UN DES PREMIERS COMBATS AERIENS, CELUI DE CUIRY-HOUSSE
Merci à Monsieur Guy Bertin, Maire de Cuiry-Housse, qui nous a transmis ce document manuscrit.
Note sur les aviateurs allemands enterrés au cimetière de Cuiry-Housse (Aisne)
Le 26 mai 1915, à 7 heures du matin, un aéroplane allemand du type "Albatros" pourchassé par un monoplan français du type "Morane" fut abattu à quelques centaines de mètres au sud de Cuiry-Housse. Les aviateurs français étaient le Lieutenant de Hussards Jacottet et le pilote Méséguich. Ce dernier seul était blessé, légèrement d'ailleurs, à l'épaule droite, par une balle. Ils expliquèrent que la poursuite et le combat aérien duraient depuis Fismes.
Les deux aviateurs allemands succombèrent, l'un immédiatement, écrasé par l'appareil, il avait du reste reçu une balle dans le ventre (c'est celui qu'on reconnut être le Lieutenant von Bülow) l'autre, au bout de vingt minutes d'agonie comateuse, il avait été projeté à une vingtaine de mètres des débris et portait au front et à la région "oculo temporale" gauche, une très large plaie avec effondrement et perte de substance. On ne connaît celui-ci que par les initiales G.U., lues sur sa chemise. (Les pattes d'épaule portaient le chiffre 82).
L'un et l'autre ont paru être des Officiers de la Garde, âgés de vingt-cinq à trente ans, décorés, tous deux de la croix de fer.
Le médecin d'un détachement du 21ème de Chasseurs à Cheval, (7ème et 8ème Escadrons) qui cantonnaient à Cuiry-Housse, fit transporter les corps au village, les fit dévêtir à l'exception de la chemise et du caleçon, les fit coudre dans des sacs, mettre en bière et inhumer le même jour, vers 6 heures du soir, dans deux fosses voisines, creusées dans le cimetière au chevet de l'église. Il fit planter là deux croix avec l'inscription respective du nom ou des initiales et de la date. Le corps de G.U. est au nord de l'autre. D'ailleurs aucune difficulté ne pouvait se produire pour l'identification, car à l'intérieur de chaque bière a été placée, entre les jambes de chaque cadavre, une bouteille renfermant les susdites indications.
Monsieur l'abbé Brotonne, curé d'Arcy Sainte Restitue, assista à la mise en bière et donna sa bénédiction.
Le médecin fit ensuite lier en deux ballots les effets d'habillement des deux défunts tels qu'ils lui étaient parvenus et les déposa entre les mains de Monsieur Coquillette, instituteur de Cuiry-Housse, faisant fonction de secrétaire de Mairie.
Naturellement les officiers supérieurs et généraux du voisinage, qui s'étaient rendus en hâte sur les lieux, aussitôt prévenus de la chute du biplan ennemi, avaient, au préalable, fait fouiller les aviateurs tués et avaient fait emporter tous les papiers, documents, valeurs et autres objets intéressants qu'on avait pu trouver sur eux.
M.B. 1er juin 1915
M.B. - On a trouvé sur la doublure d'une poche de la tunique du Lieutenant von Bülow l'adresse de son tailleur : S. Adam Molfliefevant - Berlin, Leipzigstrasse 27.28
P.S. - On a appris que le Lieutenant von Bülow était le fils du général de ce nom et que son pilote désigné ci-dessus par erreur de lecture ou autre confusion sous les initiales : G.U., s'appelait Nette.
17 juillet 1915
Grâce au livre "Au temps des Carabines", Flammarion, écrit par René Chambe, ancien Capitaine aviateur à l'escadrille M.S. 12, nous savons :
Equipage français : Base aérienne de Jonchery-sur-Vesle, vol sur biplace Morane-Saulnier Parasol.
Pilote : Méséguich, 43 ans, engagé volontaire pour la durée des hostilités, architecte de métier, possédait un avion personnel avant le 2 août 1914 (Adjudant-Chef)
Passager Tireur : Jacottet, Sous-Lieutenant
Equipage allemand :
Pilote: Gerhard Nette, Leutnant
Passager Tireur : Prince von Bulow-Büsson, Ober-Leutnant, né le 15 mars 1886, Stettin, neveu du général von Bülow.