LA 55ème ET LA 56ème D.R. A LA FIN AOÛT 1914

Ce texte est tiré de l'ouvrage "LES ARMEES FRANCAISES DANS LA GRANDE GUERRE" TOME 1, VOLUME 2, CHAPITRE II, de la page 51 à la page 165 , ce document est reproduit avec l'autorisation du Service Historique de l'Armée de Terre N° 24/03/2000*004130. Merci au SHAT.

 

Le 26 août, le commandant en chef décide que l'ensemble des forces ainsi transportées à l'ouest du dispositif général formera une armée nouvelle, dite VIe armée, sous les ordres du général Maunoury.

A cette même date, l'armée de Lorraine et l'armée d'Alsace sont dissoutes. Le général Maunoury qui commandait l'armée de Lorraine conservera, à la VIe armée, l'état-major qu'il avait en Lorraine. Il disposera de la direction des étapes et services précédemment attribués à l'armée d'Alsace. La VIe armée comprendra : le 7e corps (général Vautier) diminué de sa 41e division, mais renforcé par la brigade de chasseurs indigènes et par la 63e division - les 55e et 56e divisions (général de Lamaze) - les 61e et 62e divisions dont le commandant sera ultérieurement désigné.

 

Le 27 août au matin, seule des unités devant entrer dans la composition de la VIe armée, la brigade de chasseurs indigènes est arrivée dans la région d'Amiens

Les 55e et 56e divisions de réserve, qui vont constituer à la VIe armée le groupe de Lamaze, proviennent de l'armée de Lorraine. Le 25 août elles ont été désignées pour s'embarquer. Mais en raison de l'éloignement des points d'embarquement et des fatigues déjà subies elles ne pourront être enlevées que le surlendemain. Effectivement, la 55e division commence à s'embarquer le 27 août à 18 heures. La 56e ne sera enlevée qu'à partir du 28 août. Le général Joffre prescrit à ces unités, le 27 août, de prendre à leur débarquement un dispositif par divisions accolées, face au nord-est, les avant-gardes à Nesle pour la 55e, à Chaulnes pour la 56e. Mais, comme on va voir, cet ordre n'aura pas le temps d'être exécuté.

 

Le 28 août au matin, le général Maunoury et son chef d'état-major arrivent à Moreuil. Mais dans l'après-midi, en raison de difficultés d'installation et de défectuosités de communications téléphoniques, le commandant de la VIe armée s'installe à Montdidier. Il a l'intention de tenir la Somme dès le 28 au soir à Péronne avec les 61e et 62e divisions, au sud, vers Saint-Simon, Saint-Christ, avec des éléments des 55e et 56e divisions, tandis que le 7e corps de son côté sera poussé vers la rivière. Il donne en conséquence, à 16 h 30, son premier ordre d'opérations :

............. Les premiers éléments débarqués du groupe de Lamaze se porteront sur la Somme, dont ils tiendront les ponts : la 56e division, entre Saint-Christ et Pargny; la 55e, entre Bethencourt et Offoy.

Au moment où les colonnes allemandes refoulant le corps de cavalerie et les divisions de réserve menacent le rassemblement de la VIe armée, celle-ci est encore loin d'être constituée.

Aucun élément du groupe de Lamaze (55e et 56e divisions) ne débarquera dans la journée du 28. Le général de Lamaze et son état-major, seuls, partis de Lorraine en automobiles à 8 heures, reçoivent à Crépy-en-Valois l'ordre de pousser jusqu'à Montdidier, où ils trouvent le général Maunoury. Après avoir reçu ses instructions, ils sont dirigés sur Roye; où doit s'installer le quartier général du groupe.

Cependant le général Maunoury apprend à 17 heures que plusieurs colonnes allemandes dont l'effectif n'est pas encore déterminé se seraient avancées de l'est vers l'ouest dans la région de Péronne et au nord, tandis qu'une autre colonne forte d'une brigade, peut-être d'une division, aurait Franchi la Somme à Brie. Il a été avisé, d'autre part, que, d'après un radio-télégramme intercepté, le 2e corps d'armée allemand va attaquer immédiatement la position de la Somme. Sa zone de débarquement étant ainsi menacée, le général Maunoury prend ses dispositions pour la reporter plus en arrière, sur la ligne Ressons-sur-Matz, Tricot, pour la 56e division.

A la gauche de l'armée anglaise, la VIe armée tient, en fin de journée du 28 août, la ligne Bray-sur-Somme, Chaulnes, Nesle. Ses éléments débarqués comprennent la 14e division, la brigade Ditte et la 55e division de réserve. Le corps de cavalerie a été assez violemment attaqué dans la région de Péronne.

L'ordre général n°1 , donné à 16 h 30, ne peut plus être exécuté. Le général Maunoury donne donc à 21 h 30 un nouvel ordre d'opérations pour le 29 août :

Il signale que plusieurs colonnes ennemies sont en marche vers l'ouest par Brie ( sud de Péronne ) , par Allaines, Manancourt et au nord. Ces mouvements paraissent indiquer l'intention des Allemands de déborder la VIe armée par sa gauche. L'intention du commandant de l'armée est de résister sur place pour permettre d'achever les débarquements des 55e, 56e et 63e divisions de réserve et obliger l'adversaire à étendre son mouvement vers l'ouest.

En conséquence, tous les éléments débarqués de la 55e division s'établiront sur le front Nesles, Curchy (sud-est de Chaulnes). Le 7e corps s'établira en rassemblement articulé de manière à pouvoir soit déboucher entre Chaulnes et Bray-sur-Somme, face à l'est, soit à interdire les passages de la Somme entre Bray et Corbie. Il disposera de la brigade de chasseurs indigènes, moins un bataillon, qui sera laissé devant Amiens. Le général Ebener ralliera les 61e et 62e divisions et les établira derrière l'Hallue pour couvrir la gauche du 7e corps et contre-attaquer les colonnes qui tenteraient de gagner les passages de la Somme vers Corbie, Amiens. Le corps de cavalerie reliera le 7e corps à la 55e division, il couvrira si possible la gauche du 7e corps par la rive nord de la Somme et, éventuellement, la gauche du général Ebener.

Dans le cas où il serait complètement impossible d'enrayer l'attaque de l'ennemi, l'intention du général Maunoury serait d'établir une nouvelle ligne de résistance sur la coupure de l'Avre : la 55e division entre Roye et Warsy; le 7e corps entre Davenescourt et Moreuil. Le général Ebener manœuvrera au sud d'Amiens avec ses divisions de façon à protéger la gauche du 7e corps. Au fur et à mesure de leurs débarquements, les éléments de la 56e division seront rassemblés à proximité et au sud-est de Montdidier, ou ils formeront réserve d'armée.

En adressant un exemplaire de cet ordre au commandant du corps de cavalerie, le général Maunoury lui expose que l'ennemi, par son offensive sur Péronne et jusqu'à Villers-Carbonnel, a rompu momentanément sur ce point la ligne de barrage que l'aile gauche française a la mission de maintenir le long de la Somme, et risque de troubler les débarquements en cours d'exécution. En conséquence, un retour offensif sera prononcé le lendemain 29 août par la VIe armée pour rejeter l'ennemi au nord de la Somme. Le commandant de la VIe armée prie le général Sordet de se conformer aux indications de l'ordre qu'il lui envoie, c'est-à-dire de relier le 7e corps à la 55e division avec une partie de ses forces et de couvrir la gauche du 7e corps avec le reste. "J'espère, ajoute-il, pouvoir remplir ainsi la mission difficile qui m'échoit."

Au moment où il s'adresse ainsi au général Sordet, le général Maunoury paraît inexactement renseigné sur la situation du corps de cavalerie et ses possibilités. Il le représente, en effet, dans son compte rendu de 21 h 15 comme " ayant passé la journée dans ses cantonnements autour d'Estrées " alors que les divisions du général Sordet ont été refoulées par l'ennemi. Le commandant de la VIe armée ignore également à cette heure le sort des 61e et 62e divisions. Enfin il signale prématurément que la 55e division est entièrement débarquée et que sa 56e le sera avant minuit, alors qu'aucun de leurs éléments n'est encore arrivé.

 

Le 29 au matin, il n'est encore arrivé, du groupe de Lamaze, que quelques éléments de la 55e. Ils reçoivent l'ordre de tenir Nesle sans se laisser accrocher, l'intention du général commandant la VIe armée n'étant pas de s'engager à fond sur les lignes de la Somme si les Anglais ne tiennent pas à Ham, à notre droite, et si le corps de cavalerie ne peut donner un appui suffisant. L'axe de la retraite éventuelle de la VIe armée sera Chaulnes, Montdidier, Saint-Just. ( On sait que ces deux conditions ne seront pas réalisées. )

Les débarquements de la 55e division se poursuivent dans la matinée. A 11 h 30 , huit bataillons, deux groupes d'artillerie et deux escadrons de cavalerie sont débarqués. Ils s'établissent dans la région entre Roye et Nesle et organisent une position de repli en avant de Roye, sur la ligne, Goyencourt, Carrépuis. Aucun élément de la 56e division n'est encore arrivés.

Un peu avant midi, voici ce que le général Maunoury sait de la situation : plusieurs bataillons de la 61e division ont été retrouvés se ralliant derrière l'Hallue; le 7e corps est au sud-ouest de Bray-sur-Somme; une brigade de la 55e division est dans la région de Vesle, l'autre sera le soir à Roye; la 63e division débarque au sud de Montdidier on elle aura le soir une brigade avec un peu d'artillerie; le corps de cavalerie se retire sur la Noye, après avoir laissé une division provisoire dans la région au sud de Chaulnes.

A midi, en effet, la situation à la VIe armée est la suivante : le général Maunoury sait que le 7e corps est attaqué par des forces importantes débouchant de la Somme et que la 55e division, dont quelques unités seulement sont débarquées, est attaquée vers Chaulnes. D'autre part, la 56e n'a aucun élément débarqué. Dans ces conditions, le commandant de la VIe armée a l'intention de combattre en retraite, si c'est nécessaire, dans la direction générale de Moreuil, Saint-Just-en-Chaussée. Il demande au commandant en chef des instructions générales sur la conduite à tenir en cas d'échec.

Un peu plus tard, s'attendant pour le soir à un choc violent sur son front, il escompte un peu l'effet produit par l'attaque de la Ve armée sur Saint-Quentin; mais il prévoit déjà une position de repli. Le corps de cavalerie n'est pas en état d'intervenir.

Le commandant en chef répond aussitôt au général Maunoury : Repliez vous sur l'Avre. Evitez tout combat qui pourrait être décisif et regroupez les éléments derrière l'Avre entre Montdidier et Moreuil. Direction ultérieure sur Saint-Just-en-Chaussée. Faire surveiller l'ennemi par la cavalerie et, s'il faisait demi-tour, se reporter en direction de Chaulnes. Le général commandant la VIe armée est, de plus, avisé vers 14 h 45 que la Ve armée étant elle-même attaquée très fortement sur sa droite, dans la direction de Guise, il ne faut pas compter pour le soir même sur l'effet produit par son attaque vers l'ouest.

Ainsi orienté, et croyant que de fortes attaques se prononcent sur le front Nesle, Chaulnes, forçant la 55e division à se replier vers Roye, le général Maunoury décide que le 7e corps commencera son mouvement de retraite sur l'Avre, entre Moreuil et Guerbigny, en cherchant à se relier avec la 55e division. Celle-ci, déjà en retraite vers Roye, prendra une position de repli sur le front Guerbigny, Tilloloy. Le général de Lamaze devra faire soutenir particulièrement son flanc droit qui pourrait être débordé par des colonnes débouchant de Ham et paraissant marcher vers le sud-ouest. La division provisoire de cavalerie s'opposera à la marche de la colonne venant de Chaulnes. La direction générale de la retraite est Montdidier.

A 13 heures, le 29 août, le général de Lamaze ne disposait encore que de 9 bataillons de la 55e division tenant Crémery, Sept-Fours, Rethonvillers ( sud-ouest de Nesle ) avec repli à Carrépuis. Le bataillon qui occupait Nesle dans la matinée a reçu l'ordre de se replier, et a été orienté sur Cressy pour établir la liaison avec la cavalerie anglaise. A 15 h 30, recevant du commandant de l'armée l'ordre de se replier, le général de Lamaze transporte son quartier général de Roye à Piennes et il prescrit à la 55e division de se porter dans la région de l'Echelle-Saint-Aurin, Armancourt, Tilloloy, Fescamps. Dès qu'elle sera débarquée, la 56e division occupera, entre Roye et Montdidier, la zone Etelfay, Faverolles, Piennes, Assainviliers.

A 14 heures le général Maunoury expose au commandant en chef sa situation et ses intentions.

Le 7e corps a été attaqué hier entre Bray-sur-Somme et Rosières-en-Santerre par le 3e corps allemand. Devant le franchissement de la Somme à Ham, Béthencourt et Falvy par d'autres colonnes (au moins un corps d'armée), marchant sur la 55e division établie entre Nesle et Puzeaux, il a dû faire rompre le combat. La manœuvre s'est parfaitement exécutée mais avec des pertes importantes. Le 7e corps moins la 63e division, la 55e division et la 56e division nouvellement débarquée ont occupé la nuit dernière la ligne générale la Neuville-Sire-Bernard, Roye.

Ces mouvements sont en cours d'exécution, lorsque à 19 heures le général de Lamaze reçoit, en vue de protéger la retraite du 7e corps, l'ordre de ne pas évacuer Roye et de pousser les éléments de la 56e division dans la région d'Armancourt, Marquivillers (entre Roye et Montdidier) au fur et à mesure de leur débarquement. Il donne donc, à 20 heures, un nouvel ordre d'opérations. La mission du groupe de divisions de réserve est d'opérer à l'est de la ligne générale Chaulnes, Montdidier, en liaison avec le 7e corps , et de s'opposer en particulier au débordement de son aile droite. Le commandant du groupe se propose d'occuper très fortement les passages de l'Avre entre Guerbigny et Roye et d'avoir le lendemain toutes les forces disponibles rassemblées : celles de la 55e division vers Armancourt, celles de la 56e en échelon à droite, à Popincourt. La 55e division sera rassemblée le 30 août à 5 heures, et se reliera avec soin aux forces anglaises dont la droit est à Campagne ( sur le canal à 8 kilomètres au nord de Noyon ). Les éléments de la 56e division seront poussés le plus rapidement possible sur Popincourt, au fur et à mesure de leur débarquement, au moyen de voitures requises s'il y a lieu.

Cet ordre ne parvient à la 55e division que lorsqu'elle a déjà dépassé, en exécution des ordres précédents, les positions qu'elle doit maintenant occuper. Obligées de revenir sur leurs pas, les troupes n'atteignent leurs cantonnements que tard dans la nuit et très fatiguées.

La 56e division débarque dans la nuit du 29 au 30 août à Tricot, Moyenneville, Estrées-Saint-Denis. Elle cantonne sur place. La marche sur Popincourt ne sera entamée que dans la matinée du 30 août.

 

Le 30 août à 9 h 15, au moment où le général de Lamaze reçoit l'ordre général de repli; la 55e division est engagée dans un combat d'avant-postes sur l'Avre. Elle se décroche donc avec quelque peine. Quant à la 56e division, qui vient de terminer ses débarquements, on a vu qu'elle devait se porter en arrière et à droite de la 55e, vers Tilloloy, Popincourt (sud-ouest de Roye ). Elle a entamé ce mouvement lorsqu'elle est touchée par l'ordre. Elle est contrainte de revenir sur ses pas. En dehors d'une escarmouche d'arrière-garde à Tilloloy, elle se replie sans difficulté , mais dans des conditions qu'une forte chaleur rend pénibles.

 

Le mouvement s'exécutera en deux étapes et commencera le 30 août à 11 heures, sous la protection de fortes arrière-gardes. Le 30 août au soir les unités de la VIe armée, stationnant dans leurs zones de marche respectives, tiendront avec leurs arrière-gardes les fronts de Croissy à Paillart ( corps de cavalerie ) ; le Mesnil-Saint-Firmin à Crèvecoeur-le-Petit ( 7e corps); Crèvecoeur-le-Pelit à Méry inclus (groupe de Lamaze); de Lataule à Margny-sur-Matz (division provisoire de cavalerie ).

Pour l'établissement de la VIe armée sur les hauteurs de Clermont, la ligne de résistance tenue par le 7e corps et le groupe de Lamaze sera organisée solidement sur le front Bresles, Clermont ( 7e corps ) et Breuil-le-Sec, Sacy-le-Grand ( groupe de divisions de réserve ) de façon à pouvoir résister à une attaque venant du nord-est en attendant la reprise de l'offensive.

Le commandant de la VIe armée a prescrit aux généraux Vautier et de Lamaze, après étude des positions assignées, de faire connaître leur opinion sur les possibilités qu'elles présentent en vue d'une défensive sérieuse destinée à retarder l'adversaire.

La ligne générale des avant-postes sera jalonnée et occupée ainsi qu'il suit : Troissereux. Tillé, Nivillers, Fouquerolles, Bresles par le corps Sordet; Bresies, Litz, Etouy, Airion par le 7e corps; Erquery, Saint-Aubin-sous-Erquery, Luchy, Avrigny par le groupe de Lamaze; Blincourt, Arsy, Montplaisir par la division Cornulier, qui assurera la liaison avec l'armée anglaise. En cas d'attaque, les avant-postes se replieront en combattant sur la ligne principale de résistance. Le 1er septembre, la brigade de chasseurs indigènes viendra cantonner à Creil à la disposition du commandant de l'armée. Le quartier général de l'armée sera à Creil le 31 août à 10 heures.

 

Le 31 août, le mouvement sera repris à 5 heures. En fin de journée, les arrière-gardes tiendront la ligne Bresles, Litz, Airion ( 7e corps); Erquery, Luchy, Avrigny (groupe de Lamaze); Blincourt, Jonquières (division provisoire de cavalerie) en liaison avec les Anglais.

Avec l'approbation du commandant en chef, le général Maunoury se propose d'atteindre la ligne Clermont, Compiègne où la VIe armée se reliera à la gauche anglaise. La position sera occupée par le 7e corps et le groupe de Lamaze en formation articulée sur la position : forêt de Hez, massifs à l'est de Clermont, prêts à déboucher vers le nord sur tout ennemi cherchant à envelopper la gauche anglaise.

Le 31 août à 5 heures la VIe armée reprend son mouvement de façon à se trouver en fin de journée sur la ligne Beauvais , Clermont, Verberie. Elle franchit à 6 heures la ligne Breteuil, Maignelay, Ménévillers, Gournay, tandis que l'aviation reconnaît les mouvements de colonnes ennemies qui se dirigent vers les deux ailes.

Ce mouvement de repli s'achève sans avoir été inquiété, mais non sans lenteur en raison de l'état de fatigue des hommes, particulièrement au 7e corps.

Le groupe de divisions de réserve s'établit solidement sur le front Giencourt, Breuil-le-Sec, Nointel, Grand Courcelles, Catenoy, Villers, Sacy-le-Grand, la 55e division à l'ouest, la 56e à l'est. Cette dernière organise une position de flanquement face au nord-est, sur la hauteur encadrée par Rosoy, Verderonne et Monceaux.

Prévoyant toutefois le cas où l'armée serait forcée d'évacuer sa ligne actuelle de défense, le général Maunoury fait connaître aux commandants des grandes unités de son armée son intention de se replier en combattant vers le sud. Le 7e corps disposerait des ponts sur l'Oise à Saint-Leu-d'Esserent, Précy-sur-Oise, Boran, Beaumont-sur-Oise, l'Isle-Adam; le groupe de Lamaze des ponts de circonstance en amont et en aval de Creil, du pont de Creil et du pont de chemin de fer de Laversine (près de Saint-Maximin

Des arrière-gardes placées sur la rive sud de l'Oise protégeraient la destruction des ponts et retarderaient le passage de l'ennemi. Le général Maunoury donne délégation aux généraux de Cornulier, de Lamaze et Vautier pour détruire les ponts dont auraient disposé leurs troupes. Ceux de Verberie, de Pont-Sainte-Maxence, de Creil, de Laversine et de Saint-Leu-d'Esserent sont chargés et minés, et les équipes chargées de la mise de feu à pied d'œuvre.

Pour le 31 août au soir, la zone de stationnement sera la suivante : corps de cavalerie, sur la rive sud du Thérain, dans la zone Auneuil, Beauvais, Noailles; 7e corps, dans la région de la forêt de Hez et au sud; groupe de Lamaze, au nord, à l'ouest et à l'est de Liancourt jusqu'à Nointel et Monceaux. La division provisoire de cavalerie et le groupe de bataillons de chasseurs Serret (qui rejoint la division provisoire) stationneront entre la droite du groupe de Lamaze et la ligne Verberie, Pont-Sainte-Maxence.

 

Le 1er septembre au matin le général Maunoury n'a pas de renseignements nouveaux sur les mouvements de la Ire armée allemande. Mais à 7 h 45 il apprend par la division provisoire de cavalerie que l'infanterie allemande attaque sur Verberie. Cette action est le prolongement à l'ouest d'une action plus importante engagée à Néry, ce dont le général Maunoury ne sera avisé qu'à 11 heures.

La division provisoire de cavalerie retardera par tous les moyens la marche de l'ennemi entre l'Oise et la route Senlis, Verberie. En attendant d'être appuyée, elle conservera des éléments sur la rive droite tant qu'elle le pourra. Elle dégagera ensuite le front et couvrira à l'est la 56e division, tandis que les bataillons alpins resteront dans la vallée de l'Oise, couvrant Creil et les ponts en amont.

La brigade de chasseurs indigènes embarquée en chemin de fer à Clermont sera transportée au delà de Creil, jusqu'à Senlis où elle sera vers 10 heures. Elle ira tenir la lisière est de la forêt d'Halatte vers Ognon. Elle passera sous les ordres du général commandant la 56e division dès l'arrivée de ce dernier à Senlis.

La 56e division se portera immédiatement sur Senlis par Creil et les ponts de circonstance en amont, avec mission éventuelle de marcher sur Verberie et d'arrêter coûte que coûte la colonne débouchant de la forêt de Compiègne. Le général de Dartein, commandant la 56e division, aura la brigade Ditte sous ses ordres.

Les autres troupes : 55e division (qui étendra son front pour tenir les points d'appui éventuels abandonnés par la 56e), 7e corps et corps de cavalerie resteront eu place et conserveront la même mission qu'antérieurement.

Le poste de commandement de l'armée est Creil.

Si la 55e division était trop vivement pressée, elle pourrait rétrograder entre les marais de Saint-Martin et Clermont, mais en restant en liaison avec le 7e corps à Clermont.

Le général Maunoury voudrait pouvoir n'entamer le mouvement de retraite vers Paris que le lendemain 2 septembre. Pour cela, il est indispensable que la 56e division puisse tenir Senlis jusqu'au 1er septembre au matin, sinon l'armée devrait se replier le jour même ( 1er septembre) sur le front général Senlis, Creil, Noailles. Dans cette occurrence, qui ne se réaliserait que sur un ordre du commandant de l'armée, la 55e division se replierait aux environs de Creil et le 7e corps sur le Thérain, dans la zone de marche qui lui est affectée.

Le général de Lamaze est prié de s'entendre avec le commandement anglais pour éviter l'encombrement à Senlis où la cavalerie anglaise a reflué. Il devra en outre, dés maintenant, envoyer un régiment aux environs de Monceaux, Brenouille pour garder, sur la rive nord, la vallée de l'Oise, dont la rive sud est tenue par les bataillons de chasseurs.

A 18 h 30, en face d'un ennemi très supérieur en nombre, il fait rompre le combat et ses escadrons vont stationner dans la forêt d'Halatte auprès de la 55e division et de la brigade indigène qui viennent d'arriver dans la région.

La brigade indigène s'est embarquée le matin à Clermont et a débarqué à Senlis à 9 heures. Elle a poussé un de ses régiments à Ognon; l'autre, plus au sud-est, à Barbery, où il entre en liaison avec la cavalerie anglaise qui tient Montépilloy. La brigade, renforcée d'un groupe d'artillerie couvre le débouché de la 56e division de Creil sur Senlis.

Celle-ci a entamé son mouvement à 11 heures. L'infanterie a traversé l'Oise sur un pont de bateaux à Rieux ( 3 kilomètres nord-est de Creil), tandis que les troupes montées passaient par Creil. Les premiers éléments atteignent Senlis à 16 h 30: En fin de journée, la division s'établit sur la ligne Pont-Sainte-Maxence, Senlis, à hauteur de Clermont, en arrière de la brigade indigène. Elle a l'ordre de tenir Senlis jusqu'au 3 septembre au matin.

En définitive, le 1er septembre au soir, le général de Dartein occupe fortement Senlis et sa position à l'est avec la brigade marocaine et la 56e division. Il s'est mis en rapport avec le général de Cornulier et avec les troupes anglaises qui cantonnent, la cavalerie à Mont-l'Évêque, la 4e division vers Montépilloy et Fresnoy. Il se propose pour le 2 septembre d'interdire à l'ennemi la forêt d'Halatte et le couloir Senlis, Chantilly, en liaison avec la division de Cornulier qui tiendra vers Roberval et Villeneuve-sur-Verberie.

Dans la nuit du 1er au 2e septembre, en exécution d'un ordre donné la veille par le commandant en chef, le groupe du lieutenant-colonel Serret est dissous. Les bataillons de chasseurs vont être répartis entre les unités du 7e corps, à l'exception de l'un d'eux qui, sur la demande du commandant de la 56e division, sera maintenu à Pont-Sainte-Maxence jusque dans la matinée du 2 septembre.

Sur la gauche et le centre de la VIe armée qui tiennent le front Beauvais, Clermont, Monceaux, aucun événement important ne se produit le 1er septembre.

Au 7e corps, afin de donner du repos à ses troupes, en vue d'opérations futures, le général Vautier fait interrompre les travaux d'organisation défensive, tout en maintenant les avant-postes sur la ligne de résistance , prêts à répondre à toute attaque pouvant venir du nord.

Au groupe de Lamaze, la 55e division étend son front vers la droite pour tenir les positions précédemment occupées par la 56e.

Pour se conformer aux instructions qu'il a reçues le matin du commandant en chef, le général Maunoury décide à 17 heures que la VIe armée se repliera le 2 septembre vers le sud. Le mouvement s'exécutera en pivotant autour de la 56e division qui restera vers Senlis, couverte au nord-est et à l'est par la division provisoire de cavalerie, en liaison avec l'armée anglaise. Les arrière-gardes franchiront la ligne Catenoy, Clermont, Bailleul à 6 heures. Le 2 septembre, les unités stationneront dans leur zone de marche couvertes par des arrière-gardes qui tiendront la ligne : Ognon, Fleurines, Creil, le Thérain jusqu'à Mouy, Noailles, Auneuil. Le quartier général de l'armée sera à Beaumont-sur-Oise.

 

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