LA BATAILLE DE CHARLEROI

(Bataille de Namur pour les Allemands)

(Vue par le Général von Kuhl)

Le texte en Allemand, du Général von Kuhl a été édité au lendemain de la guerre, en 1920. La traduction française du Commandant Koeltz, est sortie en 1927, chez Payot. Ce texte, présenté sur ce site est particulièrement intéressant par les analyses comparatives des théories en présence.

 

 

LA BATAILLE DE NAMUR (pour les Français Bataille de Charleroi)

 

"Le cours. de la bataille de Namur du côté français montre dans quelle situation difficile était tombé le général Lanrezac (5e armée) (voir croquis 1, plus haut).

Le 21 août. au moment où il devait commencer son offensive le général Lanrezac ne disposait, en première ligne, au sud de la Sambre, que de deux, corps d'armée : le 3e au sud de Châtelet-Charleroi ; le 10e à Fosse. Le 1er C. A. assurait la protection du flanc droit sur la ligne de la Meuse entre Givet et Namur. Il devait être relevé par une division de réserve du groupe Valabrègue, mais celle-ci n'arriva que le 22 au soir. Il ne prit donc pas part aux combats du 22. A l'aile gauche de l'armée, le 18e C. A., envoyé de la région de Toul par la 2e armée et débarqué du 18 au 20, se rassembla le 21 dans la région sud de Thuin. Plus gauche encore, les deux autres divisions de réserve du groupe Valabrègue furent rameutées de Vervins pour défendre la Sambre à la frontière belge, à l'ouest de Thuin, et assurer la liaison avec les Anglais.

Des deux alliés avec lesquels Lanrezac devait coopérer, les Belges s'étaient repliés le 19 sur Anvers et les Anglais n'étaient pas encore prêts le 23. La 4e armée s'avançait séparée de lui par un grand intervalle, si bien que son flanc droit était sérieusement menacé par l'approche de la 3e armée allemande. Il n'en décida pas moins de se préparer à attaquer le 23. Mais l'attaque allemande le devança le 22 et le refoula le 23. Le 3e C. A. en particulier subit une défaite. D'après les données françaises (Palat, La Grande Guerre sur le front occidental, volume III, page 304), ses masses refluèrent le 23 au soir dans un désordre indescriptible et leur cohésion était ébranlée. Le 18e C. A. avait, lui aussi, beaucoup souffert. Lanrezac lui-même concède que certaines unités avaient montré une " faiblesse honteuse ".

Le 23 au soir Lanrezac prit lui-même la décision de battre en retraite au delà de la ligne Philippeville-Beaumont-Maubeuge pour éviter " un nouveau Sedan ". Les ordres furent donnés entre 23 heures et minuit. L'armée devait avoir commencé sa retraite derrière la ligne indiquée avant l'aube du 24. Du côté français, on attribue au général Lanrezac la mérite d'avoir sauvé son armée d'un enveloppement complet par une retraite opportune. Le général Joffre semble tout d'abord ne pas avoir été du tout d'accord avec son subordonné, mais le 24 il approuva sa décision. De notre point de vue cette retraite rapide est à regretter. La 4e armée avait été battue le 22 et se repliait vers la Meuse ; Lanrezac isolé et fortement en flèche, se trouvait donc exposé à l'attaque concentrique des 2e et 3e armées. Les derniers forts de Namur tombèrent le 25 août. Les Anglais étaient déjà depuis le 24 en pleine retraite.

Il est regrettable que la 3e armée allemande ait été déterminée à marcher directement en direction de Dinant et à traverser la Meuse précisément au point où elle était le plus difficile à franchir et 1e, plus, fortement défendue, au lieu de se maintenir en direction sud-ouest. Lanrezac fut bien obligé le. 23 de faire front à nouveau. vers la Meuse à une partie des éléments du 1er C. A. relevé pour se défendre contre l'attaque de la 3e armée, à Dinant, mais le but qu'il poursuivait fut cependant atteint : il fut sauvé " d'un danger mortel " (de Thomasson, ouv. cit. page, 215).

Palat remarque toutefois (ouv. cit. page 213) que, bien que la défaite ne fût pas décisive, ce fut néanmoins une défaite.

L'emploi du corps de cavalerie Sordet (1re, 3e et 5e D. C.) est plein d'enseignements. Rompant de la Meuse il avait franchi la frontière belge dès le 6 août, avait pénétré profondément en Belgique, mais avait fait demi-tour après une chevauchée très épuisante sans avoir été d'une grande utilité. Avant la bataille il se trouva tout d'abord devant l'aile droite de la 5e armée, mais le 23 il reçut l'ordre de se rendre aussi vite que possible à l'aile gauche anglaise qui semblait menacée par l'avance de la 1re armée allemande. Bien que ses chevaux fussent encore épuisés par leur randonnée en Belgique, il devait encore atteindre Maubeuge dans la soirée.

Au cours de la marche, le gouverneur de Maubeuge lui fit savoir qu'il ne pouvait pas cantonner à l'intérieur du camp retranché, parce que " sa place indiquée était en rase campagne ". Au milieu de la nuit il arriva à Beaufort (sud de Maubeuge) où il bivouaqua. Malgré son épuisement extrême il continua le 24 sur Avesnes pour gagner l'aile gauche anglaise ; mais ses chevaux étaient si fatigués qu'on ne put plus avancer. Ce ne fut que le 25 que le corps de cavalerie, atteignit la région de Walincourt (sud-est de Cambrai) après une marche épuisante, compliquée de nombreux à coups, et après avoir traversé l'armée anglaise en retraite.

Il apparut ainsi encore une fois combien c'est chose difficile d'amener la cavalerie d'armée au bon endroit quand elle a déjà été engagée dans une autre direction. Les directives qui lui sont destinées, demandent à être étudiées avec soin. Les mouvements de rocade de cette cavalerie prennent beaucoup plus de temps qu'on est porté à l'admettre et provoquent facilement son usure prématurée. C'est là un fait que nous trouverons confirmé lorsque nous examinerons l'emploi de notre cavalerie d'armée.

Il ne restait plus rien d'autre à faire au généralissime français qu'à indiquer leur direction de retraite à chacune de ses armées. Le général Maunoury reçut l'ordre de tenir la ligne Verdun-Toul ; la 3e armée devait se replier sur Montmédy-Damvillers-Azannes ; la 4e armée sur Givet-Beaumont-Maubeuge, pendant que les Anglais contiendraient l'ennemi entre Valenciennes et Maubeuge et se replieraient en cas de nécessité sur Cambrai."

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