve française, et personne n’était capable de dire à l’état major britannique quelles routes utiliseraient les colonnes de ravitaillement après avoir assuré l’approvisionnement. D’autre part, l’arrière du corps de cavalerie du général Sordet utilisait la route de Maroilles à Landrecies sur sa route vers Le Cateau et ceci représentait encore plus d’embouteillage. Cependant, la 4ème Brigade (Guards) atteignit bien Landrecies vers 4 heures de l’après midi, et la 6ème Brigade atteignit Maroilles vers 6 heures; la 5ème fut retardée jusqu’au soir pour guarder les traversées de la Sambre de Pont sur Sambre à Sassegnies (ouest de Leval) jusqu’à ce qu’elle puisse être relevée par des troupes françaises et n’atteignit pas Noyelles avant minuit.

Sir Douglas Haig avait établi son quartier général à Landrecies peu après 2 heures de l’après midi où un message envoyé du grand quartier général lui arriva vers 3 heures l’informant que le IIème Corps occupait la position de Le Cateau de Caudry à Inchy, ainsi que temporairement, le Ier Corps une partie d’Inchy, et lui demandant quand il serait en mesure de le remplacer sur une ligne de défense, qui avait été préparée par des travailleurs civils, d’Inchy vers le sud est à St Benin (2,8 kilomètres au sud de Le Cateau).(Alors a été envoyé le message au Ier Corps. Le front attribué au IIème Corps semble très étroit. Mais d’autres messages ont du avoir été envoyés au IIème Corps, car le journal de celui ci pour le 25 indique : 

" Suspendre les ordres reçus {ils sont joints au journal} concernant l’occupation de la position défensive attribuée au IIème Corps :

" 5ème Division, route de Montay-Ruemont [c’est à dire la voie romaine, à l’ouest de Le Cateau, la route qui était la limite du IIème Corps le 25] vers Troivilles

3ème Division, Troisvilles-Audencourt-Caudry " C’était un front plus large et plus approprié que celui mentionné dans le message du grand quartier général au Ier Corps).

Sa réponse était demandée en urgence, en effet les ordres du 26 en dépendaient.

Le général Haig compris que la situation était grave, car vers midi, le groupe d’observation aérienne avait informé que des colonnes allemandes se resserraient sur Bavai. Entre temps son chef d’état major le Brigadier Général J.E. Gough était allé au grand quartier général et en était revenu avec des ordres, en accord avec ceux qu’il avait donné au Ier Corps de reprendre la marche vers le sud-ouest à 2 heures du matin le 26 : la 1ière Division vers St Martin (8 kilomètres au sud de Le Cateau), la 2ème vers Bazuel (3 kilomètres au sud-est de Le Cateau), L’ensemble du mouvement était couvert par la 5ème Brigade de cavalerie. Les ordres, envoyés à 19 h 30 par le grand quartier général, reçus cependant par la suite, ordonnaient de poursuivre le retrait un peu plus loin et que le Ier Corps devait aller à Busigny (11 kilomètres au sud-ouest de Le Cateau).Le IIème Corps(avec la 19ème Brigade) se déplaçant en échelon devait se replier dans la direction générale de La Sablière (un bois juste au sud de Busigny)-Prémont-Beaurevois (5 kilomètres à l’est de Le Cateau). La 4ème Division sur la gauche devait atteindre la zone de Beaurevoir-Le Catelet. La raison de ce changement était que, au vu des rapports reçus sur la poursuite du retrait des Français sur sa droite et sur la force de l’ennemi sur son front direct, Sir John French avait décidé qu’il ne pouvait pas se maintenir sur la position de Le Cateau, mais devait continuer la retraite sur St Quentin et Noyon.

Le IIème Corps avait fait tous les préparatifs pour un départ rapide le 25 pour son retrait de Bavai vers la position de Le Cateau, mais en raison des troupes de cavalerie du général Sordet d’est en ouest au travers des lignes de retraite, les routes vers le sud étaient bloquées, et il y avait les plus grandes difficultés à mettre en marche l’ensemble des transports pour minuit ; l’heure fixée dans les ordres. De fait le processus n’était pas terminé au bout d’une heure, avec comme résultat que les troupes combattantes étaient également aussi en retard. La 5ème Division était assignée à la voie romaine, juste à l’ouest de la forêt de Mormal ; la 14ème Brigade formait son arrière garde. La 3ème Division devait marcher à l’ouest de la 5ème Division par deux routes comme suit :

9ème Brigade via Gommegnies(5 kilomètres au nord-est de Le Quesnoy) -Salesches-Vendegies au Bois ;

8ème Brigade via Wargnies le Petit-Le Quesnoy-Salesches-Viesly.

7ème Brigade en arrière garde générale.

La 19ème Brigade et la Division de cavalerie devaient se déplacer encore plus à l’ouest par Villers Pol, Ruesnes, Vertain, Romeries and Solesmes, dépassant donc de plusieurs kilomètres le Quesnoy vers l’ouest ; leur fonction était de couvrir l’arrière et le flanc ouest du IIème Corps.

On se rappellera que la 4ème Division avait reçu l’ordre d’occuper une position au voisinage de Solesmes pour aider la retraite du IIème Corps, bien que n’étant pas vraiment sous ses ordres. L’infanterie et toute l’artillerie de la division telle qu’elle était arrivée avait marché au nord depuis leur descente du train à 1 heure du matin pour exécuter le rôle qui leur avait été attribué.

Le gros de la 5ème Division se mit en marche à 3 heures du matin, mais l’arrière garde fut obligée de pousser vers le nord en direction de Bellignies (5 kilomètres au nord ouest de Bavai), pour couvrir le retrait de ses canons de St Waast par Bavai : une marche de flanc, bien que courte, au travers du front de l’ennemi, ce que la nature de la région rendait inévitable. Il y eut un accrochage avec les troupes allemandes autour de Breaugies (au sud de Bellignies) et un autre près de Bavai, où les canons de la XVème Brigade RFA entrèrent en action avec un bon résultat. A 6h30 du matin, juste avec une heure de retard, le gros de l’arrière garde avait traversé la route Bavai-Eth, lorsque, arrivant sur la voie romaine, il n’y eut plus de problèmes, les allemands la suivaient de près, mais jamais ils n’accélérèrent la poursuite.

Plus à l’ouest, le gros de la 3ème Division se mit en marche à 5 heures du matin, l’arrière garde reprenant une ligne de la voie romaine vers l’ouest à travers Bermeries vers Wargnies le Petit, où sa gauche était en contact avec le commandement du général Allenby. Le sol sur le flanc ouest britannique, sur lequel la Division de cavalerie était en action, est découpé en une série de crêtes par quatre ruisseaux, qui coulent en direction du nord ouest dans le Schelde supérieur entre Bouchain et Cambrai. Au delà de ce terrain, du nord est au sud ouest coure la ligne droite de la route Bavai Cambrai et du nord au sud, celle de Valenciennes-Solesmes-Le Cateau. Les 1ière et 2nde Brigades de cavalerie s’étalaient de Wargnies au deçà de Jenlain, avec les 3ème et 4ème Brigades de cavalerie sur leur arrière gauche entre Maresches et Préseau, tous sur la première crête ; et la 19ème Brigade, également sur l’arrière gauche, sur la crête suivante entre Sepmeries et Quérénaing.

Les opérations qui s’ensuivirent à partir de ce moment sur le flanc ouest peuvent être résumées comme un combat sans interruption durant lesquels les Allemands se rapprochèrent, suivant le IIème Corps et la division de cavalerie, de telle manière que le soir leurs troupes avancées étaient pratiquement au con tact des Britanniques.

La 7ème Brigade, l’arrière garde de la 3ème Division, commencèrent leur retrait de Le Quesnoy sans avoir vu une seule trace de l’ennemi hormis quelques cavaliers ; une reconnaissance poussée au nord ouest vers Famars, dans les faubourgs de Valenciennes ne trouva aucune trace de celui-ci. D’autre part, des groupes des troupes territoriales françaises appartenant à la 84ème Division territoriale du général d’Amade, au départ à Condé furent rencontrés se retirant de Valenciennes vers le sud, ce qui indiquait l’évacuation de la ville, et la perspective d’une pression accrue de l’ennemi sur l’ouest. Des rapports des groupes d’observation aérienne faisaient ressortir la même conclusion : la tête d’une très large colonne , un corps semble t’il (le IVème), avait été vu à Quiévrechain (8 kilomètres au nord ouest de Valenciennes) à 7h30 du matin. Une autre colonne de cavalerie et de canons, longue de 5 kilomètres (manifestement 2 régiments faisant partie du IIème Corps) se déplaçait au sud depuis Somain (19 kilomètres à l’ouest de Valenciennes) et sa tête avait atteint Bouchain (11 kilomètres au sud ouest de Valenciennes) à 6 heures du matin. Plus tard, entre 9 et 10 heures, la cavalerie divisionnaire signala que des éléments ennemis, probablement de la cavalerie, se trouvaient sur la route entre Haspres et Saulzoir (15 kilomètres au sud ouest de Valenciennes), et qu’ils étaient passés le long de la grande route de Valenciennes à Cambrai et avaient pris au sud dans le voisinage de Denain. La cavalerie britannique était en position, bien protégée et gardant juste le contact avec l’ennemi, mais la menace sur le flanc ouest de la force et sur les territoriaux français en retraite obligea à envoyer les 3ème et 4ème Brigades de cavalerie à l’ouest vers Quérénain et au delà vers Verchain, couvrant donc la deuxième crête déjà mentionnée. La 1ière Brigade de cavalerie se déplaça également au nord dans la même direction, à travers Artres (6 kilomètres au sud de Valenciennes) où elle fut abondement pilonnée, mais en vain.

Au même instant la 19ème Brigade était déplacée par le général Allenby au sud ouest par delà la troisième crête vers Haussy dans la vallée au sud de celle ci. A Quérénaing, des gendarmes français informèrent que des troupes allemandes importantes se déplaçaient au sud est depuis Bouchain, et cette nouvelle était confirmée par le bruit de tirs intenses dans les parages d’Avesnes le Sec (12 kilomètres au sud est du village précédemment nommé), et à seulement 6 kilomètres de la 19ème Brigade. Le 16ème Lanciers fut donc dépéché autour de midi vers Haspres et Saulzoir pour venir en aide aux territoriaux français ; mais à partir de Saulzoir ils rebroussèrent chemin à cause des tirs d’artillerie et se retirèrent au sud est pour rejoindre la 3ème Brigade de cavalerie. Ente temps, la 2nde Brigade de cavalerie, laissée seule plus au nord, s’était retirée au sud, pas sous une très forte pression, d’abord sur une ligne entre Villers Pol et Le Quesnoy puis successivement vers Ruesnes, Capelle sur Ecaillon et Vertain, à l’est de la 19ème Brigade.

Les troupes de la 4ème Division étaient en position depuis 5 heures du matin juste au sud de Solesmes :la 11ème Brigade sur la droite, sur un contrefort au sud est de la ville ; la 10ème Brigade sur la gauche, près de la ferme de Fontaine au Tertre(3 kilomètres au sud ouest de Solesmes) ; et la 12ème Brigade, en réserve, en arrière à Viesly. Il était de la plus haute importance que Solesmes soit fortement tenu, car toutes les grandes routes du nord est, du nord et du nord ouest y convergeaient , de plus, peu après midi, une importante quantité de transports britanniques se frayaient difficilement un passage sur les routes qui étaient sérieusement encombrées par des foules de réfugiés. Ceux ci avec toutes sortes de véhicules depuis la charrette tirée par six chevaux de trait jusqu’aux voitures d’enfant, retardaient de toute part l’avance des troupes, et empêchaient les voitures automobiles transportant les officiers d’état major de dépasser les colonnes.

Les actions à venir de la cavalerie avaient toutes les caractéristiques d’actions d’arrière garde prolongée.(Les adversaires du général Allenby de ce jour, les corps de cavalerie de Marvitz, passèrent la nuit du 24-25 : les 2ème et 9ème Divisions de cavalerie à Marchiennnes(25 kilomètres au nord de Cambrai et à peu près à la même distance du flanc britannique), et la 4ème Division de cavalerie à Orchies( 6 kilomètres au nord de Marchiennes). Les ordres du 25 pour les Corps étaient " une poursuite de rattrapage "et les divisions reçurent comme objectifs respectifs, les trois villes qui se trouvaient au sud ouest, l’une derrière l’autre :Le Cateau, Solesmes et Haspres. Cette ligne de marche les rapprochaient du flanc des Britanniques, mais trop tard pour être efficace. On a rapporté que des accusations avaient été portées contre les territoriaux français, mais hormis " un combat de rue "dans Haspres vers 3 heures de l’après midi  " après quoi la 9ème Division de cavalerie y passa la nuit ", Le IIème Corps de cavalerie, selon les archives allemandes, utilisa des tirs d’artillerie contre les Britanniques (Posek,pp.51-55)). Finalement les 1ière , 3ème,et 4ème Brigades de cavalerie sous le pilonnage d’obus croissant de l’ennemi se retirèrent au sud le long de la troisième crête entre la Selle et la Harpies. La 84ème Division territoriale française était en train de se retirer vers le sud au travers de cette crête, et une liaison fut établie avec elle, mais au même moment, la pression sur la cavalerie britannique devint si forte que la 19ème Brigade fut ramenée sur la crête depuis Haussy et déployée pour la soulager. Les Allemands cependant furent ralenti sans grande difficulté ; la 19ème Brigade, entre 2 et 3 heures de l’après midi, reprit sa marche au sud vers Solesmes tandis que le gros de la cavalerie et de l’artillerie montée, s’étant à ce moment débarrassé de l’ennemi, était rassemblé à l’est de Vertain(5 kilomètres au nord est de Solesmes).Là, entre3 et 4 heures de l’après midi, ils furent subitement pris dans un déluge d’obus allemands venant du nord est comme du nord ; sur quoi la Division de cavalerie gênée par le manque de place se mit en marche à travers la campagne en brigades et même en éléments encore plus petits, après avoir affecté des arrière gardes pour protéger le passage de l’infanterie par Vertain et Solesmes. La 3ème Brigade de cavalerie battit en retraite vers le sud est, laissant derrière la plus grande parie du 4ème Hussards avec comme instructions de se mettre en contact avec le Ier Corps ; une partie de la 2ème Brigade de cavalerie y compris son état major prirent la même route ; la 1ière Brigade de cavalerie se retira sur des terrains plus élevés juste au sud est de Solesmes ; la 4ème, avec d’autres éléments de la Division de cavalerie, restèrent au voisinage de cette ville.

Tandis que, l’arrière garde de la 3ème Division (7ème Brigade) arrivait graduellement de Le Quesnoy à Solesmes, et vers 5h45 de l’après midi, sa tête avait atteint le point où les routes de Romeries, Vertain et Vendegies se rejoignent juste au nord de Solesmes. Là le 1er Wiltshire et le 2nd South Lancashire s’arrêtèrent et se déployèrent, tandis que le 3ème Worcestershire occupait une position de couverture au sud de Solesmes entre les 10ème et 11ème Brigades. Le 2ème fusiliers irlandais et une section de la 41ème Batterie, l’arrière de l’arrière garde, prévenus de la grande force des Allemands venant de Le Quesnoy, suivaient le reste de la 7ème Brigade lentement à cause des unités en face en prenant toutes les précautions et en s’arrêtant sans cesse ; ils étaient en ce moment à Pont à Pierres, sur la grande route, à quelques kilomètres au nord est de Romeries. La 19ème Brigade au même moment était en train de passer à l’est de Solesmes, par St Python, et commençait à partir en direction de la vallée de la Selle par Briastre et Neuvilly vers Le Cateau.La 4ème Brigade de cavalerie, avec les détachements d’autres troupes montées qui l’avaient rejoint près de Solesmes, se replia sur Viesly par le sud ouest de St Python, peu après que le Wiltshire et que le South Lancashire (7ème Brigade) eussent été déployés. Vers 6 heures de l’après midi ou peu après, ces deux bataillons étaient les seules troupes à couvrir Solesmes, tandis que la 4ème Division toujours maintenue à sa position d’origine sur les hauteurs au sud de cette ville, avec des instructions du grand quartier général de couvrir la retraite de la 3ème Division de la Division de cavalerie et de la 19ème Brigade.

La chaleur étouffante de la journée s’était terminée vers 5 heures de l’après midi par un orage, de ce fait la lumière avait baissé très tôt et il tombait des trombes d’eau. Au travers de cette averse, entre 6 et 7 heures de l’après midi, le reste de la 3ème Division, trempé jusqu’aux os, affamé et fatigué marcha jusqu’à son cantonnement sur la position de Le Cateau : la 8ème Brigade à Audencourt et la 9ème à Inchy.

Le gros de la 5ème Division arriva plus tôt, entre 3 et 5heures de l’après midi, sur la droite de la 3ème : la 13ème Brigade entre Le Cateau et Troisvilles, et la 15ème à l’ouest de ceux ci à Troisvilles. La marche sur la voie romaine avait été très éprouvante, car le soleil tapait férocement au long de l’interminable route droite, blanche et poussiéreuse et sous les hautes futaies de la forêt de Mormal il n’y avait pas le moindre souffle d’air pour soulager de la chaleur accablante. La 13ème Brigade fut retardée un certain temps juste à l’extérieur de Le Cateau pour permettre le passage sous le pont de chemin de fer de six régiments et d’un bataillon cycliste du corps de cavalerie du général Sordet en déplacement vers l’ouest. En même temps que l’arrière garde, la 14ème Brigade, qui avait été peu perturbée, arriva entre 5h30 et 6h30 de l’après midi, le D.C.L.I. et la moitié de l’ East Surrey (les deux compagnies restantes sous le commandement du Major H. S. Tew avait été mal orientées dans l’après midi du 24 et avait passé la nuit à Eth , d’où elles avaient marché par Ruesnes, Vertain, Solesmes vers Viesly, où elles arrivèrent entre 5 et 6 heures de l’après midi). Ils furent envoyés à l’est de Le Cateau pour prendre contact avec le Ier Corps, tandis que le Suffolk et le Manchester étaient déviés un peu à l’ouest sur l’autre côté de la vallée de la Selle en enjambant la voie romaine juste au sud de Montay. Ici, avec deux batteries de la XXVIII ème Brigade RFA, ils se retranchèrent pour maintenir les Allemands à distance de ce côté.

Alors que l’obscurité commençait à se faire, la 7ème Brigade, la 4ème Division et la moitié de la Division de cavalerie étaient encore engagés ou sur le point de l’être avec l’ennemi près de Solesmes :la 19ème Brigade et le reste de la Division de cavalerie étaient encore loin de leur position de repos pour la nuit ; la 5ème Division et une partie de la 3ème Division avaient atteints cependant leurs destinations sur la position de Le Cateau. Du côté du front et sur le flanc gauche, les Allemands semblaient se rapprocher, mais à une distance respectueuse sans donner aux Britanniques la satisfaction de voir les résultats de leurs tirs précis. Cela aurait en effet soulagé la fatigue des hommes, épuisés comme ils l’étaient par des déploiements sur des positions d’arrière garde qui n’étaient jamais attaquées, d’avoir plus de combats. Mais les allemands ne s’approchèrent jamais vraiment à portée de fusil et rarement ils servirent de cibles à ceux ci.

Les rapports aériens qui arrivèrent au grand quartier général pendant la journée furent résumés dans l’après midi, ils précisaient, de manière exacte, les colonnes allemandes près de Bavai et Le Quesnoy, avec trois d’entre elles (6ème, 7ème et 5ème Divisions)et une autre entrant dans Valenciennes(8ème Division).Cette information fut transmise aux deux corps et à la Division de cavalerie. Un résumé postérieur préparé pendant la nuit montrait que les trois premières colonnes avaient encore avancé, la tête d’une des colonnes étant à mi chemin entre Le Quesnoy et Landrecies, un grand rassemblement de troupes près de Valenciennes(IVème Corps de réserve et 3ème Division) et une colonne du flanc ouest (cavalerie) se déplaçant par Orchies, avec de nombreuses parties avancées vers le sud. De l'infanterie se déplaçait vers Solesmes. Cette description très précise ne semble pas avoir été transmises aux corps ou aux divisions ou à la cavalerie.

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